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3,91

sur 4253 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
La roue de la fortune est parfois bien malicieuse. L'auteur de ce grand classique de la littérature humoristique américaine a du patienter plus de 10 ans et un suicide pour se faire publier et connaitre la consécration avec le prestigieux Pulitzer en 1981. Et dire qu'il s'était grandement inspiré de la trame de "la consolation de philosophie" de Boèce pour écrire ce roman d'une grande richesse.
Car il ne faut surtout pas se braquer sur l'anneau pylorique d'Ignatius, vous risqueriez de passer à côté de ce chef d'oeuvre. On rit beaucoup mais derrière tout ce folklore et ces caricatures il y a une formidable analyse de la société américaine des années 60.



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Il est grand, gros, cultivé mais moitié fou.
Oreilles velues, moustache humide, anneau pylorique capricieux.
Son hygiène corporelle laisse à désirer et ses goûts vestimentaires plus que douteux en font un personnage unique, reconnaissable entre mille dans ces quartiers si animés de la Nouvelle-Orléans où il se montre parfois, quand il daigne s'extraire de la petite chambre crasseuse qu'il occupe toujours chez sa pauvre maman, à 30 ans passés.
Qui donc est cet olibrius, cet individu hors-normes, ce phénomène de foire ? C'est Ignatius.
Ignatius Reilly.

A lui seul il justifie pleinement l'immense succès (posthume) de cette "Conjuration des Imbéciles" publiée en 1980 et couronnée dans la foulée du prestigieux prix Pulitzer, dix ans après que de nombreuses déconvenues et refus d'éditeurs eurent conduit John Kennedy Toole dans l'impasse de la dépression et du suicide*.
Triste histoire.
Qu'on se rassure pourtant : par son ton décalé et irrévérencieux, la truculence de ses dialogues, ou encore la loufoquerie des personnages et des situations, son roman est loin d'être aussi déprimant ! Il pourrait même ravir les amateurs d'humour noir et de portraits croquignolesques, et ce provocateur odieux, grotesque et prétentieux, mythomane et paranoïaque, ce héros rongé d'insurmontables problèmes gastro-intestinaux, cet être de démesure et de nihilisme assumé risque bien de transformer leur lecture en expérience inoubliable !

L'écrivain Walker Percy, qui signe la superbe préface et qui, par son enthousiasme et sa persévérance, a largement contribué à la publication tardive de l'oeuvre, fut le premier à voir en Ignatius Reilly "un personnage sans précédent dans la littérature", un "Oliver Hardy délirant, un Don Quichotte adipeux, un saint Thomas d'Aquin pervers, tout cela en un seul homme, en violente révolte contre le monde moderne tout entier".
Il s'étonne d'ailleurs un peu plus loin de la quasi-fascination que cet "intellectuel, idéologue, tapeur, esbroufeur, goinfre" est susceptible de provoquer, lui "qui devrait inspirer de la répulsion au lecteur avec ses boursouflures gargantuesques, son mépris menaçant et son combat solitaire contre tous et tout".
Je ne suis pas loin de partager cet avis.

Alors c'est vrai, le texte a quelque peu vieilli, et les propos que l'auteur prête à son narrateur dans ses diatribes envers les femmes, les Noirs ou les homosexuels sont (heureusement !) d'un autre âge.
Néanmoins ce roman aux allures de grande farce potentiellement dérangeante n'a rien perdu de son piquant et de son impertinence !
J'ai ainsi pris beaucoup de plaisir à suivre les tribulations du fantasque Ignatius Reilly. Successivement glandeur invétéré, écrivain-philosophe incompris mais persuadé de léguer au monde une oeuvre majeure qui rétablirait la juste "géométrie" (?) du monde, employé séditieux d'une fabrique de pantalons et vendeur de hot-dogs ambulant pestant contre "Dame Fortune", il est en réalité incapable de garder un emploi plus de quelques jours sans déclencher par ses frasques et ses théories sociales fumeuses des réactions en chaine catastrophiques aux effets comiques garantis.
Et derrière lui, les personnages secondaires ne sont pas en reste !

Ses collègues et patrons, sa vieille voisine et sa mère complètement dépassée, le policier Mancuso à ses basques, l'exubérante Myrna Minkoff aux penchants nymphomaniaques qu'il fréquenta jadis, qu'il exècre aujourd'hui mais avec qui il continue d'entretenir une correspondance pour le moins ambigüe : toutes et tous semblent atteints à des degrés divers d'une même folie contagieuse.
Ensemble ils offrent l'assurance d'une lecture délirante, inclassable et pleine d'outrance.
Un vrai régal !


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* ce qui fait dire avec justesse à la journaliste Raphaëlle Leyris : "on ne peut pas lire ce livre, l'un des plus drôles de l'histoire littéraire américaine, sans pleurer intérieurement tous ceux que Toole n'a pas écrits".
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Quelle lecture !! Et quelle histoire !!

Ignatius est un gros bonhomme, énorme et gigantesque, un anti-héros au possible. Il vit avec sa mère à moitié alcoolique, qui lui demande de trouver un travail suite aux ennuis qu'il a eus avec la police. On se trouve face à une famille qu'on jugerait "en tuyau de poêle" et c'est drôle... et grinçant. de situation rocambolesque en quiproquo loufoque, Ignatius crée chez son lecteur un dégoût et une curiosité aussi grande que son anneau est capricieux.
Il est compliqué de rédiger un résumé de ce livre, tant il se passe de choses dans ce livre où on ne s'ennuie pas une minute. On rit, on s'exclame, on est presque effrayé de tant d'aventures complètement cocasses et décalées.

Quel dommage que l'écrivain se soit donné la mort : avec un tel talent proche de celui de John Fante, sans le dédain de ce dernier, on se serait tellement régalé...
La traduction est très bonne aussi, l'accent de la Nouvelle-Orléans très bien rendu. On s'y croirait. Et finalement, on y croit.
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Attention chef d'oeuvre !

Ignatius est à la fois Don Quichotte et Sancho Panza : il est fou , plein de panache et (très) gros.
Poussé à travailler par une mère -au bord de la crise de nerf-, le voilà parti à vendre des vêtements, puis des hot-dogs qu'il ingurgite les uns après les autres ( les hot-dogs, évidemment :-)
Ce massif anti-héros du pays des Marvel compte bien régler ses comptes avec une société qui peine un peu à prendre la mesure de son génie.
C'est drôle, décalé, loufoque et ça se lit tout seul. On ne lâche plus le bouquin en se demandant vraiment où les déambulations du pachydermique révolutionnaire vont nous mener.
Ne comptez pas sur moi pour vous le dire.
Allez donc plutôt faire un tour dans les rues de la Nouvelle -Orléans.
Vous ne pourrez pas louper Ignatius; il est déguisé en pirate!
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Toutes ces imbécilités, ce monde dans lequel nous vivons. Ces indignités distribuées au compte gouttes, John Kennedy Toole ne s'épargne rien dans ce puissant roman. Ignatus, le jumeau cérébral de l'auteur, cet insupportable déjanté ce comique parfois agaçant, l'imbuvable personnage aux prises avec la société bien pensante considéré irrécupérable, ce fou ordinaire avec pour seule camisole ses fringues ragoûtantes, sa puanteur, sa feignantise notoire, il déambule allègrement sur 449 pages. Ignatus hors les clous, chat de gouttière extravageant, méprisant et arrogant, répétitif, parfois rasoir, le fait- t- il exprès pour ne pas rejoindre le troupeau obéissant avec ses turpitudes provocatrices? L'auteur s'en donne à coeur joie, vexant, exaspérant parfois le lecteur par ses traits de caractère spécifiquement porter sur la nature humaine. Aujourd'hui le foisonnement de la conjuration des imbéciles est totalement à la mode.
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Un anti héro comme j'en n'ai jamais lu. Et tout ce qui va bien autour.
J'ai adoré.

On est en Nouvelle Orléans, Louisiane, Sud Amérique. Avec style et panache le bon gros vilain Ignatus va sortir de sa chambre : Il va devoir aller se frotter au monde du travail. de lui même il se sait « décidé à ne fréquenter que mes égaux, je ne fréquente bien évidemment personne puisque je suis sans égal. » p174
C'est alors tout un enchainement rocambolesque, avec une logique bien à lui. Sarcastique, méprisant ses semblables, bourré d'accent d'en haut et d'en bas, de drôlerie de langage, le rythme est excellent, tellement loufoque (mais pas que). Les tableaux sont complets. Des personnages dans leur jus, sans caricature vraiment, attachants et vivants. Des décors de vie de quartiers palpables. C'est génial.

(Pendant ma lecture je pense aux mésaventures de Brooklyn Follies de Paul Auster.)

John Kennedy Toole reçoit le prix Pulitzer à titre posthume en 1981. (Suicide en 1969, 31 ans)
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Excellentissime, majestueux !
Ce roman fait partie de mes livres cultes.
Tellement absurde avec un personnage principal "haut en couleur", imbu de lui-même, énervant.
Je ne saurais que le conseiller mais c'est un livre pour lequel, au vu des retours que j'ai pu avoir des amis à qui j'ai pu l'offrir, qu'on adore ou qu'on déteste, le juste milieu est compliqué avec cette oeuvre, ou devrais-je dire chef-d'oeuvre me concernant.
Ultra bien écrit avec du vocabulaire, Ignatius se la raconte effectivement.
Bref, j'adore...
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Attention chef d'oeuvre ! Un livre à lire pour ses descriptions pittoresques de la Nouvelle Orléans et surtout son personnage principal, Ignatius Reilly, héros donquichottesque tordant. Il serait né dans les années 80-90 que l'on aurait dit qu'il était atteint de troubles du spectre autistique. Reilly s'intéresse à des trucs qui intéressent peu de monde mais lui, le fait jusqu'à l'obsession. Vieux garçon obèse qui refuse de voir sa mère fréquenter un autre homme, il résiste aux assauts de Myrna Minkoff, baba-cool juive à l'opposé de ses idéaux et de son mode de vie, qui entretient avec lui une correspondance pleine de sous-entendus sexuels. Ignatius porte un regard désabusé et extrêmement critique sur son époque, les sixties, la révolution sexuelle, le rock et tout ce qui à l'époque était synonyme de modernité. Difficile de ne pas voir dans Ignatius un double de l'auteur, surtout après avoir lu sa biographie, Butterfly in the typewriter. Un livre à la fois drôle et poignant qui plaira aux lecteurs dotés d'une bonne dose de cynisme et d'autodérision.
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Ce livre est agaçant par certains côtés, du fait du caractère du personnage principal, qui est un paresseux imbu de sa personne et imbibé de théories philisophico-mystiques idiotes ou mal comprises, mais il a inventé tant d'expressions (ma préférée: les "demi-mongols"), et est tellement drôle par moments qu'il mérite la lecture. Malgré des apparences de lecture légère, l'auteur parsème son ouvrage de références littéraires et philosophiques. Plusieurs lectures peuvent être nécessaires pour toutes les assimiler.
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Excellentissime roman, d'un auteur méconnu de son vivant, qui mourut suicidé Un anti-héros : une sorte de gros débile érudit à moustache, qui répand la désolation autour de lui. A travers ce personnage, tous les milieux politiques et sociaux des Etats-Unis de cette époque en prennent pour leur grade ; ça cartonne de tous les côtés !
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