Un roman à niveau de vie !
Camille, jeune étudiante prépare une thèse sur le peintre Edouard Pignon.
Ancien mineur dans le Pas de Calais, Edouard Pignon, ami de Picasso, peint en rouge : les combats de coqs, les ouvriers, les nus.
Le rouge du sang du Nord, le sang de tous ceux qui ont souffert dans ce Nord.
Il peint des «chairs incandescentes qui envahissent l'entière surface de la toile.»
Ses toiles s'intitulent «Jeune mineur à la cigarette», «Combat de coqs»,
«L'ouvrier mort» ou «Le soleil écarlate».
Appareil photo en bandoulière, Camille fouille Calais, Roubaix, Dunkerque...de quoi alimenter sa recherche sur le peintre. Elle ne sait pas où elle va, se sent inutile. «Du Nord, j'ignore à peu près tout !» dit-elle.
Guidé par Jean, rencontré par hasard (mais l'auteur,
Frédéric Touchard a bien fait les choses...ils devaient se rencontrer !), Camille cherche, se cherche.
Jean ? On ne sait pas grand chose de lui. Tout comme Camille d'ailleurs.
Jean va doucement et Camille va vite.
«Camille se repose sur le sable, comme absente, lointaine. Et bien vivante, cependant. J'aurais voulu que cet instant durât jusqu'à demain, mais elle interrompt brusquement sa somnolence parce qu'il faut partir, très vite, ajoute-t-elle.»
Jean, la quarantaine, sollicité par un éditeur (serait-il écrivain ?), enquête sur
Nadja,
l'amour fou du «pape du surréalisme"
André Breton.
Nadja, originaire de Lille, sombrera dans la folie pour mourir dans un asile psychiatrique.
De Camille et de Jean, nous ne saurons pas grand chose.
Le véritable héros de ce livre est le Nord, ce «corps sculpté par l'effort de ceux qui y souffrent.»
Les cités minières, les terrils, les licenciements...
Un émouvant hommage à la classe ouvrière, aux sans papiers.
Sarchya le kosovar du kébab, Shireen la réfugiée iranienne et...Camille la malheureuse héroïne...
«Je vais désormais essayer d'imaginer ce qui a pu se produire durant ce dernier jour, avant que la loi des hommes et celle du destin ne m'enlèvent Camille.»
Un très beau premier roman de
Frédéric Touchard.