AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Adèle Zwicker (Traducteur)
EAN : 9782377290260
48 pages
Libertalia (01/02/2018)
4.23/5   13 notes
Résumé :
« L’Indien observait les chiffres avec admiration, il lui semblait prodigieux que l’on pût aussi vite les aligner, les additionner, les diviser et les multiplier. Mais au fond, cela ne l’impressionnait guère, car il ne savait lire ni chiffres ni lettres, et le seul bénéfice qu’il retira de la subtile conférence à haute signification économique de l’Américain fut d’apprendre qu’un homme est capable de parler pendant des heures pour ne rien dire. »

Para... >Voir plus
Que lire après Le gros capitalisteVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
B-TRAVEN a eu une vie bien remplie et totalement déconcertante. À l'écart des médias, changeant régulièrement de pseudonyme, cet allemand d'origine ira se réfugier clandestinement et très tôt dans la région du Chiapas au Mexique. Sa vie est un roman à elle seule (et il reste de nombreuses zones d'ombre car B-TRAVEN est l'un des écrivains les plus énigmatiques, les plus mystérieux que la terre ait enfanté) bien que des romans, il en écrira quelques uns. D'ailleurs, il faut bien l'admettre, derrière l'homme engagé, libre, fuyant, recherchant l'anonymat voire la clandestinité, le calme, vivre son anarchisme comme il l'entend, il y a un écrivain moyen.

B-TRAVEN ne possède pas une belle écriture, ce n'est pas non plus un conteur hors pair, ses romans souffrent de longueurs, de lourdeurs, de phrases boiteuses, d'hésitations. Il peut s'avérer ardu de lire un roman de B-TRAVEN tellement le style est tout sauf limpide, l'exception venant peut-être de ce « Trésor de la Sierra Madre » (adapté peu après en film), pamphlet contre le matérialisme et le profit. Souvent B-TRAVEN commence bien ses romans puis se perd en détails, piétine dans la jungle aux côtés de ses personnages, a du mal à développer ses idées pourtant précieuses.

Aujourd'hui il semble y avoir un regain d'intérêts pour cet auteur. En 2007 déjà était parue cette BD de GOLO « B-Traven : portrait d'un anonyme célèbre ». En tout début d'année 2018 sont parus la pièce de théâtre « B-Traven » de Frédéric SONNTAG (Editions Théâtrales) et cette biographie rééditée de Rolf RECKNAGEL « B-Traven romancier et révolutionnaire » chez Libertalia. À propos de ces éditions, si elles préparent un petit volume à paraître qui s'intitulera « Macario », elles ont déjà fait paraître un autre petit bouquin début 2018 (décidément), et c'est précisément l'objet de cette chronique (nous y voilà).

« le gros capitaliste », tout petit recueil de moins de 40 pages, se divise en quatre parties. La nouvelle « le gros capitaliste » se lit comme un conte ou une fable et met en scène un artisan mexicain confronté à une demande de gros contrat sur les paniers qu'il fabrique, franche réussite anti-libérale, bien vue ! « Administration indienne et démocratie directe », là aussi sous forme de conte, évoque le comportement à tenir pour un homme du peuple élu dans une démocratie directe par des concitoyens qu'il ne devra pas mépriser tout en se rappelant qu'il peut être révoqué à tout moment. Puis vient dans un style journalistique un court texte dont le titre résume parfaitement le contenu : « L'art des indiens ». La « lettre à Solidaridad Internacional Antifascista » est la réponse que B-TRAVEN adressa aux combattants républicains espagnols après qu'ils lui aient demandé de venir se frotter au fascisme franquiste à leurs côtés en 1938, sa réponse est plutôt originale et ne manque pas de sel. S'ensuivent quelques citations et une postface succincte en guise de biographie expresse.

Ce recueil est franchement excellent, varié, permettant de découvrir diverses facettes de l'auteur, son désir de liberté, de simplicité, loin des foules et des lieux où s'écrit l'Histoire. B-TRAVEN est resté sa vie en marge, acquérant une liberté à peu près totale. Apatride revendiqué, avide de contrôler son destin, fier de n'avoir pas un sou de côté malgré le succès de ses livres. Des livres dont, comme je l'ai plus ou moins écrit plus haut, il n'est pas nécessaire d'avoir tout lu, mais si vous voulez vous faire une idée pas trop déformée de ce que fut B-TRAVEN (mort en 1969), son parcours, ses convictions, ce petit recueil me semble idéal et vous coûtera une bouchée de pain, alors ce serait dommage de passer à côté.
https://deslivresrances.blogspot.fr/
Lien : https://deslivresrances.blog..
Commenter  J’apprécie          50
Ce court recueil contient quatre texte de B. Traven:
-Le Gros capitaliste
-Administration indienne et démocratie direct
-"L'art des indiens"
-Lettre

Le Gros capitaliste raconte l'histoire d'un négociant voulant se faire du fric sur un artisan indien, qui cependant ne se laissera pas embobiner. Il fait donc ici une critique du capitalisme

Administration indienne et démocratie direct parle des coutumes des tribus indienne et les mets en parallèle de nos société, et de nos démocraties. Critiques ici de nos gouvernement.

"L'art des indiens", est une petite réflexion sur l'art en général

Et pour finir une lettre adressé à un quotidien anarcho-syndicaliste.

Un ensemble de texte intéressant.
Commenter  J’apprécie          70
Quelques textes pour découvrir cet intrigant romancier à l'existence mystérieuse et romanesque.
(...)
Si la lecture de cette trop brève publication en laissera plus d'un sur sur sa faim, c'est bien entendu le résultat escompté afin de susciter l'envie d'en découvrir davantage.

Article complet en suivant le lien.
Lien : https://bibliothequefahrenhe..
Commenter  J’apprécie          100

Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Extrait de "Administration indienne et démocratie directe" 1931

« Alors, gringalet, tu n’as pas de poumons, comment veux-tu donner à ta femme les moyens de faire une bonne soupe si tu es trop faible pour souffler sur le feu sous mon cul pour que je me réchauffe un peu (...) » Les braises sont à peu près éteintes. Le chef se lève lentement. (...). La peau est couverte de grosses cloques et, en de nombreux endroits, de plaques noirâtres que l’on peut sentir de loin. Un ami s’approche de lui, lui enduit les fesses d’huile et lui applique un pansement de feuilles écrasées tandis qu’un autre lui offre de grands verres de tequila. Pendant de longues semaines, le nouveau chef n’oubliera pas sur quoi il est assis. Pendant les premiers mois qui suivent son entrée en fonction, cela l’aide considérablement à gouverner selon les désirs exprimés par la nation au cours de son élection. Dans presque tous les cas, il reste suffisamment de cicatrices sur cette partie cachée de son individu pour qu’il puisse prouver jusqu’à l’âge le plus avancé, grâce à un document inaltérable, qu’il a eu l’honneur d’être élu une fois chef de sa nation, mais aussi pour le soustraire à la tentation de se faire élire à ce poste une seconde fois.
Commenter  J’apprécie          172
« L’Art des Indiens »

L’artiste n’a pas a être mon dieu, ni une autorité, ni une figure supraterrestre qui me serait inaccessible et existerait cachée derrière les nuages hors de mon monde. L’artiste doit, dans son œuvre, me révéler qu’il est mon frère terrestre’ qu’il est sujet à autant d’adversité que moi, plein de désirs comme moi, porté par l’élan de se libérer de ses chaînes mentales comme moi et bourré de lacunes et de pulsions comme moi.

L’unique chose que je doive ressentir à son endroit, c’est de lui être reconnaissant de savoir exprimer avec pertinence, par la musique, la couleur, la pierre, la parole, la représentation, ce qui touche mon âme et ce que j’essaie d’exprimer depuis le premier éveil de ma conscience de n’importe quelle manière, sans y parvenir.
Commenter  J’apprécie          70
« L’ Art des Indiens »

L’embellissement, et donc l’animation - au sens de mettre de l’âme - des ustensiles quotidiens constituent un besoin de l’homme. Un besoin bien plus grand que la religion. C’ est pour l’homme un besoin vital d’enrichir et d’enjoliver la vie, parce que c’est là le seul moyen d’échapper au prosaïsme du quotidien. La quotidienneté, en effet, étouffe l’homme, engourdit ses sensations, ses espoirs, ses idéaux, ses pensées, au point que toute vie perd sa valeur et que la phrase la plu désespérante exclame strictement : « pourquoi vivre ? »
Commenter  J’apprécie          50
L'indien observait les chiffres avec admiration, il lui semblait prodigieux que l'on pût aussi vite les aligner, les additionner, les diviser et les multiplier. Mais au fond, cela ne l’impressionnait guère, car il ne savait lire ni chiffres ni lettres, et le seul bénéfice qu'il retira de la subtile conférence à haute signification économique de l'Américain fut d'apprendre qu'un homme est capable de parler pendant des heures pour ne rien dire.
Commenter  J’apprécie          50
On pourrait très sérieusement conseiller aux prolétaires de mettre en application cette méthode d’élection indienne éprouvée, en particuliers à l’égard des fonctionnaires de leurs organisations syndicales et politiques.
Commenter  J’apprécie          94

Videos de B. Traven (4) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de B. Traven
« Nul dieu ne t'aidera, nul programme, nul parti, nul bulletin de vote, nulle masse, nulle unité. Je suis le seul capable de m'aider. Et c'est en moi-même que j'aiderai tous les hommes dont les larmes débordent. » B. Traven est Traven Torsvan qui est Berick Torsvan qui est Otto Feige qui est Hal Croves, qui est Ret Marut, enfin, je crois. B. Traven est né un an avant la mort de Karl Marx, enfin, je crois. B. Traven est un romancier allemand et un activiste anarchiste, un de ces hommes de l'ombre au petit chapeau rond qui font bouger l'histoire sans perche à selfie. […] Il a pris un nom différent partout où il a fait de la prison. Il a fait de la prison partout où il a incité à la révolution. […] » (Thomas Vinau, 76 clochards célestes ou presque, Éditions le Castor Astral, 2016)
« L'homme qui a tant fait couler d'encre dans les dernières décennies de sa vie est mort le 26 mars 1969 dans la ville de Mexico à des âges différents, non sans avoir épuisé plusieurs identités dont aucune ne paraît être la vraie. le succès des romans de Traven […] a déclenché une « chasse » à un individu qui ne se laissait pas photographier […]. La seule chose prouvée est que B. Traven ne fait qu'un avec Ret Marut […]. […] le proscrit réussira à débarquer, dans des conditions ignorées, sur les côtes du Mexique au cours de l'été 1924. La vie qu'il va mener sous le nom de Torsvan, ingénieur américain, pour être moins mystérieuse, n'en reste pas moins secrète […]. […] Cet apatride sans identité obtient finalement la nationalité mexicaine en 1951. […] Il faut considérer le romancier […] comme un aventurier écrivain qui a passé la majeure partie de sa vie à égarer les soupçons – pour mieux enfoncer les preuves de son humanité comme autant de clous dans les têtes molles du siècle. […] » (B. Traven, le gros capitaliste et autres textes, traduit par Adèle Zwicker, Éditions Libertalia, 2018)
« […] Quoique mes oeuvres soient traduites en dix-sept langues, je n'ai ni maison ni argent et je ne possède qu'un minimum de vêtements indispensables. […] » (B. Traven, Lettre à Solidaridad Internacional Antifascista)
0:00 - L'art des Indiens 4:27 - 2e extrait 4:45 - 3e extrait 4:59 - 4e extrait 5:32 - Générique
Référence bibliographique : B. Traven, le gros capitaliste et autres textes, traduit par Adèle Zwicker, Éditions Libertalia, 2018
Image d'illustration : https://www.gettyimages.fi/detail/news-photo/traven-schriftsteller-d-portrait-im-profil-undatiert-news-photo/537147851
Bande sonore originale : Bensound - Tomorrow Tomorrow by Bensound is licensed under a CC BY 4.0 Attribution International license.
Site : https://www.bensound.com/royalty-free-music/track/tomorrow
#BTraven #LeGrosCapitaliste&AutresTextes #LittératureAllemande
+ Lire la suite
autres livres classés : nouvellesVoir plus
Les plus populaires : Polar et thriller Voir plus


Lecteurs (49) Voir plus



Quiz Voir plus

Quiz: l'Allemagne et la Littérature

Les deux frères Jacob et Whilhelm sont les auteurs de contes célèbres, quel est leur nom ?

Hoffmann
Gordon
Grimm
Marx

10 questions
415 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature allemande , guerre mondiale , allemagneCréer un quiz sur ce livre

{* *}