L'ENTHOUSIASTE : Aah, quel plaisir de se replonger dans un
Jack Vance ! On sait où on va mettre les pieds : un monde humain loin dans l'espace et le futur, à la culture originale et construit pour que nous le trouvions quelque peu bizarroïde, avec des personnages qui interagissent de manière formelle et presque toujours dépassionnée.
Emphyrio ne déroge pas à cette règle. Cela a été comme retrouver une bonne vieille couette.
LE BLASÉ : Ooh, encore un livre Vancien dans la même veine que d'habitude. Ça n'est pas très original. On retrouve les mêmes stéréotypes, les mêmes comportements, les mêmes situations. Tout cela manque d'un grain de folie, quoi.
L'ENTHOUSIASTE : Absolument faux ! C'est une variation bien construite sur un thème connu. de l'infini de situations offertes par l'immensité de la galaxie sur des temps immémoriaux, l'auteur extrait une civilisation qui nous ressemble et nous surprend à la fois. Sur Halma, dans la ville d'Ambroy, la base de l'économie consiste en des artistes consciencieux qui réalisent des chefs d'oeuvre, organisés en ligue. Ces oeuvres sont toutes originales car toute reproduction est absolument interdite. Elles sont vendues à l'export. Et il existe une caste de Seigneurs qui empoche une taxe de 1.18% sur toute vente. de plus, une religion officielle où il faut faire des bonds sur une marelle met de l'huile dans les rouages.
LE BLASÉ : Eh oui, on a encore droit à un système hiérarchisé, avec ses règles et ses interdictions absconses qui pressurent le petit peuple, ses services de la Protection Sociale qui surveillent tout et tous comme des commissaires politiques, ses Seigneurs hautains et riche à milliards. Finalement, ça ressemble assez à notre pauvre monde.
L'ENTHOUSIASTE : Il ne faut pas le voir comme ça ! le héros de l'histoire, Ghyl, va secouer le cocotier, et cela n'ira pas sans mal. Il parvient à incarner son action dans la légende d'
Emphyrio, un ancien révolutionnaire qui sauva jadis le peuple d'Halma d'envahisseurs venus de la lune Damar. Au-delà de l'immersion dans une civilisation décalée, l'accroche du roman se situe dans la recherche du secret qui se cache derrière la légende d'
Emphyrio. Une quête qui permettra à Ghyl de voyager vers d'autres mondes humains, y compris la Terre (c'est rare dans les romans de
space opera de Vance).
LE BLASÉ : Bah ! le roman souffre clairement d'un problème de rythme. On traine longtemps dans le quotidien monotone, les déboires de Ghyl et de son père sculpteur sur bois. Et on accélère dans la dernière partie, où le dévoilement des secrets est réalisé beaucoup trop vite.
L'ENTHOUSIASTE : Mais ces révélations sont fascinantes.
Jack Vance fait une nouvelle fois preuve d'inventivité dans l'explication de la création de la société d'Ambroy.
LE BLASÉ : Mais comment accepter la réaction du peuple qui apprend ces révélations ? Alors il suffit qu'un type dise un truc à la radio – « on vous ment, on vous spolie » – et tout le monde y croit ? Baah !
Et que dire du traitement des femmes, encore une fois manipulatrices ou altières, sans rien à récupérer ? Pfff !
L'ENTHOUSIASTE : Moi je fais fi de ces éléments là. Je me concentre sur le positif, sur ce qui me sort du quotidien, chez Vance. Je ne jette pas le bébé avec l'eau du bain.
LE BLASÉ : Mouais ! Une autruche quoi !
LE PSY : L'auteur de ce billet souffre visiblement de bipolarité aigüe. Je crois qu'il est temps de le placer dans un établissement spécialisé, pour son propre bien.