Dans toute société, c'est bien connu, il y a les généraux et il y a les trouffions. Mais comme disait ma grand mère, quand il s'agit d'aller... quelque part, il n'y a pas deux façons de baisser son pantalon. Eh oui, nous sommes tous pareils en ce bas-monde, les grands et les petits, les généraux et les trouffions, les
Victor Hugo et les...
Maurice Fombeure. Avec chacun son importance, chacun sa valeur, chacun son utilité...
Maurice Fombeure (1906-1981) n'est pas le plus connu des poètes français. Pourtant il vaut largement le détour. Essentiellement parce que c'est un poète de la terre et des champs, des villages et des fontaines, un homme épris des vieilles ballades et des chansons de l'ancien temps, un homme pour qui l'amour reste une magnifique aventure, un homme qui sait rire et sourire, et parfois pleurer, un homme enfin qui conjugue ses envies d'absolu avec une acceptation pleine et entière du quotidien.
Dans le diagramme de la poésie française, Fombeure est, disons, juste après
Paul Fort et
Francis Jammes, au même niveau que
René-Guy Cadou et l'école de Rochefort. Autant dire qu'il est en bonne compagnie.
"
A dos d'oiseau" est un recueil de 1942, actualisé et complété en 1971 : il se compose de plusieurs sous-recueils : "
Silences sur le toit" (1930), "Bruits de la terre" (1937) et "Chansons de la grande hune" (1939). On y trouve ce qui fait la quintessence de la poésie de Fombeure, cette proximité avec la nature, les choses simples, les sentiments dénués de tout calcul (amour, amitié, nostalgie, foi) et toujours cet humour omniprésent, espiègle et malicieux, jamais méchant ou destructeur.
Fombeure n'est pas tout-à-fait un inconnu pour les écoliers. Peut-être vous souvenez-vous de ce poème magnifique (qui ne figure pas dans ce recueil malheureusement, mais que vous trouverez quand même dans les citations) :
LES ECOLIERS
Sur la route couleur de sable
En capuchon noir et pointu
Le « moyen », le « bon », le « passable »
Vont, à galoches que veux-tu
Vers leur école intarissable
Ils ont dans leurs plumiers des gommes
Et des hannetons du matin,
Dans leurs poches, du pain, des pommes,
Des billes, ô précieux butin
Gagné sur d'autres petits hommes.
Vous la sentez, l'odeur de la gomme neuve de la rentrée, celle des crayons, et le parfum de la maîtresse...
Fombeure est un poète populaire, et c'est justice, parce que, loin des grandes envolées lyriques, des messages philosophiques ou politiques, il s'attache à nous arrimer à notre quotidien à notre maison, à notre terre, et ça, ça n'a pas de prix.