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EAN : 9782940422166
399 pages
Cousu Mouche (25/04/2012)
4/5   5 notes
Résumé :
Jeune star de la mode en rupture de ban, Max s’autodétruit dans les discos de village, se laisse entraîner dans de stupides jeux d’ado cruels, humiliant celles qui se donnent à lui, comme pour mieux s’assommer. N’est-ce là qu’une pochade de jeunesse ? Et si ce fils d’un Bernard Tapie de bazar se révélait plus torturé qu’il n’y paraît ?

Entre fascination pour la laideur et égoïsme de jeunesse, le personnage du deuxième roman de Laurent Trousselle suit ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
« J'étais la nuit
juste une sensation de froid dans mon ventre
je veux absolument finir ces lignes »

Sur un coup de tête, Max a mis son appart sur le trottoir, noyé son réseau social dans la Seine avant de partir en vacances d'été à Gargilesse, dans la maison de son oncle, seul, pendant un mois.
Anorexique (ou égoïste) verbal1, il fuit l'anorexie mentale, neuronale et culturelle dans laquelle il évoluait – Ana.

1 : « – Comment t'arrives à tenir sans rien foutre autant de temps ?
– …
– Comment t'arrives à ne jamais regarder les gens ?
– …
– Tu ne réponds à personne et ça marche. Chacun se croit face à lui-même, et il comprend ce qu'il veut. C'est malin (dixit un membre de la clique)

La vie au moment où il écrit :

de prime abord, on dirait le journal intime d'une crise d'ado torturé - une crise d'ado mannequin rasta rebelle ex-fils de ministre, ou plutôt fils d'un ex-ministre – un pamphlet à l'encontre de parents absents. Ou un début d'autobiographie, du genre « Doublure de rejeton, j'ai dû apprendre à vivre en observant la vie des autres, en silence, d'autres parents, une autre enfance. Victime de ma plastique devenue parfaite je devins vitrine sans tache, éclairée par les flashes. Je n'avais plus à parler. Stop. Je m'étais laissé observer trop longtemps.
On inverse les valeurs.

En fait, de Gargilesse2, Max tire des portraits par écrit. Ses parents3, la Clique4, les figures locales, les us et coutumes berrichons. Et tisse une toile, une galerie désordonnée de peinture sociales et culturelles d'un été entre amis - de l'éternité d'une nuit, d'âmes simples à l'accent replié sur lui-même - que l'oncle Raphaël expose de l'autre côté de l'océan.
Pendant que Max se passionne, Ana menace – huissier - et le père propose - avocats...
Début du tête à tête entre le téléphone et le répondeur, entre deux silences berrichons5.

2 : GARGILESSE, (Étym. inconnue). L'ennui y est la contrainte forte, la plaie d'heures béantes qui façonnent les moeurs à coups de dizaines de soirées mornes - contraction de mortes et d'atones, un mot joliment trouvé par Lutz
Le Bas-Berry est un amas de vies humbles ponctuées par les saisons, par la nature, et avec jamais rien de projeté ; ici chaque aléa est subi de toute éternité comme les animaux subissent, sans révolte. Ici notre détermination à faire du surplace, à rester les gardiens évaporés d'on ne savait trop quoi de pluvieux. de pluvieux et vide…
3 : Mes vieux [V. 1+– 199*] ; de vieillir ; mort. Anomalies du règne animal ; ornithorynques)
4 : « Lutz, la langue de vipère de la clique. Daguet [V. 1993] ; jeune cerf qui pousse son premier bois. Dague. Doux dingue gargilessois au corps immense, Axelle : treize ans de culot monstre, source d'ennuis déjà l'année précédente ». Martial, le cuisto caravane, son alter « Pauvre Conard », Fatiha et Pradeau le vieux - « couple d'animaux complémentaire, affaire structurante », et Sophie, bien sûr, le perfecto..
5 :On les dirait coffres à secrets sous une eau marron, armes rouillées… Des épaisseurs invisibles dans une chape de calme issue de siècles d'isolement, ou de manque à vivre remâché par des dizaines de générations.

Pour contrer l'inertie cannabinacée (à moins que ce ne soit l'Angèle qui (r)éveille quelque chose en lui, l'Ange-elle qui titille son côté sombre, qui caresse cette tache invisible de son regard obscène, qui l'étreint par sa laideur, qui l'entraîne vers son passé si douteux, ses tournées d'amants, Angèle la Birette), Max organise avec Martial le Concours : une foire au boudin pittoresque avec critères de qualité, AOC et AOP, règlement et conditions d'attribution des points. La fiche.. visage corps études fringues, seins, tout(es) y passe(nt)..

Croquer du boudin ça évite de ronger son frein, de ne pas rester seul avec ses questions, jusqu'à l'arrivée de Tokio Hotel/Isabelle : « Sacralisation de la douleur, résistance silencieuse, avilissement consenti, il était question de victimes qui, paradoxalement, s'élèvent en acceptant leur statut, l'injustice du patrimoine génétique, autiste (?), quelque chose qu'elle n'arrive pas à discerner …« Et il y avait certainement quelque chose de contagieux dans cette huileuse mécanique d'intimité qu'elle installait. ». Alors on plonge..
Frénésie oculaire ● pages en transe ● êtres bestiaux rauques brutaux ● décompte – dix pas ● atterrissage couverture et décollage vers l'inconscience ● s'adonner à ce que la situation attendait ● assumer ●paroxysme dégueulasse de glaires et de pensées entre les lignes ● celle des regards ou des livres ● Angèle en écho somatique ● visions spasmodiques – rut initiatique.

Torpeur, repli, instants Hopper, Max déambule d'un crépuscule à l'autre, entre sorcellerie ésotérique et folklore régional, vaguement guidé par le professeur Constant

Mais le Grand Meaulnes en a assez de patauger dans La mare au Diable, de badiner avec la laideur à l'ombre des boudins en pleurs, alors il force la chronologie.
Le récit s'accélère, épidermique, 1er, 2nd sabbat, avant, après, suite ou fin du concours, délire photographique (flash-back), les éléments s'assemblent, se disloquent, se ré-agencent et dévoilent une scène (La Cène?) de plus en plus précise.

le répondeur égrène ses messages comme un chapelet, une litanie..

Les branches resserrent leur étreinte, capturent le moindre atome de lumière, s'emparent des chairs et ramènent à la surface les souvenirs mort-vivants d'une mémoire tachée de naissance.

le temps se précipite, l'eau si calme de la Creuse sort de son lit, les âmes si repliées se mettent à danser une ronde insensée, les corps hirsutes se mettent à nu, le Sabbat est en marche.

Max a beau appuyer sur la touche stop, le répondeur étouffe de messages, rien n'arrête l'engrenage, le temps se rétracte, focalise, et condamne l'innocence..

Le Sabbat inverse les valeurs,
depuis la nuit des temps,
depuis sa nuit d'été..
Lien : http://www.listesratures.fr/..
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Bien sûr le rythme, bien sûr l'éclatement du récit, mais plein d'autres choses, l'utilisation du nombre 2. Une double chronologie, ce qui n'est jamais simple, une action à deux endroits, et un fonctionnement des personnages deux à deux – Max, le héros, détestant le „groupe“.
L'ensemble est un bouquet champêtre tenu tête en bas, toute l'action fermement reliée dans les dernières pages – comme la vie ?
Peu d'écrivain demandent d'emblée au lecteur de se plier à ce point à leur pacte d'écriture, mais dès que l'on se soumet à l'écriture très travaillée de Trousselle, cela devient un voyage enrichissant, plein de passion, et envoutant dans une région qu'il faut atteindre, mériter, et surtout peut-être, apprendre à tenir loin de soi.
A lire en prenant son temps, dans les frimas de l'automne, près d'un bon feu.

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J'ai eu du mal à terminer ce roman. Non parce qu'il ne m'a pas plu, mais parce qu'il distille un malaise tellement étouffant que j'ai parfois eu du mal à le supporter. L'ambiance est glauque, sombre, malsaine: on ne sait s'il faut se moquer ou s'horrifier de ce groupe d'adolescent sans aucune morale, sans aucun repère. Max lui-même est un personnage difficile à sonder, lui qui pourrait vivre dans la superficialité totale et dont on se demande si cette fuite n'est pas qu'un caprice de star. Les points d'interrogations qui jalonnent ses phrases en font un personnage complètement paumé, complètement obscur, sur qui les événements semblent ne pas avoir de prise, qui ne parlent quasiment pas et qui ne laisse rien transparaître dans une impassibilité qui rend son entourage fou autant qu'elle les fascine. Apollon inaccessible ou véritable garçon en mal-être? Pour ma part, je n'ai pu me détacher de lui, de son étrange parcours, comme par une curiosité malsaine qui me poussait à vouloir savoir jusqu'où il était capable d'aller dans la destruction des autres, et dans sa propre destruction. Car le récit est divisé en deux parties: ce qui s'est passé autrefois avec ses amis du Berry et leurs jeux d'ados, et le moment où il écrit, seul, squattant une maison abandonnée, alors que tout le monde le recherche, après le premier sabbat… Qu'est-ce que ce sabbat? Pourquoi cela l'obsède-t-il autant? Existe-t-il réellement? Voilà les questions que je me posais et je n'avais de cesse de suivre ces deux histoires en parallèles avec avidité autant qu'avec difficulté. A cette ligne narrative éclatée, ajoutez un style nébuleux qui rend les errances émotionnelles du héros, les nombreux surnoms qui brouillent les personnages, allégés parfois par les messages sur répondeur des personnages tentant de ramener Max à la réalité (et aux procès que son agence de photo lance contre lui pour désertion), vous obtiendrez un roman exigeant mais fascinant, très noir, jusqu'à une chute tout particulièrement réussie.
Lien : http://mabouquinerie.canalbl..
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Max est un mec très bizarre. Pas commun quoi. Il est taiseux, ne répond quasiment jamais à son entourage. Jeune modèle travaillant pour une agence photo parisienne, il lâche tout un beau matin pour rejoindre un trou paumé dans le Berry, Gargilesse, ses bois noirs, sa bande de potes désoeuvrée qui enchaîne les pèt' et les sorties en boîte, la maison de son oncle qui est absent, la vieille Angèle qui rôde... Difficile de connaître ses intentions, et malgré son avocat et ses parents qui cherchent inlassablement à le joindre pour régler le litige avec son employeur, les mois suivants vont être un macabre tournant dans sa vie.

Heureusement, dans les premières pages de l'ouvrage on trouve une carte géographique des lieux concernés par le roman (est-elle indispensable finalement ? - je m'y suis reportée mais sans que ça n'ajoute à ma compréhension de lecture) ainsi qu'un repère chronologique, l'histoire de notre narrateur alternant allègrement au fil des chapitres sur 3 périodes distinctes.

C'est bien écrit, souvent inventif sur la forme (typographies, originalité des notes de bas de page, histoire récente qui se devine via les messages non écoutés sur son répondeur...), mais je m'y suis trop longtemps perdue, et plus de la première moitié du roman m'a parue interminable. Heureusement que le suspense et une certaine envie bien avouable d'en connaître le dénuement m'a poussée à poursuivre jusqu'à l'issue de Graine de Sabbat, où le titre du livre [.....]
Lien : http://chezlorraine.blogspot..
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Un roman d'amour spécial. La rencontre a bien lieu, des sentiments vont bien naître de part et d'autre... Mais ce ne sont pas les mêmes. On peut dire que "la" Neveu aime Max, mais c'est compliqué... elle ne s'en rend pas compte sur le moment. Parce que sur le moment Max fait tout pour être haïssable. Alors elle vit ses sentiments après, quand Max n'est plus là (il est où, d'ailleurs ?)
On aime les gens en fonction de l'image qu'on veut avoir d'eux. Et souvent leur absence les arrange... Vous arrange.
J'ai bien aimé ce livre.
I.
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Plutôt que de rejoindre tout de suite la clique, j'ai fait un détour par les bords de la Creuse * des envies de marche me prenaient * le jardin du Luxembourg me manquait-il ? * Le bassin aux Tortues... Sourires.
De retour du Pont noir, le long de la route jusqu'au cimetière, les feuilles trempées se mouvaient doucement au-dessus de mes cheveux protégés par un bonnet rasta color * un vent frais s'était levé et je me sentais sur une frontière avec * dans l'unique poche de ma veste en serpent * une fiche immaculée conne, immature et improbable.
Des odeurs de foin sur la petite route, en face le cimetière, des criaillements de chauve-souris toujours nombreuses à gargilesse, la pénombre toujours plus prononcée dans le chemain qui remonte, par la Garenne, jusqu'à Bourny * nuits d'été dans Steinbeck * ou dans Proust, à cause de l'humidité...
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