Sur les chemins noirs de
Sylvain Tesson
Après avoir lu le récit du voyage de
Sylvain Tesson au Tibet avec le photographe
Vincent Munier sur les traces de
la panthère des neiges que j'avais commenté sur le site Babelio le 15 juin 2022, j'ai voulu retrouver la verve de
Sylvain Tesson, en lisant
Sur les chemins noirs. Choix dicté par un séjour à l'hôpital. Quoi de mieux en cette période, pour s'évader que de randonner en France. Avec
Sylvain Tesson, j'ai donc pris le départ de cette randonnée de reconstruction (
Sylvain Tesson, lors d'une soirée imbibée d'alcool ayant chuté de 8 mètres sur le bitume en tombant d'un balcon chez des amis, a décidé pour sa rééducation qu'au lieu de marcher sur un tapis roulant dans un centre de rééducation de marcher en France sur des sentiers.) le départ de cette randonnée avait eu lieu à la frontière Italienne le 24 aout. L'arrivée le 8 novembre à la pointe de la Hague, dans le Cotentin mon département de naissance. En 170 pages de son agenda
Sylvain Tesson nous fait découvrir une France, celle des petits chemins, celle des sentiers qui n'aboutissent plus en raison de la mise en oeuvre de politique agricole hors sol ! L'occasion de donner quelques coups de griffes sur les énarques et les bureaux d'étude. En le suivant pas à pas faisant fi de ses douleurs de son dos métallisé, en campant ou dormant à la belle étoile,
Sylvain Tesson nous entrainent sur des itinéraires loin des villes, loin du bitume, loin de la civilisation, traçant sa route sur une carte IGN au 25 millième. C'est la découverte de ce pays que nous offre
Sylvain Tesson, celui du désert Français de l'hyper ruralité identifiée par les présidents de la République depuis
Georges Pompidou. Il y évoque l'exode rural, la perte du contact avec la nature, les néo-ruraux venus retaper une ruine pour en faire des gîtes ou s'adonnant à l'agriculture biologique. Une France subventionnée par Bruxelles, au gré des plans d'occupations des sols, pour des ZAC ZUP … Pour
Sylvain Tesson cette marche de rémission a également plusieurs enjeux : l'aider à faire le deuil de sa mère ; mais aussi en se cachant d'une société bruyante et qui prétend tout savoir, tout connaître ; contempler la nature et la beauté des paysages dans une sorte de méditation, que j'ai retrouvé dans son voyage au Tibet à la recherche de
la panthère des neiges, tout en se reconstruisant physiquement. Seul, puis accompagné par des amis
Cédric Gras, Arnaud Humann,
Thomas Goisque et sa soeur Daphnée, il nous convient à de belles rencontres humaines, avec des taiseux, avec des gendarmes dans le camp militaire de la Courtine, avec un ermite Lucien entre autres.
Sylvain Tesson, est tombé. Il a le visage fracassé, devenu sourd d'une oreille, des plaques sur la colonne vertébrale et il a su se relever et nous donner ce magnifique témoignage, qu'il ne faut jamais abandonner. Merci pour celle belle leçon de courage en communion avec la nature de l'hyper ruralité. La vie a donné à
Sylvain Tesson une seconde chance, qu'il a mis à profit pour traverser la France à pied sur ses chemins noirs. Je vous invite à le suivre, maintenant. Bien à vous.