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3,91

sur 4228 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Livre éminemment drôle et bien écrit, la Conjuration des imbéciles est un roman que l'on dévore rapidement. Les situations dans lesquelles se retrouve le héros, l'adipeux Ignatius Reilly, sont tellement risibles qu'il serait injuste de les dévoiler dans une critique et de ne pas laisser le bonheur à d'éventuels lecteurs de les lire. Les dialogues sont savoureux : on passe du discours familier de la plupart des protagonistes de l'histoire (qui sont vraiment les archétypes de l'Amérique des années soixante), retranscrits de manière à nous faire saisir l'accent dans lequel ceux-ci s'expriment, à un langage plus soutenu, un tantinet désuet, d'Ignatius, dont le dédain pour ses contemporains et plus généralement la détestation de tout ce qui est moderne nous donne l'occasion de lire des discussions aussi impertinentes qu'érudites. Voilà donc un roman fort distrayant que je vous conseille de lire !
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Un anti héro comme j'en n'ai jamais lu. Et tout ce qui va bien autour.
J'ai adoré.

On est en Nouvelle Orléans, Louisiane, Sud Amérique. Avec style et panache le bon gros vilain Ignatus va sortir de sa chambre : Il va devoir aller se frotter au monde du travail. de lui même il se sait « décidé à ne fréquenter que mes égaux, je ne fréquente bien évidemment personne puisque je suis sans égal. » p174
C'est alors tout un enchainement rocambolesque, avec une logique bien à lui. Sarcastique, méprisant ses semblables, bourré d'accent d'en haut et d'en bas, de drôlerie de langage, le rythme est excellent, tellement loufoque (mais pas que). Les tableaux sont complets. Des personnages dans leur jus, sans caricature vraiment, attachants et vivants. Des décors de vie de quartiers palpables. C'est génial.

(Pendant ma lecture je pense aux mésaventures de Brooklyn Follies de Paul Auster.)

John Kennedy Toole reçoit le prix Pulitzer à titre posthume en 1981. (Suicide en 1969, 31 ans)
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Il est grand, gros, cultivé mais moitié fou.
Oreilles velues, moustache humide, anneau pylorique capricieux.
Son hygiène corporelle laisse à désirer et ses goûts vestimentaires plus que douteux en font un personnage unique, reconnaissable entre mille dans ces quartiers si animés de la Nouvelle-Orléans où il se montre parfois, quand il daigne s'extraire de la petite chambre crasseuse qu'il occupe toujours chez sa pauvre maman, à 30 ans passés.
Qui donc est cet olibrius, cet individu hors-normes, ce phénomène de foire ? C'est Ignatius.
Ignatius Reilly.

A lui seul il justifie pleinement l'immense succès (posthume) de cette "Conjuration des Imbéciles" publiée en 1980 et couronnée dans la foulée du prestigieux prix Pulitzer, dix ans après que de nombreuses déconvenues et refus d'éditeurs eurent conduit John Kennedy Toole dans l'impasse de la dépression et du suicide*.
Triste histoire.
Qu'on se rassure pourtant : par son ton décalé et irrévérencieux, la truculence de ses dialogues, ou encore la loufoquerie des personnages et des situations, son roman est loin d'être aussi déprimant ! Il pourrait même ravir les amateurs d'humour noir et de portraits croquignolesques, et ce provocateur odieux, grotesque et prétentieux, mythomane et paranoïaque, ce héros rongé d'insurmontables problèmes gastro-intestinaux, cet être de démesure et de nihilisme assumé risque bien de transformer leur lecture en expérience inoubliable !

L'écrivain Walker Percy, qui signe la superbe préface et qui, par son enthousiasme et sa persévérance, a largement contribué à la publication tardive de l'oeuvre, fut le premier à voir en Ignatius Reilly "un personnage sans précédent dans la littérature", un "Oliver Hardy délirant, un Don Quichotte adipeux, un saint Thomas d'Aquin pervers, tout cela en un seul homme, en violente révolte contre le monde moderne tout entier".
Il s'étonne d'ailleurs un peu plus loin de la quasi-fascination que cet "intellectuel, idéologue, tapeur, esbroufeur, goinfre" est susceptible de provoquer, lui "qui devrait inspirer de la répulsion au lecteur avec ses boursouflures gargantuesques, son mépris menaçant et son combat solitaire contre tous et tout".
Je ne suis pas loin de partager cet avis.

Alors c'est vrai, le texte a quelque peu vieilli, et les propos que l'auteur prête à son narrateur dans ses diatribes envers les femmes, les Noirs ou les homosexuels sont (heureusement !) d'un autre âge.
Néanmoins ce roman aux allures de grande farce potentiellement dérangeante n'a rien perdu de son piquant et de son impertinence !
J'ai ainsi pris beaucoup de plaisir à suivre les tribulations du fantasque Ignatius Reilly. Successivement glandeur invétéré, écrivain-philosophe incompris mais persuadé de léguer au monde une oeuvre majeure qui rétablirait la juste "géométrie" (?) du monde, employé séditieux d'une fabrique de pantalons et vendeur de hot-dogs ambulant pestant contre "Dame Fortune", il est en réalité incapable de garder un emploi plus de quelques jours sans déclencher par ses frasques et ses théories sociales fumeuses des réactions en chaine catastrophiques aux effets comiques garantis.
Et derrière lui, les personnages secondaires ne sont pas en reste !

Ses collègues et patrons, sa vieille voisine et sa mère complètement dépassée, le policier Mancuso à ses basques, l'exubérante Myrna Minkoff aux penchants nymphomaniaques qu'il fréquenta jadis, qu'il exècre aujourd'hui mais avec qui il continue d'entretenir une correspondance pour le moins ambigüe : toutes et tous semblent atteints à des degrés divers d'une même folie contagieuse.
Ensemble ils offrent l'assurance d'une lecture délirante, inclassable et pleine d'outrance.
Un vrai régal !


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* ce qui fait dire avec justesse à la journaliste Raphaëlle Leyris : "on ne peut pas lire ce livre, l'un des plus drôles de l'histoire littéraire américaine, sans pleurer intérieurement tous ceux que Toole n'a pas écrits".
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Tout a été dit sur ce roman d'une originalité renversante. Évidemment, Ignatius en est la vedette incontestée, incroyable mélange de délire et de lucidité, imbu de lui-même, égocentrique au cube, mais tellement fascinant! Et les autres personnages sont à l'avenant. Aucune partie n'est faible dans ce livre; les dialogues sont truculents, les personnages moins simples qu'il n'apparait de prime abord, le rythme endiablé sans être précipité, la critique sociale acerbe malgré l'emballage hilarant. Un chef-d'oeuvre? Peut-être pas quand même, mais on s'en approche.
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Quel dommage que John Kennedy Toole se soit suicidé, ne laissant derrière lui que La Conjuration des imbéciles et un autre roman La Bible de néon. Car il faut un esprit génial et torturé pour imaginer un personnage aussi complexe et haut en couleur qu'Ignatius. Ignatius J. Reilly est un trentenaire énorme, que dis-je éléphantesque, affublé d'une moustache et d'une casquette verte à rabats. Après des études à l'université, il retourne vivre chez sa mère à La Nouvelle-Orléans, restant la plupart du temps enfermé dans sa chambre à gribouiller sur ses carnets Big Chief comme un bizarre moine du Moyen Âge dans son cloître, complètement coupé du monde. Ses rares sorties consistent à aller au cinéma du coin et à critiquer chaque film qu'il y voit. Ignatius est l'être le plus antipathique, arrogant, de mauvaise foi, énervant et fainéant que vous aurez l'occasion de rencontrer dans votre vie.

Mais un jour, sa mère qui a de plus en plus de mal à supporter cette cohabitation difficile, a un accident de voiture alors qu'elle est ivre. Elle doit 1000 dollars de dommages (argent qu'elle n'a pas puisqu'elle ne travaille pas non plus) et somme son fils de trouver du boulot. Avec toute la mauvaise volonté du monde, Ignatius, bien que souvent dérangé par son anneau pylorique, trouve du travail. Et que ce soit aux pantalons Levy ou comme vendeur de hot-dog ambulant, le résultat est à chaque fois le même. "L'gros enfoiré à la casquette verte" comme le surnomme Jones, ne cause que chaos et désolation dans la vie de tous ceux qu'il croise.

Mais penser que La Conjuration des imbéciles ne se limite qu'au personnage (certes unique dans la littérature américaine) d'Ignatius serait une grave erreur. En effet, Toole a doté son roman d'une galerie de personnages tout aussi atypiques et arriérés, qui sentent bon le Sud américain. Avec leurs accents et leurs dialectes de la Louisiane, la lecture n'en est que plus jubilatoire, on se croirait revenu à l'époque d'Erskine Caldwell ou de William Faulkner. Ainsi dans la bouche de Madame Reilly ou de son amie Santa Battaglia on peut entendre des mots comme "bouligne", "communisses" ou "bouque d'oreille". Sans oublier la vieille Miss Trixie, Gus Levy et sa femme castratrice, la délurée Myrna Minkoff ou encore Jones, le pauvre vagabond noir qui travaille pour une misère et s'exprime à coup de "Oua-ho".

Un roman qui est à l'image de son héros : hors-norme !
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John Kennedy TOOLE n'a jamais trouvé d'éditeur de son vivant, pour publier ses romans. de désespoir, il se suicide. Quelques temps aprés sa mort, grace à la détermination de sa mère, "la conjuration des imbéciles" parait et remporte le prix Pulitzer à titre posthume.
Ce livre est un véritable bijoux. Sous la narration d'Ignatius Reilly, un trentenaire, obèse, intellectuel et arrogant, il nous conte les tribulations surréalistes de ce dernier dans la Nouvelle Orléans.
C'est du Jacques Tati.
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Attention : chef d'oeuvre !

Imaginez un lieu, puis concentrez-vous sur ce qu'il a de plus banal. Imaginez des personnages, puis oubliez-les, et pensez plutôt à leurs caricatures débiles, absurdes, décalées. Imaginez enfin une intrigue, puis gommez-en tout toutes les liaisons élégantes, effacez l'épique, pour ne laisser que le trivial, le ridicule et le farcesque. Vous aurez alors une première idée de cet ouvrage génialement inattendu qu'est la Conjuration des Imbéciles.

Ce livre est l'histoire d'une jeune homme dérangé, qui se retrouve dans situations absurdes, rencontre des personnages névrosés, et tente désespérément de s'opposer à un monde dérangé, absurde et névrosé. Tout cela à l'aide d'une pique à hot-dogs et d'une grosse casquette de laine verte.

Une ironie mordante et universelle anime ce livre de la première à la dernière phrase, pour ne rien épargner, pas même la critique de l'auteur lui-même, qu'on devine sous les traits d'Ignatius J.Reilly, ce colosse difforme dont le paradis intellectuel se trouve dans l'âge d'or d'un lointain Moyen Âge fantasmé, excessif et impossible.

Envers et contre tout : c'est la devise qui semble guider tous les personnages improbables qui se croisent et s'entrechoquent entre ces lignes écrites dans une langue si savoureuse qu'on a parfois l'impression que les pages sentent la saucisse de Francfort et la moutarde chaude. du géant obèse à l'esprit surchargé à la mère ivrogne qui le nourrit et le protège, en passant par le policier maladroit et la strip-teaseuse fleur bleue, sans parler des dandys hystériques, d'un Noir hilarant de stoïcisme, ou d'une quinquagénaire à l'idéalisme bourgeois, tous sont fous, aux prises avec un monde de conventions non moins folles.
Ce qui fait le brio de ce livre, c'est que si absurde et décalé que chaque élément puisse paraître, tout est vrai, et d'une humanité profonde, juste, touchante.

Oeuvre totale, engagée de façon si extrême que cela finit par sembler léger, La Conjuration des Imbéciles peut se lire à plusieurs niveaux : comme une comédie burlesque et irrésistible, comme une satire au vitriol du monde contemporain, comme une peinture surréaliste d'un monde trop réaliste, ou comme tout cela à la fois. Peu importe votre âge, votre éducation et vos attentes : ce livre aura toujours quelque chose pour vous coincé entre ses dents noires d'encre folle.

Un livre qui fait pleurer de rire, et fait rire en pleurant, doucement, en s'achevant sur une note grandiose, fraîche et courageuse.

À lire absolument.
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Bon, eh bien me voilà fan numéro 1 de Ignatius Reilly !
Une amie m'avait conseillé ce livre en me disant "c'est un petit bijou", elle venait juste de le terminer et ne tarissait pas d'éloges sur son auteur. Comme je la comprends...

Bienvenue dans la vie d'Ignatius Reilly, mythomane, manipulateur et schizophrène à ses heures perdues. La vie est relativement douce avec lui, jusqu'au jour où par un malencontreux enchaînement de circonstances de "Dame Fortune", il se voit dans l'obligation de travailler. Et là c'est la course à l'enfer, notre anti-héros, notre anti-conformiste sera-t-il capable de se plier aux exigences du marché du travail ?

A part lui, vous découvrirez également des personnages truculents et hauts en couleur. Ce livre est un vaudeville, un enchaînement étranges de surenchères de circonstances.
Je me rends compte que j'ai délibérément repoussé ma lecture pour ne pas le terminer trop vite... J'ai hâte de lire le second livre de l'auteur :)
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Un des livres cultes de la littérature américaine du 20 éme siécle . Ici l'on a un humour intelligent , une histoire remarquablement menée qui évite tout les poncifs , des personnages trés bien croqués , un style qui captive automatiquement le lecteur , en somme l'on est bien en présence d'un trés grand roman. le titre peut paraitre un peu surprenant , le texte est un feu d'artifice tout a fait addictif . Et de cette addiction il ne faut pas se priver ! Incontournable tout simplement .
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Citation de Jonathan Swift, mise en épigraphe :

« Quand un vrai génie apparaît en ce bas monde, on peut le reconnaître à ce signe que les imbéciles sont tous ligués contre lui. »

Je me suis bien éclaté avec Ignatus qui est un sacré personnage hors normes et il a le don de taper sur les nerfs des gens qui l'entourent.

Sa mère Mme Reilly a soif de retrouver sa liberté et commence a profiter de la vie mais son fils a du mal a accepter ses nouveaux amis.

Comme elle n'en peux plus de son boulet de fils, elle va lui poser un ultimatum c'est de trouver du boulot pour participer aux frais de cette famille monoparentale car il consomme son gros bonhomme.

Elle en a marre qu'il stagne dans sa chambre à écrire ses articles incendiaires à s'empiffrer de nourriture et à boire des litres de Dr Nut.

"Dr. Nut était une boisson gazeuse produite par la World Bottling Company, basée à la Nouvelle-Orléans. Il a été introduit dans les années 1930 et a été produit jusqu'à la fin des années 1970."

Ignatus a du mal à s'intégrer dans le monde du travail et ne trouve rien de mieux que d'écrire des articles ravageurs et il va déclencher des conflits partout où il passe dans la rue, au cabaret les folles nuits où pendant ses heures de travail.

Le plus marrant c'est qu'après avoir mis une bombe dans l'entreprise Levy, il va vendre des hot-dogs, le souci c'est qu'il en mange plus qu'il n'en vend. Son anneau gastrique va lui faire la misère avec tout ce qu'il se gave de nourriture.

Pour ses employeurs, ce gros bonhomme moustachu à la casquette bleu c'est le diable en personne.

Pour Ignatus l'enfer c'est les autres.

C'était un roman humoristique incroyable et vraiment à mourir de rire.

Pour ceux qui ne l'ont pas encore lu, je vous le conseille vivement.


Lien : https://sabineremy.blogspot...
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