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Dan Burr (Illustrateur)José Avigdor (Traducteur)
EAN : 9782908981834
207 pages
Vertige Graphic (01/01/2003)
4.07/5   14 notes
Résumé :
1932. Dans l'Amérique de la Grande Crise, des marginaux nomades, les hobos, parcourent le pays en tentant de survivre. Parmi eux, aisé par un doux illuminé, un garçon de douze ans est à la recherche de son père. Au terme d'un voyage initiatique fertile en rebondissements et en rencontres, il finira par se découvrir lui-même et devenir brusquement adulte.
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Ce tome contient une histoire complète et indépendante de toute autre série. Il regroupe les 6 épisodes initialement parus en 1988, publiés par Kitchen Sink Press. le scénario est de Jim Vance et les dessins de Dan Burr. Ce récit est en noir & blanc ; il bénéficie d'une introduction de 3 pages écrite par Alan Moore.

Le récit commence en 1932, alors que Freddie Bloch a 12 ans. Il vit avec son père et son grand frère Albert. Il va une fois par semaine au cinéma, avec l'argent qu'il a pu récupérer en ramenant des bouteilles vides en verre. Incapable de gagner assez d'argent pour nourrir ses enfants, le père décide de partir pour une grande ville afin de trouver du travail.

Suite à une altercation, Albert est arrêté. Freddie décide de s'enfuir. Au bord d'une voie de chemin de fer, il repère un groupe de vagabonds. Sam, l'un d'entre eux, le prend sous sa protection, et le fait monter dans un wagon de marchandise vide, pour aller ailleurs. Sam se déclare être le roi d'Espagne, en voyage incognito, un roi déguisé.

Dans l'introduction, Alan Moore souligne à quel point ce roman graphique sort des sentiers battus. Les auteurs s'attachent aux pérégrinations d'un jeune garçon attaché aux errements d'un vagabond dans l'Amérique de la Grande Dépression. Ils évoquent la vie quotidienne des pauvres, sans espoir de succès à l'américaine. Sur la quatrième de couverture, le lecteur découvre également des citations d'Art Spiegelman et Neil Gaiman, évoquant la sensibilité et la justesse de la narration. Neil Gaiman estime que "Les rois vagabonds" a eu une importance similaire à celles de "Maus", "Watchmen", et "Love and Rockets", dans la maturation des romans graphiques américains.

Quand le lecteur prend contact pour la première fois avec ce récit, il est un peu rebuté par les dessins. Dan Burr représente le sol d'une façon un peu maladroite, à la fois générique (qu'il s'agisse d'une rue, d'un salon, ou d'un champ), avec une profondeur de champ un peu artificielle et gauche. Il faut donc un petit temps d'adaptation pour accepter que cette reconstitution historique manque parfois de densité.

D'un autre côté, les personnages ont tous une forte présence dans les cases. Burr sait leur fournir des vêtements réalistes qui s'abîment au fur et à mesure du temps qui passe. le lecteur constate de ses yeux que Freddie et Sam portent les mêmes vêtements jour après jour. Malgré l'impression parfois un peu hésitante de certains décors, le lecteur voyage avec les vagabonds et dispose de suffisamment d'éléments visuels pour constater la précarité dans laquelle ils vivent.

Le récit commence à Marian en Californie, une ville de moyenne importance. Par la suite, Freddie et Sam vont poser leurs affaires dans des champs, dans un asile à Détroit, dans un terrain avec quelques arbres. Les dessins de Dan Burr montrent avec éloquence la fragilité de l'être humain dans ces environnements précaires et inhospitaliers. Au fil des pages, le lecteur s'accommode également des expressions de visages plus ou moins juste, et il apprécie ces dessins un peu rugueux, finalement en phase avec la nature du récit.

James Vance raconte cette histoire avec le point de vue de Freddie Bloch qui figure dans toutes les séquences. Au début le lecteur est un peu déconcerté par la maturité de ce garçon dont les réactions manquent d'émotion pour un enfant de cet âge. Là encore, il s'adapte rapidement en y voyant plus l'incarnation d'un individu sans parti pris, découvrant chaque situation avec un oeil neuf, chaque rencontre sans a priori.

Vance s'est fixé pour objectif d'évoquer les conditions de vie des individus défavorisés de manière naturaliste plutôt que didactique. Il explique dans l'introduction qu'il a longtemps pensé écrire cette histoire sous forme de pièce de théâtre. Cette information revient en mémoire du lecteur lors de la longue scène entre Sam et Freddie dans le wagon à marchandise. Il a l'impression d'assister à une scène de théâtre, plutôt que de lire une bande dessinée. Cette impression s'efface dans les scènes suivantes, alors que les décors et les déplacements prennent plus d'importance.

Vance ne donne pas une leçon d'histoire. Il évoque un ou deux événements historiques (comme la manifestation de 1932 contre Ford "Ford hunger march", ou l'apparition du sentiment anti-communiste), à nouveau vécu au niveau de Freddie. Il met le lecteur au niveau de Freddie qui se déplace au gré des humeurs de Sam, ou des nécessités de fuir.

Petit à petit, Freddie (et le lecteur) se forme une opinion sur les valeurs sociales et politiques. D'arrêt en arrêt, de rencontre en rencontre, il observe la souffrance des individus, leur dénuement, leur condition de vie proche de la survie. En 1933, lorsque Roosevelt devient président, 24,9% de la population active est au chômage, et deux millions d'Américains sont sans-abri. James Vance dépeint ces situations sans misérabilisme, de manière factuelle. Il montre comment la dépression économique impacte les individus. Il n'y a pas de bons ou de méchants, pas de caricature simpliste de la police, pas d'entraide systématique entre les vagabonds. Vance montre comment certains d'entre eux essayent de profiter d'autres tout aussi démunis dans un rapport prédateur / proie.

De page en page, le lecteur oublie les aspects mal dégrossis de la narration pour envisager cette condition sociale. Vance et Burr ne gomment pas les aspects sordides, tels que l'absence de soin. À la fin du récit, le lecteur a compris ce qui a pu marquer des auteurs aussi renommés qu'Art Spiegelman, Alan Moore ou Neil Gaiman, dans ce récit. À une époque (1988) où la production de comics était quasi exclusivement composée de superhéros, "Kings in disguise" (en VO) a constitué la preuve que les comics pouvaient servir de support pour parler de la réalité, de l'Histoire, d'une dimension politique, de manière vivante, à destination d'adultes.
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Objectivement, cette bd vaudrait un 4 étoiles pour la qualité de son écriture et de ses dialogues qui respirent l'humanité. L'Amérique des raisins de la colère y est dépeinte de manière magistrale. On entre dans la vie et les codes des hobos qui ont été jetés sur les routes par la grande dépression. C'est assez instructif et cela donne à réfléchir sur les conséquences dramatiques d'une crise.

Pour autant, je n'accorderai que 3 étoiles à ce road-movie en raison de la longueur et du fait que j'ai trouvé cela assez répétitif par moment. Tout est axé sur la relation d'un garçonnet de 12 ans qui part à la recherche de son père et qui va en trouver un autre par substitution en chemin.

C'est un voyage initiatique où il va grandir et devenir plus adulte, plus mâture. Il manque juste un peu de ferveur et d'action pour rendre le tout plus agréable et moins ennuyeux. C'est trop souvent bavard. le vivre ensemble, la solidarité, l'espoir: autant de thèmes qui sont exploités dans cette oeuvre et qui devraient nous parler au détour d'un vagabondage.
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critiques presse (1)
Lecturejeune
01 juin 2006
Lecture jeune, n°118 - En 1932 l’Amérique connaît la Grande Crise. Comme tant d’autres, le père de Freddie n’a plus de travail et sombre dans l’alcoolisme. Après que son père a quitté la maison pour tenter de trouver un emploi et que son frère a été arrête pour vol, Fred doit s’enfuir pour échapper à l’orphelinat. Aux côtés de Sam, doux paumé qui se fait appeler « le roi d’Espagne », le jeune garçon devient un « hobbo », un vagabond. Sur ce chemin du désespoir et de la misère, il découvre la solidarité et la liberté, l’engagement et la lutte : un nouveau monde. Les rois vagabonds est une oeuvre forte et dense, servie par une écriture et un graphisme d’une expressivité remarquable. Elle s’inscrit dans la tradition culturelle américaine de la « route » – on pense à Mark Twain et Jack London bien sûr – en tant que voyage initiatique. Ici, un enfant de douze ans part à la recherche de son père, et d’une certaine façon le trouve, puis conclut : « Alors une fois de plus je repris la route… Seul et pourtant accompagné de tous. Là-bas existait un autre rêve, et je savais qu’un jour, quelque part sur cette route, nous le trouverions ». L’ouvrage est évidemment éminemment politique en ce qu’il dit du vivre ensemble, de la solidarité et de l’espoir. _ Hélène Sagnet
Lire la critique sur le site : Lecturejeune
Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Un vagabond est un homme à flammes.
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