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Héloïse Esquié (Traducteur)
EAN : 9782226455741
336 pages
Albin Michel (08/02/2023)
3.21/5   26 notes
Résumé :
À Stockton, Californie, les temples bouddhistes et les épiceries cambodgiennes ont fleuri depuis l'arrivée massive de familles ayant fui leur pays et le régime génocidaire des Khmers rouges. Dans cette ville entre Asie et Amérique, on croise ainsi des bonzes, de vieilles tantes intrusives et des adolescents mortifiés par l'ennui, tout un monde d'histoires passées sous silence, de désirs naissants, de tiraillements identitaires et sexuels, où l'avenir tente de se con... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
On ne peut s'empêcher d'imaginer la trajectoire brillante qui attendait ce si jeune auteur américano-cambodgien si il avait vécu et pu exprimer la pleine amplitude d'un talent et d'une maturité dans son écriture, d'une acuité à saisir les petites lignes et les grandes lignes fondatrices de sa communauté, absolument saisissante. « Nous aurions pu être des princes« , un titre prophétique et qui résonne doublement lorsque l'on connaît l'issue tragique d'Anthony Veasna So. Un recueil de nouvelles nous plongeant dans différentes strates et réalités de la vie de la jeunesse cambodgienne arrivée aux Etats-Unis suite aux crimes atroces commis par les Khmers rouges et leur leader communiste : Pol Pot. La mort dans des camps, de famines, d'exécutions sommaires, de tortures et tout ce que l'on peut imaginer ou pas chez un tel leader pervers, psychopathe et dénué de toute humanité. Survivre à ça pour les Cambodgiens contraints, pour sauver leurs vies d'immigrer. C'est aux Etats-Unis que cette communauté va recréer un semblant de Phnom-Penh, une alliance peu évidente entre différentes générations, milieux culturels. La jeunesse brûle et espère échapper à un quotidien où l'ennui, la beuh , l'alcool comble le vide. Bien sûr certains réussissent en Californie notamment, à devenir cadres dans l'informatique, dans le tertiaire en somme. Malheureusement, le plus souvent, l'usine et les petits boulots aux black dans des garages est le seul point d'horizon. Tout ceci est raconter par une plume décortiquant les situations et les êtres, les émotions et les rêves, le sexe, le désir et les lendemains qui déchantent. Il est question d'homosexualité et d'acceptation par la communauté cambodgienne du fait d'être gay. Pas de spécificité ici, les hommes sont ceux qu'ils sont, certains jugent, d'autres le vivent plus ou moins ouvertement. le sexe est racontée de façon cru, on sent la chair, les bouches et les corps qui s'unissent dans une sorte de fuite en avant. « Baiser » est le terme souvent employé et il cristallise des pulsions à assouvir, une pointe de douleur au creux du coeur,, la tendresse n'étant que rarement évoquée ici dans les relations sexuelles homosexuelles. Ceci n'est de toute façon pas, bien évidemment, une spécificité homosexuelles, l'auteur cherche plutôt à démontrer les nouveaux moyens de trouver des plans à caractère sexuel via des applications. Les jeunes cambodgiens vivent leur sexualité, homo, bi, hétéro, comme n'importe quelle autres populations des Etats-Unis, de l'Occident en général. L'aspect cru des ébats sexuels est aussi une façon pour le jeune auteur de parler d'une génération X où le sexe est un produit consommable comme un autre, où la tendresse n'est finalement pas le but à atteindre, « baiser » et jouir étant le leitmotiv. Beaucoup de talent, une originalité des thématiques abordées dans ces nouvelles. La palette de sentiments, de situations, que nous offre l'auteur est particulièrement riche. Au final, un recueil à lire absolument. Anthony Veasna So aurait certainement compté parmi les auteurs les plus brillants de sa génération. le destin en a décidé autrement. Il aurait pu être un prince et nourrir son oeuvre. Ce recueil est son testament, on y célèbre la vie et rien d'autre.
Lien : https://thedude524.com/2023/..
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Ma mauvaise foi légendaire et assumée dût-elle en souffrir, je veux bien reconnaître qu'il y a dans la littérature américaine (mais comme dans toutes les autres ?) des « marronniers » thématiques, qui parfois peuvent lasser ou agacer.

C'est pourquoi, tomber sur un angle nouveau en lisant Nous aurions pu être des princes, recueil de nouvelles de Anthony Veasna So – traduit par Héloïse Esquié – a quelque chose d'intriguant et de rafraîchissant, permettant de démarrer la lecture avec un a priori favorable.

Stockton, c'est l'autre Californie. Pas celle du Sud et des paillettes. Pas celle de Frisco et de la tech. Mais celle des vallées intérieures et d'une ville devenue terre de refuge à la fin des années 70 pour des milliers de Cambodgiens fuyant le génocide perpétué par les Khmers rouges.

En 9 nouvelles au style cash et moderne, Anthony Veasna So nous plonge dans sa réalité de descendant gay de la 2e génération, en quête de rédemption et d'identité, ni tout à fait intégré, toujours Cambo, mais jusqu'à quel point ?

À travers ses textes, indépendants les uns des autres mais où les personnages se croisent, c'est tout une jeunesse qui cherche sa voie tout en portant le poids de son histoire, de ses traditions et des réincarnations familiales. Et même de ses marqueurs culinaires ou sportifs !

Nous aurions pu être des princes est une longue réflexion sur ce que c'est que d'être Khmer au XXIe siècle : « La plupart des Khmers savent-ils depuis toujours, au fond d'eux-mêmes, qu'ils sont khmers ? Y a-t-il des émotions que les Khmers éprouvent et pas les autres ? »

Une lecture appréciée – notamment Maly, Maly, Maly et Développement humain - pour son ouverture plus que pour son style, et des nouvelles lues, comme d'habitude, tranquillement, en parallèle d'autres lectures…
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Retour sur une parution de début 2023, à savoir le premier livre d'Anthony Veasna So, un jeune écrivain disparu accidentellement en 2020 à l'âge de 28 ans.

Albin Michel a souhaité éditer de manière posthume son recueil car ils ont été saisi par son talent, son humour, et son audace.

Originaire de Stockton, Californie, Anthony Veasna So appartenait à la nouvelle génération d'Américains d'origine cambodgienne, dont les familles ont fui leur pays et le régime génocidaire des Khmers rouges dans les années 1970. Dans “Nous aurions pu être des princes”, il fait découvrir au lecteur un endroit de Californie qui oscille entre Asie et Amérique, on y croise des familles marquées par l'exil et le déracinement, des moines bouddhistes, de vieilles tantes et des cousines intrusives, des adolescents mortifiés par l'ennui, tout un monde d'histoires passées sous silence, de désirs naissants, de tiraillements identitaires et sexuels, où l'avenir tente de se construire sur les fondations d'un traumatisme profond et sous le poids des traditions.

Ce qui rend ces nouvelles singulières et puissantes, c'est sans doute la capacité des personnages à profiter de la vie et à en embrasser toute la beauté – aussi bordélique soit-elle – malgré la noirceur du passé.

Une plume pleine de vitalité, ce qui est à la fois beau ironique et déchirant lorsqu'on connait la destinée de son auteur.

Encensé par la presse américaine, ce formidable livre doux-amer permet de rendre compte d'un vrai talent créatif parti vraiment trop tôt et de donner à ce jeune écrivain sa part d'immortalité.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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"Nous aurions pu être des princes" est plus qu'un simple recueil de nouvelles, c'est une cathédrale littéraire bâtie par Anthony Veasna So, un génie créatif qui nous a malheureusement quitté trop tôt. L'aura de ce talent précoce résonne à travers chaque mot et chaque ligne, comme un testament de l'extraordinaire trajectoire qu'il aurait pu suivre.

Au coeur de cet ensemble magistral, So dessine les contours d'une Californie que l'on connaît peu, écho bruyant d'un Phnom Penh déchiré, reconstruit par ceux qui ont survécu à l'horreur des Khmers rouges et du régime de Pol Pot. C'est une Californie de travailleurs modestes, de familles qui ont échangé une terre de sang et de souffrance contre un rêve américain mitigé et avorté, souvent noyé dans l'ennui, la drogue et l'alcool.

Le livre nous immerge dans des histoires déchirantes de désirs brûlants, de rêves non réalisés et d'ambitions étouffées. La plume de So n'a pas peur d'explorer les territoires les plus crûs et les plus réalistes de la condition humaine. C'est un voyage sans concession à travers les luttes, les joies, les peines et les désirs intenses de la communauté cambodgienne américaine. La sexualité, qu'elle soit homosexuelle, hétérosexuelle ou bisexuelle, est représentée sans filtre, reflétant la réalité d'une génération où le sexe est souvent vécu comme un bien consommable.

Au milieu de ces narrations crues et vibrantes, le livre explore également l'expérience de l'homosexualité au sein de la communauté cambodgienne. Dans un équilibre délicat entre acceptation et rejet, So dévoile les différentes facettes de cette expérience, illustrant les défis auxquels font face ceux qui choisissent de vivre leur sexualité au grand jour.

Bien que le style de So soit marqué par son acuité à décortiquer les situations et à sonder les émotions, il parvient à infuser une tendresse latente dans ses récits. Ses nouvelles démontrent une maturité d'écriture impressionnante, témoignant d'un auteur capable de naviguer habilement entre les grandes lignes de sa communauté et les détails les plus intimes de ses personnages.

Ce recueil est un éclatant hommage à la vie. le titre prophétique résonne tristement avec l'issue tragique de la vie d'Anthony Veasna So, mais il subsiste dans son héritage un témoignage vibrant de sa maîtrise narrative et de son talent incomparable. Ce recueil est une lecture incontournable, une célébration de la vie à travers les yeux d'un artiste dont la lumière continue de briller même après sa disparition.
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Une nouvelle peut être plus ou moins longue ou courte selon les points de vue et pourtant en quelques pages raconter une grande histoire, révéler le passé responsable du présent, raconter une tragédie, une histoire familiale, un héritage douloureux, une quête d'identité, un état des lieux de l'Amérique, et offrir des fragments de vie aussi foisonnants qu'un grand roman. Et si en plus l'écriture est magnifique, elles deviennent d'autant plus précieuses.



Anthony Veasna So était un jeune américain d'origine cambodgienne disparu en 2020 à l'âge de 28 ans. Il laisse derrière lui ce fabuleux recueil de nouvelles contemporaines, aussi audacieuses que pertinentes et rends un bel hommage à toutes les familles cambodgiennes réfugiées aux États-Unis après avoir quitté leur pays, victimes du génocide orchestré par les Khmers rouges dans les années 70.



Installée en Californie, ces familles portent en elles les douleurs de l'exil, et mine de rien les transmettent à leurs enfants tout comme les traditions, et c'est avec tout ce poids que la nouvelle génération devra se construire.

Et même si la jeunesse subit les traumatismes des anciens, ce lourd tribu semble leur imposer une obligation de réussite. Certains y parviennent et pour d'autres le chemin de la réussite est plus difficile à trouver.

D'une nouvelle à une autre, l'histoire de ces familles apparaissent, des anciens à la nouvelle génération qui tente par-dessus tout de s'affranchir de la douleur en profitant au maximum des plaisirs de la vie.

Des nouvelles saisissantes, quelque peu irrévérencieuses qui ne manquent pas d'humour, d'un jeune écrivain prometteur, récompensé par plusieurs prix littéraires dont le John Leonard Prize du National Book Critics Circle et le Ferro-Grumley Award for LGBT Fiction, qui méritent toute notre attention pour ne pas oublier cette étoile littéraire précieuse qui s'est éteinte bien trop tôt.
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Car il n'y a rien d'exceptionnel à passer sa vie d'adulte dans le trou du cul de la Californie, ce trou qu'un responsable gouvernemental quelconque a jugé digne d'une bande de réfugiés lacérés par leur stress post-traumatique, un trou du genre intolérant au succès, qui lâche des rêves comme il lâcherait des pets.
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pendant toute la durée de notre plan à trois, j'ai vu la possibilité d'exister dans une dynamique où chaque plaisir reçu, chaque faveur accordée,chaque...avaient le pouvoir de vous donner assez d'énergie pour vous pousser à rendre plus que ce vous aviez au départ.
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C’est bizarre, j’ai vécu ici, dans cette ville, toute mon existence, mais je ne dirais pas vraiment que c’est chez moi.
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Mais pour moi, ta mère, rapelle-toi seulement que,pour le meilleur et pour le pire,on peut nous décrire comme des survivants. OK? Saches que nous avons toujours continué à vivre. Qu'aurions-nous pu faire d'autre?
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Vidéo de Anthony Veasna So
Anthony Veasna So, author of highly anticipated debut story collection, dies at 28 11 déc. 2020
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