J'ai écrit par erreur ma critique dans la mauvaise case, celle des citations. Qu'on me pardonne. Cela me donnera l'occasion d'ajouter ici quelques remarques : ce livre m'a appris que le métier d'archéologue consiste autant en fouilles et recherches qu'en diplomatie subtile avec les vivants, en habileté manoeuvrière pour arriver à ses fins, qui sont toujours celles de l'accroissement du savoir malgré l'indifférence (parfois) des autorités locales. C'est un aspect du métier auquel je n'avais jamais pensé, mais qui semble évident quand on songe au rôle de Mme Desroches-Noblecourt dans le sauvetage des monuments de Nubie menacés par les eaux du barrage d'Assouan, pour ne prendre que cet exemple-là.
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Un récit passionnant truffé d'anec-dotes mais surtout des réflexions hautement philosophie sur le peuple d'ancienne Egypte. Un discours qui tord le cou aux idées reçues et qui amène le lecteur à réfléchir.
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Un regard sur une vie, une passion et une discipline universitaire. Décousu mais très humain.
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Avez-vous, en tant qu'archéologue, des regrets ? Y a-t-il des fouilles que vous auriez voulu mener et que vous n'avez pas entreprises, faute de temps ?
Concernant les contrariétés immédiates que peut éprouver un archéologue tout au long de sa carrière, je regrette que mon âge ne me permette plus de continuer mes fouilles dans la Vallée des Reines. J'aurais aimé, non pas m'accrocher à la gloire minable d'une découverte sensationnelle, mais avoir l'occasion de poursuivre mes recherches sur l'existence, très vraisemblable dans cette nécropole, de la tombe de la reine Isisnofret, deuxième grande épouse royale de Ramsès II et mère de son treizième fils et successeur, Mérenptah.
p. 389
Voilà un livre charmant d'entretiens accordés par la grande égyptologue Christiane Desroches-Noblecourt, dont l'action et l'énergie ont marqué l'histoire culturelle de notre pays et de l'Egypte. La personnalité qui se dégage est celle d'une femme d'action, qui sut s'imposer dans un milieu masculin peu ouvert aux innovations ; d'une résistante aux idées politiques arrêtées, et qui ne mâche pas ses mots, ni ne ménage ses éloges, par exemple à des figures aussi contestables que celles de Chirac ou de Nasser ; d'une grande savante enfin, qui sait exposer clairement les principaux traits de la mythologie et de la culture égyptiennes. Son langage et ses notions datent un peu parfois, et ne seraient plus acceptables dans des travaux égyptologiques contemporains, mais c'est inévitable dans un livre de vulgarisation. Sa passion pour l'Egypte ancienne la rend vivante, non sans risque d'anachronisme : mais c'est pardonnable, puisqu'il ne s'agit pas d'un ouvrage spécialisé. Il lui arrive d'expédier en une phrase des problématiques que des volumes ont peine à effleurer, comme celle du peuplement préhistorique de la vallée du Nil, et son admiration pour les anciens Egyptiens se traduit en termes scientifiquement discutables, marqués par des valeurs qui leur étaient étrangères. Malgré tout cela, le volume sera enthousiasmant pour le profane, et constitue le meilleur plaidoyer pour un pays et une civilisation qui ont tant à nous apporter.
L'enfant sort du sein de la déesse, rouge comme les parois de la grotte peinte que j'ai explorée au fond de la Vallée des Reines (chp 39). De même qu'à l'arrivée de l'inondation les eaux sont rouges. Vous savez que les grottes préhistoriques, dans toute l'Europe, ont été peintes en ocre rouge, très probablement pour évoquer la naissance. (...) Il est évident que cette tradition s'est maintenue très longtemps, car les palais romains possédaient encore une salle des naissances, revêtue de dalles de porphyre rouge, pour accueillir l'enfant impérial, qu'on appelait le porphyrogénète.
pp. 237-236
Le Nil bleu éthiopien, de son côté, complété par les eaux du Nil blanc qu'il rencontre à Khartoum, forme un grand fleuve alors, au niveau de la cinquième cataracte, nourri d'un affluent venu encore de l'Ethiopie : l'Atbara. D'un point de vue symbolique, c'est évidemment très spectaculaire. Tout se passe entre le mois de mai et le mois de juillet. L'arrivée du Nil blanc symbolise la perte des eaux de la mère, autrement dit les eaux primordiales que les têtes de papyrus annoncent. Viennent ensuite, quinze jours ou trois semaines plus tard, les eaux rouges de l'Atbara qui évoquent le sang de la mère mettant au monde l'enfant Horus le premier jour de l'année. Ce petit dieu solaire qui se manifeste, évoqué en Egypte par son image tenue dans les bras de sa mère Isis, ce sera bien entendu plus tard l'image de l'enfant Jésus.
p. 229
(Sur la malédiction de Toutankhamon). Je vous ai raconté qu'à cette époque (1920) Carter n'avait pas trouvé ce qu'il cherchait, qu'il voulait tout abandonner, et que c'est Bernard Bruyère qui l'a convaincu de mener une dernière campagne de fouilles dans la vallée où il allait trouver la tombe de Toutankhamon. Le pharaon aurait dû se montrer sans pitié pour cet homme responsable de la découverte de sa tombe. Or il n'en fut rien ! Bruyère avait quatre-vingt-cinq ans lorsqu'il visita mon exposition consacrée au jeune roi, et affichait une santé insolente.
p. 52
Quand la France, en Égypte, sauvait l'héritage des pharaons. le combat d'une femme au secours du patrimoine mondial. Une épopée saisissante.
Égypte, 1954. Nasser annonce la construction du haut barrage d'Assouan. Les prestigieux temples d'Abou Simbel vont être à jamais engloutis sous les eaux du Nil.
En France, l'égyptologue Christiane Desroches Noblecourt lance aussitôt l'alerte : un patrimoine universel est sur le point de disparaître. Avec un courage et une volonté farouches, elle va dédier plus de vingt ans de sa vie à un combat qui, au départ, semble une pure utopie. Aux côtés d'André Malraux, de René Maheu, directeur général de l'Unesco, et de Saroïte Okacha, ministre égyptien de la Culture, elle ne va cesser de solliciter les Nations unies pour récolter les fonds nécessaires au sauvetage des monuments pharaoniques.
Dans cette course contre la montre où se mêlent enjeux diplomatiques et financiers, Christiane Desroches Noblecourt illustre, par sa détermination sans faille, la vocation culturelle de la France.
Le récit magistral d'une incroyable aventure pour sauver les trésors de l'humanité.
Journaliste et autrice de nombreux ouvrages, dont des biographies consacrées à de grands égyptologues, Claudine le Tourneur d'Ison a réalisé plusieurs documentaires pour la télévision. Elle a reçu le Prix Diane Potier-Boès de l'Académie française en 2000 pour Mariette Pacha ou le rêve égyptien. Elle est l'autrice, aux Éditions du Cerf, de Champollion. le dernier voyage.
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