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EAN : 9782080268938
241 pages
Flammarion (12/01/2022)
3.29/5   7 notes
Résumé :
Les valeurs morales sont au coeur de nos débats de société. Mais le prix à payer pour défendre ces valeurs est rarement évoqué. Que l'adhésion à un bien moral - l'écologie, la diversité, l'aide aux plus démunis... - dépende de son coût économique nous met mal à l'aise. Nous aimerions pouvoir faire des choix justes et bons "quoi qu'il en coûte".Or, précisément, défendre une valeur, c'est accepter d'en payer le prix. Pour avoir de beaux musées et promouvoir notre cult... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Les auteurs abordent, avec cet ouvrage, un thème dont on peut regretter que la science économique ait pu le contourner si longtemps ; à quelques exceptions près, il este vrai, (comme le livre ne le précise pas), comme la question de la valeur de la vie humaine, dont on sait certes qu'elle n'a pas de prix, mais qui a bien un coût, et les débats soulevés lors de la crise du COVID l'ont bien montré. Il y a bien longtemps que les économistes ont pris en compte le fait que les individus ne sont pas prêts à accepter de payer n'importe quel prix dans l'espoir de limiter le risque pour leur vie, et que ce "prix" qu'ils attribuent implicitement à leur propre vie, par des choix que l'on peut observer, par exemple en choisissant de voyager en voiture parce que le train est trop cher, a été pris en compte dans l'évaluation économique des projets routiers, par exemple.
Mais il est bien vrai que la question, par exemple, de savoir, si les citoyens sont prêts à transiger, pour des raisons économiques, à leurs valeurs, par exemple, à travers le prix qu'ils attribuent à leur liberté, à la confidentialité des données qui les concernent, au maintien des éléments de leur identité, à la préférence pour la production locale, etc.…, était peu abordée jusqu'ici, du moins dans des ouvrages accessibles au public général intéressé par ces questions.
Et les auteurs, partant du constat de la différence étrange entre la position, sur bien des points, de la majorité des économistes et de la majorité de la population, par exemple, sur la taxe carbone, sur l'impôt sur les successions, et bien d'autres sujets encore, concluent à la nécessité de faire plus de lumière sur le poids, dans les comportements et préférences des gens, de leurs valeurs, et du coût qu'ils leur attachent, c'est à dire de la mesure dans laquelle ils sont prêts à transiger à ces valeurs si cela leur coûte plus qu'ils ne sont prêts à y consacrer.
Ce livre est donc, par son sujet, extrêmement bienvenu.
Et il apporte des éclairages intéressants, notamment dans la première partie, où les auteurs tentent d'éclairer le lecteur sur les aspects philosophiques, sociologiques et politiques de la question, qui couvre la plus grande partie de l'ouvrage, le reste étant consacré aux enquêtes qu'ils ont menées pour mieux approcher les comportements réels face aux contraintes économiques.
Mais quel dommage que ces présentations soient si souvent aussi superficielles ! S'agit il d'une contrainte de place, qui empêche de prendre l'espace qu'il faut pour développer certains passages trop rapides, d'un temps donné aux auteurs pour rendre leur copie trop bref pour leur permettre une relecture attentive en se plaçant sous l'angle de leurs futurs lecteurs, voire d'un manque de clarté dans l'esprit même de chercheurs pressés de publier sur un sujet important qu'ils sont seulement en train de défricher ?
C'est difficile à savoir, mais le résultat est tout de même que le lecteur intéressé par un sujet aussi actuel se trouve trop souvent frustré par des analyses intéressantes, mais qui, par leur caractère superficiel le laissent sur sa faim, par des affirmations non véritablement argumentées alors qu'on les lui fait apparaître comme la réalité incontestable, voire par des phrases dont on ne parvient pas bien à saisir le sens, même après en avoir repris plusieurs fois la lecture.
Et, dans la partie qui présente les enquêtes visant à déterminer les conditions de coûts pour eux à partir desquelles les personnes enquêtées acceptent de transiger avec leurs valeurs, nous sommes de la même façon partagés entre l'intérêt qu'elles présentent, et le côté superficiel de l'analyse. Par exemple, le nombre de personnes interrogées peut paraître garantir une certaine fiabilité statistique. Mais comme on s'aperçoit vite que des contraintes méthodologiques dont la prise en compte honore du reste les auteurs en tant que scientifiques, conduisent à scinder les groupes d'enquêtés en de nombreux sous-groupes, on arrive à des échantillons dont on se demande s'ils continuent à donner une information significative. Et les auteurs ne s'attardent pas là dessus. Et l'imprécision est d'autant plus importante qu'il est, par exemple, difficile de donner un sens intuitif à une différence d'une unité sur l'échelle de 10 proposée, différence qui nous est présentée comme l'indice d'une variabilité nette, soit dans le temps, soit entre des réponses émanant de pays différents, soit pour caractériser les écarts entre enquêtés de droite et de gauche (qu'est-ce que cela signifie de précis, du reste?) ou enquêtés individualistes ou sensibles à l'aspect collectif des conséquences des politiques (même remarque, même si des précisions sont données sur ce sujet). Enfin, l'absence de référence à la variance dans les résultats empêche le lecteur d'avoir le regard qu'il convient sur la siginification réelle des moyennes indiquées.
Tout cela enlève une grande partie de l'intérêt de certaines conclusions qui auraient pourtant été de nature à retenir l'attention, comme le fait que certaines positions sont, contrairement à ce qu'on aurait pu imaginer, indépendantes de l'orientation politique de ceux qui les affichent (comme par exemple, le rapport au patriotisme économique).
Mais comment attacher de la crédibilité à de tels résultats quand ils reposent sur des définitions de la césure "droite/gauche" outrancièrement simplificatrices, voire carrément inexactes, où, par exemple, être de gauche, c'est être universaliste et antiraciste, et donc, si je comprends bien, être de droite c'est au contraire être raciste ! N'observe-t-on pas plutôt certaines tendances contraires, avec le soi-disant "antiracisme" de groupes qui militent pour exclure de réunions ceux qui n'ont pas la bonne couleur de peau, ou des partis qui se disent de gauche et qui donnent dans le communautarisme, c'est à dire l'exact contraire de l'universalisme ?
Dommage, voilà un ouvrage qui promettait beaucoup, et qui délivre, non pas peu, mais beaucoup moins que ce qu'on en attendait.
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Ce petit livre clair, vivant et sans parti pris sera utile à beaucoup. Appuyé sur un sondage effectué en France, en Allemagne et aux Etats-Unis, il fait prendre conscience qu'en matière de politique, nos divergences d'opinion ne correspondent pas seulement à notre couleur politique mais plus généralement à ce que nous n'avons pas la même hiérarchie des valeurs (la liberté, l'identité, la culture, l'équité, l'altruisme,...). Il nous apprend aussi que, bien souvent, notre adhésion ou non à des mesures d'ordre public n'est pas inconditionnelle mais fonction du coût que nous pensons que nous aurons à supporter. "On peut collectivement décider de payer pour préserver ou exprimer certaines valeurs".
En revanche "Le prix de nos valeurs", s'il est écrit par deux professeurs d'économie et contient quelques "aveux" bienvenus sur les sciences économiques, n'est pas, à proprement parler, un livre d'économie.
Enfin, l'idée des auteurs d'"intégrer les valeurs dans l'analyse économique" ne paraît pas sans risque, même si c'est pour mesurer des préférences et non pour les hiérarchiser. Il semble préférable de séparer la science économique, comme toute science, des considérations philosophiques et des valeurs. C'est aux politiques d'apprécier, par la connaissance qu'ils ont des aspirations de leurs concitoyens, jusqu'où suivre les préconisations de pure efficacité matérielle des économistes.
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Ce livre m'a surpris car je ne m'attendais pas à un tel essai de la part de ses deux auteurs, davantage connus pour leur défense du libéralisme. Ce travail pose des questions dont les réponses ne sont pas simples. Les auteurs montrent leur capacité à souligner nos incohérences.
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critiques presse (1)
LesEchos
15 janvier 2022
Le dernier ouvrage des deux économistes Augustin Landier et David Thesmar explore les dilemmes auxquels nous sommes confrontés suivant que nous sommes consommateurs ou citoyens.
Lire la critique sur le site : LesEchos
Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Quand on interroge les personnes sur leurs valeurs sans les contrebalancer par leur coût, les réponses sont d'un intérêt limité : au fond de son cœur, personne ne souhaite défigurer la nature, laisser les miséreux souffrir, et voir s'effondrer les joyaux du patrimoine architectural. Tout l'intérêt est de déterminer la somme dont une personne est prête à se priver pour convertir ses idées en actes et comment elle hiérarchise ces différentes dimensions morales. Il y a certes une forte répugnance à explicitement mêler les sphères économiques et morales et poser la question « Combien êtes-vous prêt à payer pour vos valeurs ? » Selon nous, on ne peut pas éluder cette question, il faut au contraire l'assumer : dans la vie réelle, les deux sphères, morales et économiques, se rencontrent de facto au moment où nous devons faire des choix.
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Parmi les experts, les dilemmes entre valeurs et coûts sont mal appréhendés, quand ils ne sont pas tout simplement ignorés. La raison est simple : les spécialistes des valeurs (psychologues,sociologues, philosophes) préfèrent laisser la comptabilité aux économistes. C'est leur donner beaucoup de pouvoir, peut-être trop : ceux-ci sont ainsi devenus les experts de référence sur les grands sujets de politique publique. Leurs prescriptions déteignent sur le système de croyances des élites : elles finissent par baliser ce qui est raisonnable et ce qui ne l'est pas. Mais, de même que le philosophe ignore le prix à payer pour défendre les valeurs, l'économiste est souvent aveugle au système de valeurs qui prévaut chez ses concitoyens.
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Les recommandations des économistes reflètent leurs a prioris. Leur approche, fondée sur l'efficacité économique tempérée d'une forme d'universalisme, est influente. Ils ont formé ou inspiré de nombreux compagnons de route, qui partagent leur vision et la propagent. Ils sont souvent conseillers du prince et parfois porte-voix des puissants. Les chapitres qui suivent décrivent plusieurs exemples frappants de cette divergence entre l'avis du peuple et l'analyse portée par les économistes. Ces exemples nous feront toucher du doigt le point aveugle que ce livre cherche à surmonter : les gens ont des valeurs qui ne rentrent pas dans l'analyse économique standard, et pour lesquelles ils sont prêts à payer le prix.
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Nous sommes convaincus des bienfaits, sur le long terme, du brassage des cultures et croyons en la capacité des sociétés humaines de forger des identités communes. Mais dans le débat politique sur la globalisation et l'immigration, les questions sociales et identitaires comptent davantage que l'économie. Il faut arrêter de se boucher les oreilles en feignant de ne pas entendre ce que dit le peuple et cesser de prétendre lui répondre en invoquant des études économiques sur les bienfaits de l'Europe ou de l'immigration sur le chômage. Intégrer les valeurs dans l'l'analyse économique, plutôt que de les en exclure : c'est la démarche de ce livre.
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L'objet de ce livre, c'est d'examiner comment, sur les grands sujets collectifs, les individus souhaitent arbitrer entre coûts et valeurs. Sommes-nous prêts à payer davantage d'impôts, pour avoir de beaux musées et soutenir la création artistique? Au nom du lien social, sommes-nous d'accord pour davantage subventionner le petit commerce de centre-ville ? Par compassion, acceptons-nous d'accueillir plus de réfugiés même si cela risque de peser sur les services sociaux ? Pour protéger des emplois industriels menacés, voulons-nous d'une politique protectionniste aussi d'augmenter les prix des biens de consommation ?
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Video de David Thesmar (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de David Thesmar
La dynamique du marché de l'emploi est favorable en France, mais pas seulement. L'embellie se constate sur toute la zone euro, où le chômage a chuté à 7% en décembre 2021, un plus bas qui n'avait pas été atteint depuis 1998.
En France, le taux de chômage est aussi à son plus bas, lui, depuis 10 ans. Il a atteint 8,1% au 3ème trimestre 2021 d'après l'INSEE. La ministre du travail a même évoqué la possibilité à venir du plein emploi. Comment y parvenir et à quel prix ?
Guillaume Erner recevait Augustin Landier, économiste, professeur à HEC, co-auteur avec David Thesmar du livre « le prix de nos valeurs : quand nos idéaux se heurtent à nos désirs matériels », pour répondre à notre Question du 3 février 2022.
#pleinemploi #économie _____________
Découvrez les précédentes émissions ici https://www.youtube.com/watch?v=LNuROcJ1wrw&list=PLKpTasoeXDroktda4TPaXZ4gsax_geIeE&index=1&t=1s&ab_channel=FranceCulture ou sur le site https://www.franceculture.fr/emissions/la-question-du-jour
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