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EAN : 9782070736362
160 pages
Gallimard (14/10/1993)
4/5   2 notes
Résumé :
Le titre est un refrain retenu de travers. Jamais le Chant des canons de L'Opéra de quat'sous n'a conduit les troupiers «du Gange à Zanzibar», mais «du Cap à Couch Behar». Cette erreur d'aiguillage ne relève pas pourtant du seul hasard : le premier repère est familier à l'auteur, le second apparaît fréquemment dans les lettres de Rimbaud comme autre dénomination de l'ailleurs.Du Gange à Zanzibar est le poème de la présence au monde et aux êtres, poème du mouvement e... >Voir plus
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
CE POURRAIT ÊTRE UNE ÉPOPÉE

17
Combien de saisons encore
à contempler la merveille
d'une nuit de Haute-Asie?
Notre haleine monte jusqu'aux étoiles.
L'horizon nous vient aux épaules.
Il n'y a ni sommeil ni insomnie
mais une évidence du regard et du souffle.
Le monde se pense dans un écart funeste,
le monde s'impose dans un état second.
Nous sommes par la grâce d'un ciel stérile,
par la grâce d'une montagne ravinée
au plus près d'une joie première.
Nos doigts caressent la terre.
Un tambour inconnu bat contre notre nuque.
Combien de saisons encore à tenir si haut
notre chance commune, nos destins mêlés?
Combien de saisons à fuir coûte que coûte
ce qui garde pouvoir sur nous?

18
— Au passage d'un col ne fais pas de vœu.
— Découvre la bascule de l'espace.
— Répare un muret de pierres sèches.
— N'allume pas de grand feu.
— Laisse un peu de bois et des allumettes.
...
p.122
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Qui va là? L'affamé, le rustre, le mystique, le
nu comme ver.
Comment se fait-il que la force du bœuf passe
dans mon sang?
Et puis, dites-moi, c'est quoi un homme? c'est
quoi, moi? quoi, vous?
WALT WHITMAN
(traduction Jacques Darras)

à François Chaumette


J'avance au-dedans de moi et me voilà très au-delà,
déjà largué plus loin que la mémoire, plus loin que ce que je vois
comme un amnésique aux yeux éblouis qui filerait droit en dansant
sur la ligne d'infini où la peau et les os s'accordent un vrai baiser de sable.

Ce n'est pas rien d'être ce mouvement violent aux lèvres du néant,
pas rien de changer le requiem de l'âme en murmure d'or et de poussière,
en facéties d'atomes, en feulement d'herbes, de flammes ou de pierres,
pas rien d'échapper au corps du grand repos.

(Tout est ici maintenant et dans la suite des âges intensité de cri naissant,
ferveur et étreinte, ciel et fusion, tension d'amant, partage secret de l'impossible...
Tout est cette mort qui s'efface
quand vient un amour face à face.)

Je suis dans l'éternelle errance avec ce qui restera toujours de lumière,
de source de feu toujours
et de fille cavalière.
Je suis dans l'éternel présent, dans l'offrande du sol, des nerfs, des caresses,
dans l'éloge des visages égarés, transparents,
dans le rire à pleines dents d'une vertu cannibale bien plus que cardinale,
dans la beauté du réel absolu qui fut soif des songes
et dans le midi du monde.

Je me trouve quand je me perds,
quand je vis sur le départ, l'arête vive du premier pas, l'envol de l'éphémère.
Je ne balance pas, je bascule,
je plonge dans le lait de l'aube, sous les braises du soir, avec la même impatience de jour ou de nuit.

(Tout m'est éclat et éclair, archipel et steppe immense, bris de clôtures, bris d'épaves, bris de brisures...
J'assemble ce qui me disperse, je sème ce qui ne donnera pas de fruit,
je veux jouir d'une eau aride, d'une terre sans freins ni frontières
jouer de la vitesse de mes visions
en connaissant l'extase douce
d'un cavalier qui ralentit l'allure
à mesure que monte le soleil face à face.)

p.40-41
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CE POURRAIT ÊTRE UNE ÉPOPÉE

Si j'avais pu choisir ma destinée,
cela aurait été une vie à cheval…
YI MUNYOL

1
L'horizon comme un aimant,
soleil sur les épaules —
la main dans la crinière de mon cheval.
Sables, poussières, buées sèches,
les oasis sont à peine espérées.

2
Azur-refuge, azur-impatience.
Au cœur d'une syncope bleue.

3
La mémoire a trouvé sa voix.
La mémoire telle qu'en elle-même, mystérieuse
exilée plus vaste que l'exil
avec son royaume de légendes et de pluies.
D'où monte cette rumeur?
Le vent brûle mais ce n'est pas lui
qui porte le chant des morts.
Rien ne fait corps entre les pierres levées,
la fournaise enterre sa bouche de cendre,
j'entends ce qui sourd des sabots jusqu'au ventre,
ce qui secoue les muscles et les os.
J'aime les récits de la terre.

p.115
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Solo ho amica la notte
Je n'ai pour amie que la nuit.
GUISEPPE UNGARETTI
(traduction Philippe Jaccottet)


Nous n'avons pour amie que la nuit.

Nous adorons le soleil
et l'alchimie de sa lumière
qui change voix en parole,
mais une lumière se lève aussi
des promesses nocturnes
dont le cœur seul sait la mesure.

L'haleine de la terre va du gouffre aux étoiles,
naufrage ascendant et qui porte
la barque d'ombre, le nautonnier,
le chant heurté des devins,
et qui porte à l'outre-peur
sur la rive d'un fleuve qui n'existe pas
tandis qu'il traverse notre nuit,
tandis qu'il bat contre nos dents.

Au fond de l'antre ravivant son tumulte
l'oracle n'est pas de tout repos.
Il est sans rien de trop
comme mot à mot Apollon
éveille la raison sublime dans le noir :
«J'ordonne que l'on médite
et l'écoute du sourd
et la vue de l'aveugle. »

L'injonction résonne d'âge en âge.
On dirait que le mirage est incurable
qui toujours monte aux paupières
dans la note tenue du monde.
Qui entend la musique des sphères?
Qui découvre le bivouac de l'infini?
Nous avons éveillé nos yeux et nos oreilles
au seul écho d'un pleur d'enfant.

La nuit dira nos solitudes.

p.37-38

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à François Chaumette


Je suis dans le souffle du vent d'Est mêlé aux migrations des chants,
je suis dans le souffle du Levant
et parle ma langue, et rêve mes rêves, mes désirs féroces, mes abattements,
et parle ce que ma bouche a éprouvé, les accents et les tempes, les sexes et la buée,
la saveur des voyelles comme des filles
de voyous bien balancés,
le goût des feuilles sèches
et les reins déclinés,
et parle ce qui s'inscrit avec les dents sur la chair pourrie de l'époque.

Je suis plus que celui qui nie.
Je n'ai pas signé le pacte que tous ont signé.
Je regarde mes mains sans prier
et voudrais qu'elles soient énormes.

(Toute la morale que l'on nous vend,
avec ses longs cils de bébé-phoque, avec son rot d'évêque analysé, avec sa camisole de farce télévisée,
toute la morale que l'on nous vend est un neuroleptique.
tisane du piètre, tison mourant, théine éventée et atone qui changent le sang en cendre, la passion en passoire et le jus des couilles en gomme pasteurisée.)

p.42
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Videos de André Velter (17) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de André Velter
Avec Marc Alexandre Oho Bambe, Nassuf Djailani, Olivier Adam, Bruno Doucey, Laura Lutard, Katerina Apostolopoulou, Sofía Karámpali Farhat & Murielle Szac Accompagnés de Caroline Benz au piano
Prononcez le mot Frontières et vous aurez aussitôt deux types de représentations à l'esprit. La première renvoie à l'image des postes de douane, des bornes, des murs, des barbelés, des lignes de séparation entre États que l'on traverse parfois au risque de sa vie. L'autre nous entraîne dans la géographie symbolique de l'existence humaine : frontières entre les vivants et les morts, entre réel et imaginaire, entre soi et l'autre, sans oublier ces seuils que l'on franchit jusqu'à son dernier souffle. La poésie n'est pas étrangère à tout cela. Qu'elle naisse des conflits frontaliers, en Ukraine ou ailleurs, ou explore les confins de l'âme humaine, elle sait tenir ensemble ce qui divise. Géopolitique et géopoétique se mêlent dans cette anthologie où cent douze poètes, hommes et femmes en équilibre sur la ligne de partage des nombres, franchissent les frontières leurs papiers à la main.
112 poètes parmi lesquels :
Chawki Abdelamir, Olivier Adam, Maram al-Masri, Katerina Apostolopoulou, Margaret Atwood, Nawel Ben Kraïem, Tanella Boni, Katia Bouchoueva, Giorgio Caproni, Marianne Catzaras, Roja Chamankar, Mah Chong-gi, Laetitia Cuvelier, Louis-Philippe Dalembert, Najwan Darwish, Flora Aurima Devatine, Estelle Dumortier, Mireille Fargier-Caruso, Sabine Huynh, Imasango, Charles Juliet, Sofía Karámpali Farhat, Aurélia Lassaque, Bernard Lavilliers, Perrine le Querrec, Laura Lutard, Yvon le Men, Jidi Majia, Anna Malihon, Hala Mohammad, James Noël, Marc Alexandre Oho Bambe, Marie Pavlenko, Paola Pigani, Florentine Rey, Yannis Ritsos, Sapho, Jean-Pierre Siméon, Pierre Soletti, Fabienne Swiatly, Murielle Szac, Laura Tirandaz, André Velter, Anne Waldman, Eom Won-tae, Lubov Yakymtchouk, Ella Yevtouchenko…
« Suis-je vraiment immortelle, le soleil s'en soucie-t-il, lorsque tu partiras me rendras-tu les mots ? Ne te dérobe pas, ne me fais pas croire que tu ne partiras pas : dans l'histoire tu pars, et l'histoire est sans pitié. »
Circé – Poèmes d'argile , par Margaret Atwood
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