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EAN : 9782342155914
158 pages
Société des écrivains (18/09/2017)
3/5   1 notes
Résumé :
D'origine roumaine, Daniela Vinciguerra Radut est l'auteur de ce récit vécu de l'intérieur, basé sur son expérience du régime communiste en Roumanie durant près d'une trentaine d'années. Pour raconter ses souvenirs épars du règne de Ceaușescu jusqu'à la dissolution de l'Union soviétique en 1989, elle opte pour la forme de l'énumération non chronologique. Dans de courts chapitres suivant l'ordre alphabétique, des mots-clés tels que « avortement », « lecture » ou... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Très intéressant ! Un témoignage habilement structuré en mots-clés (avortement, café, délation, démolition, Edgar Quinet bien vu pour la lettre Q, etc) et ayant comme fil conducteur le sens de l'humour des Roumains. En effet, c'est après la lecture du livre de Lola Lafon « La petite communiste qui ne souriait jamais », que l'idée de ce livre a germé, comme une sorte de droit de réponse, car si Lola Lafon a vécu en Roumanie, elle l'a fait en tant qu'étrangère bénéficiant d'un statut particulier, loin d'une certaine réalité dont on ressent encore les stigmates.

Au début de l'ouvrage un graffiti qui annone la couleur : « Soyez les bienvenus en Roumanie ! Pour mettre vos montres à l'heure, reculez-les de cinquante ans ! »

J'ai beaucoup apprécié les références aux textes de loi que l'autrice, juriste de formation, fait systématiquement, donnant ainsi un ancrage précis à ses évocations.

Je fus émue par les photos de files d'attentes : que de souvenirs pour moi aussi !
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Citations et extraits (19) Voir plus Ajouter une citation
Étant en mission en Roumanie, une experte de la Commission européenne passe en voiture à côté d’un village, près de Sibiu, région roumaine célèbre pour l’élevage des moutons. Voyant un troupeau de moutons, elle arrête la voiture, approche le berger et dit :
— Dites-moi, monsieur le berger, si je vous dis combien de moutons vous avez dans le troupeau, allez-vous me donner une brebis ?
— Pourquoi pas ? répondit le berger, prêt à relever le défi, sans poser d’autres questions.
L’experte prend un outil sophistiqué et compte les moutons, puis elle dit : — Vous avez 567 moutons dans le troupeau !
— Correct ! Allez donc chercher votre brebis ! répond le berger. L’experte de la Commission européenne choisit un animal, le met dans le coffre et veut partir.
— Attendez, attendez, dit le berger. Et si je vous dis où vous travaillez, me donnez-vous 10 000 d’euros ?
— Quel défi ! Je vous les donne, rassurez-vous ! Dites ! répond l’experte légèrement étonnée.
— Alors voilà, premièrement, vous travaillez à la Commission européenne, parce que vous êtes venue sans que personne ne vous invite. Deuxièmement, vous m’avez dit ce que je savais déjà. Troisièmement, vous vous êtes trompée d’animal, vous avez pris un de mes chiens pour une brebis.
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J’ai appris que [Lola Lafon] a vécu et a étudié en Roumanie quelques années. Et alors ? En effet, elle a bien vécu parmi les Roumains. Mais elle n’a pas vécu comme les Roumains. Elle n’est pas une Roumaine, elle n’a pas pu sentir ni percevoir ce que les Roumains ont vécu, ont senti et ont perçu pendant presque une moitié de siècle. Ce que moi-même j’ai vécu pendant vingt-neuf ans de ma vie.
Oui, elle vivait dans le même pays, la Roumanie, mais son régime de vie était autre que le nôtre. Par exemple, je ne pouvais rien acheter dans les magasins communistes nommés shop, où toutes les marchandises étaient importées et les prix étaient affichés et payables uniquement en devises. Ce genre de magasins était accessible uniquement aux étrangers et à très peu de Roumains, pouvant prouver qu’ils détiennent légalement des dollars, francs, marks allemands (DM) ou d’autres devises, pour payer les marchandises occidentales.
Pendant qu’elle et ses parents, ainsi que tous les autres résidents étrangers en Roumanie, en tant que citoyens français/étrangers, se rendaient pour faire leurs courses dans l’ambiance agréable, occidentale d’un shop, moi et vingt-trois millions d’autres Roumains, on prenait les longues files d’attente devant les magasins alimentaires. Je suis sûre qu’elle avait remarqué ces interminables files d’attente, qui pouvaient rappeler l’époque de la Deuxième Guerre mondiale.
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L’ Odieux et la Sinistre , ainsi que les Roumains ont surnommé le couple Ceaușescu pendant cette inoubliable fin de décembre 1989, ont mis en discussion le problème d’interdiction de l’avortement à peine une année après être arrivés à la tête du Parti communiste. Ainsi, le 1er  octobre 1966, entrait en vigueur en Roumanie l’abominable décret numéro 770, qui interdisait l’avortement sur demande. Plus tard, en 1985, il a été interdit aussi, par la loi, la vente de contraceptifs dans les pharmacies. Certains historiens pourraient penser que Ceaușescu avait, comme Hitler, un rêve fou de créer une génération pure. Mais l’homme rêvé par Ceaușescu n’avait rien à voir avec la race aryenne pure. Ce que Ceaușescu rêvait dans son immense folie était le soi-disant « homme nouveau ». C’est-à-dire « l’homme de l’âge en or », la génération communiste pure, née à la commande, idéal à manipuler. Tous ces enfants non désirés, nés à la commande, ont été surnommés par le peuple roumain, en se moquant, les "decrețeii" , ce qui signifie « les petits fruits du décret », en étroite et directe référence au décret 770/1966.
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Aussi incroyable que cela puisse paraître, pendant l’âge d’or du communisme, même les livres étaient condamnés à la prison, une prison réelle, concrète, tangible, incarnée dans les soi-disant « Fonds secrets de livres » ou « Fonds spéciaux de livres ». Car si de l’avis des formateurs politiques de Ceaușescu certains livres représentaient une menace pour le régime communiste, ils étaient tout de suite interdits à la lecture et incarcérés dans l’un des deux fonds cités plus haut. Parmi ces victimes innocentes de la persécution communiste on pouvait compter L’Archipel du Goulag, publié en 1973, créé par Alexandre Soljenitsyne, La Ferme des animaux, publié en 1945, crée par George Orwell, Docteur Jivago, publié en 1957, créé par Boris Pasternak, ou Les Droits de l’homme, publié en 1791, créés par Thomas Paine. Ceux-ci, et beaucoup d’autres, ont été interdits au public lecteur, car par leurs connotations politiques ils pouvaient sérieusement nuire au communisme. Le même destin a été appliqué à la Bible, au Talmud et à de nombreuses autres publications à caractère religieux, ainsi qu’à certains livres qui, pour des raisons de nature sociale, comme c’est le cas de l’ouvrage de Ken Kelsey, Vol au-dessus d’un nid de coucou, publié en 1962, ou même érotique (comme Le Décaméron du xive siècle écrit par Giovanni Boccaccio) étaient incarcérés dans ces fonds spéciaux ou secrets, presque inaccessibles.
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Dans les années 1970-1980, la station Radio Free Europe était la soupape d’évacuation des mécontentements et le confident de millions de Roumains. Parmi les voix derrière le micro, qui ont osé dire ce que beaucoup de Roumains n’osaient même pas penser, étaient – à l’époque – Monica Lovinescu, Ioana Magura-Bernard, Mary Georgescu, Serban Orescu, Nestor Ratesh, Emil Hurezeanu, Neculai Constantin Munteanu, Andrei Voiculescu. Ils sont en fait les protagonistes d’un film consacré au travail de cette section roumaine de la radio Europe Libre, à savoir le film "La Guerre sur la voix des ondes", dont la première a eu lieu le 29 novembre 2007 à Bucarest, en Roumanie.
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