Le dessin de Vanoli semble réalisé avec une craie grasse noire et des motifs sont alors grattés directement dans la pâte. Cela donne un aspect de gravure, le trait est expressionniste, brut et agressif, très contrasté. Certains décors de la forêts sont fantastiques, les cimes des arbres se terminant par des flèches, la déambulation dans la page suit des un chemin plein de volutes, le noir et le blanc se confrontent semblant figurer la lutte entre Poucet et son père. Tout cela s'accorde parfaitement à l'histoire qui est racontée comme un conte ancien. CePoucet vit seul avec ses parents, le père, ancien bûcheron n'a plus de travail, et du coup, il boit et bat sa femme et son fils, celui-ci doit aller chasser toute la journée dans la forêt, et gare à lui s'il revient bredouille. C'est un conte sous forme de drame social, une histoire de haine, de vengeance, la morale n'y est pas toute blanche, elle est cruelle, comme le sont souvent les contes anciens qui ne sont pas passés à la moulinette Disney. le graphisme fait tout, d'une beauté juste, sans concession, sans effets superflus, il rend l'aventure dramatique lyrique et violente, noire...
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Derrière les contes racontés à nos enfants comme le petit Poucet, il y a d'autres réalités bien plus dures et cruelles qu'on tait volontairement quitte à enjoliver le tout. Ce petit Poucet vit dans la misère la plus absolue et cela pousse le père à faire des choses qui ne sont guère convenables. le petit garçon essaye tant bien que mal de faire face à cette situation. Cela le conduira dans des sentiers assez inavouables.
C'est un détournement qui n'est pas des plus classiques. le dessin reste enfantin bien que le public visé soit plus mâture. Il est clair que vis à vis de nos enfants, on préférera l'autre version. Mais bon, celle-ci existe également et il nous faut bien la connaître pour être conscient de la réalité des choses en ce monde. Un conte noir pour un univers bien oppressant. A réserver aux plus grands bien entendu.
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Le poète Cédric Demangeot a réécrit le conte à sa façon : rares et secs, ses textes claquent. Ils s’insèrent parfaitement dans les interstices laissés par le somptueux trait de Vincent Vanoli [...]. Le dessinateur déforme les lieux, les êtres et les décors, jongle avec les motifs. Ensemble, ils construisent un univers oppressant, où l’innocent garçonnet se transforme en ogre.
Lire la critique sur le site : BoDoi
Etre sur cette planète c'est être un Petit Poucet qui s'emploierait de son mieux à égrener ses cailloux mais n'échapperait pas à l'ogre.
Pour toute nourriture restèrent les larmes, puis vinrent les cris et les coups car le père de Poucet se mit à boire. L'alcool passa avant le pain, ainsi, il se vengeait de sa faim, de celles de sa femme et de son fils.