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Citations sur Le Paradis, un peu plus loin (54)

[...] ... Ils avaient aussi beaucoup parlé et discuté de religion à Arles. Quelle différence entre l'éducation protestante, puritaine de Vincent et ta formation catholique, toi qui avais passé dix ans, de 1854 à 1864, au petit séminaire de La Chapelle-Saint-Mesmin, près d'Orléans, avec, pour guide spirituel, monseigneur Dupanloup ! Laquelle était la meilleure, Koké, pour affronter la vie ? Celle de Vincent était plus intense, plus austère, stricte et froide, plus honnête mais aussi plus inhumaine. Le catholicisme était plus cynique, plus arrangeant avec la nature corrompue de l'homme, plus créatif du point de vue culturel et artistique, et probablement plus humain, plus près de la réalité, de la vie possible. Te souviens-tu de ce soir de pluie et de mistral où, enfermés tous les deux dans la Maison Jaune, le Hollandais fou s'était mis à parler du Christ comme d'un artiste ? Tu ne l'avais pas une seule fois interrompu, Paul. Le Christ était le plus grand des artistes, disait Vincent. Mais qui avait méprisé le marbre, la glaise, la peinture, et préféré oeuvrer sur la chair vive des êtres humains. Il n'avait pas fait de statues, de tableaux, de poèmes. Il avait fait des êtres immortels, créé des instruments grâce auxquels hommes et femmes pouvaient faire de leur vie une très belle oeuvre d'art. Vincent avait parlé longtemps, en buvant son absinthe à petites gorgées et en disant parfois des choses que tu n'arrivais pas à déchiffrer. Mais tu avais bien compris, sans jamais l'oublier, ce qu'à l'aube, Vincent avait rugi :

- "Je veux que ma peinture réconforte spirituellement les êtres humains, Paul. Comme les réconfortait la parole du Christ. Le "halo" suggérait l'éternel dans la peinture classique. Ce "halo", c'est ce que je tente maintenant de remplacer par l'irradiation et la vibration de la couleur dans mes peintures." ... [...]
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Qu'il était difficile de convaincre beaucoup de tes compatriotes que tous les êtres humains étaient égaux, quels que soient la couleur de leur peau, la langue ou le dieu qu'ils priaient! Même quand ils semblaient l'admettre, des que surgissait un différend elle voyait affleurer le dédain, le mépris, les insultes, les propos racistes ou nationalistes
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Les derniers restes de la civilisation disparue que tu étais venu chercher et n'avais pas trouvée, Koké, l'ultime bouffée de cette culture primitive , païenne, heureuse, sans honte du corps, non encore déformée par l'idée décadente du péché.
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- Il vaut mieux garder ton calme, Koké, lui conseilla le Maori.
Puisque tu veux tellement savoir ce que pensent les Marquisiens, voici notre croyance principale: ne jamais devenir furieux, sauf devant l'ennemi.
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...monseigneur Martin fit dérober les quarante-cinq photos pornographiques qui ornaient l'atelier, pour les brûler sur un bûcher inquisitorial, ou, qui sait ? pour les conserver en secret, et se prouver ainsi, de temps à autre, sa force d'âme et sa capacité de résistance à la tentation.
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Les paysans aussi sont des ouvriers, leur expliqua-t-elle. Ainsi que les artisans et les domestiques. Celui qui n'est pas propriétaire est ouvrier. Ils sont tous exploités par la bourgeoisie. Et parce que vous êtes les plus nombreux et ceux qui souffrent le plus, c'est vous qui sauverez l'humanité.
Ils se regardèrent, effrayés par semblable prophétie.
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Ce merveilleux corps à la peau mate, aux reflets dorés, aux cuisses si fermes, qui se prolongeaient en jambes robustes, harmonieusement galbées, n'était ni européen, ni occidental, ni français. Il était tahitien. Il était maori. Il l'était dans la liberté et l'indolence auxquelles s'abandonnait Pau'ura, dans la sensualité inconsciente qui émanait de chacun de ses pores, et même dans ses tresses noires que l'oreiller jaune - un doré si franc qu'il te fit penser à ces ors insolents du Hollandais fou dont lui et toi aviez tant discuté à Arles - assombrissait encore davantage.
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La mendicité était une de ses bêtes noires : dans toutes ses réunions elle avait essayé d'inculquer aux ouvriers cette idée que la mendicité, pratique encouragée par la calotte, était aussi répugnante que la charité ; les deux choses dégradaient moralement le mendiant, en même temps qu'elles donnaient au bourgeois bonne conscience pour continuer à exploiter les pauvres sans remords.
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Pendant le débat, Flora apprit que les bourgeois de Toulon avaient l'habitude de s'associer pour entretenir des maîtresses en groupe. Quatre ou cinq commerçants, industriels ou rentiers constituaient un fonds commun pour se partager impudemment tout autant de cocottes. Ainsi abaissaient-ils les frais d’entretien et chacun d'eux jouissait-il d'un petit harem.
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Vous attaquez la famille et vous voulez qu'elle disparaisse, c'est pas chrétien madame !
- ça l'est, ça l'est, répondit-elle. Ce qui n'est pas chrétien, c'est qu'au nom de la sainteté de la famille un homme s'achète une femme, la transforme en pondeuse d'enfants, en bête de somme, et, par dessus le marché la roue de coups chaque fois qu'il a bu un coup de trop.
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