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EAN : 9782330012465
192 pages
Actes Sud (03/10/2012)
2.67/5   9 notes
Résumé :
Rien de plus captivant, pour la jeune Tamar, que la maison de sa voisine : contempler ses fils si nombreux, et parmi eux le beau Dolfi, créature inaccessible pour qui se damneraient les jeunes femmes du quartier. Mais Tamar n'est que spectatrice, son corps juvénile ne suscite ni attention ni caresse, et pour elle "l'amour passe au loin".
Côtoyer Dolfi, se perdre dans le souvenir d'un frère noyé, se chercher dans le regard d'une mère vénérée : son existence e... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
« Ne marche pas sur mon ombre, Tamar », tels sont les mots étranges que Tamar lit sur la tombe de son frère Rafi, qui s'est noyé volontairement en mer. Si mon nom est gravé sur une stèle, se demande la jeune fille, ne suis-je pas déjà morte, moi aussi ?

Rafi était un garçon marginal, « une génie » disait Esmé, sa mère, qui l'aimait d'un amour fou, un amour qui ne supporte pas la perte.
Peut-on se remettre de l'amour fou ? Telle semble être la question que soulève ce très beau roman d'Ornela Vorpsi. Peut-on survire d'avoir aimé à la folie ? Est-ce vraiment cela le véritable amour ? le problème du sentiment fou, c'est qu'il ne peut jamais vraiment se partager, se communiquer, faute de quoi il devient raisonnable et apprivoisé.

Tamar se vit comme une spectatrice de la vie, et se veut étrangère à l'amour des hommes. Elle voue à sa mère seule une passion totale, frustrée et solitaire.
Tamar était présente sur la plage, ce jour où Rafi est entré dans l'eau pour ne jamais en ressortir. Coupable dans le coeur de sa mère, d'avoir poussé au suicide ce fils qu'elle aimait serrer contre son corps, et qui lui seul avait le droit de l'appeler par son second prénom, Anastasia, comme si elle était une autre pour lui, que pour lui. Usant et abusant de ce sentiment de culpabilité avec Tamar, elle la menace perpétuellement de mettre fin à ses jours elle aussi. Est-ce pour cela que Tamar se sent « attirée », comme envoûtée par l'embrasure de la fenêtre ouverte ?
Tamar évolue presque indifférente, grise, dans un monde passions saturées.
Après Rafi le « trop aimé », elle côtoie le beau Dolfi, son voisin de quartier, qui éveille chez toutes les femmes un amour démesuré. Même Lali, sa tante à la plastique parfaite, s'éprend du bel indifférent. Celui-ci semble pourtant indifférent aux assauts dont il est la cible, bien que sa gentillesse naturelle maintienne allumés l‘espoirs de se faire remarquer de ses prétendantes.
Certaines, comme Manuella, aiment à ne plus en dormir la nuit, à ne plus penser qu'à cela, aiment à aimer sans raison ni discernement.
Ne possédant, à son sens, comme attrait que celui de pouvoir être une jeune morte, chacun connaissant leur pouvoir de fascination, Manuella met en scène son suicide, avec la complicité de l'éternel témoin de l'amour fou, Tamar.
Après sa mort, toute la rue semble changer de couleur. La jeune morte a réussi son oeuvre, son absence est d'avantage palpable que sa présence vivante. Et comme pour boucher cet appel d'air que laisse le fantôme, Tamar se chausse des sandales vertes de la suicidée, laissées aux pieds du lit de son amoureux, dont elle n'aura atteint le lit que par sa mort, alors que les passants l'y allonge en attendant les secours.

« Ci-gît l'amour fou » est un roman incroyable, d'une grande maîtrise et d'une profondeur très poignante. Toujours subtil et doux, le ton poétique narre la démesure et le malheur de l'amour fou, voué à ne jamais être partagé sereinement. Ce roman évoque la folie, l'amour et la mort en un même langage, une seule passion, qui se voue à la tristesse, comme en atteste la terrible histoire que Rafi racontait à sa soeur, sur la tombe de l'homme qui avait gravé comme épitaphe « ci-gît l'homme le plus malheureux du monde », une tombe à jamais vide, car l'homme le plus malheureux du monde ne peut être que vivant.

Emma Breton
Lien : http://www.madamedub.com
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Mille fois je me suis baissée à ras du sol pour épier

« Toute chose adoptait une ombre plus sombre, plus inquiétante, la lumière se faisait plus vive, les contrastes s'intensifiaient au point de me gêner ».

Un portrait, Tamar, en fortes couleurs et pourtant entre deux mondes, en indécision. Comme la photo, au flou revendiqué, en couverture.

La fenêtre ouverte sur des sensations, entre passé et futur. « A la fenêtre de Maria, j'ai senti pour la première fois le frisson dont je n'ai jamais pu deviner la nature ».

Des histoires de mort-e-s, d'amours, de désirs, de sexe, toujours comme projetées dans les temps de l'incertain. Des énonciations fragmentées, comme dépassées en permanence par leurs possibles lectures.

Les présences et la transparence. « Aucune main fragile ne frappait à ma porte. Personne n'avait jamais pleuré, immobile, égaré, sur les centimètres de terre qui précédaient ma maison, les gens passaient autour de moi, me traversaient, ne me voyaient pas, je suis transparente ».

Tamar, Dolfi et sa beauté, les scandales de Manuela, Esmé, Nikolin le cordonnier, Lali, Rafael…

La vérité comme « une balle qui transperce, brise la fleur de ton front ». Les espoirs inaccessibles. La folie. « Les marques sur mes poignets ».

La mort de Manuela, cette mort déchirure qui ouvre les déplacements, cette mort qui « s'est répandue comme de la poussière pour s'installer au fond de nos poumons après s'être faufilée dans nos narines en même temps que l'oxygène à chaque respiration ».

Une littérature ensorcelante, des phrases constituant le vertige. L'incertain pour la lectrice ou le lecteur.

« Que je suis sans mort et que vous pouvez me rencontrer n'importe quand, au moment où vous vous y attendez le moins »
Lien : http://entreleslignesentrele..
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Je voulais, pour le titre, mais dès les trois premiers chapitres, j'ai su que je ne tiendrai pas. Un flou que je n'aime pas, un style qui ne m'accroche pas...
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on retrouve dans ce livre étrange tout l'atmosphère inquietante des romans d'ismail Kadaré.

Notre heroine mélancolique et effacée possède pour autant de bien puissants sortilèges dont elle pense être l'héritière désabusée. L'amour dont il est question dans le titre git avant même de naitre dans le coeur de Tamar qui vit plusieurs vies par procuration. L'écriture d'Ornella Vorpsi est d'une rare élégance mais elle est aussi très vénéneuse instillant chez le lecteur une sourde inquiétude que le récit ne dément pas.



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Un roman bien étrange que celui-là, plein d'une singulière mélancolie, d'une tristesse poétique. L'atmosphère étouffante, volontiers malsaine, de cet amour fou est lancinante, obsédante, mais malheureusement la magie n'opère pas à toutes les pages, et si l'on est partagé entre attirance et répulsion pour Tamar, on reste plus souvent à l'écart, sur le seuil de son magasin d'artefacts.
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Toute chose adoptait une ombre plus sombre, plus inquiétante, la lumière se faisait plus vive, les contrastes s’intensifiaient au point de me gêner
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Aucune main fragile ne frappait à ma porte. Personne n’avait jamais pleuré, immobile, égaré, sur les centimètres de terre qui précédaient ma maison, les gens passaient autour de moi, me traversaient, ne me voyaient pas, je suis transparente
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Ces yeux soulignaient ce que je savais et voulais oublier, cette vie est déjà jouée avant même que nous lancions au monde nos premiers vagissements.
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Que je suis sans mort et que vous pouvez me rencontrer n’importe quand, au moment où vous vous y attendez le moins
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une balle qui transperce, brise la fleur de ton front
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