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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
En 1845, Henry David Thoreau prit la décision d'abandonner non seulement la plupart de ses biens matériels, mais aussi toutes ses certitudes et assurances morales pour se retirer dans les bois autour de l'étang de Walden. Il rêve de construire une habitation qui soit comme le wigwam des indiens : un édifice rapidement construit et aussitôt démontable, qui s'adapte à une existence de semi-nomadisme ne dépendant que de la volonté de ses habitants ; un édifice empruntant tout ce qu'il peut aux offrandes de la nature et de la sympathie humaine et dépendant le moins possible de ces facilités modernes qui épargnent du temps et du savoir en requérant de l'argent, et donc du travail.


Henry David Thoreau renverse la conception d'émancipation généralement liée au travail : et s'il était la cause de la pauvreté ? Lorsqu'il professait à l'université, Henry David Thoreau avait dû se contraindre à investir dans une présentation de soi soignée, à prendre régulièrement un transport pour se rendre sur son lieu de travail ou, s'il cheminait à pieds, et de toute façon en s'éreintant à l'enseignement, à dépenser son énergie vitale. le coût cumulé de la tenue, des bains, des transports ou de la nourriture nécessaires en plus grande quantité était-il vraiment moindre que le salaire octroyé en conséquent ? S'il l'était, la différence ne semblait toutefois pas assez significative pour compenser la perte de temps et de liberté dévorés par le travail. Ce qu'il a compris, Henry David Thoreau essayera de l'expliquer au paysan Baker, un de ses proches voisins :


« Je tentai de l'aider de mon expérience, lui disant qu'il était l'un de mes plus proches voisins, et que moi aussi qui venais ici pêcher et avais l'air d'un fainéant, gagnais ma vie tout comme lui ; que j'habitais une maison bien close, claire et propre, qui coûtait à peine plus que le loyer annuel auquel revient d'ordinaire une ruine comme la sienne ; et comment, s'il le voulait, il pourrait en un mois ou deux se bâtir un palais à lui ; que je ne consommais thé, café, beurre, lait, ni viande fraîche, et qu'ainsi je n'avais pas à travailler pour me les procurer ; d'un autre côté, que ne travaillant pas dur, je n'avais pas à manger dur, et qu'il ne m'en coûtait qu'une bagatelle pour me nourrir ; mais que lui, commençant par le thé, le café, le beurre, le lait et le boeuf, il avait à travailler dur pour les payer, et que lorsqu'il avait travaillé dur, il avait encore à manger dur pour réparer la dépense de son système ; qu'ainsi c'était bonnet blanc, blanc bonnet — ou, pour mieux dire, pas bonnet blanc, blanc bonnet du tout — attendu qu'il était de mauvaise humeur, et que par-dessus le marché il gaspillait sa vie […]. »


Henry David Thoreau pose les bases d'un nouveau système de valeurs : l'argent représente non pas de nouvelles potentialités de vie, mais le coût de la vie requise en échange du temps perdu pour l'acquérir. Cette conception draine un rejet de la communauté en amont et en aval. Refuser de travailler, c'est refuser de croire aux valeurs en vigueur, qu'il s'agisse de celles de nos ancêtres comme de celles de nos contemporains.


« Nulle façon de penser ou d'agir, si ancienne soit-elle, ne saurait être acceptée sans preuve. Ce que chacun répète en écho ou passe sous silence comme vrai aujourd'hui, peut demain se révéler mensonge, simple fumée de l'opinion, que d'aucuns avaient prise pour le nuage appelé à répandre sur les champs une pluie fertilisante. Ce que les vieilles gens disent que vous ne pouvez faire, vous vous apercevez, en l'essayant, que vous le pouvez fort bien. Aux vieilles gens les vieux gestes, aux nouveaux venus les gestes nouveaux. Les vieilles gens ne savaient peut-être pas suffisamment, jadis, aller chercher du combustible pour faire marcher le feu ; les nouveaux venus mettent un peu de bois sec sous un pot, et les voilà emportés autour du globe avec la vitesse des oiseaux, de façon à tuer les vieilles gens, comme on dit. »


Quiconque voudrait essayer de vivre sans aucune source de revenu se rendrait en même temps indépendant de ce mimétisme qui veut nous faire croire qu'un homme ne peut pas se suffire à lui-même. Mais ce n'est pas encore le plus outrageant. En refusant de se mettre à contribution de la communauté par le travail, l'individu autosuffisant menace les constitutions mêmes de la société et rejette ce que Rousseau appelle le « contrat social ». Cette attitude éminemment égoïste stipule que le don de son âme et de son temps ne vaut pas la considération de la communauté, qui n'est qu'un résidu mal organisé de préjugés, d'illusions et de craintes. On ne gagne rien à se donner pour cet amas de poules picoreuses alors que la vie attend, à proximité, recouverte par les bois étranges.


Dans le dénuement ascétique qu'il recherche, Henry David Thoreau se dépouille de tous les costumes trop lourds nécessaires à la vie en société. Il faut être fou pour piétiner ces vestiges de l'humanité –il faut être fou ou il faut avoir été profondément déçu par ses récompenses puériles. La démarche est celle d'un mystique qui fonctionne à l'énergie de l'espoir, habitant des lieux physiques ou spirituels qui continuent à creuser en lui le manque jusqu'à ce qu'il trouve le lieu de son bien-être absolu. Pour cela, il faut se détacher de la vie profane qui se traîne sur les routes pouilleuses de la civilisation. Qu'est-ce que la culture, sinon un sucre lancé en pitance à un pauvre chien affamé pour satisfaire provisoirement son besoin de vivre ? Quelques hommes ont peut-être su mener une existence à la hauteur de ce qu'ils méritaient, et ceux-ci ont transmis leur expérience authentique aux générations suivantes par le biais de leurs écrits, mais l'erreur consiste à nous faire croire que nous pouvons nous contenter de l'expérience abstraite de ces récits. Il nous faudrait plutôt les vivre à nouveau ! et les transcender ensuite, en leur conférant le grain de sel supplémentaire de notre âme. le rejet de la facticité engendrée par la vie en société nécessite peut-être de connaître une solitude accrue mais elle permet de saisir pratiquement le sentiment cosmique de son appartenance à l'univers. La vie peut alors et seulement exploser.


« Ce qu'il me fallait, c'était vivre abondamment, sucer toute la moelle de la vie, vivre assez résolument, assez en Spartiate, pour mettre en déroute tout ce qui n'était pas la vie, couper un large andain et tondre ras, acculer la vie dans un coin, la réduire à sa plus simple expression, et, si elle se découvrait mesquine, eh bien, alors ! en tirer l'entière, authentique mesquinerie, puis divulguer sa mesquinerie au monde ; ou si elle était sublime, le savoir par expérience, et pouvoir en rendre un compte fidèle dans ma suivante excursion. »


Lorsqu'il avait fini de vaquer à ses quelques occupations quotidiennes –ramasser des haricots, se promener, parfois pêcher ou recevoir un ami-, Henry David Thoreau se plongeait dans des états de contemplation proches de la méditation. Riche de connaître l'interconnexion des choses, il peut observer toute chose dans l'immédiat et dans l'absolu et retrouver ici ce qui existe là-bas. Une vie devient la vie et si les autres savaient, ils n'auraient pas besoin de vivre avec leurs illusions de progrès, de luxe ou d'abondance.


« Je regardai par la fenêtre, et voyez ! où hier c'était la glace froide et grise, là s'étendait l'étang transparent, déjà calme et rempli d'espoir comme en un soir d'été, reflétant d'un soir d'été le ciel en son sein, quoiqu'il n'en fût pas de visible là-haut, comme s'il était d'intelligence avec quelque horizon lointain. J'entendis tout là-bas un merle, le premier que j'eusse entendu depuis des milliers d'années, me sembla-t-il, et dont je n'oublierai l'accent d'ici d'autres milliers d'années, — le même chant suave et puissant qu'au temps jadis. »


Henry David Thoreau a vécu deux ans, deux mois et deux jours dans les bois qui entourent Walden. Il semble n'avoir pas eu besoin de défaire son prototype de wigwam européen pour s'installer ailleurs dans les bois. L'expérience de contemplation semble lui avoir finalement permis de comprendre que le nomadisme est un mouvement similaire à celui qui happe ses contemporains en quête de progrès, et que l'homme spirituellement accompli ne trouve plus le besoin intrinsèque de se confronter à ce qui semble être l'étranger. Il peut éventuellement vouloir se déplacer, voir d'autres contrées, rencontrer d'autres personnes, mais s'il a vraiment compris le sens de l'unité, il ne le fera pas en réponse à un pressant besoin intérieur mais comme manière poétique d'éprouver l'harmonie du monde. Mais ceci, Henry David Thoreau le savait, tout le monde n'est pas prêt à vouloir le comprendre. Il faut alors retourner auprès de l'humanité et accomplir ce retour transcendé que le Zarathoustra de Nietzsche effectue lui aussi : "Ainsi parlait Zarathoustra et il quitta sa caverne, ardent et fort comme le soleil du matin qui surgit des sombres montagnes. »
Lien : http://colimasson.blogspot.f..
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J'avais envie de grands espaces après des semaines d'enfermement, et j'espérais en trouver avec Thoreau à l'étang de Walden. J'y ai trouvé de l'espace, oui, mais autant un espace de réflexion qu'un espace pour folâtrer. L'auteur m'a sortie de mon engourdissement pour explorer les questions de la pertinence et du sens de nos choix de vies civilisées.


«  Une fois que l'homme s'est procuré l'indispensable, il existe une autre alternative que celle de se procurer les superfluités ; et c'est de s'aventurer dans la vie présente. »


Thoreau part du constat qu'il ne comprend plus la société occidentale dans laquelle il vit. A-t-on d'autres options que de poursuivre ce chemin toujours plus artificiel et consumériste ? En quête d'un sens à sa propre vie, l'auteur cherche une voie plus raisonnable. Quand le faste et l'ostentatoire servent d'écran de fumée à une société terne et creuse, une vie plus simple et dépouillée à l'extérieure peut-elle nous enrichir de l'intérieur, en se concentrant sur l'essentiel ? Et qu'est-ce que l'essentiel ?


« A l'état sauvage toute famille possède un abri valant les meilleurs, et suffisant pour ses besoins primitifs et plus simples ; mais je ne crois pas exagérer en disant que si les oiseaux du ciel ont leurs nids, les renards leurs tanières, et les sauvages leurs wigwams, il n'est pas dans la société civilisée moderne plus de la moitié des familles qui possède un abri. »


Peut-on être plus satisfait en s'inspirant de l'état de nature, en se dépouillant de tout ce qui n'est pas indispensable, et en travaillant soi-même à satisfaire ses propres besoins ? Pour le savoir, Thoreau part vivre dans les bois de son enfance. Nous expliquant son choix, il interroge sur la société de consommation (il vivait au 19ème siècle…!), sur le sens de nos « richesses » extérieures quand nous nous sentons toujours plus pauvres à l'intérieur. Il nous parle de coquilles vides, de grandes maisons ornementées et d'âmes grises et minuscules qui ne pourront jamais les remplir. Et il pose même déjà la question du végétarisme.


Une fois dans les bois, Thoreau construit son récit autour des thèmes qui fondent sa nouvelle vie : la lecture, les sons, la solitude, ses cultures, le village, les étangs, ses voisins sauvages… Chacun permet de comparer l'ancien et le nouveau mode de vie dans un but de réflexion. Ces thèmes sont autant de cases de marelle destinées à nous mener jusqu'au Ciel, pour en observer les étoiles un peu plus en astronomes qu'en astrologues. Alors enfin, nous nous immergerons tout entiers dans cette nature et son étang, qui purifieront autant nos corps que nos esprits. Et nous finirons par nous livrer corps et âme à cette nature omniprésente, vivante, immortelle.


*****

Ces trois étapes assez nettes ne découpent pourtant pas l'ouvrage : elles s'y fondent, lentement mais sûrement, au fil des thèmes abordés et de notre acceptation, pour ne former qu'une seule et unique expérience : celle de l'auteur. Plus on avance dans l'expérience, plus on pénètre l'esprit des forêts et plus la nature nous enserre. On aimerait qu'elle ne nous libère plus jamais, car c'est finalement en elle qu'on est le plus libre d'être nous-mêmes. Elle est tellement belle, apaisante et vibrante, décrite par Thoreau. Jamais le combat à mort des fourmis, les ruses de la bécasse, le chant des hiboux ou les orgies de grenouilles n'ont été plus passionnants. On joue même aux échecs sur le lac avec le facétieux plongeon huard, ou à cache-cache avec une chouette !


Au total son oeuvre nous offre autant de quoi nourrir notre esprit - avec des réflexions consistantes sur nos modes de vie occidentaux - que de quoi nourrir nos rêves - avec cette nature inspirante qu'il personnalise comme la muse qu'elle est pour lui, et qui nous attire telle une amante mystique dont nous voulons, nous aussi, apprendre les charmes et percer les mystères… Le propos est plus que jamais d'actualité 150 ans plus tard. Mais cette lecture ne consiste pas seulement à se demander si, et comment, l'on peut choisir de vivre autrement ; Ce peut être plus simplement la prise de conscience, d'une part, que la course à la consommation et aux richesses extérieures ne suffit pas à nous rendre heureux ; et d'autre part, de notre besoin vital et constant de nous inspirer de la nature, et des raisons de ce besoin, afin de pouvoir l'écouter et l'assouvir lorsqu'il se fait sentir.


Sur la forme, ce récit pourrait sembler dogmatique autant que visionnaire, et il souffre parfois de contradictions de façade nées de la confrontation avec l'expérience mais qui, en réalité, s'expliquent probablement par l'expérience elle-même (prendre du recul sur les choses et les gens, pour les apprécier mieux à plus petite dose). Mais en réalité, cette mise au vert reste un débat ouvert avec le lecteur. Thoreau ne cesse de répéter que son choix et sa façon de vivre n'ont pas vocation à être ceux de tout le monde : son oeuvre a seulement pour but de l'aider à redonner de la valeur aux choses comme aux gens (moins, mais mieux), et de questionner chacun sur le sens de sa propre vie. D'ailleurs, il passera lui-même à d'autres expériences lorsque celle-ci lui aura apporté ce qu'il était venu y chercher. « Explorez-vous vous-mêmes » exhorte-t-il.


Vous êtes prévenus, lecteurs, vous n'entrez pas dans les bois de Walden uniquement pour vous détendre, mais pour apprendre à regarder, à méditer sur ce que vous voyez et en tirer profit !
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Ce livre emprunté à la bibliothèque devrait intégrer prochainement ma bibliothèque personnelle tant j'aurai le plaisir de replonger dans la prose de Thoreau tout comme IVRE DE LIVRES dont la critique démontre l'attachement à ce texte perpétuellement méditatif.
Thoreau nous fait l'apologie d'une vie saine loin de l'agitation des villes et des contraintes liées à la société moderne et castratrice. La vie comme on devrait la savourer avec le rien et le tout qui nous entourent et qui nous échappent quand les autres par profit veulent nous en interdire la jouissance.
A la différence de nombreux philosophes compréhensibles pour une minorité intellectuelle prétentieuse, Thoreau parle vrai à tous de la vie originelle qui nous habite de façon simple et "naturellement poétique".
Une bible indispensable !
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Voici un livre avec lequel il faut prendre son temps. Car on ne peut pas s'intéresser aux choses de la nature ou à l'âme humaine autrement, sans faire un effort d'abstraction. C'est l'expérience dans laquelle s'est immergé Henry David Thoreau en s'isolant sur les rives de l'étang Walden, en marge de la société, recherchant la frugalité et la communion avec la nature. Je ne résiste pas à la tentation de rappeler cette citation de Thoreau, rendue célèbre grâce au professeur Keating dans le Cercle des poètes disparus : « Je m'en allais dans les bois parce que je voulais vivre sans hâte. Vivre, intensément, et sucer toute la moelle de la vie. Mettre en déroute tout ce qui n'était pas la vie pour ne pas découvrir, à l'heure de ma mort que je n'avais pas vécu. »

Certes, Thoreau fuit la ville et ses semblables. Pour autant, il n'est pas misanthrope, bien au contraire. Ce qu'il fustige, c'est l'abêtissement et l'asservissement de l'Homme par l'état et la société moderne. Ce qu'il dénonce, c'est la perte de l'essence même de la vie dans nos existences effrénées tout entières happées par la recherche des bénéfices pécuniers et du progrès. Sur les rives de Walden, il faut aimer prendre son temps, s'émerveiller des miracles quotidiens de la vie qui pullule et des cycles naturels qui impriment leur rythme à toute chose, accepter les digressions de l'auteur lorsqu'il détaille les menus frais et profits de son installation et de ses récoltes, lorsqu'il décrit avec maints et fascinants détails les occupations de la faune habitant les bois limitrophes, ou qu'il se fait arpenteur-mesureur de l'étang comme s'il s'agissait du coeur battant de l'univers dont il faut prendre le pouls. La rhétorique de Thoreau est parfois provocatrice, mais le fond de sa pensée finit toujours par devenir limpide comme les eaux cristallines du miroir qu'il ne se fatigue jamais de contempler. Car Thoreau est un contemplatif, adepte du transcendantalisme qui prolonge la pensée de Rousseau (« L'Homme naît bon, c'est la société qui le corrompt »). Il cite les philosophes antiques comme les poètes américains, les sages indiens comme les penseurs chinois. Il démontre l'éveil d'une conscience en avance sur son temps, comme dans le chapitre « Des lois plus hautes », tout en revenant toujours à la beauté parfaite de la nature qui l'entoure.

Une lecture enivrante, révélatrice de ce qui sommeille en nous et peut y dormir pour toujours si nous ne faisons pas l'effort de le débusquer.
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Le hasard fait bien les choses, ce livre a été d'un grand réconfort. Au chevet de ma défunte mère, un long mois dans un hôpital tunisien où mon manque de maîtrise de ma langue maternelle m'a isolé de la population locale. Ce livre a été une bulle d'air et gardera à mes yeux, une place à part.
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Si un auteur a vraiment compris quelque chose à l'écologie c'est Thoreau . Son opus est l'un des plus puissant hommage à la nature que l'on puisse avoir . C'est ample , vivant , réaliste , beau , c'est incontournable en somme . Un livre hommage sublime à la nature , qui nous donne envie de suivre la démarche de Walden . Ce n'est jamais niais , ce n'est pas tf1 , c'est une ode à la liberté et à la nature . A lire absolument pour réaliser combien l'on a besoin de la nature .
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Il est tout jauni, il craque, des pages risquent de s'envoler ...bref il est dans un état pitoyable, si je le feuillette mes annotations ponctuent les pages mais elles sont devenues illisibles, la traduction date de 1922 alors .....
Alors j'ai franchi le pas et j'ai profité d'une réédition qui rassemble le gratin : Jim Harrison en préfacier et Brice Matthieussent en traducteur, deux bonnes raisons de racheter Walden et de reprendre un peu de Thoreau.
Diable d'homme et diable de livre car si on a le malheur de l'ouvrir, toc on est harponné pour un bon moment
Dans sa préface Jim Harrison dit qu'il entretient de profondes affinités avec Thoreau et que cela remonte à l'enfance, lui même a possédé un chalet isolé mais que son amour pour Thoreau est lié au fait que c'est « Un étudiant assidu tant de la littérature que de la nature » et qu'il est dangereux pour l'esprit !
Il ajoute « le XIX ème siècle nous a donné trois géants, Thoreau, Whitman et Melville »
Peut être êtes vous capables de résister à ça... moi pas du tout alors que vous invite à "sucer la moëlle de la vie"
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1845, Henri David Thoreau part vivre près de l'étang de Walden, dans le Massachusetts, loin de la ville en construisant sa propre cabane.
"Cela faisait à peine une semaine que j'avais emménagé que déjà mes pas avaient tracé un chemin entre le seuil de ma cabane et la rive de l'étang ; et alors même que je n'y marche plus depuis 5 ou 6 ans, il est encore visible. [...] la surface de la terre est douce et sensible à l'empreinte de l'homme et il en va de même pour le sentiers que notre esprit arpente. [...] Comme elles doivent être profondes les ornières de la tradition et du conformisme. " (p353) ;
L'ouvrage décrit la vie de Henri David Thoreau durant une année au bord de cet étang, au fil des saisons où il nous partage toutes ses réflexions sur la société américaine et anglaise (et du monde) d'alors qui sans grand étonnement n'ont jamais été aussi contemporaines. L'économie, l'enrichissement, le modernisme, la technologie, tout ce que l'homme croit le grandir, nous éloigne (déjà) de la nature et de sa compréhension de ses lois fondamentales, du rapport à nos vrais besoins, les plus fondamentaux, tant sur le plan physique, physiologique, alimentaire que sur le plan psychique et intellectuel. les références littéraires sont extraordinairement riches et variées.
"Combien d'hommes ont pu dater de la lecture d'un livre le commencement d'une nouvelle ère personnelle ? (128)". il y a des livres qui nous émerveillent, qui nous divertissent, qui nous amusent, et même des livres nous ennuient... mais il y aussi ces livres qui nous transforment, nous enrichissent, nous bousculent, ceux qui après avoir refermé la dernière page, nous laissent songeur, perplexe, ceux dont ont ré-ouvrira un jour les pages pour s'y replonger, par nécessité, par besoin, par envie de retrouver un moment où l'on se rapproche du sens, d'être là et de la vie que l'on souhaite vivre.
Ce livre là en fait partie. 175 ans nous séparent de ces écrits, mais chaque ligne est encore valable, juste et justifie d'être lue, encore aujourd'hui.
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J'ai entamé ce livre sans trop savoir à quoi m'attendre, mais cela a été une excellente surprise !

Il est vrai que Walden est un livre assez atypique et indéfinissable : entre autobiographie, philosophie et poésie, Thoreau aborde des thèmes très variés dans le récit de son « expérience » de vie originale. En effet, pendant deux ans, il a vécu isolé dans une cabane près de l'étang de Walden, pour se détacher des biens matériels et n'avoir que l'essentiel à la vie humaine – à savoir la nourriture, un abri, des vêtements et de la chaleur. le récit mêle descriptions très concrètes de sa vie à Walden (construction de sa cabane, plantage de son champ de haricots…), descriptions poétiques de la Nature (l'étang, la neige, les animaux des différentes saisons…) et réflexions philosophiques (sur l'économie, les relations sociales, la nécessité de se recentrer sur la Nature en pleine Révolution Industrielle…).

J'ai beaucoup aimé cette lecture, que j'ai trouvée assez accessible pour un livre de philosophie. J'ai été sensible à beaucoup d'idées développées par Thoreau, notamment celles sur la Nature qui sont très actuelles : ce n'est pas pour rien que Thoreau est considéré comme un pionnier de l'écologie !
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2 ans, 2 mois et 2 jours, seul dans les bois. Voilà l'audacieuse expérience vécue au milieu du XIXème siècle par Henry David Thoreau, le premier des "nature writters", qui nous livre ici un témoignage d'une profondeur exceptionnelle !

Certes, ces 400 pages touffues ne sont pas toujours facile d'accès, et il faut un peu de patience et de persévérance pour se frayer un chemin dans cette prose dense (et sa traduction originale de 1922), mais l'effort sera largement récompensé. Une telle pépite se mérite !
Le texte est magnifique, et les descriptions des forêts du Massachusetts ou des rives paisibles de l'étang de Walden ("le plus beau et le plus expressif des paysages, l'oeil de la terre où le spectateur, en y plongeant le sien, sonde la profondeur de sa propre nature") ont quelque chose d'envoûtant.

Mais bien sûr ce qui marque par dessus tout - durablement ! - ce sont les valeurs éthiques véhiculées par le narrateur, son ode à la nature, à la simplicité et au dépouillement, son approche aussi radicale que novatrice de l'écologie.
Thoreau abhorre la notion même de confort ("le luxe, en général, et beaucoup du soi-disant bien-être, non seulement ne sont pas indispensables, mais sont un obstacle positif à l'ascension de l'espèce humaine"), et cherche le bonheur dans la vérité la plus nue, la plus proche de la terre nourricière.
Sa condition de naufragé volontaire est propice à la méditation, mais aussi à une critique virulente de la société, de la consommation des masses, du travail rémunéré, des excès ou futilités en tous genres, de l'argent qui altére le monde, des effets de mode, et même de la machine à vapeur...
Il entend démontrer, chiffres à l'appui, qu'un quotidien spartiate est tout à fait viable, et qu'il permet en outre de "vivre abondamment", de "sucer toute la moelle de la vie", et en se tenant toujours plus éveillé, de revenir sans cesse à l'essentiel.
L'austérité apparente de ses raisonnements cache message résolument positif "pusiqu'il ne peut être de mélancolie tout à fait noire pour qui vit au milieu de la Nature et possède encore ses sens". Leçon de zen et de contemplation.
En véritable "scribe de la nature", Thoreau se montre capable d'écrire 30 pages sur le combat épique entre une fourmi noire et deux fourmis rouges, et d'en remplir le double sur les enseignements que l'on peut tirer de la culture des haricots...
Contre toute attente cette lecture m'a fait le plus grand bien !

Walden ou la vie dans les bois est donc un récit philosophique hors du commun, qui se lit au calme avec application et invite, peut-être, à "chercher au fond de soi l'instinct d'une vie plus élevée".
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