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EAN : 9782842610104
353 pages
Le Serpent à plumes (01/09/1996)
4.11/5   99 notes
Résumé :
Le roman est constitué par le récit d'un narrateur rapportant quelques épisodes de la vie du frère de sa grand-mère, Benjamin Rathery, qui est donc en réalité son grand-oncle. Le lieu du récit est Clamecy, l'époque est la fin du règne de Louis XV ou le règne de Louis XVI, au moins dix ans après la bataille de Fontenoy. Le narrateur est le fils de Gaspard Machecourt, fils aîné de la sœur de Benjamin et d'un huissier de justice de Clamecy. Âgé de 28 ans, Benjamin Rath... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (17) Voir plus Ajouter une critique
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Une vieille édition, une préface signée Lucien Descaves, n'y aurait-il pas assez que ces deux raisons pour relire "mon oncle Benjamin" ?
Il y en aurait bien une troisième :
Celle que Claude Tillier, son auteur, eût été bien embarrassé d'être riche !
Claude Tillier était un pamphlétaire.
Celui que craignait l'oppresseur.
Celui qui était l'espoir de l'opprimé.
Claude Tillier était un homme de 48, la plus belle des révolutions.
"Mes mémoires", sous-titré "Mon oncle Benjamin" est le manuscrit, envoyé en 1842 à "l'Association", journal de Nevers, qui aura sauvé Claude Tillier de l'oubli.
Il sera publié, en 16 feuilletons, de mars à décembre de la même année.
Cette édition, parue en 1927 à "La Connaissance" est présentée par Lucien Descaves.
"On se lasse de tout, excepté de connaître".
Les ciseaux d'Anastasie, la censure, avaient amputé le texte d'origine.
Il est ici restitué dans son intégralité.
Dès les premières lignes, ce livre est réjouissant.
En moins de mots qu'il ne faut à un huissier pour saisir, Tillier règle son compte à Dieu, à ses valets et à son suppôt le roi.
C'est qu'il ne craint pas que dieu en vienne à lui réclamer des dommages et intérêts !
Par conséquent il déploie son ironie mordante contre celui-ci et contre ceux-là qui défendent son honneur.
Vivre vaut-il d'ouvrir les yeux ?
Claude Tillier possède un sens de la formule imaginatif, un style fantaisiste et enlevé qui emporte le lecteur.
Ce roman est picaresque.
Il ne vaut pas tant par les aventures un peu naïves de Benjamin que par le fond de sa philosophie.
Quiconque sème des privilèges doit recueillir des révolutions !
Le propos est éminemment subversif.
Il est assez moderne.
Claude Tillier se fait même fugitivement écologiste dans un paragraphe.
"Voyez, dit Benjamin, comme la décomposition va plus vite que la recomposition. Cette terre parée de verdures et de fleurs, c'est un phtisique dont les joues sont roses, mais dont la vie est condamnée"...
Claude Tillier raconte ici la vie quotidienne de l'oncle Benjamin, Benjamin Rathery, médecin altruiste, vieux garçon cultivé, qui se défend de ne vouloir jamais se marier, ni de ne jamais gagner trop d'argent.
Cependant Benjamin aime la vie.
Poursuivi par les remontrances de sa soeur, il vit à crédit au cabaret et trousse, joyeusement, le cotillon de ses belles contemporaines.
Il est un rebelle qui refuse de baisser les yeux devant l'inégalité, l'injustice sociale et la brutalité.
Ce livre est l'ancêtre du roman champêtre.
Il est aussi, malgré ses airs de joyeux récit sensuel, un pamphlet, une attaque impitoyable contre la monarchie de juillet et les vieux principes qu'elle défend.
C'est aussi une chanson subversive, un couplet pacifiste qu'entonne Benjamin lorsqu'il déclare : " la gloire d'un général qu'est-ce que c'est ? Des cités en débris [...], des femmes livrés à la brutalité des soldats [...], des tonneaux de vin défoncés dans les caves...", un réquisitoire contre la peine de mort, contre le mariage forcé et la dureté de la justice de l'époque.
Pourtant Claude Tillier s'y montre comme vulgairement réac, et par trop léger lorsqu'il évoque l'erreur judiciaire et l'univers carcéral.
Au final, "Mon oncle Benjamin" est un roman souriant, optimiste et joyeux, certes un peu désuet mais il est, aussi et surtout, un cri de liberté ...
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Chapeau bas !
Sous prétexte de raconter des épisodes de la vie de Benjamin, médecin de campagne, buveur, endetté et bon vivant, l'auteur se moque et dénonce.
Tout le monde en prend pour son grade ; nobles, bourgeois, médecins charlatans et religions.
C'est à bien des égard précurseur notamment sur sa vision de femmes, femmes de caractères et pour lesquelles, il souhaite la liberté.
C'est aussi l'histoire de formidables amitiés.
C'est drôle, sensible et remarquablement bien écrit.
Une lecteur savoureuse.
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Critiquer ce roman, ce ne serait que prétention. Donc pas de critique mais un hommage. Claude Tillier nous laisse un ouvrage culte, reflet du siècle des lumières, empli d'humanisme, généreux, une ode à la vie, par delà la misère ; par delà les privilèges des rois et des seigneurs. Si ce n'est par le style, classique, avec son vocabulaire qui peut parfois, au 21e siècle nous sembler désuet, ce roman n'a pas pris une ride. Certes les rois et les seigneurs ont depuis mutés en traders, en chefs de grandes entreprises déshumanisées, avides de profits, de pouvoir, sans scrupule quant à l'exploitation des petites gens! Si le pouvoir a changé de main et ceux qui le détiennent de titres, le monde actuelle est-il si différent du monde postrévolutionnaire et de ses privilèges?
Mais, d'après l'oncle Benjamin, qu'importe la misère pourvu qu'on aie la joie de vivre. "La gaieté est l'orgueil du pauvre" se plait à répéter Claude Tillier.
Ce livre a inspiré le film d'Edouard Molinaro, librement adapté au cinéma avec un Jacques Brel au mieux de sa forme. Film dans lequel on retrouve l'esprit de Benjamin et de Tillier, teinté de revendication de mai 68. Peut-être un Benjamin plus anarchiste que celui du roman, quoique ... ?
Bien sûr, le film est aussi "cultissime" et génial mais comme souvent, le livre lui est supérieur, plus riche, plus profond, plus émouvant.
Claude Tillier termine son roman comme s'il lui avait préparé une suite mais hélas, la mort ne lui a pas laissé le temps de l'écrire. C'est peut-être alors à nous, lecteur, de l'imaginer, sans trahir la générosité, la liberté, l'humaniste, le bon vivant qu'est "notre" Oncle Benjamin.
Et en plus, vous trouverez ce roman en version numérique, gratuit puisqu'il est libre de droit d'auteur. Alors, pourquoi s'en priver?
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Dépaysement total au coeur de la Bourgogne rurale du XVIIIème siècle en compagnie de Benjamin Rathery. Une tournée en bonne compagnie avec ce médecin épicurien autour des tables et des caves généreuses.
Car cet homme de belle stature et de bonne prestance, vêtu d'un habit rouge, est un personnage flamboyant. Il mène sa vie avec philosophie. Une philosophie avec des convictions chevillées au corps proches de la nature « bien boire, bien manger, rire entre amis ». Lorsque quelque fâcheux se présente sur le chemin de Benjamin, quelque personnage affublé de la particule « de » et méprisant la peuple, le sens de la répartie de Benjamin fait merveille et retourne la situation avec brio. Un pourfendeur de la noblesse parasite, du clergé, des traditions saugrenues. Benjamin porte sur son siècle et ses contemporains un regard iconoclaste mais toujours bienveillant et désintéressé.
Rédigé sous forme de feuilleton en 1842, le texte présente une série de situations des plus communes ou plus fantasques. du baptême de son filleul, à la mascarade du Juif errant, du troussage interrompu de Manette, la jolie cabaretière, au duel avec un aristocrate, des démêlés avec des fournisseurs impayés aux convocations du bailli, la vie de Benjamin est haute en couleurs et en rebondissements.
On comprend pourquoi le roman a séduit Georges Brassens, qui relisait régulièrement les tribulations de son héros, facétieux et truculent et Jacques Brel qui l'incarna au cinéma.
Sur le plan formel on retrouve avec délectation nombre de termes disparus, de réflexions datées ou a contrario fort courageuses. L'auteur, le petit neveu, se veut pédagogue avec conviction. La pertinence d'une idée passe par l'accumulation voire une litanie de comparaisons s'enchainant les unes aux autres.
Avec Mon oncle Benjamin on lit un ouvrage classique léger et profond oublié des études littéraires traditionnelles mais qui continue à trouver ses lecteurs.
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En ces temps de marasme et de morosité, où les mots les plus réjouissants sont ceux de guerre, pénurie, maladie, où des auteurs de chansons salaces sont promus Chevalier des Arts et Lettres, où des gens qui tapent dans un ballon sont mieux considérés que des chercheurs scientifiques, où la démocratie est bafouée sur tous les coins de la planète, que diriez-vous d'un changement d'air ? d'une virée à la campagne au bord de ruisseaux bavards et attrayants, dans des salles d'auberge pleines de vie et de joie saine, d'assiettes pleines de bonnes choses à manger, de verres pleins de bonnes choses à boire, de compagnons et de compagnes fort agréables, hein, qu'est-ce que vous en diriez ? Moi je vous propose de partir à Clamecy, dans la Nièvre, vers la fin du règne de Louis XV et le début de celui de Louis XVI, en compagnie de « Mon oncle Benjamin ». Je vous garantis que le voyage vaut le coup.
Claude Tillier (1801-1844) est essentiellement un pamphlétaire, et l'auteur d'une poignée de romans dont le plus connu est « Mon oncle Benjamin ». Je dis le plus connu, mais pas forcément le plus lu, pourtant il est à présent accessible dans toutes les bonnes librairies.
Peut-être avez-vous vu le film d'Edouard Molinaro (1969) avec Jacques Brel dans le rôle-titre et la délicieuse Claude Jade. le film est une belle réussite qui rend un bel hommage au roman.
Car au départ c'est un roman. Un roman champêtre dirons-nous, tel que pouvait en écrire à la même époque George SandJeanne » - 1844, « le meunier d'Angibault » - 1845, « La Mare au diable » - 1846), et tels qu'en écriront plus tard Erckmann-ChatrianL'Ami Fritz » - 1864), Eugène le RoyJacquou le croquant » - 1899) et bien d'autres, jusqu'à nos « écrivains de terroir » contemporains.
Benjamin Rathery, 28 ans est médecin, ce qui lui donne le droit de porter une épée. « Je ne sais si les malades avaient grande confiance en lui ; mais lui, Benjamin, avait fort peu de confiance dans la médecine : il disait souvent qu'un médecin avait assez fait quand il n'avait pas tué son malade… Mon oncle Benjamin, au dire de tous ceux qui l'ont connu, était l'homme le plus gai, le plus drôle, le plus spirituel du pays, et il en eût été le plus… comment dirai-je pour ne pas manquer de respect à la mémoire de mon grand-oncle ?… il en eût été le moins sobre, si le tambour de la ville, le nommé Cicéron, n'eût partagé sa gloire… . Toutefois, mon oncle Benjamin n'était pas ce que vous appelez trivialement un ivrogne, gardez-vous de le croire. C'était un épicurien qui poussait la philosophie jusqu'à l'ivresse, et voilà tout ». Voilà dessiné le portrait de mon oncle Benjamin : un épicurien, bon vivant, gai, drôle, spirituel, au besoin insolent, aimant toutes les bonnes choses de la vie, aimant la vie tout court, bonne ou mauvaise.
« Mon oncle Benjamin », avec un tel héros, ne peut qu'être qu'un roman picaresque, truffé d'aventures de toutes sortes qui le mettent en opposition avec l'autorité, avec ses ennemis, avec les femmes (qui comptent beaucoup dans sa vie), mais qui n'entament ni sa joie de vivre, ni ses valeurs qui sont réelles et qu'il porte haut. Mais c'est également un roman éminemment sensuel, plein d'images et de sons, plein d'odeurs tellement bien décrites qu'elle en rend le roman gourmand : « Partout une joie profonde, jusque dans le bruit de la poêle » (Francis Lacassin, dans sa très belle préface).
Et n'oublions pas le côté social et politique (après tout, Claude Tillier est un pamphlétaire) : Benjamin est le symbole d'un peuple français, certes bon vivant, mais épris de valeurs profondes, face à une noblesse décadente accrochée à ses privilèges, à des institutions sociales et religieuses basées sur l'hypocrisie et la puissance des richesses.
Un très beau roman que vous recommande Georges Brassens : « Quiconque n'a pas lu « Mon oncle Benjamin » ne peut se dire de mes amis »
Claude Tillier a eu des successeurs : en plus des auteurs déjà cités : le « Gaspard des montagnes » (1922) d'Henri Pourrat est son descendant direct, et on peut retrouver chez René Fallet bien des points communs avec l'auteur de Benjamin.
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Citations et extraits (29) Voir plus Ajouter une citation
Qu'est-ce que vivre ? Se lever, se coucher, déjeuner, dîner, et recommencer le lendemain. Quand il y a quarante ans qu'on fait cette besogne, cela finit par devenir bien insipide.
Les hommes ressemblent à des spectateurs, les uns assis sur le velours, les autres sur la planche nue, la plupart debout, qui assistent tous les soirs au même drame, et baillent tous à se décrocher la mâchoire ; tous conviennent que cela est mortellement ennuyeux, qu'ils seraient beaucoup mieux dans leur lit, et cependant aucun ne veut quitter sa place.
Vivre, cela vaut-il la peine d'ouvrir les yeux ? Toutes nos entreprises n'ont qu'un commencement ; la maison que nous édifions est pour nos héritiers ; la robe de chambre que nous faisons ouater avec amour, pour envelopper notre vieillesse, servira à faire des langes à nos petits-enfants. Nous nous disons : Voilà la journée finie ; nous allumons notre lampe, nous attisons notre feu ; nous nous apprêtons à passer une douce et paisible soirée au coin de notre âtre : pan ! pan ! quelqu'un frappe à la porte ; qui est là ? c'est la mort : il faut partir. Quand nous avons tous les appétits de la jeunesse, que notre sang est plein de fer et d'alcool, nous n'avons pas un écu ; quand nous n'avons plus ni dents, ni estomac, nous sommes millionnaires. Nous avons à peine le temps de dire à une femme : " Je t'aime !" qu'à notre second baiser, c'est une vieille décrépite.
(extrait du début du premier chapitre)
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On crie tout haut, et vous le proclamez vous-mêmes, qu'il vaut mieux absoudre dix coupables que de condamner un innocent. C'est la plus déplorable des absurdités qu'ait enfanté la philanthropie à la mode ; c'est un principe antisocial. Je soutiens, moi, qu'il vaut mieux condamner dix innocents qu'absoudre un seul coupable.

À ces mots tous les convives crièrent haro sur mon oncle.

- Non parbleu ! s'écria mon oncle, je ne plaisante pas, et ce sujet n'est pas de ceux à la face desquels on puisse rire. J'exprime une conviction ferme, puissante et depuis longtemps arrêtée. Toute la cité s'apitoie sur le sort d'un innocent qui monte à l'échafaud ; les gazettes retentissent de lamentations, et vos poètes le prennent pour le martyr de leurs drames. Mais combien d'innocents périssent dans vos fleuves, sur vos grands chemins, dans le creux de vos mines et jusque dans vos ateliers, broyés sous la dent féroce de vos machines, ces gigantesques animaux qui saisissent un homme par surprise et qui l'engloutissent sous vos yeux sans que vous puissiez lui porter secours. Cependant leur mort vous arrache à peine une exclamation, vous passez, et, quelques pas plus loin, vous n'y pensez plus. Vous ne songez pas même en dînant à en parler à votre épouse. Le lendemain la gazette l'enterre dans un coin de sa feuille, elle jette sur lui quelques lignes de lourde prose et tout est fini ! Pourquoi cette indifférence pour l'un et cette surabondance de pitié pour l'autre ? Pourquoi sonner le glas de celui-ci avec une clochette et le glas de celui-là avec une grosse cloche ? Un juge qui se trompe, est-ce un accident plus terrible qu'une diligence qui verse ou qu'une machine qui se détraque ? Mes innocents à moi, ne font-ils pas un aussi grand trou que les vôtres dans la société ? Ne laissent-ils pas comme les vôtres une femme veuve et des enfants orphelins ?

" Sans doute il n'est pas agréable d'aller à l'échafaud pour un autre, et moi qui vous parle je conviens que si la chose m'arrivait j'en serais très contrarié. Mais par rapport à la société, qu'est-ce qu'un peu de sang que verse le bourreau ? la goutte d'eau qui suinte d'un réservoir, le gland meurtri qui tombe d'un chêne. Un innocent condamné par un juge, c'est une conséquence de la distribution de la justice, comme la chute d'un couvreur du haut d'une maison est la conséquence de ce que l'homme s'abrite sous un toit. Sur mille bouteilles que coule un ouvrier, il en casse au moins une ; sur mille arrêts que rend un juge, il faut qu'il y en ait au moins un de travers. C'est un mal prévu, nécessaire et contre lequel il n'y aurait d'autre remède que de supprimer toute justice...
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Et d'ailleurs, qu'est qui vous presse donc tant de faire baptiser votre poupon? Est-ce une terrine de foie gras ou un jambon de Mayence qui se gâterait s'il n'était salé de suite? Attendez qu'il ai vingt-cinq ans; au moins, il pourra répondre de lui-même, et alors, s'il lui faut une caution, je saurai ce que j'ai à faire. Jusqu'à dix-huit ans, votre fils ne pourra prendre un enrôlement dans l'armée; jusqu'à vingt-et-un ans, il ne pourra contracter d'engagement civil; jusqu'à vingt-cinq ans, il ne pourra se marier sans votre consentement ou celui de Machecourt, et vous voulez qu'à neuf jours, il ait assez de discernement pour choisir une religion? Allons donc, vous voyez bien vous même que cela n'est pas raisonnable.
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Boire et manger sont deux êtres qui se ressemblent : au premier aspect, vous les prendriez pour deux cousins germains. Mais boire est autant au dessus de manger que l'aigle qui s'abat sur la pointe des rochers est au dessus du corbeau qui perche sur la cime des arbres.
Manger est un besoin de l'estomac ; boire est un besoin de l'âme.
Manger n'est qu'un vulgaire artisan, tandis que boire est un artiste. Boire inspire de riantes idées aux poètes, de nobles pensées aux philosophes, des sons mélodieux aux musiciens ; manger ne leur donne que des indigestions.
Or, je me flatte, sergent, que je boirais bien autant que vous, je crois même que je boirais mieux ; mais pour manger, je ne suis auprès de vous qu'une mazette. Vous tiendriez tête à Arthus en personne ; je crois même que, sur un dindon, vous seriez dans le cas de lui rendre une aile...
(extrait du chapitre III du volume paru aux éditions "France-loisirs" en 1986)
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Celui qui n'a point de philosophie au milieu des misères d'ici-bas, c'est un homme qui va tête nue sous une averse. Le philosophe, au contraire, a sur le chef un bon parapluie qui le met à l'abri de l'orage. Telle était leur opinion. Ils regardaient la vie comme une farce, et ils y jouaient leur rôle le plus gaiement possible. Ils avaient un souverain mépris pour ces gens malavisés qui font de leur existence un long sanglot. Ils voulaient que la leur fût un éclat de rire.
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