Vargas, Adamsberg. Dans les bois. C'est comme une danse, que chacun mène à son tour. Tour à tour le commissaire vole la plume de l'auteur, et Vargas s'immisce dans l'esprit tortueux, torturé d'Adamsberg. Pour autant ils n'en savent pas plus l'un sur l'autre, mis à part une certaine poésie dans leur façon de dire, d'écrire la vie. Et quand l'un cède un mot, un paragraphe, un chapitre à l'autre, c'est pour mieux brouiller les pistes. Cela dit, quelle piste suivre quand on poursuit un fantôme, une ombre...
Vargas a la sienne, c'est Adamsberg. Ce personnage qu'elle affectionne, sans complaisance, qu'elle a du mal à cerner.. Ce personnage dont elle connaît le passé, dont elle devine le présent tourmenté, mais dont elle ignore l'avenir. Cet homme qu'elle ne connaît finalement pas mieux que nous, pauvres lecteurs.
Adamsberg en a plusieurs : celle qui hante le grenier de cette maison qu'il vient d'acquérir, plein d'une légende vieille de plusieurs siècles, celle qui plane au sein même du commissariat depuis l'arrivée d'un lieutenant aux manies aussi étranges que sa chevelure. Et puis, et surtout, cette Ombre, celle qui rôde dans les cimetières, qui convoite certaines tombes et les secrets enterrés avec elles. Cette Ombre qui répand la mort, qui ressemble étrangement à la Grande Faucheuse...
Ces Ombres ne cesseront d'obscurcir le ciel déjà chargé d'Adamsberg, s'amuseront à ébranler ses repères, ses valeurs les plus sûres.
Une enquête pour le moins alambiquée, dans un commissariat déjà malmené par les méthodes employées par Adamsberg : il dérange et impressionne à la fois.
L'auteur aussi : par une écriture fine, rythmée, et rationnelle, on s'avance pas à pas dans une histoire invraisemblable, quasi-mystique, et, au final, profondément humaine. Trop peut-être.
(nov 2006)
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