Je reste très dubitatif devant Walden... J'en attendais peut-être beaucoup. La préface d'
Onfray m'avait déjà plutôt refroidi. J'ose le dire. Lire la préface avec la tête d'
Onfray à l'esprit, cela me gâchait déjà un peu de ma lecture. D'autant qu'au final, je n'ai pas vraiment trouvé dans le livre ce qu'y annonçait le philosophe chéri des médias. J'avoue un background très faible en philo, matière qui n'était pas enseignée en Belgique quand j'ai fait mes études. (N.B. j'ai ainsi pu faire un doctorat en économie sans jamais avoir été briefé sur
Popper, par exemple)
Thoreau commence par un long chapitre sur l'économie... où il aborde la mode, les comportements, le progrès, l'argent... C'est long, lassant, pas spécialement tonique (150 ans quand même), mais ce qui est exceptionnel, c'est de se rendre compte que tout cela est fort moderne. Les thématiques ont finalement fort peu changé. C'est cela la philosophie, diront les uns, s'attacher aux basiques. Les autres parleront de l'éternel humain, qui prétend ou croit changer mais reste accroché aux mêmes travers.
Ensuite, Thoreau nous emmène au bord du Lac Walden et nous en fait découvrir la beauté.
Il parle avec poésie, de manière fort débridée parfois, de la nature. On y est transporté par la magie des mots. Puis bardaf, il redevient trivial, terre-à-terre, pragmatique et on repart sur ses boisseaux de blé, etc.
Je note au passage une grande ambiguïté de Thoreau sur le progrès et les formes qu'il prend, par exemple sur le chemin de fer. Tantôt il le rejette, tantôt il s'extasie. Tantôt il l'apprécie pour les repères qu'il apporte. Tantôt il en dit du mal ou le voue à l'échec.
Thoreau est un original, 100% pur homme des bois, très attachant... sauf, sauf, sauf... quand il dérape et se met à nous dire comment nous devons nous comporter. En fait, nous devons agir comme lui... il rejoint en cela l'idée que je me fais d'
Onfray qui passe son temps à essayer de nous prouver que ce qu'il dit est juste et que ce qu'il fait doit être fait par tout le monde.
C'est à la fois très positif: Thoreau, au moins, prêche par l'exemple, il ne nous dit pas comment nous devons faire, en faisant autrement, comme certains philosophes "modernes". Il trime, il lutte, il construit sa maison de ses mains. C'est négatif parce qu'il devient vite dogmatique et normatif. L'épilogue est un monument d'écoeurement, en ce qui me concerne. Je suis sûr que Thoreau a trop fait infuser l'écorce de bouleau ou qu'il a mal trié ses champignons...