Après avoir entrevu de loin le labyrinthe de l'inhumain dans la plus secrète mémoire des hommes, je me suis laissé guider par Vercors à travers le labyrinthe des hommes en parcourant ses sept sentiers littéraires oubliés. Sept anciennes nouvelles au lent cheminement d'un autre temps, des sentiers déserts aux rencontres inattendues faits de bifurcations, de questionnements, de points de non retours dans toute destinée.
Sept comme les jours de la semaine, à parcourir à pas comptés, sept chemins de vie, parfois abrupts, chaotiques, surprenants, sept souffles de vie, une même respiration. Sur ces chemins inconnus, non battus, je me suis égaré pour mieux me retrouver : rien de ce qui est humain ne saurait m'être étranger
Vercors se fait conteur et ... "c'était à chaque fois comme s'il nous avait ouvert quelque tiroir secret : chaque fois une révélation. Mais discrète, l'air de rien et creusant très lentement, en profondeur." p.228
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Qui sont les idiots ? reprit-il. Tous ces messieurs qui parlent sans savoir, psychologues, zoologues, anthropologues et tout ce qui s'ensuit. L'homme et son intelligence, la bête et son instinct ! Tu parles, Charles ! C est fou ce que ces binoclards adorent les étiquettes. Quand ils ont mis un mot sur quelque chose, les voilà satisfaits.
Il faut d'abord monter trois marches. La rue Cujas est très pentue, et pour rester de niveau les façades sont en gradins. De sorte que le seuil de la petite librairie serait inaccessible sans ces trottoirs superposés qui rattrapent la différence. On pousse alors la porte d'une boutique étroite, toute en longueur, avec en son milieu une sorte de renflement où, sous la lumière un peu blafarde d'un plafonnier, deux fauteuils et une table basse permettent aux habitués de feuilleter les ouvrages qui peuvent les intéresser. Le reste n'est que rayonnages, où s’alignent des milliers de volumes de tous formats, mais ...
Est-il mort en héros désintéressé, pour la liberté d'un peuple asservi - ou simplement victime, une dernière et malheureuse fois, d'une forme encore de son ambition ? C'est une question que je ne peux poser ni à Klemm ni à Julie : ils se mettent en colère si j'insiste. [...]
Mais je le répète, de tout mon coeur je voudrais que mes amis aient raison contre moi. Je le voudrais simplement pour l'honneur. Pour une idée, pour un espoir ; pour un mythe peut-être que je me fais des hommes.
Je ne sais pas si je connais une histoire plus atroce. De me dire que Clémentine a été plus heureuse dans les camps de la mort que parmi nous, j'en ai froid dans le dos.
Il n'est jamais commode de recevoir une confession par laquelle un homme se livre tout entier; quand on est hors d'état de lui porter secours.
VERCORS / LE SILENCE DE LA MER / LA P'TITE LIBRAIRIE