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3,73

sur 680 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Même décor pour "Désolations" que pour" Sukkwan Island", son précédent roman, une île sauvage d'Alaska ou vent et pluies en font une terre hostile. Même personnage principal ne supportant plus la succession de ses échecs, Jim est devenu Gary et ce n'est plus son fils qu'il entraîne dans sa dernière utopie, construire une cabane et y vivre dans des conditions extrêmes mais sa femme, Irène.
L'intérêt de ce roman, aussi bien écrit que le premier et où l'angoisse y est poignante, est la psychonévrose d'Irène.
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On retrouve le même style minimaliste et sans fioriture qui se concentre sur l'essentiel, à savoir le devenir d'un couple en dérive et de ceux qui les entoure (leurs deux enfants et leurs partenaires). Mais c'est bien là le seul point commun avec Sukkwan Island, même l'environnement y est moins hostile. Ca ne foisonne pas d'action (loin s'en faut) et pourtant on ne s'ennuie pas une minute tandis que l'auteur nous fait partager le quotidien et les pensées de ses personnages. C'en est presque jubilatoire de voir la haine s'installer progressivement entre Gary et Irene, n'y voyez pas là un plaisir sadique, c'est juste la plume de David Vann qui excelle à alourdir le climat sans concessions, ni parti pris.

Si Gary et Irene sont d'accord pour dire qu'ils n'ont pas vécu la vie qu'ils espéraient chacun en rejette la faute sur l'autre, d'abord en ruminant ses regrets dans son coin, puis peu à peu en se les balançant à la gueule de plus en plus crûment. Il n'y a aucune violence physique mais parfois les mots peuvent faire plus de mal qu'une gifle, et avec le temps le mal se gangrène dans le coeur et l'esprit, la rancoeur, poussée à son paroxysme, ne peut que déboucher sur une issue fatale. Et c'est le cas ici, on devine que ça finira mal et l'on regarde le couple s'enfoncer jusqu'au point de non retour, jusqu'à l'irréparable.

Si le bouquin est moins « dérangeant » et moins « percutant » que Sukkwan Island il n'en reste pas moins agréable à lire, comme pour son prédécesseur à éviter toutefois en période de blues à l'âme…
Lien : http://amnezik666.wordpress...
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Dans ce roman, le lecteur est amené à suivre la lente descente aux enfers d'une famille.
Il y a le frère, un peu marginal, qui a pris ses distances avec sa famille. Il y a la soeur dont la vie personnelle n'est pas un succès. Il y a aussi le père qui regrette ses choix et aimerait pouvoir vivre comme il le souhaite maintenant la retraite venue et comme il le souhaite c'est isolé de tout dans une cabane rudimentaire construite de ses mains. Et puis il y a la mère, personnage central dont les maux de têtes inexpliquées rendent le quotidien insupportable.
Et puis il y a la nature hostile.
Pour ce qui est du style j'ai eu un peu de mal avec les phrases nominales et l'absence de marque de ponctuation pour les dialogues. Mais David Vann excelle en revanche dans l'art de créer des ambiances pesantes qui laisse le lecteur dans l'attente du moment où tout va basculer (ce qui arrive un peu tard pour ma part dans ce roman).
Désolation c'est un peu le sentiment des personnages sur leur vie,c'est aussi le regard d'Irene sur son environnement et cela n'a pas été le grand frisson pour moi...
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Lire du David Vann, ça a été jusqu'à présent apercevoir des nuées de mouches.
Distinguer du coin de l'oeil des taches noires qui s'agitent à la périphérie du champ de vision. Floues, insaisissables. Une tension croissante, les nerfs qui se crispent, la douleur qui pulse derrière l'oeil comme une mauvaise migraine.
Entendre leur bourdonnement grave résonner tout autour sans en deviner la source, jusque dans nos tripes, retournées comme la peau d'un lapin qu'on dépèce. le malaise proche.
Tous les signes annonciateurs d'une catastrophe, toujours terrible avec lui. Savoir qu'elle frappera, sans savoir quand.

Après Sukkwan Island, Caribou Island. Terre de désolations.
Des carcasses de bagnoles laissées à l'abandon et à la rouille. La défonce pour passer le temps tant il n'y a rien à faire. Des touristes venus chercher le véritable esprit de l'Alaska, à pêcher par centaines dans les mauvais coins de rivière, puis repartis sans l'avoir trouvé ou, pire, restés coincés là.
Des habitations éparses, des puits de solitude rongés par la nature sauvage, impropre à l'installation humaine. Un lac aux vagues à engloutir un bateau, des pierres glissantes, des arbres aux branches comme des griffes. Peu de poissons, pas de caribou, mais tout le monde semble avoir une histoire où iel a croisé un ours d'un peu trop près. Un glacier qui souffle un vent froid, une pluie cinglante. L'hiver précoce, dur et impitoyable.

Des couples qui battent de l'aile, des bassesses, des désillusions. Des obsessions, des non-dits et des rancunes.
Du poison qui sourd des lèvres et du coeur.
Si la relation malaisante mais fascinante d'Irene et Gary fait vibrer l'air de nuées de mouches, les autres points de vue s'avèrent plus faibles. Car si l'auteur sait toujours toucher là où ça fait mal, révèle de sombres vérités qu'on préfèrerait savoir restées enfouies, ça tourne en rond rapidement pour ne déboucher sur pas grand chose, si bien qu'on finit par s'agacer. Les mouches sont devenues de simples moustiques qu'on chasse d'une main en se pressant de changer de lieu.

Le final, terrible comme une tragédie, est lui à la hauteur des attentes.
Mais j'aurais préféré qu'il soit en fait le milieu du roman, après avoir raccourci les parties sur les autres, pour ensuite mieux en développer les conséquences sur les autres personnages. On aurait alors peut-être eu un roman magistral.
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Livre lu dans le cadre de l'opération Masse Critique, du site Babelio. Je les en remercie, ainsi bien sûr que les éditions Gallmeister.

Après le choc « Sukkwan Island », le nouveau roman de David Vann était très attendu. Et avec « Désolations », le lecteur renoue dès les premières pages avec un fort sentiment de malaise et d'oppression. Car dès le premier chapitre, il sait que la mort rôde et que la question du suicide sera une nouvelle fois très présente. Irène, l'héroïne principale, y confie en effet à sa fille les circonstances pénibles dans lesquelles elle a perdu sa mère lorsqu'elle était enfant, et ce drame a conditionné le reste de sa vie.

Irène s'apprête à suivre son mari sur une île, pour passer un hiver dans l'isolement le plus complet dans une cabane sommaire qu'il veut construire de ses mains. Un retour à la nature dont elle n'a pas la moindre envie. Mais elle est prête à accompagner son époux dans ce rêve qu'elle ne partage pas, car elle ne veut pas se retrouver seule. Pourtant cette décision est lourde de conséquences, puisque des migraines terribles, que rien ne peut soulager, l'envahissent sans relâche.

Et cette douleur présente page après page, se communique au lecteur. Comme un étau qui se resserre, il sent qu'un drame se noue. Tout comme dans « Sukkwam Island », on le sent inéluctable sans savoir quelle forme il va prendre ni à quel moment il va se produire. Dans le premier, c'est au détour d'une page 113 devenue mémorable qu'il nous sautait au visage. Ici, c'est beaucoup plus tardivement, mais il se déroule sur une petite dizaine de pages très éprouvantes qui n'ont rien à envier à cette fameuse page 113.
On ressort de cette lecture encore une fois sous le choc, d'autant plus que l'on sent ici poindre l'horreur d'une malédiction qui se répète de génération en génération. David Vann confirme qu'il a un talent de narrateur fou, et qu'il est entré dans la cour des grands auteurs américains.

Lien : http://tassedethe.unblog.fr
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Je continue avec la bibliographie de David Vann. Caribou Island est donc le deuxième roman de l'auteur ; afin de ne pas faire répétition avec le premier Sukkwan Island, la version française est traduite par Désolations. Je m'étais procuré la version originale, tant elle me plaisait (la couverture est blanche et or), mais je n'ai pas eu le courage de la lire en anglais. Un jour peut être ?!

Ce roman porte bien son nom : ici tout est désolant ! le cadre, les personnages, l'histoire.. Gary, tout juste retraité, habité par les regrets sur sa vie et sa femme, souhaite s'installer sur un ilot du lac et y construire une cabane pour y vivre ses derniers jours heureux. Sa femme Irène, elle aussi insatisfaite de sa vie et de son couple, s'aperçoit que son mari l'insupporte au point de tout remettre en question. Elle se renferme et subit de violentes migraines, tout au long du roman.. Leur fille Rhoda essaye tant bien que mal de maintenir des relations saines entre ses parents, son frère marginal et son mari Jim (qui est le Jim de Sukkwan Island). Mais tout ce petit monde traine une mentalité qui va gangréner les tensions permanentes.

Bien que le décor décrit soit magnifique, ou du moins qu'on l'imagine, il n'en reste pas moins hostile, sauvage.. les personnages tous aussi toxiques les uns des autres. C'est pour le moment, le roman que j'ai le moins aimé, et pourtant ce n'est pas dû à un manque de talent. C'est simplement ce rythme lent et nonchalant.. Désolant ! on assiste à la descente de cette famille, la fin de leurs liens, à leur médiocrité, leur toxicité entre eux. Doucement et tout au long du roman, Mister Vann nous enlise dans cette noirceur. On a envie de s'échapper de cette terre humide et froide, ce vent glacial, la mer.., Mais il y a toujours ce je ne sais quoi qui nous pousse à tourner la page pour connaitre le dénouement de l'histoire. On aime à savoir comment et qui va tuer l'autre.. Lequel craquera, jusqu'où iront-ils ? Et c'est souvent celui qu'on imagine le moins qui lâche la bombe.

Je l'ai moins aimé aussi car j'y ai trouvé des longueurs : la construction de la cabane (comme dans Sukkwan Island) où le pauvre Gary, peu aidé, a toujours un clou manquant ou un angle mal affuté. Il n'est pas vraiment soutenu par Irène – certes migraineuse qui avale des doses monstrueuses de médocs et qui râle, qui râle (j'ai voulu qu'elle crève des dizaines de fois..), Rhoda, qui passe son temps à se poser des questions sur sa vie, sa mère, son mari. Et Jim, fidèle à lui-même et à toutes les femmes qui passent, sauf la sienne.

Bref que des personnages imbuvables : certes c'est là-dessus que repose le talent et la marque de fabrique de David Vann. Il ne fait pas dans la dentelle brodée et scalpe avec précisions la psyché humaine inavouable. Il ne nous épargne pas. Il est là à nous pousser vers nos pires démons, les actes de cruauté humaine contre son prochain sont omniprésents. Nous sommes spectateurs d'une longue descente, l'auteur nous traine longtemps, peut être trop longtemps vers cette chute inévitable. Il nous montre encore une fois que la folie humaine est à deux doigts.
Lien : https://felicielitaussi.word..
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Au début, j'ai eu peur que ce roman soit un copié collé de son précédent. Pour ce qui concerne l'ambiance, la présence de la nature, du froid, de la neige c'est du pareil au même. Par contre, il y a plus de personnages d'où une histoire plus dense avec des allers retours vers tous les membres de la famille.
Mais comme dans "Sukkwan island", les personnages ne m'ont pas convaincu. Surtout celui de la mère. Je n'arrive toujours pas à comprendre pourquoi elle se lance dans cette aventure. Dés le départ, elle ne veut pas suivre son mari, elle dit que c'est pure folie, que c'est du grand n'importe quoi, mais elle ne fait strictement rien pour le faire changer d'avis. Au contraire elle l'aide malgré son état.
La gestion des seconds rôles est surprenante. Ils ont une place importantes pendant plus de la moitié du livre, certains chapitres leur sont consacrés. Et puis d'un seul coup, au revoir. Ils ne sont plus utiles, ils rentrent chez eux.
Ses deux romans restent très proches l'un de l'autre, mais à chaque fois la psychologie des personnages ne m'a pas convaincu.
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Roman de la solitude de couples en crise, l'impossibilité de se comprendre, que ce soit au bout de 30 ans de mariage comme Gary et Irène, ou quelques années seulement pour Rhoda et Philippe, une sorte de huis-clos très noir, désespérant avec l'omniprésence de la mort... Dès le début, on sait que ça va mal finir... meurtre ou suicide, il semble bien qu'il n'y aura pas d'autre solution pour fuir.

De nouveau l'Alaska et une île déserte, le froid, la neige, les communications impossible... le décors est identique à Sukkwan Island.
En fait, en début de lecture, j'ai bien eu une impression de déjà lu... assez gênante... pour regretter d'avoir postulé à ce partenariat.

au fil de ma lecture, j'ai trouvé une belle écriture, un roman fort et très angoissant. Je me suis attachée aux personnages perturbés d'Irène et de Rhoda, quant à Gary, comment ne pas avoir des envies de meurtre ! D'ailleurs, les personnages masculins sont singulièrement antipathiques, mâles dominants égocentriques.

Adoré la scène de la conserverie... même le couple de touriste semble affecté par le climat sombre de ce pays glacé.

Quant à la fin, elle est vraiment prévisible et sans surprise... bref, un bon livre mais sans coup de coeur.
Lien : http://mazel-annie.blogspot...
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David Vann a ce don de disséquer les rouages de la folie. Mais je ressors de ce roman avec un avis mitigé : j'ai voyagé, j'ai imaginé, j'ai eu froid, j'ai senti les embruns et même les assauts migraineux. Pour autant, j'ai trouvé les personnages peu aboutis et parfois un peu cliché. Je m'attendais peut-être à mieux.
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Déception, j'ai retrouvé le style de l'auteur que j'avais aimé dans Sukkwan Island, mais j'ai attendu tout le long une révélation qui n'est jamais venue. L'auteur s'est perdu dans des détails inutiles et des considérations qui n'aboutissent à rien.
La fin était une déception car prévisible et pas assez aboutie.
J'ai mis pratiquement un mois à le finir tellement ça n'avançait pas.
Je continuerai de lire cet auteur en espérant retrouver l'ambiance de Sukkwan Island plutôt que celle de Désolations.
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