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Hubert Juin (Secrétaire)
EAN : 9782070302741
163 pages
Gallimard (31/01/1968)
4.02/5   71 notes
Résumé :
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Que lire après L'Homme approximatif Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Critique approximative.

“Homme approximatif comme moi comme toi lecteur et comme les autres”. le poète roumain de langue française Samuel Rosenstock, élégant inventeur du « dadaïsme » est plus connu sous le nom de Tristan Tzara. Issu d'une famille plutôt aisée, il étudie à Bucarest les mathématiques mais souhaite rapidement quitter la Roumanie qui lui refuse la nationalité parce que juif.

« Homme approximatif te mouvant dans les a peu près du destin. » Pourquoi Tristan ? Parce que Wagner. Pourquoi Tzara ? Parce que « terre », « pays » en roumain.

Le bourgeon du surréalisme. « Dada » c'est le refus des valeurs creuses, La Patrie, La Morale, La Famille. C'est le refus de la duplicité de la logique.

“Buée sur la froide glace tu t'empêches toi-même de te voir”. Vous m'avez sans doute démasqué, assez mal à l'aise avec l'Homme Approximatif, publié en 1931, je tourne un peu autour de la biographie de Tzara, aventurier de l'art moderne, car il y a un peu de buée aussi sur la poésie de l'auteur roumain !

C'est que l'ouvrage est assez hermétique. On parcours ce chant en appréciant sa qualité littéraire, la résonnance des mots, quoique étrange, des mots parfois très peu connus, dans un champ cultivant l'inintelligibilité, on bute parfois sur des bulles poétiques qui encapsulent des visions panoramiques de l'existence qui nous pètent à la tronche : « et de page en page les années diminueront vers l'impalpable souffle que la tombe aspire déjà ». Une impression de quelques reliefs de sens, d'intelligible au milieu de l'obscure vallée dadaïste, « la lune s'est recroquevillée en moi - et j'étais la nuit entière ».

« L'approximation fut inventée par les impressionnistes » disait le pape du dadaïsme. L'approximation serait la course par la lecture, la nage, la vie, vers l'exactitude, vers la clarté, vers « l'illimité pourquoi » de nos actions. Est-ce seulement possible, que peut-on contre « la glaciale paresse du sort qui nous laisse courir à notre guise » ?

« tout ce que j'ai pu comprendre et en quoi je ne crois plus ». de la vie, de l'existence, l'homme tourne autour, tente de la comprendre, de la saisir, approximativement, sans échappatoire possible :

“Une autre ville comme une autre douleur
le temps se moque de nous”

Qu'en pensez-vous ?
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Attention, quand le Dada arrive…
Il faut lui faire place nette. . .
Boutade décalée, pour illustrer la révolution artistique de Tristan Tzara, le dadaïsme, qui agit comme une déferlante intellectuelle et culturelle sur la littérature, la poésie, la peinture, l'art en général en cette fin de Première Guerre mondiale.
Ce recueil poétique au langage poétique déstructuré, atypique, incongru, bouleverse tous les codes en vigueur, même les poésies novatrices d'Apollinaire et de Cendrars semblent dépassées par cette explosion créatrice folle, ce maelstrom de mots, d'images et de métamorphoses. le style langagier, la forme poétique, le fond abstrait, tout parait révolutionnaire. Si Tzara, en effet, par des procédés de constructions polymorphes, crée réellement une esthétique didactique insolite et neuve, tant à l'écrit que par l'expression imagière, il ne faut pas négliger en relisant les structures versifiées et originales de ce recueil, une source d'inspiration classique et symbolique. On sent que l'auteur, même si son parcours empreint de dadaïsme, de surréalisme, de communisme et de cosmopolitisme culturel et artistique reste le fil rouge conducteur de son oeuvre, s'amuse à puiser par petites touches, dans des racines plus profondes, celles de son enfance, de sa jeunesse roumaine, où l'émotion, la sensibilité, la verve poétique est plus authentique, comme des abscons éclairs furtifs, aérant, humanisant la philosophie de l'absurde, le nihilisme d'une poésie voulant faire table rase du passé.
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Ce livre, pour moi, est l'aboutissement de ce que devrait être la poésie. Il s'agit d'un long poème coupé en 19 chapitres. Il y parle de la vie, du temps qui passe, de la mort, la nostalgie.. mais sous une forme surréaliste donc assez difficile à décrypter pour les néophytes.
En voici un extrait : "homme approximatif te mouvant dans les à-peu-près du destin/ avec un coeur comme valise et une valse en guise de tête/ buée sur la froide glace tu t'empêches toi-même de te voir/ grand et insignifiant parmi les bijoux de verglas du paysage."
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Une poésie difficile à décrypter,
Que j'ai traversé s'en m'arrêter,
Presque en "accéléré",
J'en déduis que le "surréalisme" ne me fait pas rêver.
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Tristan Tzara (1896-1963), d'origine roumaine, est surtout connu comme étant le co-fondateur du mouvement Dada. C'était en 1916, avant même qu'il arrive à Paris où il fut bien reçu par les poètes français. Pour ma part, je ne connaissais absolument aucune de ses poésies. A la bibliothèque, je suis tombé un peu par hasard sur "L'homme approximatif" (1931). En feuilletant ce recueil, je n'ai pas été convaincu par des textes, que je trouve souvent assez laborieux et inutilement compliqués, sans grand élan et sans vrai lyrisme. Déception… Les surréalistes français ont fait mieux. Je mets quand même en citation un extrait du cinquième poème, que j'ai apprécié...
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Citations et extraits (36) Voir plus Ajouter une citation
dimanche lourd couvercle sur le bouillonnement du sang
hebdomadaire poids accroupi sur ses muscles
tombé à l'intérieur de soi-même retrouvé
les cloches sonnent sans raison et nous aussi
sonnez cloches sans raison et nous aussi
nous nous réjouirons au bruit des chaînes
que nous ferons sonner en nous avec les cloches

quel est ce langage qui nous fouette nous sursautons dans la lumière
nos nerfs sont des fouets entre les mains du temps
et le doute vient avec une seule aile incolore
se vissant se comprimant s'écrasant en nous
comme le papier froissé de l'emballage défait
cadeau d'un autre âge aux glissements des poissons d'amertume

les cloches sonnent sans raison et nous aussi
les yeux des fruits nous regardent attentivement
et toutes nos actions sont contrôlées il n'y a rien de caché
l'eau de la rivière a tant lavé son lit
elle emporte les doux fils des regards qui ont traîné
aux pieds des murs dans les bars léché des vies
alléché les faibles lié des tentations tari des extases
creusé au fond des vieilles variantes
et délié les sources des larmes prisonnières
les sources servies aux quotidiens étouffements
les regards qui prennent avec des mains desséchées
le clair produit du jour ou l'ombrageuse apparition
qui donnent la soucieuse richesse du sourire
vissée comme une fleur à la boutonnière du matin
ceux qui demandent le repos ou la volupté
les touchers d'électriques vibrations les sursauts
les aventures le feu la certitude ou l'esclavage
les regards qui ont rampé le long des discrètes tourmentes
usés les pavés des villes et expié maintes bassesses dans les aumônes
se suivent serrés autour des rubans d'eau
et coulent vers les mers en emportant sur leur passage
les humaines ordures et leurs mirages

l'eau de la rivière a tant lavé son lit
que même la lumière glisse sur l'onde lisse
et tombe au fond avec le lourd éclat des pierres

les cloches sonnent sans raison et nous aussi
les soucis que nous portons avec nous
qui sont nos vêtements intérieurs
que nous mettons tous les matins
que la nuit défait avec des mains de rêve
ornés d'inutiles rébus métalliques
purifiés dans le bain des paysages circulaires
dans les villes préparées au carnage au sacrifice
près des mers aux balayements de perspectives
sur les montagnes aux inquiètes sévérités
dans les villages aux douloureuses nonchalances
la main pesante sur la tête
les cloches sonnent sans raison et nous aussi
nous partons avec les départs arrivons avec les arrivées
partons avec les arrivées arrivons quand les autres partent
sans raison un peu secs un peu durs sévères
pain nourriture plus de pain qui accompagne
la chanson savoureuse sur la gamme de la langue
les couleurs déposent leur poids et pensent
et pensent ou crient et restent et se nourrissent
de fruits légers comme la fumée planent
qui pense à la chaleur que tisse la parole
autour de son noyau le rêve qu'on appelle nous

les cloches sonnent sans raison et nous aussi
nous marchons pour échapper au fourmillement des routes
avec un flacon de paysage une maladie une seule
une seule maladie que nous cultivons la mort
je sais que je porte la mélodie en moi et n'en ai pas peur
je porte la mort et si je meurs c'est la mort
qui me portera dans ses bras imperceptibles
fins et légers comme l'odeur de l'herbe maigre
fins et légers comme le départ sans cause
sans amertume sans dettes sans regret sans
les cloches sonnent sans raison et nous aussi
pourquoi chercher le bout de la chaîne qui nous relie à la chaîne
sonnez cloches sans raison et nous aussi
nous ferons sonner en nous les verres cassés
les monnaies d'argent mêlées aux fausses monnaies
les débris des fêtes éclatées en rire et en tempête
aux portes desquelles pourraient s'ouvrir les gouffres
les tombes d'air les moulins broyant les os arctiques
ces fêtes qui nous portent les têtes au ciel
et crachent sur nos muscles la nuit du plomb fondu

je parle de qui parle qui parle je suis seul
je ne suis qu'un petit bruit j'ai plusieurs bruit en moi
un bruit glacé froissé au carrefour jeté sur le trottoir humide
aux pieds des hommes pressés courant avec leur morts autour de la mort qui étend ses bras
sur le cadran de l'heure seule vivante au soleil

le souffle obscur de la nuit s'épaissit
et le long des veines chantent les flûtes marines
transposées sur les octaves des couches de diverses existences
les vies se répètent à l'infini jusqu'à la maigreur atomique
et en haut si haut que nous ne pouvons pas voir avec ces vies à côtés que nous ne voyons pas
l'utltra-violet de tant de voies parallèles
celles qui nous aurions pu prendre
celles par lesquelles nous aurions pu ne pas venir au monde
ou en être déjà partis depuis longtemps si longtemps
qu'on aurait oublié et l'époque et la terre qui nous aurait sucé la chair
sels et métaux liquides limpides au fond des puits

je pense à la chaleur que tisse la parole
autour de son noyau le rêve qu'on appelle nous

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je me souviens d’une déception sinueuse tirant du passé son amère substance
voguant sans clarté le ne sais où
on voyait parfois s’ouvrir sur le front de la chanson un miroir comme une enfance raidie
qui crachait l’image par terre
et brisait l’éclatante jeunesse — des traces de sang traînaient quelque part
sur dés draps souillés par des crépuscules attardés des vers fiévreux sous la braise
je me souviens aussi c’était une journée plus douce qu’une femme
je me souviens de toi image de péché
frêle solitude tu voulais vaincre toutes les enfances des paysages
il n’y avait que toi qui manquais à l’appel étoilé
je me souviens d’une horloge coupant des têtes pour indiquer les heures
celles qui attendent aux carrefours les solitaires
dans chaque passant solitaire il se déchire un jour le carrefour d’un jour
et comme l’heure d’amour vient de l’air retourne à l’air
chaque carrefour se retrouve dans une autre placide attente
avec l’air que l’on chante lointain
de plus en plus lointaine enfance
à la terre mâchée avec les cendres dans la serrure des mandibules agricoles
vorace porte au rire adulte de fer
je me souviens de la mystérieuse hâte qui te poussait après le passage d’un convoi
des chaînes massives remuaient noires dans les têtes des coqs dressaient un chant frugal entre chaque paire de regards
et les vents essuyaient des humides museaux les aboiements tout frais
ils allaient éclater bien au loin où il n’y avait plus de mémoire
ils éclataient avec fracas de flammes sans bruit
je me souviens d’une sereine jeunesse qui ramassait à son étalage
les soupirs luisants de l’éclatement épars
sans bruit mais bourrés de flammes
comme je les aime quand ils ressuscitent métalliques des larmes
tu le sais — neigeuse adolescence — te souviens-tu des dangers virevoltants dans l’embrun noir de larmes parmi les bouées des seins coupés
nous voulions boire tout le sang des rochers purulents de soleil
qu’essayaient de happer les vagues aux gueules brû­lantes
la mer amenait des cicatrices encore voluptueusement chaudes
à chaque gémissement elle vidait son sac de crécellesde tant de douleur
ne sachant plus quoi faire te souviens-tu du bruit qui nous enlaçait
de notre étreinte qui faisait pâlir les mauvais augures de la flamme
et l’écluse du soleil cédait sous le poids de tant de clarté
un œil de raisin que l’on crève
c’était une journée plus douce qu’une femme qui palpitait d’un bout à l’autre
j’ai vu son corps et j’ai vécu de sa lumière
son corps se tortillait dans toutes les chambres offrant des dieux inassouvis aux aveugles adolescences des monceaux d’enfants changés en sauterelles sur d’immenses désolations de plages
les chevilles glapissantes d’un bonheur sauvage des branches jasant dans les fragiles ruisseaux j’ai vu son corps étendu d’un bout à l’autre
et j’ai plongé dans sa lumière qui pénétrait d’une
chambre à l’autre
l’arbre à fouets striant de minces traînées d’obscurité le corps immensément douloureux — c’était une journée plus douce qu’une femme
j’ai vu sous les lits
de lourdes masses d’ombres
prêtes à voler autour des voleurs endormis
dans la paume molle de leurs lits
j’ai vu accrochées aux oreilles les auréoles de lourdes masses gardiennes aux poings noirs et marchant au milieu écriture sans répit
la pluie rompant des ailes grises et des prismes
de courtes volontés phosphorescentes perdues parmi les hachures du rireleur trot réveillant les champs fermés par les yeux sans bruit se vissant sur l’écrou de la margelle du puits de rares halètements d’herbes folles
et puis des catacombes d’oiseaux les oiseaux fuyant à travers les tentacules soumises
les frères apprivoisés dans la glace
les yeux de faïence fixés aux enclos des patries
où l’on jette les terres dans des flaques de cadavres et d’urine
plus loin j’ai vu les cils qui se pressent autour des oiseaux — couronne polaire
et les puissantes chutes des oiseaux de lumière sur le monde enflammé de journées sans issue et puis je n’ai plus rien vu
quelqu’un a fermé bruyamment la porte
— amie pleureuse au fond de cale
la nuit s’est recroquevillée en moi
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Je parle de qui parle qui parle je suis seul
Je ne suis qu’un petit bruit j’ai plusieurs bruits en moi
Un bruit glacé froissé au carrefour jeté sur le trottoir humide
Aux pieds des hommes pressés courant avec leurs morts
Autour de la mort qui étend ses bras
Sur le cadran de l’heure seule vivante au soleil
Je pense à la chaleur que tisse la parole
Autour de son noyau le rêve qu’on appelle nous.
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“les soucis que nous portons avec nous
qui sont nos vêtements intérieurs
que nous mettons tous les matins
que la nuit défait avec des mains de rêve »
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le loup embourbé dans la barbe forestière
a trouvé son berger l'immobile berger
celui qui mène tous les yeux plantés au faîte des acropoles mouvantes de la foi
le berger des incommensurables clartés d'où naissent la vie et la dérive
il se lève
émigre vers les célestes pâturages des mots.
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