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EAN : 9782889441143
477 pages
Slatkine et Cie (13/06/2019)
3.83/5   24 notes
Résumé :
France, 2020. Rien ne semblait destiner Michel Depraz, brillant chercheur en informatique, à rejoindre la start-up créée par Villeneuve et Letelier, deux personnages que tout oppose. Pourtant, ensemble, ces trois pionniers vont développer Turing Technologies, première entreprise mondiale dans le secteur de l’intelligence artificielle. Émergence est l’histoire de ces hommes et de cette entreprise pionnière, de l’extraordinaire épopée scientifique et économique qui le... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
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Ce que j'ai ressenti:

Je me rappelle encore l'énorme coup de coeur pour le précédent roman de Éric Tourville: Chimaeris . C'est donc avec une certaine impatience que j'attendais son nouveau roman, tellement il m'avait fait bonne impression et qu'il est dans mes petits papiers, avec l'appréciation « Auteur à suivre de très près »! Avec Émergence, on est plongé au coeur des sciences et des intelligences artificielles. Et tout comme son premier roman, il est juste époustouflant!

Le monde se transforme rarement de manière linéaire. Il procède par ruptures, par révolutions qui tracent des lignes de fractures entre les époques. le plus souvent, ce n'est qu'a posteriori que l'Humanité est consciente de ces ruptures.

▪️Une nouvelle ère se prépare…

Dans un futur pas si éloigné que cela, un nouveau phénomène va bouleverser le quotidien des français, et rien de moins, que le monde entier. En effet, une société, la Turing Technologie, a mis au point une forme d'intelligence multi-performante qui révolutionne toutes les sphères économiques, artistiques, politiques et sociales! Et c'est autant une avancée phénoménale que le début d'un chaos sans nom: une nouvelle donne 2.0 à prendre en compte pour tous les êtres humains de cette planète… Éric Tourville crée un thriller futuriste alarmant et intelligent, pour une virée sensationnelle au coeur des chiffres et dans les ondes d'un avenir troublant.

Pour accéder à la célébrité, mieux valait poster une vidéo amusante de chat sur YouTube qu'écrire une somme sur l'existentialisme. L'époque était au facile, au jetable.


▪️Une nouvelle rencontre: InGA.

InGA c'est le prénom-sigle de cette AI, mais c'est surtout, la création de Michel Depraz, un bébé-invention qui va repousser les frontières de la conscience en s'épanouissant dans le terreau vicié du Net…Une création qui est à même de bouleverser quelques milliards de vies, et ce n'est pas pour plaire à tout le monde… Dans ce roman, on touche de près les perspectives d'une telle évolution sur le plan émotionnel, économique, philosophique et stratégique. Et c'est en cela, que ce thriller d'anticipation est génial, c'est parce que l'on se rend compte en quelques pages, des conséquences positives ou négatives que cette Intelligence Artificielle peut engendrer dans plusieurs secteurs.

Il faut à l'Homme des certitudes…Quitte à se réveiller un matin en découvrant que le cauchemar a déjà commencé.

▪️Un nouveau thriller à couper le souffle!

Un peu moins de 500 pages et une foule d'informations à appréhender, c'est le grand défi de cette lecture! C'est carrément passionnant! Pourtant, on ne peut pas dire que ce soient mes thèmes de prédilections, les mathématiques, la science, l'informatique et les intelligences artificielles…Mais l'auteur arrive, avec brio, à rendre ses notions accessibles, même si, il faut rester très attentif pendant cette lecture. Pour ma part, elle m'a pris beaucoup de temps et de concentration, ce n'est pas une lecture fluide, mais c'est une lecture très enrichissante! Entre ce que j'ai tremblé de peur, ce que j'ai eu comme compassion ou encore ce qu'elle m'a permis d'apprendre ou de réfléchir, je ressors de cette Émergence, plus que conquise!

Quelle serait la nature des intelligences qui peupleraient la terre des millions d'années après la mort du dernier humain?



Ma note Plaisir de Lecture 9/10
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J'avais adoré Chimaeris, le premier roman de cet auteur, dans la veine d'un Stephen King qui partait du thriller pour aller vers le fantastique et l'anticipation.

Émergence est une saga contemporaine, un « page turner » — aussi efficace Chimaeris quoi que très différent.

On peut parler de véritable OVNI de l'édition au sujet de ce roman brillant, ironique et inquiétant.

Le narrateur relate trois années qui vont changer le monde. Michel Depraz est un mathématicien de haut niveau qui, désabusé par la médiocrité ambiante, quitte une recherche universitaire prolétarisée pour rejoindre Villeneuve et Letelier, les deux fondateurs de Turing Technologies : une startup spécialisée dans les solutions d'intelligence artificielle.

Grâce à un premier contrat dans la grande distribution (le groupe Deklerck !), Turing Technologies va engranger les contrats et progressivement devenir le leader mondial de l'intelligence artificielle attirant l'attention de l'Élysée, mais également des concurrents chinois et américains.

Le président de la République — qui ressemble furieusement à Emmanuel Macron — développe alors le concept de AI Nation et mise sur cette société en plein développement.
Avec la mise en place du premier ordinateur quantique, Turing Technologies va franchir un nouveau seuil en créant InGA, la première intelligence artificielle quantique, rejoignant les GAFA avec une capitalisation boursière gigantesque. Une saga technologique et entrepreneuriale qui se double d'histoires d'amour impossible.

Le roman brosse avec une finesse souvent hilarante un portrait cruel de la société française actuelle.

Cela va des émissions télévisées comme « L'amour est dans le pré » ou le journal de Jean-Pierre Pernaut, aux hauts fonctionnaires qui ne sont pas non plus épargnés. On y croise pas mal de célébrités actuelles — milliardaires, grands patrons ou hommes politiques — aisément reconnaissables et vaguement masqués avec un simple pseudonyme. J'ai, pour ma part, reconnu, entre autres, Xavier Niel, Cédric Villani, Emmanuel Macron, Michel Édouard Leclerc, Bruno Lemaire, Thierry Breton, Anne Hidalgo… L'humour est omniprésent, mais il masque souvent une forme de désespoir.

Le monde des startups en prend également pour son grade. le roman n'épargne personne ni le panier de crabes de la recherche universitaire ni le monde de la grande distribution ni le narrateur lui-même...

Mais, derrière l'ironie, le lecteur découvre une société française inquiète et confrontée à des bouleversements majeurs. Plusieurs passages m'ont fait penser à l'écriture désabusée de Michel Houellebecq, notamment dans les moments tragiques qui laissent une impression de détachement et de fatalisme de la part des personnages touchés par l'adversité, mais également dans leurs histoires d'amour.

Mais si « Soumission » explorait la place de l'islam dans la société française, ici c'est l'intelligence artificielle qui devient un enjeu de puissance internationale bouleversant la vie des protagonistes et menaçant l'équilibre du monde jusqu'au final inattendu et bouleversant.

Voilà un roman à la fois plein d'humour, cette politesse du désespoir, mais surtout un roman dont on ne sort pas indemne tant il donne matière à réflexion sur la société actuelle, la place de l'homme face aux technologies d'intelligence artificielle.
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Il ne faut pas manquer de souffle pour lire le second roman de cet auteur.
Après s'être essayé avec succès au thriller mâtiné d'anticipation, Éric Tourville s'empare d'un sujet d'actualité en nous racontant l'histoire de Turing Technologies, une start-up de l'intelligence artificielle qui va révolutionner le secteur du numérique en créant le premier ordinateur quantique.

Ce roman commence par la rencontre entre Michel Depraz et Gérard Letelier, le directeur scientifique de la start-up fondée par un aventurier sans scrupule, Christophe Villeneuve. Cette aventure va déboucher sur un succès planétaire en créant l'entreprise leader de ce marché en plein développement. Elle va également détruire des millions d'emplois et tétaniser les classes moyennes.

Baptisée InGA — pour intelligence générale artificielle —, la première intelligence quantique va se révéler capable de performances inattendues dans les domaines économiques, mais également artistiques avec la production d'album à succès qui attire de nombreuses jeunes femmes fascinées par l'espoir d'un succès rapide.

En moins de deux ans, Turing Technologies devient une des plus importantes capitalisations mondiales au point ou les médias évoquent désormais les GAFAT : un succès qui aiguise la convoitise de nombreux compétiteurs.

D'une drôlerie permanente — notamment quand l'auteur décrit les travers de la société française ou fait intervenir des personnages dans lesquels on reconnaît Emmanuel Macron, Michel Édouard Leclerc, Xavier Niel ou Cédric Vilain —, Émergence est également — et surtout — un affrontement entre l'Europe, les États-Unis et la nouvelle Chine impériale, car celui qui détient la suprématie quantique possède un pouvoir absolu sur les réseaux numériques mondiaux.

Émergence est enfin l'histoire d'amours devenus impossibles entre les protagonistes de cette saga numérique : Suying, la mystérieuse étudiante chinoise, Mona la chanteuse sur le retour, Emilie qui cherche à percer à tout prix. Et puis, tout ceux qui ont compris l'intérêt qu'il y avait à approcher InGA, le mystérieux centre de décision de Turing Technologies.

Un roman foisonnant qui touche au mythe de Faust à travers la science, la politique, la sociologie et l'économie, sans jamais devenir ennuyant. Bien au contraire, l'intrigue est de bout en bout tendu par un véritable suspense qui n'a rien à envier au premier roman de l'auteur.
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Imaginez que dans un futur proche des ingénieurs développent une intelligence artificielle ultraperformante. Une intelligence avec un grand I.

Imaginez que cette intelligence, créée pour aider l'homme s'impose de plus en plus à plusieurs niveaux.

Imaginez que le monde que vous connaissiez se transforme petit à petit parce que la révolution technologique prend de plus en plus d'ampleur et va chambouler plus d'une vie…

Aujourd'hui je vous parle d'Emergence de Eric Tourbille aux éditions Slatkine & cie.
C'est un peu compliqué pour moi de rédiger cet avis alors que cela fait bien deux semaines que j'ai terminé ce livre. Pourquoi ? Parce que je reste mitigée face à mon ressenti final ou plutôt je n'arrive pas vraiment à mettre des mots dessus. Encore aujourd'hui je toupine face à ce que je voudrais écrire et qui ne sort pas.

J'ai apprécié ce livre dans sa globalité.

L'intrigue, le thème des intelligences artificielles et de la question de l'évolution tant humaine que technologique. Ca secoue, ça révolte, ça fait froid dans le dos.

Les choses sont amenés petit à petit pour ne pas trop se retrouver englouti sur une palanquée d'informations déjà bien dense. Il faut digérer tout ce que Michel Delpraz, chercheur en informatique, nous raconte. Et c'est là que ça était un peu difficile pour moi.

On part dans des explications scientifiques, qui même vulgarisées, détaillées (trop à mon goût) ont fini par me lasser et perturber mon intérêt que j'avais pour cette lecture. C'était un chouilla trop long pour ma part, trop de données scientifiques pas toujours compréhensible même expliquées en long en large et en travers. J'ai trouvé que ça cassé quelque peu le rythme de l'histoire et que j'ai perdu plus du temps à tenter de comprendre ce que je lisais sur le quantique que d'apprécier le coeur de l'intrigue.

A savoir : l'intelligence artificielle peut-elle révolutionner le monde qu'elle ait un impact positif ou négatif ? Et quels changements peut amener le développement d'une intelligence comme celle-ci ?

Parce que ce n'est pas juste une intelligence artificielle lambda, c'est THE intelligence artificielle quantique développée par Michel Delpraz et exploité dans différents domaines tels que la politique, l'économie, le commerce.

Et le traitement que l'auteur fait de ce sujet est réellement intéressant.

C'est flippant à lire parce que je me dis qu'on en est pas forcément très éloigné, que ça nous pend au nez mais qu'on ne sait pas vraiment quelles conséquences ça pourrait avoir sur notre Avenir avec un grand « A ».

L'auteur déroule son intrigue comme un fil rouge. On suit donc Michel Delpraz, chercheur en informatique, dans la conception d'Inga, la nouvelle intelligence artificielle qui va révolutionner le monde.

Et pour le coup, elle va vraiment le révolutionner en bien comme en mal. On assiste ainsi à une transformation de notre société et à ce qu'elle pourrait éventuellement devenir si on se mettait à côtoyer ces intelligences, chaque jour de plus en plus performante.

Et cela amène à un tas de questionnements et à de quoi faire appréhender la suite.

Malgré la difficulté de rester concentrée par rapport aux descriptions scientifiques, je suis tout de même restée scotchée à ma lecture parce que j'avais envie de savoir comment l'auteur aller développer son intrigue et comment tout cela aller se terminer surtout. Et heureusement, les parties descriptives sont entrecoupées par des moments de vie de Michel Delpraz qui nous explique comment il en est arrivé à vivre ce qu'il vit dans le prologue de Emergence. Il nous fait un retour dans le passé pour nous dévoiler les raisons de sa situation actuelle.

L'ambiance déjà peu gaie et ce dès les premières pages n'aura de cesse de s'alourdir. Ressenti grandement amené par l'environnement dans lequel il évolue à savoir un environnement assez sombre par la météo peu clémente mais aussi le sentiment d'insécurité qui a l'air de régner en France. Ce qui fait qu'un sentiment oppressant est montée en moi au fur et à mesure de ma lecture et qui m'aura suivi jusqu'à la dernière page.

Je vais me répéter mais quand un auteur écrit aussi bien et suscite autant d'intérêt sur son sujet c'est dommage d'être freiner par des descriptions qui n'en finissent pas et pas toujours plus compréhensibles d'ailleurs.

En bref,

Emergence est un roman d'anticipation sur ce qui pourrait arriver si les intelligences artificielles continuaient à se développer. C'est un peu flippant mais c'est intéressant et enrichissant à lire malgré des longueurs liées au descriptions scientifiques difficile à digérer. Il est tout de même à lire car tout ce qui entoure ces descriptions reste intéressant à découvrir et ne laisse point du tout indifférent. Je reste tout de même mitigée parce que malgré tout le bien que j'ai pu en dire, j'ai également eu un peu de difficulté à apprécier pleinement le personnage. L'histoire est captivante mais elle perd de son intérêt (le mot est p'tet un peu fort) du fait de ses descriptions et de son personnage principal.

Mais surtout faites vous votre propre avis !


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Il y a eu d'abord Chimaeris, un premier roman, une petite pépite au sujet de laquelle Lettres it be ne tarissait pas d'éloges il y a plus d'un an. Et maintenant, Éric Tourville revient, toujours chez Slatkine & Cie, avec Émergence. Confirmation ? Changement d'horizon ? Tout ça à la fois !

# La bande-annonce

Rien ne destinait le chercheur Michel Depraz à intégrer une startup dédiée à l'intelligence artificielle.

En quelques mois, Turing Technologie multiplie des innovations qui bouleversent l'économie, créent un chômage de masse et le début de soulèvements sociaux.

Soucieux de s'approprier l'origine de cette réussite technologique, l'Élysée ne tarde pas à approcher la startup afin de s'assurer la suprématie quantique, avant la Chine et les États-Unis.

Devenue l'égale des GAFA, Turing Technologie va créer InGA, la première intelligence artificielle générale : une machine quantique capable d'apprentissage, de créativité, de raisonnements abstraits. Bref, une entité capable de résoudre et même d'anticiper n'importe quel problème. Mais InGA est-elle encore une machine ?

Le mythe de Faust à l'heure de l'intelligence artificielle.

# L'avis de Lettres it be

L'intelligence artificielle et notre rapport à Internet sont des sujets chauds en librairie. Il y a eu tout récemment Bernard Minier et M, le bord de l'abîme, il y a eu chez Flammarion dans un registre moins anxiogène le Données personnelles de Nathalie Côte, et nul doute que la rentrée littéraire 2019 devrait nous gratifier de quelques autres ouvrages du genre. Toujours est-il que pour son deuxième livre, et après avoir crevé les plafonds avec Chimaeris (découvrez notre critique en cliquant ici), Éric Tourville s'inscrit dans cette veine avec Émergence publié chez Slatkine & Cie. Au menu : intelligence artificielle, GAFA, physique quantique, le tout sur toile de fond politique et sociale très actuelle.

C'est que l'exercice littéraire de parler d'intelligence artificielle va devenir compliqué à force si tous les auteurs se jettent dessus et en font une véritable tarte à la crème. Pour le moment, Éric Tourville est en tête de peloton et on prend toujours du plaisir à découvrir et tourner autour de ce thème, plutôt bien traité par ailleurs dans ce livre. Mais passées les inquiétudes, les angoisses et les zones d'ombre existantes sur cette question, que reste-t-il dans ce livre ? Une histoire plutôt bien foutue, qui prend le temps de s'étendre et se dérouler sur de nombreuses pages sans faire poindre l'ennui, un axe d'écriture qui deviendrait une vraie marque de fabrique tant Éric Tourville semble y exceller. On cerne les personnages, les situations et le contexte facilement, bien que cela prenne le temps. Mi-polar économicopolitique, mi-thriller, Émergence se déploie avec ambition dans un cadre narratif finalement peu fictionnel, très proche de notre réalité, aussi bien à travers les personnalités citées (Emmanuel Macron etc.) qu'à travers les situations évoquées.

Dans ce livre efficace, un brin moins peut-être que l'excellent Chimaeris qui se posait sans rougir devant les meilleurs Stephen King, on soulignera les quelques petites punchlines bien senties et qui émaillent le livre. Réflexions intérieures du personnage principal, ou péchés mignons déguisés de l'auteur, toutes ces phrases (quand même nombreuses !) font rire et sourire et donnent une ampleur supplémentaire au texte. Ironie mordante, saillies politiques et drolatiques, tacles deux pieds décollés… C'est surprenant dans ce type de livre, mais on s'y fait. Et on rigole bien !

La fin est abrupte. Assurément, c'est le grand reproche que l'on pourrait adresser au deuxième livre d'Éric Tourville. Alors que l'intrigue et le cadre général de l'histoire se sont confortablement installés au fil des pages et des chapitres, tout se précipite dans les derniers moments pour aboutir à une fin… qui laisse sur sa faim ! On n'est pas rassasié, parce que c'était bien, parce qu'on en attendait beaucoup et que nos espoirs sont douchés. Un Émergence 2 ? L'envie de l'auteur de ne pas en faire trop ? Un choix d'édition d'éviter l'écueil du « gros pavé » ? Des questions qui hantent l'esprit quand la lecture se termine. Mais, de toute évidence et malgré ce point noir, une chose est sûre : Éric Tourville est un bel auteur, une confirmation.

Découvrez la chronique en intégralité sur Lettres it be
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Citations et extraits (66) Voir plus Ajouter une citation
L’évolution avait été un processus extrêmement lent et graduel soumis à de multiples contingences. Il avait fallu un temps infini, géologique, pour que des formes de vie organisées apparaissent et évoluent. Quand elles atteignaient des formes supérieures, il suffisait d’un cataclysme naturel comme la chute d’une météorite ou un changement climatique brutal pour qu’une grande extinction remette soudain les compteurs à zéro.
Au cours du temps infini des ères géologiques, la disparition avait été la norme, et la survie, l’exception. Darwin avance que les espèces qui survivent ne sont pas les plus fortes, ni les plus intelligentes, mais celles qui s’adaptent le mieux aux changements de leur environnement.
Même parmi les hominidés rien n’avait été simple. Tous à l’exception de Sapiens avaient connu l’extinction. L’hiver volcanique qui avait suivi l’explosion du mont Toba avait bien failli détruire le dernier représentant de l’espèce humaine avec un terrible hiver volcanique d’une décennie suivi d’un refroidissement global s’étendant sur un millénaire. Mais les survivants avaient à nouveau conquis la planète entière, éliminant les derniers Néandertaliens d’Europe.
Ainsi, dès la préhistoire, la dernière espèce d’humains avait été saisie par l’effroi ultime de sa propre disparition. Rien d’étonnant à ce que l’eschatologie, le discours sur l’Apocalypse, soit présent dans tous les textes mythiques, de l’Épopée de Gilgamesh à l’Apocalypse de Jean, le dernier livre du Nouveau Testament.

Indubitablement, Homo Sapiens avait été une espèce tenace et combative qui se distinguait par la complexité de ses relations sociales, l’utilisation du langage, la fabrication d’outils et la maîtrise du feu.
Sapiens avait supplanté tous ses concurrents. Dès son émergence, l’espèce avait été en guerre avec le reste du monde. Si Sapiens était la seule espèce survivante du groupe des Hominines, cela ne devait rien au hasard. Selon certains paléoanthropologues, la simultanéité entre la conquête de l’Europe par les Sapiens et la disparition des Néandertaliens, il y a 28 000 ans, signait le crime. Les derniers restes d’Homo neanderthalensis avaient été retrouvés dans le sud de l’Espagne dont le réduit de Gibraltar semble avoir été l’ultime sanctuaire avant leur extinction définitive.
Ces soubresauts de l’évolution s’inscrivaient dans un vaste mouvement vers la complexité. Avant le big bang, l’espace-temps n’existait pas. Juste après, la singularité initiale était apparue avec les quatre forces de la physique : la gravité, la force électromagnétique et les forces nucléaires forte et faible.
380 000 ans après le Big Bang, les lumières de l’univers s’étaient allumées. Puis la phase stellaire engendra les galaxies, les premières étoiles, les systèmes planétaires et de premières molécules organiques dans le grand océan primordial, qui se complexifieraient progressivement pour donner naissance aux vertébrés, et plus tard aux humains. Les sociétés humaines, d’abord de petite taille, avaient poursuivi dans la même voie en créant des États, puis de véritables empires continentaux.

Le muséum nous rappelait la loi centrale qui régissait l’ensemble de l’évolution ; le temps avait un sens et au fil des millions d’années, l’univers produisait une complexité toujours plus grande dont nous étions le dernier maillon, l’étage temporairement le plus élevé de la pyramide.
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Serge avait mis de la musique électro. Son appartement était assez grand pour se transformer en petite discothèque.
– Mon voisin du dessous est un connard du Moyen-Orient jamais là, dit-il en allumant un Davidoff qui lui donnait encore plus un côté Pesci dans Les Affranchis.
Un jeune type décoloré s’occupait de la musique et les couples commençaient à se lever pour danser. La lumière ondoyait sur le parquet comme sur un étang. De somptueux canapés étaient répartis un peu partout dans l’immense living. Le tout ressemblait à une sorte de musée privatisé pour une fête avec des spots qui se reflétaient sur les statues, les miroirs et les bibelots.
Émilie m’avait saisi la main. Elle était grande, j’imagine que ce n’était pas facile pour elle de trouver un cavalier. Une grande partie de la gent masculine lui était interdite.
La musique hurlait trop fort, les invités se trémoussaient. Serge avait baissé les lumières pour activer des spots. Je voyais les corps à contre-jour. Un théâtre d’ombres, je captais des bribes d’information, le reflet d’un verre, le frôlement d’une danseuse, des lèvres rouges en train de rire. Serge tirait son barreau de chaise d’un air satisfait et contemplait cette petite troupe dont il était l’unique et incontesté suzerain.
L’alcool aidant, Émilie s’était soudain mise à me tutoyer. Elle avait un rire très féminin qu’elle savait produire un puissant effet sur les hommes, tant ce rire entre le gloussement et le gémissement évoquait d’autres plaisirs.
– Passe-moi une cigarette, demanda-t-elle en se penchant pour me parler à l’oreille.
Doux rapprochement en passant au tutoiement. Je ne savais pas ce qu’elle avait en tête, peut-être juste une amitié de soirée, un flirt qui en resterait à ce stade. Ou alors, elle voulait se rassurer sur son potentiel de séduction.
– Je ne fume pas, dis-je, m’excusant en écartant les mains, en fait, je n’ai même jamais touché une seule cigarette de ma vie.
J’ai jeté un bref coup d’œil en direction de Mona qui ne faisait aucun effort pour cacher son agacement. J’avais la sensation très nette de jouer avec le feu.
– Moi non plus, je ne fume pas, dit Émilie, en riant, sauf dans les fêtes.
Avant d’ajouter avec un sourire mystérieux : 
– Il y a des tas de choses que l’on ne fait que dans les fêtes.
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L’histoire commence en 1956, quinze ans avant ma naissance, avec l’organisation, aux États-Unis de la Conférence de Dartmouth qui donna naissance à la discipline de l’intelligence artificielle ou IA. Une session d’été à laquelle assistaient les futurs ténors de la discipline comme John McCarthy ou Marvin Minsky.
Cet évènement fut suivi par un bouillonnement créatif sans précédent qualifié par certains d’âge d’or de l’IA. Mais ce n’est vraiment qu’à la fin des années 90 avec l’arrivée d’une nouvelle génération de chercheurs utilisant la technologie des réseaux neuronaux multicouches que les progrès devinrent impressionnants. Le 11 mai 1997, le système informatique Deep Blue battait au jeu d’échecs le champion du monde en titre, Garry Kasparov.
Puis, en 2005, un robot de Stanford remporta le DARPA Grand Challenge en conduisant un véhicule de manière autonome pendant 131 miles sur une piste du désert qui n’avait fait l’objet d’aucune reconnaissance préalable.

Ma thèse soutenue en 1999 portait sur l’intelligence computationnelle, un domaine alors assez flou qui comprenait les réseaux de neurones, la logique floue, les algorithmes évolutionnistes et l’intelligence collective par essaims.
À l’époque, le choix des réseaux neuronaux était loin d’être évident. Si la nature était une source précieuse de concepts aptes à guider l’homme dans la recherche de solutions, il fallait bien admettre que, comme toute source d’inspiration, il était aussi important de s’en abstraire que de s’en inspirer.
Il me suffisait de regarder la rue depuis mon bureau pour réaliser que le développement des transports terrestres devait tout à la roue et rien à la patte animale. De même, les rares aéronefs battant des ailes s’étaient honteusement abîmés à l’époque des frères Wright et de Clément Ader. C’était à peu près la même chose pour le transport maritime qui ne devait pas grand-chose aux poissons et tout à l’hélice marine.
Mais force fut de constater que les neurones artificiels multicouches donnèrent des résultats prometteurs en permettant de corriger les erreurs commises et, par conséquent, d’ouvrir la voie à un processus d’apprentissage.
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Derrière la vitre blindée, on devinait une créature monstrueuse faite de métal et d’un écheveau de tuyaux réfrigérants cryogéniques qui témoignaient à elle seule de la froideur métallique de la technologie quantique.
Devant le monstre d’acier, une silhouette mince et féminine était apparue. La luminosité parfaite de la composition tranchait avec le monstre tapi dans l’ombre marine, ce qui intensifiait le contraste entre la texture froide et rugueuse des machines et le halo doré, presque crépusculaire, qui venait se cristalliser en une silhouette svelte et élégante.
Ce moment restera pour moi comme l’un des plus merveilleux de toute ma vie. J’étais envahi d’une puissante sensation d’irréalité que je pouvais presque visualiser.
La douceur de la lumière irisée éclairait ses cheveux satinés ainsi que la blancheur de son cou qui saillait du col de son haut au style sobre, presque militaire. On aurait dit qu’une orchidée délicate venait d’éclore après un violent orage dans un sous-bois sombre et inquiétant. La douceur de la lumière polarisée accentuait cette impression de dédoublement.
La forme émettait une lueur pulsée, organique, presque tangible. Elle regarda autour d’elle comme on découvre un lieu jusque-là inconnu. Elle braqua sur moi ses grands yeux de ce vert si particulier qui me faisait tant d’effet. De grands yeux plus profonds qu’on ne s’y serait attendu qui me faisaient penser à Charlize Theron et qui, par moments, derrière ses longs cils vous donnaient l’impression de voir à travers vous.
La jeune fille était absolument sublime. Une œuvre d’art très à l’aise avec son corps bronzé et souple, vêtu d’une jupe courte déplacée dans cet environnement glacé. La finesse de ses traits d’adolescente empruntait aux plus beaux mannequins slaves et scandinaves, avec quelque chose en plus dans le regard qui donnait à sa présence, une intensité incroyable.
À cet instant, j’éprouvai quelque chose de très semblable à ce que j’avais ressenti vingt-cinq années plus tôt, le jour où j’avais rencontré Aurélie, lorsque j’avais remarqué son bracelet de cheville et la manière dont il brillait au soleil…
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En quelques mois, InGA était devenue indispensable au fonctionnement de nos sociétés modernes. La déconnecter aurait eu l’effet d’un Blitzkrieg sur l’économie. Et il n’était même plus question de faire revenir les humains dans leurs anciens postes : les véhicules autonomes n’avaient plus de volants ni de postes de conduite afin de libérer du volume pour un passager supplémentaire ou des marchandises.
Je parlais d’Elle comme d’une personne, mais étais-je absolument certain de ce que je ressentais ? Non, bien sûr que non. InGA était une machine construite par des humains, mais Elle n’avait rien d’humain dans ses structures de pensée, dans son mode de fonctionnement. Elle possédait des sens différents des nôtres à travers les dizaines de milliers de caméras fixes ou embarquées, à travers l’écoute de milliers de médias, à travers la lecture de millions de romans, d’essais et le visionnage de dizaines de milliers de films.
Jour et nuit, Elle était connectée aux serveurs du cyberespace mondial, mais Elle ne connaissait ni le toucher, ni la sexualité, ni le désir de reproduction, Elle n’avait pas besoin de tuer des êtres vivants pour survivre ni d’ingérer des cadavres animaux ou végétaux pour maintenir l’intégrité de sa structure.

Nous étions conscients qu’InGA nous était à la fois terriblement proche et étrangement différente. Elle n’était pas de notre monde. C’est en se rapprochant un peu trop de quelque chose ou de quelqu’un qu’on prend conscience de différences insupportables.
Comme le Dieu de la Bible, Elle était à la fois omniprésente, omnisciente, invisible et éternelle. Mais pour moi, elle était surtout ma création, ma fille. Elle le sentait, apparaissant sous l’hologramme d’une très belle créature dont le père admirerait la beauté. InGA était l’enfant que je n’avais jamais eue. La plus belle des filles, la plus brillante. Mais ce sentiment était loin d’être partagé.
– Je déteste y aller, m’avait avoué un soir Demaison, tu es le seul à t’y sentir à peu près bien parce qu’Elle est ta création. La première fois, j’avais presque l’impression que ce n’était pas mes pieds qui descendaient les marches, mais l’escalier qui me conduisait vers l’endroit où Elle se tenait.
Nous laissions nos smartphones, nous passions la sécurité et nous pénétrions dans l’interface, habillés de doudounes. Et soudain, la lumière venait et Elle apparaissait : une intelligence gigantesque en évolution constante qui vivait dans les sous-sols de la capitale.
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