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sur 4228 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
"La Conjuration des imbéciles" de John Kennedy Toole est une comédie picaresque qui, sous ses airs de farce, cache une profondeur inattendue et une riche couche de symbolisme. L'histoire d'Ignatius J. Reilly, cet anti-héros grotesque, à la fois érudit et paresseux, est racontée avec un sens de l'absurde si vif qu'il frôle parfois le ridicule, mais sans jamais y succomber entièrement.

La narration est un mélange savant de satire sociale et de critique, où chaque personnage semble être une caricature vivante des vices et travers de la société. Ignatius, avec son pyjama devenu emblématique, est l'archétype de l'homme en décalage avec son époque, un Don Quichotte moderne luttant contre les moulins à vent de la modernité.

L'interprétation de la fin du roman ouvre un abîme de spéculations. L'obstination de sa mère à le garder hors de son pyjama pourrait symboliser sa tentative de le protéger de la réalité, ou de l'empêcher de s'enfermer dans sa propre folie. La vision d'Ignatius fuyant en pyjama pourrait être vue comme une métaphore de son incapacité à se confronter au monde extérieur, préférant se réfugier dans un univers de fantaisie et d'illusion.

La scène finale, où Ignatius semble enfin s'échapper à bord de la voiture de Myrna, ouvre la porte à de multiples interprétations. Est-ce l'ultime évasion d'un esprit enfermé dans sa propre imagination, ou une libération physique réelle de son environnement étouffant? La nuque de Myrna aperçue pourrait signifier que, pour la première fois, Ignatius se dirige vers une véritable connexion avec le monde et non plus une fuite.

La fin surprenante, où le voyage avec Myrna semble à la fois bizarre et incongru, laisse le lecteur avec une sensation d'inachèvement délibéré. Ce choix narratif renforce l'idée que la vie d'Ignatius, tout comme le roman lui-même, n'offre pas de conclusions simples ni de solutions faciles.

En résumé, "La Conjuration des imbéciles" est un chef-d'oeuvre de la littérature américaine qui, grâce à son personnage central inoubliable et à sa richesse symbolique, continue de susciter débats et réflexions. le roman est une invitation à regarder au-delà du comique de surface pour découvrir les vérités cachées sur la nature humaine, la société, et la quête incessante de sens dans un monde souvent absurde.
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À quoi peut-on définir qu'un roman est culte? Son Succès? Son originalité? L'attention que beaucoup de lecteurs lui portent? Son histoire propre? Je m'attache à être juste dans les termes que j'emploie et « culte » n'est pas le mot que j'emploierai pour La Conjuration des imbéciles de John Kennedy Toole. Cela ne veut pas dire qu'il ne peut pas être génial ou laborieux.

Le destin funeste de son auteur est surement pour beaucoup dans le phénomène autour de la Conjuration des imbéciles. La tradition des poètes maudits tend à créer une aura artistique de génie autour de la mort prématurée des créateurs. Mais passons sur les à-cotés, ce qui compte, c'est le roman.

Très rapidement, j'ai fait un parallèle avec le dernier Stade de la soif de Frederick Exley. Par plusieurs aspects, ses 2 oeuvres sont proches. Roman unique (2 en fait), narration à la 1ere personne, narrateur en quête de son chef d'oeuvre, critique sociale, humour, part autobiographique, etc. La Conjuration des imbéciles va encore plu loin à mon avis car Ignatius, le narrateur, n'est pas du tout sympathique, il est même hautement détestable. Sa mauvaise fois n'a pas d'équivalent dans le monde. Un vrai plaisir de suivre les échanges odieux qu'il a avec tous. Il s'éloigne car la où Exley nous contait les vicissitudes de sa vie, John Kennedy Toole a écrit un vrai roman. Même si on a l'impression d'une succession de péripéties sans queue ni tête, c'est trompeur car il y a une intrigue, une structure (certes un peu distendue) et une fin. Tout se qui compose ce roman a un sens.
La suite sur le blog…
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Je n'aurais probablement jamais lu ce bouquin si une bonne âme charitable ne me l'avait pas prêtée alors qu'une autre me l'avait conseillé peu auparavant… (merci à vous deux, j'ai passé de bons moments dans les transports parisiens, à rire toute seule comme une… imbécile).

Ce roman met en scène un être extraordinaire (au premier sens du terme) complètement déconnecté de la réalité, mais assez tordant, il faut bien l'avouer.

Un énergumène qu'on ne voudrait pour rien au monde avoir à côtoyer : Ignatius J. Reilly. le nom est déjà tordu, mais il est loin de refléter complètement le personnage.

Publié en 1980, ce roman est le fruit de John Kennedy Toole, qui se suicida en 1969 à 32 ans se croyant un écrivain raté alors qu'en 1981 il reçoit le prix Pulitzer.

A moi de jouer la bonne âme et de conseiller à tout prix la lecture de ce roman qui est excellent ! Après lecture, on relativise les propres phénomènes que l'on peut avoir dans nos relations, comparé à Ignatus, ce sont je l'espère pour vous, de petits joueurs !

Même s'il n'est pas tout jeune, c'est un livre qui se lit très facilement et dont l'écriture est assez moderne. Vous risquez même d'être tenté de parler le « Ignatius Reilly » pendant quelques temps. Et sinon, comment va votre anneau pylorique ?
Lien : http://www.cappuccino-time.f..
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Confederacy Of Dunces
Traduction : Jean-Pierre Carasso

"La Conjuration des Imbéciles" ne saurait fonctionner sans ce pivot central que constituent les relations mère-fils de Mme Reilly et d'Ignatius.

Celui-ci nous est dépeint comme particulièrement grand et fort, "obèse" même, très préoccupé par son "anneau pylorique" et son aérophagie, fondamentalement asocial bien que prodigieusement cultivé, résolu à défendre sa virginité contre les assauts des "ribaudes" même si Myrna Minkoff, qui endosse le rôle de sauveur d'Ignatius à la fin du roman, ne cesse de l'exhorter à prendre en main - si l'on ose dire - sa sexualité.

Au vu du portrait de Kennedy Toole et quand on sait que ce fut sa mère qui, après sa mort, obtint enfin que son livre fut publié, doit-on en conclure que "La Conjuration ..." frôle parfois l'autobiographique ?

Car pour dépeindre avec tant de justesse les rapports amour-haine d'une mère et de son fils, il faut avoir eu la possibilité de les étudier, soit parce qu'on y est directement impliqué, soit parce que l'on a vu l'un de ses proches y succomber. Toole a beau nous faire nous étrangler de rire en maints passages de ce livre extraordinaire, il n'en reste pas moins que Mrs Really a tout d'une alcoolique et qu'Ignatius ne s'est sans doute pas retiré pour rien dans sa bulle aux draps de lit jaunis, hantée par des remugles qui deviennent vite insupportables à Gus Levy lorsque celui-ci se risque dans la chambre de son ancien employé.

Mère abusive, Mrs Reilly ? Pourtant, du début jusqu'à la fin, il est clair qu'elle ne demande qu'une seule chose : être enfin débarrassée de son fils, si possible que celui-ci se trouve une femme. le problème, c'est que Mrs Reilly est désormais courtisée par un vieux monsieur susceptible de lui faire partager une retraite confortable et que, dans de telles conditions, la présence continuelle d'un grand fils de 30 ans, qui pis est ouvertement condescendant envers le reste de l'univers et bien décidé à ne pas entrer dans la vie active, ne peut que représenter un très gros problème.

Autour du fils et de la mère, papillonnent tout un essaim de personnages inénarrables : l'équipe du bar "Les Folles Nuits" avec Jones, un Noir forcé de consentir à un emploi payé au rabais parce qu'il craint de se faire pincer pour vagabondage et qui se verra donc contraint, pour se tirer de là, de "saboter" l'établissement, Roberta E. Lee,(!!!) propriétaire du bar, qu'Ignatius qualifie de "chienne nazie" pour des raisons que je vous laisse découvrir mais qui n'ont rien à voir avec la politique, George, son commissionnaire demi-sel qui livre pour elle de bien étranges paquets et enfin Darlène, strip-teaseuse de son état, et son cacatoès (!!) ; celle des "Pantalons Lévy" avec l'indescriptible Miss Trixie, qui rêve d'une retraite que Mme Lévy, une oisive complètement siphonnée, lui ajourne infiniment sous prétexte que cela nuirait à son équilibre psychologique ; Mr Clyde, qui engage Ignatius pour vendre des hot-dogs dans Le Quartier chaud de la ville ; Miss Annie, la voisine des Reilly qui nous donnera à sa façon bien particulière quelques explications sur le parcours d'enfant et d'adolescent d'Ignatius et, bien entendu, la tribu Battaglia-Mancuso, c'est-à-dire la tante et le neveu (plus la grand-mère dans le portrait, sur le réfrigérateur), celui-ci n'étant autre que l'agent de police qui, dès la seconde page, tente d'arrêter Ignatius devant le magasin Holmes parce qu'il lui trouve une allure suspecte. Quant à Myrna Minkoff, elle se révèle tout entière dans ses lettres à Ignatius, qu'elle commence toujours par "Messieurs" d'ailleurs, avant d'apparaître pour le final sur le perron de la petite maison des Reilly en archange sauveur du malheureux.

Une merveille de construction - c'est monté avec la précision incomparable d'un Feydeau devant lequel, comme le disait Marcel Achard, "on s'étouffe de rire" - et des dialogues époustouflants de naturel et de drôlerie complètent le tableau et contribuent à faire, de "La Conjuration des Imbéciles", l'un des chefs-d'oeuvre de la littérature américaine du XXème siècle. ;o)
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J'ai bien mis une cinquantaine de pages à entrer dans cet univers absurdo-comique, mais une fois que j'y suis entré, je ne voulais plus en sortir. C'est un des livres les plus drôles que j'ai lus, et Ignatius Reilly un des personnages les plus truculents et savoureux qui soit passé entre mes pognes. Mais tous les personnages, absolument tous, sont impayables : de la taulière du bar à effeuilleuses à la mère d'Ignatius, du patron et de sa rombière en passant par la secrétaire, tous sont complètement bargeots et m'ont arraché de vrais rires physiques, et pas un simple et discret ricanement intérieur.
C'est de plus une oeuvre qui pourrait paraître politiquement incorrecte pour l'époque à laquelle elle a été écrite, mais qui au contraire n'a pas ce ton paternaliste que certains écrivains endimanchés ont envers les minorités.
Il faut saluer, également, la traduction française géniale, qui supprime à peu près tous les anglicismes, ce qui participe à rendre la satyre encore plus efficace.
Le seul truc triste, là-dedans, c'est que personne n'ait reconnu à temps le talent de ce petit génie de la littérature qu'était John Kennedy Toole...
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Ce roman est résolument original, grandiose dans sa grandiloquence et sa dérision, corrosif, rabelaisien, poétique, bref d'une dimension hors du commun. (A tel point qu'on se demande comment son édition a pu être refusée par des personnes éclairées en matière littéraire). J'ai été d'emblée captivée par les tribulations de Ignatius, ce vieux garçon adipeux, raisonneur, à la limite de l'imbécilité et du génie, dans l'univers attardé, avachi de la Nouvelle-Orléans. Résumer le récit serait le réduire abusivement. Sur une trame de roman policier, Toole incarne des fantasmes fondamentaux avec une verve incomparable.
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Un texte plein, comme le héros, débordant, trop serré dans ce monde, un inadapté ou un reflux de la société, narcissique colérique.
Le plus fou reste l histoire du livre lui même. La mère de l auteur qui remue ciel et terre pour que le texte soit publié après le suicide de son fils.
En fermant la conjuration, on se dit que la rancune n était pas un trait de caractère de Mme Tool.
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Je l'ai lu il y a très longtemps. Je ne l'ai pas relu depuis, de peur que le charme n'opère plus. C'est le livre qui a marqué ma jeunesse (on est jeune jusqu'à quand?). C'est le roman que je cite lorsqu'on me demande un titre exceptionnel.

Cet été a été placé sous le signe d'Ignatus, car les filles l'on lu. Merveille a passé son temps à rire, Belle se la joue a été terriblement agacée, mais elle prend tout à coeur!! et Ignatus l'a "renversée". Elle a adoré quand même.

La critique ci dessous, c'est la leur. Je note à la volée ce qu'elles disent et je suis transportée dans le temps. Ce roman je l'ai lu en même temps que l'homme de ma vie. Qu'est ce qu'on a ri!!!

Voici ce qu'elles disent:

Belle se la joue: C'est un gars détestable, on a envie de le frapper, moche, gros avec une grosse moustache, une casquette de chasse verte et con.

Il est bruyant, il ne peut pas s'empêcher d'épiloguer en hurlant sur tous les sujets. Il est sale, odieux avec sa mère. Il veut toujours avoir raison même quand il a tort. Il se croit supérieur à tout le monde, plus intelligent. Mais comme finalement les gens passent sur ses frasques, lui offrent du travail malgré son inaptitude criante, on peut se demander si ce n'est pas vrai.

Il a trente ans, vit toujours chez sa mère, une poivrote, mais pour supporter ce boulet, elle a bien besoin d'un remontant. Il se comporte comme un gosse de dix ans. Il est doué pour rien! wink2(j'adore) C'est un emmerdeur qui crée des ennuis partout où il va. Il est redoutable.

L'histoire commence comme ça il crée des ennuis à sa mère.

Ignatus ne s'assoit jamais à côté d'elle en voiture car c'est la place du mort. Mais il l'insulte toujours en disant que s'il avait le permis il conduirait mieux qu'elle. Sa mère s'énerve et provoque un accident; les dégâts sont considérables. Sa mère exige qu'il trouve un emploi pour rembourser les frais.

Ça m'a énervée, j'avais envie de le claquer pour qu'il arrête d'être prétentieux.

Ah oui! il y a aussi le problème de l'anneau pylorique. Quand il est frustré, son anneau est fermé il ne peut plus rien faire, pas travailler et il est souvent frustré!!! Il doit se faire servir, faire uniquement ce qui lui plait, dormir surtout. Quand tout va bien, son anneau est ouvert. Pour que tout aille bien, il doit passer son temps devant la télé, boire des boissons gazeuses, manger des barres chocolatées et que le monde lui foute la paix. " Dis maman, tu penses toi à notre anneau pylorique???? non mais je rêve!!!"

Il ne supporte pas que sa mère soit heureuse, donc quand sa mère est heureuse, son anneau pylorique est fermé et rien ne va.

A la fin, après une énième bourde de sa part, tous les personnages à qui il a causé des emmerdes finissent par se rencontrer. Sa mère écoute ses amis et décide de prendre les grands moyens.

On finit par s'attacher à Ignatus, mais on n'a qu'une envie lui donner des coups de pied au cul !!!

Finalement il va se passer quelque chose. On suit aussi parallèlement la vie de tous les personnages qu'Ignatus croise.

C'est bien écrit, quand il parle c'est pompeux, on voit tout de suite le personnage.

C'est un roman qui donne du plaisir aussi, et j'ai quand même ri à certaines situations.



Merveille: " Il y a des passages à mourir de rire. le personnage, c'est un gros d'une trentaine d'année, une tête à claques. Sa façon de parler est hilarante. Il déforme tout ce qui lui arrive parce que ça l'arrange. Par exemple quand il travaillait dans la vente des saucisses, il rencontre une chatte de trois couleurs, il voulait la garder alors il a tenté de l' enfermer dans le récipient à saucisses. La chatte l'a griffé et quand sa mère lui demande "c'est quoi ces griffures, il dit que c'est une prostituée qui l'a attaquée".



Il écrit un livre et il parle de Dame Fortune, c'est elle qui l'a mis dans un mauvais cycle. Si tout va mal c'est elle la responsable.

Ce qui fait peur c'est qu'il existe des gens comme lui!

Le prénom lui va bien, ridicule et pompeux. Dans le roman qu'il écrit, il raconte la version de ses journées et ça n'a rien à voir avec la réalité. Il se présente comme une victime.

J'ai beaucoup aimé cette histoire, car c'est très rigolo et bien écrit.


Lien : http://secretelouise.eklablo..
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J'aimerai commenter ce roman sans m'attarder sur le déroulement de l'histoire (d'autres le font mieux que moi, et je risquerai de vous gâcher le plaisir de la découverte).
A la place, je vous donne mon inspiration sur le sujet de “la Conjuration” et sur ce qui anime Ignatius.

Tout d'abord, il m'a fallu plusieurs essais pour que je passe le stade de pérégrinations avec sa mère, et pour que je comprenne la logique des longs monologues intérieurs. Parce que finalement, ces tergiversations ont une logique plus globale et la répétition fait partie entière du livre — il faut garder cela à l'esprit lorsque l'on lit “la Conjuration” pour la première fois.

J'ajoute aussi que, c'est un roman plaisant à lire lorsque l'on est dans une période ou l'on se sent marginalisé. Il nous permet de relativiser notre condition, nos manies et nos caractères. Car, au fond : Ignatius est une version exagérée de nos manies, de nos lubies à tous — qui ne s'est pas déjà excité intérieurement lorsqu'il a été confronté à une “abomination” du quotidien ?
Il y a de la parodie de chacun de nous dans ce roman, et aussi une vraie descente dans le burlesque — les futilités épistolaires qu'il anime avec sa correspondante donnent des débats sans queue ni tête sur des banalités de la vie courante.
Par exemple : J.K.T pousse à son paroxysme une parodie du “j'ai-le-droit-de-tout-faire” américain ; d'un personnage débridé, dépourvu de gêne et animé par l'indignation de la non-conformité (avec son sens esthétique et moral) de tout ce qui l'entoure.
La confrontation directe avec le bon sens populaire des “gens de rien” (des prostituées, des vendeurs de hot dogs, des secrétaires, des policiers…) rend sa position d'autant plus comique qu'ils se masquent la réalité, d'après Ignatius, pour rendre leurs vies plus supportables ; alors son indignation se décuple… et jusqu'à le rendre parfaitement infréquentable.

Ce thème de littérature m'a beaucoup amusé puisque, je m'indigne intérieurement de la même façon que lui — avec moins de virulence.
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Mettez un héros qui déteste avec beaucoup de verve tout ce que la société a de moderne. Un héros au physique atypique : très grand et très gros, avec un sens de l'hygiène douteux, et une horrible casquette qu'il ne veut jamais quitter. Donnez à ce héros un sens de la répartie fabuleux, un don pour transformer n'importe quelle situation en apocalypse désastreuse. Et pour finir, placez le dans un monde où tout le monde semble un peu fou. La mère alcoolique, le vieux qui voient des "comunisses" à tous les coins de rue, le flic incapable, la teneuse de boite à strip tease tyrannique.... Ils sont encore beaucoup.

Je ne sais pas si Kennedy Toole s'est inspiré de sa propre expérience pour raconter Ignatius Reilly. Après tout, possible. Les deux ont eu — parait-il — une mère un peu envahissante, une sexualité compliquée, sont nés à la Nouvelle Orléans... et surtout, Toole s'est toujours cru écrivain raté, puisque ce bouquin a paru et eu un énorme succès seulement après son suicide. Reilly dans le roman ne se suicide pas mais écrit en permanence sans jamais rien publier.

Qu'importe de toute façon ! Là n'est pas l'essentiel. Nous avons là un roman assez inclassable, qui ne ressemble à aucun autre. Un roman dont le héros est objectivement un affreux personnage mais à qui l'on s'attache pourtant. Parce qu'il est amusant, parce qu'il n'est pas forcément toujours le plus fou de tous, parce qu'il ne doute jamais de rien et va au devant des problèmes avec un panache qui fait plaisir à voir !

Et puis cet Ignatius se retrouve obligé d'aller chercher un emploi à cause de son horrible mère (c'est lui qui dit ça, le lecteur aura plutôt tendance à plaindre la pauvre maman de temps en temps). Cette critique du travail est si drôle, si absurde et si juste en même temps : il faut désormais « affronter l'ultime perversion: ALLER AU TRAVAIL ».

Certaines scènes sont vraiment des bijoux, avec plusieurs niveaux de lecture, et un humour toujours présent. Dans mon cercle de proches, certains ont adoré, d'autres n'ont jamais réussi à accrocher à ce style. Je fais partie des fans !
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