Que ce soit sur les réseaux sociaux ou sur certaines chaînes d'infos, pas besoin d'une profonde analyse pour constater que depuis quelques temps, les avis, en plus d'être extrêmement tranchés sont de plus en plus fermés au dialogue et à l'écoute. Il n'y a plus de discussions mais des déclamations (souvent violentes) d'opinions qui ne tolèrent aucune contradiction.
Comment notre grande nation s'est-elle fait confisquer le débat démocratique au profit des monologues proférés par des clans pour leurs membres, faisant grossir leurs rangs en attisant le rejet voire la haine de tous ceux qui pensent différemment ? Excitant les antagonismes, ils relèguent à l'arrière-plan les valeurs qui sont les nôtres depuis la révolution : la liberté, l'égalité et la fraternité.
Quand le mépris devient la règle est un cri d'alarme.
Guillaume Villemot nous propose, sans détours, avec franchise et lucidité de comprendre comment nous sommes arrivés à cette situation. Vous avez peur qu'un tel ouvrage soit rébarbatif ? Ne craignez rien. La lecture de cet essai est un bonheur de fluidité et de clarté.
J'avoue que suis d'habitude plus enclin à me lancer dans un récit d'aventure que dans un essai sociologique, mais là je fais exception et vous invite à faire de même. Sans doute parce qu'à travers le glissement sociétal qu'il nous dépeint,
Guillaume Villemot nous raconte une histoire, celle de notre pays, de ses fulgurances et de ses aveuglements, de ses penseurs, de ses acteurs, de ses apports extérieurs, aussi de ses erreurs. Tout est dit sans détours. Personne n'est vilipendé, mais personne n'est épargné. Pas de phrases lapidaires, pas de jugements hâtifs ou péremptoires, mais des faits qui expliquent, des rencontres et des témoignages qui aident à comprendre.
Truffé d'anecdotes, de citations, d'extraits d'ouvrages de référence, ce petit livre est un concentré d'intelligence, c'est le « digest » que nous devrions tous avoir lu pour nourrir notre réflexion et être plus clairvoyants.
Guillaume Villemot ne fait pas seulement le constat de cette clanisation de la société, il apporte aussi des pistes de solutions, des propositions. Dans la vie, rien n'est noir, rien n'est blanc. L'auteur nous invite à colorer nos opinions pour améliorer l'écoute et la tolérance de l'autre. À les lire, on se rend compte que la tâche promet d'être difficile mais qu'elle est réalisable.
Je me suis dit en lisant ce livre que vouloir sauver le vivre ensemble et faire naitre le « faire ensemble » dans notre pays (ce que l'auteur appelle de ses voeux), c'est un peu comme vouloir sauver la planète. Il ne faut pas tout attendre d'en-haut. Chacun peut faire sa part, à son échelle. Que personne ne reste figé dans ses certitudes ! Créons du lien, rencontrons-nous ! le dialogue réel et l'écoute permettent de découvrir d'autres façons de voir. Pensons au recyclage de nos idées parfois obsolètes (nous en avons tous, si, si…) pour en créer de nouvelles, plus belles et plus tolérantes.
Quand le mépris devient la règle est un livre riche d'enseignements dont on ressort, sinon rassuré, au moins plein d'espoir et d'envie d'agir. À mettre d'urgence entre toutes les mains.