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sur 1039 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Livre polymorphe que Walden où le personnage principal, qui donne son titre au livre... est un étang !

Thoreau est un précurseur. A l'époque où ses contemporains célèbrent le progrès, la modernité, les industries naissantes, lui parle déjà de retour à la nature. Il lance un mouvement qui est toujours bien vivace aujourd'hui et n'a pu que se renforcer face aux abus de la société actuelle contre la Nature. Adepte de la décroissance avant même que la croissance ne soit considéré comme un problème, Thoreau nous livre à la fois un livre de philosophie, un partage d'expériences scientifiques et une ode poétique à la Nature.

Les différentes composantes sont inégalement réussies. La philosophie est intéressante dans sa remise en cause des évidences de l'époque (le chemin de fer, le développement des premiers médias avec les journaux)... mais s'appuie parfois trop ouvertement sur la sacro-sainte religion pour justifier le retour aux sources. Cela donne un petit goût d'intégrisme à la pensée développée, mais les précurseurs flirtent souvent avec les extrémismes. Ce qui est plus gênant c'est qu'on a parfois du mal à bien cadrer le positionnement de l'auteur : il critique les ragots dans un chapitre puis justifie ses retours vers la ville en qualifiant ces mêmes ragots d' "aussi rafraîchissants, à leur façon, que le bruissement des feuilles et le pépiement des grenouilles."

Son rapport à la nature est plus clair et plus intéressant. Il évoque avec talents les différentes saisons, les habitats qu'il côtoie, les paysages changeants. Il relate ses essais pour étudier les différentes sortes de glace, pour trouver un moyen universel de trouver le point le plus profond d'un plan d'eau. Il tente de rationaliser dépenses et recettes pour vivre le plus simplement possible. On sent chez lui une réelle passion pour ce qui, à l'époque, commençait à désintéresser complètement ses contemporains : la Nature dans sa plus simple expression, les plantes qui poussent sans que l'homme les ait plantés, les animaux qui finissent par se rapprocher quand ils n'éprouvent pas l'homme comme une menace mais comme un colocataire de l'environnement.

Dernier bémol enfin, les coquilles de cette édition. Je ne signale pas quand elles sont anecdotiques, mais ce n'est pas le cas ici. Non seulement nombreuses mais également gênantes pour la lecture dans un livre où le vocabulaire du XIXè et son orthographe changeante font parfois hésiter entre coquille et réelle différence d'écriture des mots. On attend plus dé sérieux d'un grand éditeur comme Gallimard... même pour un ouvrage libre de droits...
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Je reste très dubitatif devant Walden... J'en attendais peut-être beaucoup. La préface d'Onfray m'avait déjà plutôt refroidi. J'ose le dire. Lire la préface avec la tête d'Onfray à l'esprit, cela me gâchait déjà un peu de ma lecture. D'autant qu'au final, je n'ai pas vraiment trouvé dans le livre ce qu'y annonçait le philosophe chéri des médias. J'avoue un background très faible en philo, matière qui n'était pas enseignée en Belgique quand j'ai fait mes études. (N.B. j'ai ainsi pu faire un doctorat en économie sans jamais avoir été briefé sur Popper, par exemple)

Thoreau commence par un long chapitre sur l'économie... où il aborde la mode, les comportements, le progrès, l'argent... C'est long, lassant, pas spécialement tonique (150 ans quand même), mais ce qui est exceptionnel, c'est de se rendre compte que tout cela est fort moderne. Les thématiques ont finalement fort peu changé. C'est cela la philosophie, diront les uns, s'attacher aux basiques. Les autres parleront de l'éternel humain, qui prétend ou croit changer mais reste accroché aux mêmes travers.

Ensuite, Thoreau nous emmène au bord du Lac Walden et nous en fait découvrir la beauté.

Il parle avec poésie, de manière fort débridée parfois, de la nature. On y est transporté par la magie des mots. Puis bardaf, il redevient trivial, terre-à-terre, pragmatique et on repart sur ses boisseaux de blé, etc.

Je note au passage une grande ambiguïté de Thoreau sur le progrès et les formes qu'il prend, par exemple sur le chemin de fer. Tantôt il le rejette, tantôt il s'extasie. Tantôt il l'apprécie pour les repères qu'il apporte. Tantôt il en dit du mal ou le voue à l'échec.

Thoreau est un original, 100% pur homme des bois, très attachant... sauf, sauf, sauf... quand il dérape et se met à nous dire comment nous devons nous comporter. En fait, nous devons agir comme lui... il rejoint en cela l'idée que je me fais d'Onfray qui passe son temps à essayer de nous prouver que ce qu'il dit est juste et que ce qu'il fait doit être fait par tout le monde.

C'est à la fois très positif: Thoreau, au moins, prêche par l'exemple, il ne nous dit pas comment nous devons faire, en faisant autrement, comme certains philosophes "modernes". Il trime, il lutte, il construit sa maison de ses mains. C'est négatif parce qu'il devient vite dogmatique et normatif. L'épilogue est un monument d'écoeurement, en ce qui me concerne. Je suis sûr que Thoreau a trop fait infuser l'écorce de bouleau ou qu'il a mal trié ses champignons...
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Longue et lente lecture de ce livre qui nous transporte dans une Amérique du XIX ème siècle dans laquelle le déboisement intensif n'avait pas encore sévi.
J'ai vécu avec Thoreau la construction de son chalet, sur un terrain qu'il s'est approprié, partagé ses merveilleuses promenades, découvert une variété de plantes et d'animaux, accompagné dans sa recherche de nourriture. Il m'a fait entendre le bruit du vent et le chant des oiseaux et admirer le merveilleux étang de Walden avec ses couleurs et sa faune.
Pourtant, j'ai eu beaucoup de peine à entrer dans ce livre, car le premier chapitre qui traite d'économie m'a terriblement ennuyé avec ses comptes d'apothicaire et je pensais que je n'en viendrais jamais à bout.
Le style est un peu vieillot, le livre très dense mais je suis vraiment heureuse d'avoir lu l'intégralité de cet ouvrage.
Il me pose la question de savoir, si à l'époque actuelle, il serait encore possible de vivre dans une nature d'une telle richesse.
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Walden est un monument dont l'importance dans la littérature américaine de la nature et du sauvage est indiscutable. le récit de la vie simple et autarcique de l'auteur nous porte dès les premières pages dans une intensité d'attention rare et puissante, mais on déplore rapidement une ligne de fond idéologique qui vient teinter la réflexion d'une nuance puritaine assez déplacée sinon gênante.

Là où la critique de la société humaine comme ordre établi sur des fondements aveugles et bornés prouve une actualité toujours mordante, les injonctions à une morale plus "élevée", les aspirations à une "pureté" idéale et l'enthousiasme hyberbolique qui chante la moindre expérience vécue comme la seule, la première et la plus forte de toutes nous portent vite à sentir la distance qui s'est creusée entre ce texte et le lecteur contemporain.

De belles pages, mais qui mêlent trop vite la nature sauvage à la morale, la simplicité à la pureté, l'étonnement vrai à l'emphase. On en ressort interpellés, mais non transportés, et difficilement transformés.
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J'ai choisi cette oeuvre car c'est un des livres de chevet du Narrateur du Garçon sauvage de Paulo Cognetti, qui vit lui-même dans une cabane en pleine montagne, occupé à nourrir son corps par des travaux agricoles et son esprit par des lectures de poètes et des tentatives d'écriture.
Si cette oeuvre est une belle ode à la Nature, avec des idées qui semblent très modernes aujourd'hui - moins manger de viande, consommer de façon raisonnable sans superflu, réutiliser et recycler, accueillir les autres et s'enrichir d'un échange avec eux, l'idée que toute vie se vaut, qu'elle soit humaine, animale, ou végétale..., j'ai néanmoins trouvé de nombreuses longueurs dans ce texte dense, et je me me suis ennuyée par moments. Car j'ai trouvé beaucoup d'accumulations, des chapitres qui sont des sortes de listes : Thoreau décrit ainsi chaque poisson, le chant de chaque oiseau, les senteurs de chaque arbre, les couleurs de chaque étang...
En réalité, je n'ai pas été aussi émue que je pensais l'être d'après la réputation de ce livre, alors que celui de P. Cognetti m'a beaucoup touchée - peut-être parce que je suis bien plus familière des paysages alpins que des forêts du Nord-Est des États-Unis et que je pouvais me projeter dans le paysage décrit, en mêlant mes souvenirs et mes rêves à ceux du Narrateur ?
Là où j'ai été émue, c'est dans la description mélancolique d'un monde qui est déjà en train de disparaître, car il n'existe plus au moment de l'écriture. Les paysages n'étaient déjà pas totalement sauvages quand Thoreau y habitait - si le premier village est loin, il existe néanmoins. Même les bruits ne sont pas totalement dus aux animaux ou au vent, puisque le sifflement d'un train vient régulièrement troubler le silence du bois. La civilisation et le progrès, symbolisés justement par ces voies de chemin, grignotent petit à petit les arbres et l'étang, les renards sont de plus en plus chassés, les canneberges cueillies de façon plus mécanique, la glace même de l'étang est récoltée de façon industrialisée pour produire, et donc rapporter dans un but capitaliste... L'avancée humaine fait donc reculer la wilderness pour reprendre l'expression même de Thoreau.
Enfin, j'ai été assez sensible à la culture d'étudiant en lettres classiques de Thoreau qui transparaît dans les vers qui parsèment le récit et dans toutes les descriptions truffées de citations. Il livre ainsi une description violente, épique, d'une guerre entre fourmis comme un passage de l'Iliade.
De très beaux passages, quelques jolies descriptions, mais il manque pour moi de la chair, des sentiments, de la consistance : que cherchait vraiment le Narrateur et qu'a-t-il trouvé ? Il faut attendre la conclusion pour avoir une partie seulement des réponses à ces questions.
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Je n'ai pas été passionné par cette longue lecture bien que prônant des idées qui me tiennent à coeur telle la vie en autarcie, le dépouillement, la solitude au bord d'un lac, ......la culture des haricots.
J'ai préféré de loin l'Indian Creek de Pete Fromm!
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Tout plaquer pour vivre dans et de la nature, en communion avec elle et sans lui nuire, avec le moins d'impact possible. Certains le rêvent, d'autres le font, pour quelques mois, quelques années, ou plus.
Au XIXe siècle, Thoreau l'a fait, en construisant sa cabane et habitant au bord du lac Walden. le livre date de 1854, dans une Amérique encore épargnée par toute cette civilisation. Ce témoignage est un essai sur l'écologie (au sens premier du terme, et non dans son sens politique dévoyé d'aujourd'hui) et l'économie. Refus de l'argent pour l'argent, du travail pour l'argent perçu comme une aliénation.
Un peu de travail manuel, le minimum pour vivre en autarcie (construire sa demeure, cultiver ce qui est nécessaire à la nourriture), contemplation, lecture, écriture. Cela suffit à l'auteur pour vivre en ermite. Mais son expérience ne dépasse pas les deux années.
Certains thèmes sont toujours d'actualité, et ont encore une résonance particulière aujourd'hui, dans un monde où la civilisation a pris le dessus, et où la moindre chose se mesure à la valeur de l'argent et du temps nécessaire pour sa fabrication. Mais entre les deux extrêmes, n'y aurait-il pas un plus juste milieu ?
Une écriture très datée XIXes, et pour cause! Il faut prendre le temps de le lire, de se plonger dans les descriptions de la nature, des petits riens qui suffisent à l'auteur, une lecture au ralenti pour une vie loin du stress et des débordements quotidiens.
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magnifique et instructif ce séjour isolé en forêt dans une cabane.
Thoreau en tire des leçons philosophiques et de vie édifiantes et saines.
un excellent moment en pleine Nature !
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Après avoir tourné la dernière page de Walden, j'ai le sentiment d'avoir suivi deux livres en un seul.
Le premier témoigne de l'arrivée de l'apaisement dans la vie de Thoreau, entré peu à peu entre les premières pages peuplées de belles idées très sûres d'elles-mêmes, et les dernières dans lesquelles se dégage une vraie poésie. Thoreau développe cette poésie par l'observation lente de la nature qui, reconnaissante, finit sans doute par lui donner un peu de sérénité.

Le second est celui de quelqu'un qui s'enfuit du contact des autres. Content de lui, il les observe du haut de ses principes sans prendre la peine de les comprendre. Il reste ainsi enfermé dans une sorte d'aigreur de laquelle il ne se départit pas vraiment.
Durant ma lecture, je n'ai pas pu sortir de mon esprit non plus que Thoreau a trente ans, pas d'enfants et du temps devant lui, pas de parents à charge... Bref qu'il expose ses découvertes du haut de toute sa jeunesse.
Dans deux ans, quand il sera parti, tous les voisins qu'il a tant sermonnés, eux, vivront toujours là, dans la même nature que celle qu'il a côtoyée.

C'est aussi la grande différence entre la pensée que Thoreau expose ici et celle de Rousseau (le parallèle vient assez facilement). Rousseau, ours lui aussi, tâche de comprendre les autres, la société qui l'entoure et comment elle s'articule. C'est ce regard extérieur, mais passionné qu'il transmet.
Thoreau, dans ce texte, tâche de s'en extraire. Il est dès lors grand lorsqu'il parle de nature, mais bien plus petit lorsqu'il parle des hommes.
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Superbe hommage à la nature.
Juste critique de la possession et du matérialisme.
L'auteur démontre la stupidité de notre mode de consommation avec des exemples de son époque...
et malheureusement...
c'est toujours d'actualité 160 ans plus tard!
En 160 années (et ça ne risque pas de s'arrêter demain!), notre comportement est toujours aussi court-termiste : "je consomme donc je suis".
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