AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,73

sur 680 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Désolations. Au pluriel. Celles de la nature, celles des âmes, celles des coeurs et d'un futur qui échappe, forcément, forcément.
Pivots de ce roman : les femmes. Pitoyables, ne maîtrisant pas leur destin, jouets de leurs illusions, de leurs désirs, du conditionnement de la société et de leur éducation. Se marier, avoir des enfants… être objet ou le devenir, du désir d'autrui.
Quant aux hommes, ils ne grandissent pas, piégés dans des désirs d'enfance : séduire, vivre dans le jeu, construire des cabanes. Appuyés, à jamais, sur leurs compagnes. Marchant à la boussole de leur queue levée devant eux, aiguille magnétique de leur raison.
Pour qui a lu « Sukkwan Island », pas de surprise. Les éléments de base de l'univers de David Vann sont là.
La nature. Elle renvoie à l'insignifiance humaine à coup de tempêtes, de flots furieux, de vents terribles, de vagues sauvages. David Vann est devenu le chantre incontestable de l'Alaska. Comme dans « Sukkvan Island », roman qui l'a fait connaître en France (merci Gallmeister), il nous raconte l'homme tentant de se dresser face aux éléments. Dans le meilleur des cas, l'homo sapiens est pathétique. Dans le pire, il est criminel.

Lien : http://jeanne.desaubry.over-..
Commenter  J’apprécie          40
Dès le premières phrases, les éléments mis en place sont ceux d'une mécanique dont, nous le pressentons, rien ne pourra détourner le récit. Nous l'espérons pourtant. Et s'il y avait des chances pour que, malgré le titre, les personnages s'en sortent !
A ce propos, je préfère le titre anglais « Caribou Island » qui présente l'intérêt de mettre en parallèle, très judicieusement, ce récit avec celui de « Sukkwan Island » puisqu'il s'agit ici, non plus d'un fils et son père enfermés sur une île mais d'une femme et son mari dans la même situation.
Dès le début, Irène transmet à sa fille ce qui peut apparaître comme un « destin », un « fatum » antique, la reproduction à l'infini d'un schéma de douleur, d'abandon et de perte.
David Vann écrit une tragédie. Nous suivons avec intérêt et angoisse le parcours d'Irène dans ce qu'il a d'inéluctable comme nous suivrions une enquête policière. Cette femme voit peu à peu toutes les échappatoires se refermer : elle souffre mais sa douleur n'a pas de réalité médicale, elle est même mise en doute ; son mari ne l'a jamais aimée mais cette confidence est rejetée par sa fille Rhoda. Peu à peu la solitude du personnage se fait enfermement.
David Vann nous parle de notre besoin d'amour et de son échec. de notre faiblesse et de notre lucidité. de notre capacité à nous mentir et nous illusionner.
Les personnages cherchent un sens à leur vie. D'où vient ce sentiment d'être passé à côté de soi et qu'est-ce qui constitue ce « soi-même » ? Pour le trouver, Gary va construire une cabane sur l'île de Caribou. En fait, il va rendre manifeste son échec à vivre.
David Vann met magnifiquement en scène l'Alaska, l'endroit où il pourrait être possible de revenir aux origines, à une vie simple et rude au sein de la nature sauvage, pense Gary. Cela se révèle être un mythe, un mensonge qu'il se fait à lui-même. En est-il réellement dupe ?
Longtemps après avoir terminé la lecture, nous sommes habités par les personnages, leurs obsessions. Longtemps, dans leurs pas, nous respirons l'air de l'Alaska.
Commenter  J’apprécie          30
Irène, jeune retraitée, libérée de ses enfants devenus adultes, tente de suivre son mari dans ses projets fous de Robinson du froid, et de garder ainsi un sens à sa vie.
Leur fille Rhoda veut croire qu'elle démarre une belle histoire avec son compagnon, Jim, tout en s'inquiétant de plus en plus pour sa mère qu'elle voit souffrir.
Mère et fille sont liées, attentives, mais le père et le fils, comme les autres hommes du roman, se montrent egoïstes, lâches et travaillés par leurs pulsions. ChaqueIrène, jeune retraitée, libérés de ses enfants devenus adultes, tente de suivre son mari dans ses projets fous de Robinson du froid, et de garder ainsi un sens à sa vie.
Leur fille Rhoda veut croire qu'elle démarre une belle histoire avec son compagon, Jim, tout en s'inquiétant de plus en plus pour sa mère qu'elle voit souffrir.
Chaque membre de la famille devra finalement lutter avec les contradictions entre ses idéaux et la réalité.
Le froid et l'humidité de la nature grandiose de l'Alaska doublent de difficultés physiques les contraintes morales.
Une fois de plus le talent de David Vann m'a conquise et je n'ai pas pu lâcher ce roman une fois commencé
Commenter  J’apprécie          30
Une fois encore me voici en Alaska,, au pays des saumons et du froid, des eaux tumultueuses ( comme cela avait été le cas plus tôt cette année avec le magnifique livre d'Adam Weymouth «Les rois du Yukon – Trois mille kilomètres en canoë à travers l'Alaska »
Mais avec Vann, c'est nettement plus noir.. mais cela ne devrait étonner personne… Surtout les premiers Vann…
Je vous le dis de suite, j'ai à nouveau été fascinée par l'écriture, les paysages, les personnages, les relations ambigües et difficiles décrites par l'auteur.
On retrouve les paysages de son premier roman, « Sukkwan Island » : l'Alaska.
Dans ces lointaines contrées, on va suivre quatre couples : Irene et Gary (les parents et 30 ans de mariage), leur fille Rhoda et son compagnon Jim ( sur le point de se marier) , leur fils Mark et sa copine Karen et un couple de leurs amis en visite dans la région, Carl et Monique.
Le thème du suicide : le personnage principal de ce roman, Irene, a vécu avec le souvenir du souvenir du suicide de sa mère quand elle était petite.
Le thème des rapports de couple : les quatre couples ne vivent pas des relations tranquilles… Après 30 ans de mariage, l'insatisfaction règne en maître entre Gary – éternel insatisfait et toujours en situation d'échec – et Irene, persuadée que Gary ne l'aime plus et qu'il va la quitter et va tout faire pour ne pas le perdre. le couple Rhoda et Jim est branlant lui aussi : elle rêve de se faire épouser et de vivre une vie de rêve et lui n'a pas envie de se marier. Ce qui est certain c'est que la communication est loin d'être le point fort des personnages de David Vann..
Une ambiance glaciale, oppressante… toujours sous pression … Tant du point de vue des conditions climatiques, des projets qui ne se réalisent pas comme il le faudrait, les non-dits, les peurs viscérales, la peur de soi et des autres, les problèmes de santé, les mensonges, les rancoeurs, les échecs à répétition.
Une atmosphère irrespirable et anxiogène dans un environnement glacé et sauvage, une étude de la solitude et de et des comportements humains qui fait froid dans le dos… La folie destructrice de Vann a encore frappé, à la manière de son premier roman : et comme dans son précédent roman, l'isolement de deux personnes n'est pas la garantie d'un rapprochement, mais plutôt une aspiration vers le néant..
dans des décors magnifiquement décrits.
Commenter  J’apprécie          30
Je sais déjà que je vais avoir beaucoup de mal à trouver les mots pour vous parler de ce roman. Si je vous le résumais, je ne vous donnerai pas vraiment envie de le lire car l'histoire que nous raconte ici David Vann est de prime abord assez basique. Je vais tout de même m'essayer à l'exercice en vous disant qu'il s'agît ici de l'histoire d'une famille, de plusieurs générations dont les membres se croisent, s'affrontent, s'évitent, tout cela en plein coeur de l'Alaska. Mais Désolations, c'est avant tout un auteur talentueux qui parvient à rendre ce roman addictif. David Vann est maître dans l'art de la description. Il nous entraîne avec lui dans un paysage beau et violent, dans des terres qui nous paraissent tout à coup étrangement familières et nous conduit dans l'intimité de ses personnages. On tourne les pages et on se prend tout en pleine figure, la douleur d'une femme qui n'a jamais vraiment comptée, les regrets d'un homme pour qui la vie n'aura été qu'une succession d'échecs... Chaque phrase à son importance, chaque mot est utile et contribue à créer une atmosphère qui persistera bien après la fin du roman.
Lien : http://cestdurdetreunetortue..
Commenter  J’apprécie          30
Skilak Lake, Péninsule de Kenai, Alaska. Un mariage se meurt lentement. Et quelle claque !!!

Trente ans qu'ils en parlent, qu'il en parle, Gary : construire une cabane au milieu de rien sur une île située à 3km de leur maison, sur le Skilak Lake, et y vivre. Tous deux retraités, Irene et Gary peuvent enfin se consacrer à ce rêve. Mais Irene n'a jamais cru à ce projet ridicule que Gary a réussi au fil du temps à imposer comme le leur. Et lorsqu'enfin tout est sur le point de se concrétiser, sa tête, son corps, par tous les moyens, disent stop. Autour du rêve de Gary, la paranoïa d'Irene se déploie. A moins que ce ne soit la lucidité ?

Malgré la pluie qui martèle, malgré le vent qui cingle, malgré la tempête qui fulmine, malgré les températures beaucoup trop basses, malgré le brouillard, cette nappe blanche aveuglante, Gary emmène Irene sur Caribou Island, petite île désolée avant même de les voir arriver. Intraitable, impatient, Gary ne tient pas compte des éléments déchaînés : la cargaison de rondins doit être déposée ce soir sur l'île. Cette scène saisissante aura des conséquences épouvantables pour Irene, en proie depuis lors à d'intenses maux de tête desquels aucun antibiotique ne vient à bout. Elle n'a plus que son ironie noire ; sa douleur la rend sèche.

A l'histoire de ce couple viennent s'ajouter celles de six autres personnages. Mark, leur fils, et sa copine Karen. Rhoda, leur fille, qui aime Jim. Jim qui tombe sous le charme de Monique et se perd rapidement dans les méandres de ses désirs. Monique, qui forme avec son petit ami Carl, un couple de touristes californiens venus parfaire leurs malheurs en Alaska. Cette famille, ces gens, sont tout à fait ordinaires… A ceci près qu'ils sont, chacun à leur manière, des façonneurs de désolations. Tous devraient être heureux ; tous dérivent, englués dans leurs tourments. La folie les guette. Ce roman raconte leur dernier sursaut avant le vrai désespoir.

[...]
Lien : http://morgouille.wordpress...
Commenter  J’apprécie          30
Irène et Gary sont mariés depuis trente ans, la routine s'est installée après avoir élevé deux enfants, Rhoda et Michaël. Gary décide de construire une cabane sur une île au milieu d'un lac sans tenir compte de l'avis de sa femme Irène et sans se préoccuper des maux de tête de cette dernière qui semble de plus en plus affectée par ces douleurs qui la rendent insomniaque. S'ensuit une confrontation entre les époux et une escalade de tensions entre eux.

David Vann à le génie de nous montrer les différentes facettes du caractère de ses personnages. Il ne perd pas trop de temps sur des descriptions physiques de ses personnages préférant décrire leur caractère, leur psychologie, leurs conflits intérieurs. Ce roman nous démontre toute la force du non-dit, ses impacts, ses conséquences. Chacun se repliant sur lui-même, entretenant des pensées négatives, n'osant pas les formuler pour soi-disant ménager l'autre sans se rendre compte que finalement C'est soi-même qu'on veut ménager par crainte de la réplique qui ne manquerait pas de venir. C'est aussi la démonstration qu'on a souvent tort de ne pas écouter son intuition. Irène et Gary ne sont pas le seul couple dans cette situation dans ce roman, il y a d'autres couples qui sont dans le non-dit et dans l'abstraction de l'intuition. Ce n'est qu'en milieu de lecture que je me suis rendu compte que le titre était au pluriel et que ça impliquait que ce n'est pas que l'île qui soit désolation mais tous les couples impliqués.

Un autre aspect abordé dans ce roman est la cruauté. Cruauté de l'égoïsme, cruauté de l'entêtement, de la non-ecoute des signaux que notre partenaire nous envoie, cruauté du manque d'empathie, cruauté de l'abus, du chantage, de l'abandon.

C'est un roman très fort qui ne conviendra pas aux personnes

dépressives. C'est fort bien écrit, ça se lit sans qu'on puisse le lâcher même si C'est triste
Commenter  J’apprécie          20
Une fois de plus David Vann part du rêve de la cabane sur une île solitaire pour nous envoyer dans un univers de froid sentiments d'ou l'amour semble absent. Glacial à souhait. C'est un monde ou l'on ne parle pas ; on y vit ses ressentiments seul, les laissant cloner jusqu'à l'explosion. Si comme moi vous aimez lire les dernière pages en premier abstenez-vous.
Commenter  J’apprécie          20
Un livre d'une profondeur humaine exceptionnelle. Des personnages incroyablement humains, qui luttent contre leurs propres failles et les démons des autres. On connait David Vann, qui ne sait que trop bien écrire la noirceur en chacun.
Commenter  J’apprécie          10
Un couple. Des années de vie commune et plus rien en commun à part deux enfants. Son rêve à lui, construire une cabane sur une île. Elle, elle se sent obligée de le soutenir même si ce projet ne l'enchante pas. David Vann décrit la fin d'un amour et comme toujours chez lui, rien n'est simple et tout devient dramatique. Magnifique !
Commenter  J’apprécie          10




Lecteurs (1326) Voir plus



Quiz Voir plus

Désolations de David Vann

Comment est morte la mère d'Irène ?

noyée dans le lac
pendue à un chevron
tombée dans les escaliers
blessée par rame à feu

15 questions
10 lecteurs ont répondu
Thème : Désolations de David VannCréer un quiz sur ce livre

{* *}