La nostalgie des êtres, des instants et des choses est, nous le croyons bien, loin, très loin d'être, chez Saint-John Perse, surtout dans « Éloges », un élément négatif. L'on comprend que, malgré l'extrême jeunesse du poète, un Proust se soit intéressé à ce véritable « temps retrouvé ». Mais la poésie du jeune étudiant de Bordeaux contemplant « règnes et confins de lueurs » va plus loin encore que le roman-fleuve de « la recherche du temps perdu » : l'éloge évoque le passé par la nostalgie mais en même temps l'intègre à ce que, de par la poésie, nous pouvons apercevoir de l'éternité.
(p. 77)
Comme dans le « Rivage des Syrtes », tout dans « Le Pavillon d'or » semble donc à la fois clair et obscur. Derrière le sens littéral, le lecteur ne cesse de chercher un sens caché. Cette histoire bien abstraite d'un homme aux prises avec la beauté y encourage. D'où le foisonnement des interprétations symboliques. Le texte les suscite en nous associant au mystère d'un homme et de son acte. Mais il ne nous dévoile les secrets ni de l'un, ni de l'autre. Le récit n'a qu'une face, celle que propose son narrateur.
(p. 114)