Cet ouvrage rassemble un peu plus de soixante-dix contes, d'une bonne vingtaine de peuples différents, pour la plupart très peu connus ; j'ai été impressionnée par le travail de recherche. le livre contient de surcroît une vingtaine d'illustrations en couleur dont j'aime beaucoup le style.
Les contes sur les animaux sont assez proches des autres contes russes, mais par contre, j'ai beaucoup apprécié les récits des origines, et les contes merveilleux, qui ont leur touche particulière : des petites pointes d'humour, une logique très particulière mais toujours présente.
Aucun protagoniste ne m'a marquée mais ils sont pour la plupart sympathiques. Il y a quelques héroïnes qui assurent vraiment. Je ne sais pas s'il s'agit d'un biais dans la sélection, dans la manière de raconter, ou si c'est le cas des contes du coin (et je parle d'un "coin", mais c'en est un qui est plus grand qu'une bonne partie des pays), mais en tout cas, c'était très satisfaisant à lire !
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Alors l'ogresse se changea en lièvre, car le lièvre a de longues oreilles, mais déjà Baraboche-arou lui transperçait le ventre de sa flèche. Et de ce ventre sortirent des tas de gens, les malheureux que l'ogresse avait mangés.
Certains ont remercié Baraboche-arou de les avoir délivrés, mais d'autres se sont fachées et lui ont dit :
"Qui donc t'a prié, Baraboche-arou, de nous libérer ? Nous nous trouvions parfaitement bien dans le ventre de l'ogresse. Il y faisait noir, c'est vrai, mais nous y avions bien chaud et là, nous ne devions pas travailler."
Ainsi en va-t-il souvent : on n'obtient pas de reconnaissance de tout le monde.
Un jour il voit se poser près de lui un dragon ailé, le dragon noir qui volait les vaches dans toute la contrée, et qui lui dit :
"Mon vieux Dalantaï, aimes-tu tes vaches ?"
"Sûr que je les aime, je les aime beaucoup." répond Dalantaï.
"Mon vieux Dalantaï," interroge encore le dragon, "tu aimes ton taureau ?"
"Naturellement, que je l'aime." répond DalantaÏ.
Et le dragon pose une troisième question :
"Mon vieux DalantaÏ, tu aimes ton énorme ventre bien gras ?"
"Lui, non, je ne l'aime pas, même pas un tout petit peu", dit Dalantaï, en hochant la tête. "Il ne fait que me gêner, et il me pèse."
"Fort bien", dit le dragon. "Alors je vais le manger."
"Mange-le si tu veux" accepte Dalantaï. "Mais pour cela, tu dois me couper le ventre avec le couteau du vieux Dountaï."