Pour satisfaire les besoins énergétiques, d'énormes plates-formes ont poussé comme des champignons sur toutes les mers du monde pour sonder, forer, extraire et acheminer par la voie maritime voire des pipelines les gisements de pétrole ou de gaz.
A quelques 600 kilomètres des côtes, en pleine Mer du Nord, l'expert en géologie Philippe de Carjaval ignore encore tout de la mission qui l'attend, entre doutes et destins, il est des forces inconnues qu'il aurait peut-être mieux valu ne pas réveiller ...
Si le livre est sorti en 2013, il vient de bénéficier d'une relecture complète ainsi qu'une nouvelle couverture bleue pour refléter davantage ce qui va rapidement devenir l'épicentre de cette histoire, l'eau.
C'est aussi l'un des quatre éléments associés avec la terre, le feu et l'air pour composer l'univers, la matière régie par les lois de la physique et de la science.
L'eau est source de vie, indispensable pour la survie de l'être humain. Par délà la mer, les océans, les lacs et autres glaciers, sa présence se distingue également dans le corps humain. On dit que la survie sans eau est critique au bout de seulement quelques jours d'abstinence.
Une aventure hors du commun, de celle qui vous donnera des sueurs froides, par le jeu d'écriture simple et fluide, j'ai adoré me projeter dans cet environnement oppressant, un huis-clos à l'échelle de ce grandiose lieu prisonnier des eaux glaciales, l'ambiance inquiétante qui suinte dans les longs couloirs participe à vous sentir isolé, impuissant à juguler ce qui est en train de se tramer, lentement mais sûrement, l'intrigue va dévoiler la part obscure de l'un des personnages-clés, Philippe de Carjaval.
Dans le chaos généré par la montée impalpable d'une mystérieuse énergie, par le prisme de calculs savants, une chose est certaine, rien n'explique de prime abord le phénomène qui est à l'oeuvre, l'auteure distille au compte goutte des indices pour donner un début de piste, dans les songes et cauchemars qui gangrènent petit à petit les scientifiques, les questions se multiplient et les réponses se font tarder.
Le style est dynamique, concis pour soulever des réflexions liées au problèmes environnementaux, face à l'enjeu qui diffère suivant les protagonistes, la pression augmente de page en page, comme dans tous les endroits confinés, les conflits et les égos s'entremêlent pour diffuser une tension, un malaise qui trahit le rôle de chacun, des conditions extrêmes qui complètent la solitude ressentie, le climat défavorable n'est pas en reste avec le déchaînement des vagues, la fatigue et le stress accumulée ne favorisent pas les longs déplacements dans ces coursives sans fin, gare à celui qui se perd en route, personne ne vous entendra crier ...
L'apparition d'un personnage incontournable et que l'on pourra retrouver dans les autres romans de Cara Vitto, le sorcier blanc et Une fille en danger, Gérard Coutre, tel le gardien du temple, celui qui rassure et maintient le respect des consignes ainsi que les protocoles de sécurité, la paranoïa commence toujours dans le silence de phénomènes étranges, de révélations en révélations, chaque personnage porte des stigmates du passé, des blessures secrètes et tentant du mieux d'en faire abstraction, le point culminant atteindra son apogée dans une fin qui résume à elle seule ce que ce roman peut dépasser l'entendement, dans le twist surprenant, il pourra trouver et attirer tous les publics, l'humanité peut-elle résulter d'un concours de circonstances atténuantes, du fruit du hasard qui détermine la destinée de tout un chacun ?
Une lecture rapide à l'image de l'urgence de la situation, dans l'alternance d'un secret vieux de plusieurs siècles et d'un présent étouffant, je ne peux m'empêcher de rapprocher l'intrigue original de L'élément 119 d'un thriller récemment chroniqué, le passé est-il définitivement enterré ?
Un mixage entre thriller et fantastique, entre action et suspense, pour peu que l'on soit ouvert à toutes les perceptions au-delà du réel, la volonté d'oser emprunter certains passages inconnus ou de repousser les frontières de l'inimaginable, dans cette course contre le temps, difficile de ne pas penser à des films comme Abyss, La sphère ou le norvégien "Pioneer" et le percutant Deepwater pour mesurer combien le centre de gravité est proportionnelle à la masse corporelle et celle des machines, de la féraille métallurgique mais pas seulement, la réverbération produite par la tempête qui sévit dehors, le climax se rapprochant insidieusement pour déboussoler et percuter les synapses des personnages, fragilité et dépendance, résolument condamné à l'exploit devant la faible marge de manoeuvre, l'élément 119 va se révéler progressivement et dresser un portrait ambivalent d'hommes et de femmes livrés face à l'inéluctable déchéance, temps figé pour une plongée en apnée, une porte de sortie ou bien l'enfer vous attend-il au final ?
L'histoire décrit parfaitement les tourments psychologiques de ses personnages en proie aux doutes, à l'angoisse du lendemain, l'incertitude qui s'installe dangereusement et grignote progressivement la confiance, des séquences surréalistes viendront confirmer littéralement un monde devenu hostile et de tous les dangers potentiels, difficile de deviner l'issue et de tirer son épingle du jeu de la fatalité ou celui de la destinée ...
Une belle découverte pour le premier roman de Cara Vitto, l'histoire tient la route ou dirai-je le sinueux flot de ces eaux troublés, dans une atmposhpère sous haute pression, il y a tous les éléments pour vivre une très belle aventure hors des sentiers terrestres, des explications non dénuées de sens pour s'immerger et éprouver le dur labeur qui fait le quotidien du personnel à bord, une intense et inoubliable lecture pour se rappeler que la masse d'eau entourant et mouvant peut aussi trouver aussi son chemin vers la liberté ou ... l'amour !
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Un bon premier livre. Des rebondissements mais la fin est un peu trop rapide.
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C'est de la bonne. J'adore le héros insomniaque et nosophobique !
Et l'histoire est vraiment originale.... Foncez, je le recommande !
Donc si vous voulez rester productif, attendez le week end pour le lire. Ou prenez votre retraite !
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C'était la première fois qu'il se trouvait mis en cause dans son travail. Lui, l'expert mondial dont personne ne critiquait jamais les analyses, était purement et simplement traité de menteur. Il avait l'impression de devenir fou.
Il existe des personnes dont la particularité consiste à endormir leur interlocuteur en parlant.