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EAN : 9782752906427
160 pages
Phébus (05/01/2012)
3.72/5   20 notes
Résumé :
Ils n'avaient jamais eu et ne voudraient jamais, lui hurlèrent-ils à la figure, ni d'un père, ni d'une mère. Et d'elle certainement pas, avec son gros corps lourd, son air de vache, sa cervelle piétinée. Ils oublièrent ce qu'ils étaient avant, un seul corps à eux trois. Ils devinrent comme des animaux et elle, dans le terrier, après l'effondrement, n'eut d'autre solution que de se dessiner, lentement, un espace humain où se tenir debout. Elle le trouva dans le geste... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (14) Voir plus Ajouter une critique
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Je ne connaissais pas cette auteure française. Son écriture est à part, elle écrit de manière feutrée, comme sur du coton. Oui une écriture ouatée, presque sourde, où il faut deviner car rien ne m'a semblé clair dans ce territoire. Il y a Elle, elle qui vit dans le cagibis de la cuisine, et eux le Garçon et la Fille. Personne n'est nommé. On sait juste que les enfants ne la supportent plus, qu'elle doit se calfeutrer dans son terrier. Elle n'a d'utilité que pour préparer les repas, nettoyer la maison, repasser le linge. Elle est invisible. Séquestrée presque dans sa propre maison. Pour survivre, elle fait preuve de grande imagination, s'attelle à accorder aux objets une place humaine, puisqu'il ne reste plus qu'eux qui veulent encore d'elle. Elle range ses broutilles dans son cagibis, essentielles pour Elle car elles lui tiennent compagnie, embellissent son quotidien. Il y a aussi le chat qui se montre aimant à son égard. Peu de choses qui ensemble forment un territoire. Son territoire. Là, elle peut aussi se laisser aller aux souvenirs. Tout n'a pas toujours été noir pour elle. Il y a eu des jours heureux.

C'est un huit-clos. Pas de dialogue. Une histoire que j'ai trouvée triste et silencieuse. Pourquoi est-elle là, qu'est il arrivé à l'amour... J'aurai aimé quelques lignes plus claires, plus évocatrices, j'aurai aimé être bouleversée ou révoltée. Je suis juste perplexe et dubitative car en conclusion, c'est bien l'histoire d'un territoire dont il est question.
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Voici un roman atypique et magistral. L'histoire aurait pu être somme toute banale, ou du moins déjà vue : une femme maltraitée par deux enfants dans sa propre maison. Pourtant, il n'en est rien ici et on a l'impression de découvrir le thème de la maltraitance pour la première fois. Il faut dire que celui-ci est masqué par les pensées de cette femme sans nom, sans identité, qui pourrait très bien être la représentante de toutes celles qui subissent. Pourtant, il n'y a pas de place pour le pathos car ce personnage a une grandeur d'âme, une bonté forçant le respect. On entre dans l'intime et dans l'intimité de cette malentendante, un peu pataude, que l'on devine désignée comme l'arriérée de la famille.

Elle se focalise sur une chose : le sang, fil conducteur du roman. Celui de la vie, celui de la mort... il s'écoule dans ce roman comme dans les veines, faisant souvent office de décor. L'atmosphère devient glauque, on est oppressé, on étouffe. Pourquoi a t-on envahi le territoire de cette femme, ce cagibi dans lequel personne ne vient si ce n'est nous, lecteurs ? Ce territoire dans lequel elle entasse tout un tas de choses futiles à nos yeux mais hautement symboliques aux siens...

Angélique Villeneuve a pour habitude de nous emmener dans des huis-clos dans lesquels on pénètre à pas feutrés. Encore une fois, elle réussit la prouesse de transcender un sujet en sondant le tréfonds de l'âme. C'est fort, très fort !
Lien : http://www.lydiabonnaventure..
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Elle, le Garçon, la Fille, La Soeur, la Mère...
Angélique Villeneuve, je commence à la connaître, elle ne nomme pas ses personnages.
Quand on commence un de ses romans, c'est comme si on surplombait la scène, avec un recul qui ne nous permet pas de donner une identité, un nom aux personnages, mais, par contre, nous positionne, sous un angle , qui nous fait vivre et ressentir la moindre vibration, d'un geste, d'un coeur, d'une émotion, d'un sentiment...
Angélique Villeneuve fait bien plus qu'écrire... Elle brode ses récits, comme des pièces uniques.
Avec toute sa délicatesse, sa finesse, son intimisme, son coeur, sa vie de femme et son savoir-faire, qui fait son style, son écriture.
Des personnages à fleur de peau, fébriles, fragiles, aux fêlures viscéralement déchirantes, éprouvantes, mais qui se révèlent tellement si forts à la fois...
Un territoire, c'est Elle, une femme, malentendante, insignifiante aux yeux de tous. Transparente.
Elle entend mal, mais surtout, personne ne l'écoute, ne la considère, même juste un petit peu.
Alors, elle s'est construit un monde, un territoire.
Un monde riche de rêves, de créativité et de mille trésors.
Un territoire, c'est une histoire de famille, de liens, de sang, d'indifférence, de souvenirs, de résilience, mais d'amour aussi.
Un territoire a su me toucher, bien plus que je ne peux en dire...
Merci Angélique, pour votre façon si particulière de mettre des mots sur des vies, des âmes, des gens comme vous et moi.
Pis, merci, à toi, qui te reconnaîtra.
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Il y a un mystère dans l'écriture d'Angelique Villeneuve.
Qu'est-ce qui fait que l'on s'attache, dès les premières lignes, à ses personnages ?
Ici, "Elle", cette femme sans patronyme, que la surdité tient à l'écart du monde, contre sa volonté, mais résignée. Qui met ses journées au service d'autres sans nom, "le garçon" et "la fille". Et eux, qui sont-ils ?
Ils vivent à l'étage.
Elle dort dans un cagibi, son.....territoire.
De sa plume magistrale, l'auteure nous dresse le portrait de cette femme. Son quotidien, ses souvenirs.
Discrète, presque invisible.
Aimante sans être aimée.
Telle son personnage qui fabrique un couvre-lit pièce à pièce (quel régal une fois de plus, et quelle originalité ), Angelique Villeneuve brode son roman, multiplie les détails, il ne manque rien à ce huis clos, tout y est décrit avec minutie comme elle sait si bien le faire.
L'absence de dialogue ne nuit pas, cela rapproche d'ailleurs le lecteur de l'état dans lequel évolue l'héroïne.
Il y a des paroles,  il y a des cris, mais on ne les entend pas...
Chacun des romans d'Angélique que j ai lus, m'a bouleversé,  celui-ci n'échappe pas à la règle.
Dans quelques semaines j'irai à sa rencontre avec d'autres lecteurs et je sais que ce sera un moment de pur bonheur que d'échanger avec elle.






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« le chat n'est pas là. Il a ses habitudes, son territoire. Certains n'en sortent pas... ».

Son territoire à Elle, la femme sans nom, c'est la maison. Celle de Mère et Père, où elle est née et où elle a grandit aux cotés de sa Soeur. Elle s'occupe de tout dans la maison mais vit dans le cagibi, juste sous l'escalier. Ca n'a pas toujours été ainsi, elle a aussi occupé une des chambres de l'étage, avec la Soeur justement. Et puis, les choses ont changé. La Soeur a disparu et Elle, elle a fort à faire avec le Garçon et la Fille. Ce sont eux qui occupent à présent les chambres.
Du temps d'avant, ne lui reste que peu de choses, si ce n'est son couvre-lit, bleu comme l'eau d'un lac, un « lac de silence » comme Elle, celle qui ne peut entendre ni parler. Il lui a d'ailleurs donné une idée, qui fait sa place : et si Elle cousait un nouveau couvre-lit, différent de l'ancien, un qui serait associé aux bruits, les siens : « assourdis, distendus, mâchonnés. Torpillés, vrillés ».
Au fil de l'ouvrage et de son avancée, entrepris en mode clandestin, les souvenirs reviennent, la mémoire s'éclaircit et une forme de révolte s'éveille. Silencieuse mais assurée, Elle est à nouveau visible. Magnifique.

Huis-clos envoutant et haletant, Un territoire dévoile la vie d'une femme comme au rythme de la réalisation du patchwork qu'elle coud, avec patience, application et souci du détail. Sans jamais basculer dans le sordide ou le pathos, Angélique Villeneuve aborde avec beaucoup de finesse la maltraitance d'une adulte handicapée par deux adulescents, tout en laissant apparaître au fil des pages la genèse de cette situation. C'est aussi l'histoire de la relation entre deux soeurs, si différentes, si éloignées et pourtant si proches.
Une leçon d'humanité.
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critiques presse (1)
Telerama
04 janvier 2012
Ce livre sidère par la beauté ouvragée de sa matière, épaisse et ouatée par endroits, tranchante et ajourée à d'autres. Menstruel, coagulé, en croûte, en sauce même, le sang y coule sous toutes ses formes, échappé du plus profond des êtres.
Lire la critique sur le site : Telerama
Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Ils oublièrent ce qu'ils étaient avant, un seul corps à eux trois. Ils devinrent comme des animaux et elle, dans le terrier, après l'effondrement, n'eut d'autre solution que de se dessiner, lentement, un espace humain où se tenir debout. Elle le trouva dans le geste. Elle le trouva dans le linge, dans l'éponge, dans l'évier. Mais elle le trouva, et elle se tint debout.
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Sur le chemin vers le village, elle observe la maison des voisins. Dans l’ensemble, les alentours sont tristes, avec de belles pelouses bien taillées, des arbustes arrondis, des fleurs aux couleurs pimpantes. Elle, elle aimerait du fouillis. De la mouche. Du taillis. De l’insecte. De l’épine. Ça doit faire peur aux gens. Les gens aiment contrôler la vie. N’y arrivent pas, se vengent sur le décor.
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Dans la journée, son corps ne transpire pour ainsi dire pas. Peut-être dans son sommeil se mue-t-elle en une autre personne, une femme avec la peau qui pleure.
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Elle se dit que tout ce qu’elle aime est là. Tout. Dans la cuisine. Dans le cagibi. Elle n’a pas d’amis. N’en a jamais vraiment eu. Il n’y a eu que la Sœur. Et maintenant qu’elle n’est plus là, ce à quoi elle attachée est partagée entre ces deux pièces. Les enfants, depuis des années, restent à la lisière.

Est-ce un si grand désastre de penser qu’on aime plus que personne, qu’on est vidé des autres. Elle est un cœur blanc, peut-être. Une feuille de papier, vierge de toute écriture.
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Est-ce un si grand désastre de penser qu’on n’aime plus personne, qu’on est vidé des autres. Elle est un cœur blanc, peut-être. Une feuille de papier, vierge de toute écriture.
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Angélique Villeneuve, La Belle Lumière, éditions Le Passage
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