Que raconte donc ce roman ?
Les unions de l'infante d'Espagne à celle du roi Louis XV et celle de la princesse Louise Elisabeth d'Orléans, fille du régent, à celle de l'infant d'Espagne, tout cela afin de raffermir les relations franco-espagnoles.
La majorité à cette époque-là était à 13 ans. Ils n'étaient même pas majeurs et déjà unis pour satisfaire la raison d'Etat.
Ce double drame intime révèle un épisode peu connu de l'histoire de France, intéressant, mais pas au point de me passionner. Il est certes distrayant et instructif de découvrir les coulisses de la vie à la cour mais l'histoire finit par lasser.
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J'ai beaucoup apprécié me plonger dans les énormes robes à froufrou de cette époque. Assise dans le train, je partais pour une autre époque, perruque blanche sur la tête (qui me permettait, pour une fois dans ma vie, d'avoir une hauteur digne d'un top model), mouche au dessus de la lèvre à la Hélène de Fougerolles (+ duck face), et corset (pour rester droite dans le train). Mais j'ai aussi dû m'armer d'une ombrelle protectrice pour pas que l'histoire ne me tombe sur la tête. On joue avec les éléments féminins royaux comme avec des poupées, style « je t'envoie en France ma fille, fais des beaux bébés ». L'inverse aussi : « va faire de beaux bébés en Espagne ». Et on détruit la vie de beaucoup de personnes, et tout le monde s'en fout, on fait comme si de rien était. Mais qu'est-ce qui a bien pu merder, dans cet échange de princesses ? Je ne suis pas sûre de comprendre, tellement les conceptions de la vie de l'époque sont différentes des actuelles.
J'aurais pris connaissance d'un épisode de l'histoire de France révoltant (la révolte va bientôt arriver d'ailleurs, puisque l'histoire se passe en + / - 1720). Une histoire vraie qui était bienvenue entre 2 fictions !
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Bien écrit et vite lu. Les citations de lettres de contemporains, comme la princesse Palatine, grand-mère de l'éphémère reine d'Espagne, s'intègrent parfaitement à la prose de l'auteur : à cette époque, on écrivait bien ou l'on n'écrivait pas... Sujet bien choisi. Quand le film sortira en dvd je l'achèterai.
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L'échange des princesses
Chantal Thomas
roman, 2013
Fiction & Cie, Seuil, 329p
Chantal Thomas relate plus qu'elle ne raconte, dans un style d'une remarquable fluidité et d'une élégance séduisante, et pleine d'empathie pour les quatre enfants concernés, l'échange de deux princesses, la princesse de Montpensier, fille rebelle voire revêche, et à demi-folle, du Régent, oncle du roi Louis XV, et la fille du roi d'Espagne Philippe V, Ana Maria Victoria. Les deux filles ont respectivement douze et quatre ans. Elles sont mariées au fils du roi d'Espagne, Luis, quatorze ans,de faibles capacités intellectuelles et que les sens travaillent, et au futur Louis XV, onze ans, bel enfant, élégant, et mélancolique, tant de morts ayant peuplé sa petite enfance. Cet échange est l'idée de génie du Régent, comme il le dit lui-même, parce qu'elle réconcilie les royaumes de France et d'Espagne, et Saint-Simon pense de même, qui espère en tirer un grand poste.
le récit se déroule sur quatre ans, entre l'été 1721 et la mi-mai 1725, dans deux pays, et en quatre parties, de l'échange, du séjour, à l'échec, corroboré par la correspondance entre les enfants et leurs parents. Chantal Thomas est historienne avant tout.
Chantal Thomas fait allusion à la vie des enfants pauvres, mis au travail dès qu'ils sont capables de se tenir debout, au dur labeur des carriers d'Avon, aux charges des domestiques qui doivent remettre en état de recevoir le château de Fontainebleau, aux paysans chargés de désembourber les carrosses et convois immenses des voyageuses. Elle montre les courtisans prêts à n'importe quelle hypocrisie pour être dans le sillage du roi, et se demandant s'ils doivent aboyer puisque l'Infante aboie, et le duc de Saint-Simon, ce nabot ruiné, embarrassé par l'étiquette, qui se presse pour être l'ambassadeur de l'échange, et qui devient grand d'Espagne au prix de la perte d'un fils et de l'aggravation de ses dépenses. A la mort du Régent, obligé de se retirer de la politique, il écrira ses Mémoires. Elle fait voir les médecins qui ne savent que saigner, et les turpitudes et les crimes des Grands des royaumes.
Quand ces turpitudes touchent les enfants, elles paraissent encore plus insupportables. On s'attache très vite à la petite Infante qui chavire tous les coeurs, et notamment celui de l'ancienne gouvernante du roi, et de la Palatine -la personnalité la plus en vue du Régime, et peut-être, avec Mme de Maintenon, celle du règne de Louis XIV, qui a voulu demeurer vivante « dans le souci supérieur d'un être libre »- laquelle lui apprend la liberté, qui aimerait « qu'elle connaisse la musique de son être, le vrai goût de soi » ; on la trouve drôle et haute, mais le roi n'a aucun sentiment pour elle, et quand un clan rival parvient à proposer une autre politique, on craint que ne grandissant pas, elle ne soit pas apte à enfanter, et que ses babillages cachent un manque d'intelligence. le sort de la Montpensier est terrible, elle qui vit sans affection, et qu'une voix intérieure, criarde et maligne, pousse à tous les excès. Luis est incapable d'initiative, de maturité, et se révèle impuissant. Il se réfugie dans la chasse qui n'est pas toujours heureuse, et meurt à dix-sept ans de la vérole. Louis XV, son cousin germain, « né de la haine et du rejet », s'ennuie, et ne goûte que la chasse, la chasse à courre, et dédaigne sa jeune épouse qui n'est qu'une enfant, alors qu'elle, l'aime de tout son cœur et de sa conscience du rang- et lui a volé l'amour de sa gouvernante. Il n'est pas un être franc. Il a treize ans, il faut le marier et qu'il consomme, s'il allait mourir ou cédait à l'amour des garçons, ces « arracheurs de palissades ».
C'est un roman très agréable à lire, qui montre comment les enfants des Grands sont les esclaves des appétits politiques des adultes ; ils sont privés de leur enfance et d'un environnement qui leur donne confiance et sécurité. Ce monde de l'enfance est reconstruit par l'intermédiaire des poupées qui parlent et expriment des sentiments, reproduisant la Cour avec son angoisse des privilèges, et la cruauté de ses rejets. La romancière laisse voir son mépris pour certains des adultes et pour la comédie de cour, et dresse des portraits marquants de gens ignobles et parfois vraiment nobles.
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Dans les points positifs, je dirais déjà que c'est un roman historique, ( genre qui me plaît particulièrement) , qui nous fait comprendre la vie des enfants à cette époque-là: misère et labeur pour le peuple; confort matériel pour les princesses, mais isolement affectif et moral.
Dans les points négatifs: la princesse de 4 ans parle comme si elle avait 10/ 12 ans; ce qui est invraissemblable.
Belle lecture quand même.
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