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EAN : 9782204138734
752 pages
Le Cerf (24/09/2020)
2.25/5   2 notes
Résumé :
Retour sur l'affaire, qui depuis deux siècles, divise la France. Mais ni plaidoyer idéologique, ni relation historique, ce livre consiste dans une véritable instruction juridique selon les critères mêmes de la justice internationale. La réparation d'un trou béant dans notre mémoire. Pourquoi c'est un génocide. Pourquoi il n'est pas reconnu. Pourquoi et comment il devrait l'être.
Mars 1793 : la Vendée se soulève pour défendre ses " bons prêtres " et se bat po... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Pour l'auteur, seul le juriste est légitime pour trancher la question du caractère de génocide des événements de Vendée
Voyons un peu
Le juriste, comme le dit l'auteur, s'en tient à l'application des textes de loi.
Voire. comme le disait le grand civiliste jean Carbonnier:" Bien souvent le juge pose d'abord le résultat qu'il veut atteindre; ensuite il se met en quête de la règle de droit qui lui permettra d'y arriver, quite à tordre un peu les faits pour les faire rentrer On est bien loin du syllogisme juridique
J'ai don tendance à penser qu'il n'est pas plus qualifié que l'historien, qui se réfère d'abord aux faits, et peut-être moins.

Peut-être puis-je donner mon avis ; je suis justement juriste, titulaire entre autres choses d'un master 2 d'histoire du droit ; j'ai particulièrement étudié la législation pénale du Code de 1791 . j'estime en toute modestie être aussi compétent qu'un énarque
Au fait...l'auteur entend raisonner en juriste ; mais il ne dit nulle part qu'il l'est. Et pour cause : il est énarque de la promotion Léonard de Vinci (ouf ! Il a échappé de peu à Louise Michel et à Diderot).
Mais pas de querelle mesquine.

En ce qui concerne la notion juridique de « génocide », après l'avoir embrouillée à plaisir, il tord ce qu'il en reste dans tous les sens afin de l'appliquer aux événements de Vendée (dont il n'est pas question de nier le caractère de crime contre l'humanité Mais les textes des lois de la Convention se rebellent : ils prescrivent à plusieurs reprises d'épargner les femmes, les enfants et les vieillards, ce qui est incompatible avec la notion de génocide, en tant que volonté d'anéantir un groupe entier. Il est bien certain que ces prescriptions n'ont souvent pas été respectées. le massacre des Lucs n'est pas non plus constitutif d'un génocide, ou il faut considérer celui de Deir Yacine comme la marque d'une volonté génocidaire d'Israël à l'égard des Palestiniens, ce que nul ne peut soutenir sérieusement ; ce sont des crimes contre l'humanité.
En fait les Vendéens ont été persécutés non comme membres d'un groupe, ethnique ou autre, que l'auteur serait bien en peine de définir, mais comme insurgés contre la République, alors que cette dernière était dans une situation désespérée, ce qui n'excuse pas, mais explique en partie.
Quant à Robespierre, on reprend son procès une fois de plus, alors que l'historiographie récente tend à le réhabiliter. Et on oublie le Robespierre de 1789, adversaire de la peine de mort et partisan du suffrage universel (on rappelle que la Constitution établit un suffrage censitaire) et le Robespierre de 1792, adversaire de la déclaration de guerre à l'Autriche (oeuvre des Girondins si aimés des contre-révolutionnaires) qui déclara dans son discours contre la guerre à la Convention  « Il ne suffit pas qu'un peuple passe en armes les frontières de son voisin pour lui faire adopter ses institutions et ses lois. Personne n'aime les missionnaires armés », cette déclaration de guerre d'ailleurs qui entraîna la levée en Masse de 300.000 hommes (cause réelle de l'insurrection vendéenne).
D'ailleurs le"dictateur" fut renversé avec une facilité déconcertante, sans qu'il chercha même à se défendre en faisant appel aux Sans-Culottes prêts à marcher sur la Convention.
Robespierre, quoiqu'il en dise, n'avait rien d'un dictateur ; il avait peut-être moins de pouvoir personne qu'un président de la cinquième république
Et quant à la fidélité à nos « Bons prêtres » tant appréciée par l'auteur...il montre le bout de l'oreille en s'en prenant à la laïcité et en admettant carrément qu'il est normal qu'un croyant fasse passer la loi divine avant la loi civile (ce qui n'est pas mal pour un juriste et fier de l'être). On voit où nous conduit ce beau principe.Dans le même chapitre, il indique qu'un certain nombre de nos partenarires de l'Union Européenne proscrivant le blasphème, et n'en a pas l'air autrement gêné (pas la peine de mort quand même, comme dans la France pré-révolutionnaire – affaire du chevaler de la Barre)Notre auteur dit aussi que la laïcité à la française ne peut convenir qu'à « ceux qui ne croient en rien », catégorie d'individus pour lesquels il ne semble pas éprouver beaucoup de sympathie- et il mobilise Rousseau, qu'il vilipende abondamment par ailleurs, pour affirmer que ces gens ne peuvent être de bons citoyens, car ils refuseront de sacrifier leur vie à la patrie ; il ne semble pourtant pas que les soldats de la République, tous mécréants qu'ils étaient, se soient trop mal battus, non plus que les soldats soviétiques qui combattirent à Stalingrad, à Koursk et ailleurs.
Bref, pour Monsieur Villemain, la Révolution est abominable et Robespierre le père spirituel de Staline, Hitler et Pol Pot...et aussi de la Commune de Paris ;là, la filiation est exacte, mais il fzut voir ce que l'auteur dit de cette dernière ; il l'accuse d'avoir fusillé 50 otages, ce qui est certes condamnable, mais « oublie » les victimes de l'écrasement de la Commune par Thiers,les 20.000 fusillés de la Semaine Sanglante.
Il va jusqu'à louer Thiers de la « mise hors-jeu de ces nuisibles ». Vous avez dit « génocide » ?
En fait pour être sérieux, les situations de la Vendée et de la Commune sont comparables. Dans les deux cas, le gouvernement légal était en droit de réprimer la révolte, mais pas de se livrer aux atrocités commises.
La différence cependant entre Vendéens et Communards est que les premiers étaient victimes d'un phénomène de fausse conscience qui les poussa à se faire tuer pour leurs oppresseurs. Ils en furent bien récompensés : lorsque Louis XVIII vint les remercier à la Restauration, il était accompagné... par le Général Thureau.
Napoléon fut le seul à les avoir bien traités, sans d'ailleurs qu'ils ne lui en sachent aucun gré.

D'autre part Monsieur VILLEMAIN entend mener une « véritable instruction juridique » (on devrait plutôt dire « judiciaire », mais enfin..
Voyons comment.  Il interprète le témoignage du soldat Bénard . le 2 septembre 1793, l écrit à sa famille (orthographe respectée) No »us some à la Vandée pour xterminer tous se gen de brigant où il se sont rasemblé ; beaucoupt il praine les paizant par forse ; il le dise quil ne mouront pas de copt de fuzi ni du coupt de quanont. Il leur y font dotre bien de mansongé et qui viene que a cent pat de moy ques jeis mon fuzil, il veron sil mouront pas »
Pour l'auteur « ils » désigne les officiers bleus, qui prennent les paysans par force en leur promettant qu'ils ne mourront pas de coup de feu ou de coup de canon. Et le soldat Bénard indique qu'ils verront bien s'ils ne mourront pas quand ils seront à cent pas de son fusil.
Donc des officiers viennent eux-même arrêter des suspects en leur promettant que les coups de feu ne les tueront pas ; ils les amènent à proximité du soldat Bénard et de ses camarades qui les abattent.Curieuse façon de procéder, non ?
A moins que « ils ne soient plutôt les chefs vendéens qui recrutent leurs troupes en leur promettant que le feu des Bleus ne les tuera pas (à cause de la protection divine sans doute). D'après une chanson chouanne « le drapeau blanc défend contre la mort ». Et le soldat Bénard veut illustrer le fanatisme et les superstitions des insurgés.
Plus vraisemblable à mon avis
Mais on pourrait continuer longtemps.
Monsieur Villemain a écrit un libelle partisan, non un livre d'histoire.
Pour se faire une idée de la réalité des choses, on lira plutôt les ouvrages de Jean-Clément Martin, grand universitaire, et doute le meilleur connaisseur de la période. Il est d'ailleurs beaucoup plus modéré et nuancé que ne le dit Villemain
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Qu'est-ce qu'un génocide ? En quoi diffère-t-il d'un crime de guerre ou d'un crime contre l'humanité ? C'est qu'il relève d'une volonté politique claire et nette de vouloir exterminer tout ou partie d'une population en raison de sa race, sa religion, ses idées politiques ou autres prétextes. Que l'on peut constater l'existence de textes, lois ou décrets dans ce sens (ou non), d'une chaine de commandement allant du sommet de l'état jusqu'aux exécutants qui, bien sûr, diront qu'ils ont obéi aux ordres s'ils doivent un jour répondre de leurs crimes. Les guerres de Vendée (1793-1794) ont vu toute une population se voir tout retirer jusqu'au statut d'êtres humains parce qu'elle était catholique et royaliste, refusait la conscription et la constitution civile du clergé. La Convention et particulièrement le comité de salut public tenu par Robespierre donnèrent les ordres d'extermination en toute clarté. Des délégués nationaux veillèrent à ce qu'ils soient exécutés scrupuleusement par l'armée bleue (aux ordres de Carnot, Turreau, Carrier et autres…) Comme la Vendée ne se soumettait toujours pas, on passa par les armes les révoltés et même quelques patriotes au passage, et on déporta femmes, vieillards et enfants, passant ainsi du crime de guerre au crime contre l'humanité. Et quand la Convention, à bout d'arguments, ordonna la mise en place des colonnes infernales, brûlant, gazant (sans succès) et tuant tout ce qui était encore vivant sur son passage, il est difficile de ne pas admettre qu'on en arriva au génocide, même si le terme peut sembler un brin anachronique vu qu'il ne fut officiellement condamné qu'en 1948 alors que le fait avait déjà existé malheureusement dans l'histoire de l'humanité (Carthage, Arménie, Shoah…).
« Génocide en Vendée » est un essai très bien étayé et parfaitement argumenté dans lequel l'auteur ne se pose pas en historien, mais en juriste de droit international et donc en défenseur de la liberté d'opinion qui est la base de toutes les autres. Il se demande pourquoi ce génocide historique doublé d'un « mémoricide » n'a toujours pas fait l'objet d'une reconnaissance officielle par la République, ce qui aurait permis de réconcilier les mémoires tout en veillant à ce que pareilles dérives mortifères ne se produisent plus jamais dans notre pays. Il semble que nous en soyons assez loin vu le négationnisme d'essence robespierriste toujours présent dans l'université et les médias et que l'on peut même en constater d'autres formes plus atténuées de tous les côtés de l'échiquier politique. La République est l'héritière de 89 sans aucun doute, mais la Démocratie ne l'est pas de 93 bien évidemment. Dans cet ouvrage intéressant, le lecteur découvrira toutes sortes d'aspects peu évoqués du problème, comme l'étrange attitude de Louis XVIII qui décora le boucher Turreau de l'ordre de Saint Louis ou celle, non moins discutable, de Louis-Philippe de faire graver son nom en compagnie de celui de Carnot sur l'Arc de Triomphe de l'Etoile, tout en faisant détruire des monuments du souvenir en Vendée même. Un désir de réconciliation poussé sans doute trop loin. Mais génocide ou « populicide » restent là et bien là comme une tache de sang indélébile sur le fronton de la révolution. À noter, en fin d'ouvrage, plusieurs documents (textes de lois, arrêtés, décrets, correspondances, preuves accablantes indiscutables) et une abondante bibliographie permettant de creuser un peu plus la question.
Lien : http://www.bernardviallet.fr
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Cette République qui faisait tirer sur les ouvriers en grève, expulsait moines et moniales de leurs couvents, refusa jusqu’au bout le droit de vote aux femmes et exhibait des Canaques dans le zoo humain de son Exposition coloniale (1937), nous apparaît désormais quelque peu sous un autre jour. 
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L’analyse juridique pénale va plus loin, car elle permet d’établir que les Vendéens ne sont pas des « accidentés de l’Histoire », mais qu’ils ont été des victimes. Et il y avait des coupables. Et ne pas le dire nous expose à voir cette histoire se reproduire.
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Le prétexte ordinaire de ceux qui font le malheur des autres est qu’ils veulent faire leur bien. 
(Vauvenargues)
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