L'humanité avait laissé derrière elle les étapes initiales, État sauvage, Barbarie, Civlisation, et maintenant, grâce aux nouvelles idées, elle atteindrait bientôt la dernière : l'Harmonie.
[...] une jeune fille de bonne famille n'était éduquée que pour décrocher un mari, devenir une bonne mère et une maîtresse de maison accomplie.
Oubliez votre deuil, sortez de ce sarcophage. Commencez à vivre. Étudiez, faites le bien, aidez les millions d'êtres qui, eux, souffrent de problèmes bien plus réels et concrets, la faim, la maladie, le chômage, l'ignorance, et ne peuvent y faire face. Votre problème n'en est pas un, c'est une solution. Le veuvage vous a épargné d'avoir à découvrir l'esclavage que représente le mariage pour une femme. Ne jouez pas les héroïnes romantiques. Suivez mon conseil. Revenez à la vie et occupez-vous de choses plus généreuses que la culture de votre douleur.
Alors Paul se souvint qu'en cet hiver si dur dix-huit ans plus tôt, alors qu'il collait des affiches dans les gares de chemin de fer de Paris, le hasard lui avait mis entre les mains un petit livre qu'il avait trouvé, oublié ou jeté là par son possesseur, sur une chaise de café, près de la Gare de l'Est, où il s'asseyait pour boire une absinthe à la fin de sa journée de travail. Son auteur était un Turc, l'artiste, philosophe et théologien Mani Velibi-Zumbul-Zadi qui, dans cet essai avait mêlé ses trois vocations. La couleur, d'après lui, exprimait quelque chose de plus caché et de plus subjectif que le monde naturel. Elle était une manifestation de la sensibilité, des croyances et des fantaisies humaines. La mise en valeur et l'usage des couleurs traduisaient la sensibilité d'une époque, les anges et les démons des personnes. Aussi les artistes authentiques ne devaient-ils pas se sentir tenus par un quelconque mimétisme pictural face au monde naturel : bois vert, ciel bleu, mer grise, nuage blanc. Ils avaient pour obligation d'user des couleurs en accord avec des exigences intimes ou le simple caprice personnel : soleil noir, lune solaire, cheval bleu, flots émeraude, nuages verts. [...] C'est ce que, vu l'état de tes yeux, tu étais en train de faire, Koké.
Le lieu de naissance n'était qu'un accident; la véritable patrie, on la choisissait avec son corps et son âme.
Non, il ne fallait pas fuir ce monde imparfait pour fonder une retraite céleste réservée à un petit groupe d'élus, là-bas au loin, où personne d'autre n'arriverait. Il fallait lutter contre les imperfections de ce monde dans ce monde même, l'améliorer, le changer jusqu'à en faire une patrie heureuse pour tous les mortels.
Avais-tu parfois des remords d'être devenu un mercenaire au service de gens qui, naguère, te méprisaient et que tu tenais pour méprisables ? Non. Tu avais décidé que, pour être un artiste, il fallait absolument évacuer toutes sortes de préjugés bourgeois, et les remords en faisaient partie.
Pour peindre vraiment il faut secouer l'homme civilisé que nous sommes en surface et faire sortir le sauvage que nous avons à l'intérieur.
Charles Fourier, avait annoncé à Paris, par voie de presse, qu'il se trouverait tous les jours chez lui, de midi à deux heures, pour expliquer ses projets de réforme sociale à tel industriel ou tel rentier d'esprit noble et justicier qui voudrait bien les financer. ... Jamais ! Pas un seul riche ni un seul bourgeois ne prirent la peine d'aller lui poser des questions ou écouter ses projets pour en finir avec le malheur humain. ...
Et, aveugles et sourds, les phalanstériens continuaient à avoir confiance en la bourgeoisie et à se méfier de la classe ouvrière !
- As-tu suivi mon conseil, Éléonore, de te demander toujours le pourquoi de tout ?
- Oui, madame, je le fais tout le temps et ainsi j'apprends beaucoup.