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Jusuf Vrioni (Traducteur)
EAN : 9782070382156
800 pages
Gallimard (13/02/1990)
3.89/5   53 notes
Résumé :
Hiver 61, la petite Albanie va rompre ses relations avec le géant soviétique. Bouleversement de l'Histoire. Bouleversement des destins individuels. C'est l'hiver des ruptures pour tous les personnages. Pour Besnik, interprète à la conférence de Moscou. Pour sa fiancée Zana. Pour le secrétaire du parti communiste albanais, mais aussi pour Ben, le balayeur, pour le vieux montagnard, et pour Nurihan, ancienne "bourgeoise" défaite de ses domaines. Homme politique ou hum... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Ce roman relate la rupture de relations entre l'Albanie et l'Union soviétique . En contant la vie quotidienne des Albanais, depuis les apparatchiks jusqu'au balayeur des rues, des anciens bourgeois ou vieux partisans ayant lutté pour la révolution et en particulier de l'interprète Besnik , traducteur lors d'un congrès socialiste à Moscou , Ismaël Kadaré fait office d'historien et nous aide à comprendre comment ce petit pays réussit à se séparer du puissant grand frère que fut l'URSS .
Il fallut certes du courage à Enver Hoxha pour faire cavalier seul ,d'autant plus qu'il réitérera l'expérience avec la Chine ,plus tard comme il en est question dans le concert ,autre roman d'Ismaël Kadaré.
Enver Hoxha fut lui même un dictateur sanguinaire , instaurant une sorte de révolution culturelle destinée à rééduquer son peuple. Comment s'en est accommodé Ismaël Kadaré ? ¨c'est la question que l'on peut se poser, ,d'autant plus qu'il s'est inspiré des écrits d'Enver Hoxha pour écrire ce roman ,fort intéressant au demeurant pour connaître l'Histoire de ce peuple des Balkans
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C'est le quatrième roman de Kadaré que je lis et le moins qu'on puisse dire c'est qu'il est très différent des autres.
Dans ce pavé de 600 pages se croisent de nombreux, un peu trop nombreux personnages aux destin liés par L Histoire communiste.
Le sujet de fond n'est pas forcément pour me plaire, c'est une partie de l'histoire avec laquelle je ne suis pas très à l'aise et qui me donne du fil à retordre.
Si on y ajoute à ça, la complexité du récit du fait de ses divers points de vue, on peut aisément comprendre pourquoi j'ai mis tant de temps et pourquoi j'ai eu tant de mal à le lire.

Pour autant on reconnait la patte poétique de monsieur Kadaré, sa plume efficace et enchanteresse.
Il m'a fallu du courage pour le finir mais je suis contente de l'avoir lu!
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Le grand hiver, c'est l'hiver 1960-1961, durant lequel l'Albanie s'opposa au diktat hégémonique de l'Union Soviétique. Ismaïl Kadaré, s'est amplement basé sur les mémoires du chef du Parti communiste albanais, Enver Hoxha pour nous relater la dégradation, puis la rupture des relations entre son pays et le "grand frère" soviétique.

Le roman s'ouvre sur une tempête qui ne fait que conforter la rumeur d'un refus de l'URSS de fournir à la petite Albanie du blé, alors que cette dernière vient de subir une série de catastrophes naturelles.
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Elle se hâtait pour rejoindre au plus vite l'extrémité de ce plateau stérile qui n'avait pu faire croître que ces arbustes malingres qui languissaient, inertes, sous la pluie. Brusquement, comme elle cheminait toujours au milieu du plateau, elle pensa jeter un coup d'œil sur Mira. La petite était silencieuse. Rabo tressaillit, se mit à genoux, étendit le bras pour soulever l'imperméable dont elle avait recouvert le berceau et dit à Besnik de regarder comment allait le bébé : Besnik et Ben se penchèrent sur leur petite sœur. Elle dort, dit Besnik. Elle dort, répéta Ben. Elle-même se releva et ils reprirent leur marche à travers le plateau maudit. À l'idée qu'une balle de mitrailleuse avait pu atteindre l'enfant et que, sans le savoir, elle la portait peut-être morte sur son dos, elle ne put retenir un gémissement. Plus de vingt ans auparavant, pendant l'invasion grecque de la Première Guerre mondiale, les femmes de la région avaient fui ainsi, en portant des berceaux sur le dos, pendant que les soldats serbes, en embuscade sur les collines, tiraillaient sur elles. Ils évitaient d'atteindre les femmes et ne visaient que les berceaux. C'était probablement pour eux comme un jeu, et bien des femmes en découvrant, après des heures de fuite au milieu des dangers, qu'elles avaient porté sur leur dos non pas un berceau mais un cercueil, perdaient la raison. Il y avait même une chanson qui commençait par ces mots :
Où vas-tu dans la nuit
Avec ce cercueil sur le dos ?
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C'était un calepin à couverture noire, qu'il gardait sur le dernier rayon de son coffre.
(…)
Il feuilletait lentement son carnet. Il y avait noté des dates, des noms, des propos, des plaisanteries, des bribes de conversations. Au-dessous, entre parenthèses, était écrit un bref commentaire : antisoviétisme, hostile au travail bénévole, tourne le collectif en dérision, insinuations équivoques, scepticisme sur l'intérêt de l'Anti-Dühring d'Engels, sarcasmes à l'égard du réalisme socialiste. Il lut au passage : antisoviétisme ; discussion sur le point de savoir qui, de Cholokhov ou de Hemingway, est le plus grand. En faveur de ce dernier, N.F. et Nicolas H.
(…)
Il continua de feuilleter son journal avec une joie intérieure. La joie de quelqu'un qui pouvait observer des visages de la vie d'autrui, en restant lui-même dans l'ombre. Quant à sa vie à lui, personne n'en voyait rien.

Sa vie. Le plus beau joyau en était le souvenir de quelques jours où il avait souffert d'une forte grippe et où sa femme, à son chevet, lui avait témoigné un dévouement qui avait passé son attente. La poésie, la tendresse et le rêve que pouvait, à ses yeux, renfermer une vie, se condensaient pour lui en ces jours-là. Ce pâle épisode était pour lui l'unique élément qui le rattachait quelque peu au monde de l'art, du cinéma et des livres, qu'au fond de lui-même il détestait, car il devinait bien que la poésie que lui avaient apportée ces journées étaient fort peu de chose en regard de ce que pouvaient traduire les lettres et les sons. Il trouvait injustifiable que des fiancés ou des amoureux, dans la rue, se donnent le bras et se regardent d'un air éperdu, sans être souffrants ni en danger de mort. En particulier, il ne pardonnait pas ce comportement à Besnik, qu'il avait vu se promener avec sa fiancée, quelques jours auparavant, au crépuscule, sur le boulevard des Martyrs de la Nation. Les feuilles tombaient, tombaient sans cesse et lui-même s'était senti dépouillé comme un arbre hivernal.
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- J'ai vu des fantômes sur les eaux. Ils nageaient. Ils faisaient des signes avec leurs mains et leurs pieds. Ils riaient.
- Il a dû voir quelque squelette du cimetière emporté par les eaux, dit quelqu'un.
- Hadji ne sait pas qu'il y ait des cimetières qui flottent. Hadji dit ce qu'il a vu...
- Tais-toi, débauché, fataliste, décadent, hurla le président. Je t'ôte le droit à la parole.
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Incipit :

Vers la fin du mois de septembre se leva sur la ville une vent d'une rare violence, dont les tourbillons balayèrent les rues pendant plus de quarante-huit heures.
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Vidéo de Ismaïl Kadaré
http://www.club-livre.ch#Bessa_Myftiu Interview de Bessa Myftiu réalisée par le Club du Livre en partenariat avec Reportage Suisse Romande
Bessa Myftiu, née à Tirana, est une romancière, poète, conteuse, essayiste, traductrice, critique littéraire, journaliste, scénariste et actrice établie à Genève, en Suisse romande, de nationalité suisse et albanaise. Pour commander un ouvrage de Bessa Myftiu : En SUISSE : https://www.payot.ch/Dynamics/Result?acs=¤££¤58REPORTAGE SUISSE ROMANDE36¤££¤1&c=0&rawSearch=bessa%20myftiu En FRANCE : https://www.fnac.com/SearchResult/ResultList.aspx?SCat=0%211&Search=bessa+myftiu&sft=1&sa=0
Fille de l'écrivain dissident Mehmet Myftiu, Bessa Myftiu fait des études de lettres à l'université de Tirana et par la suite elle enseigne la littérature à l'université Aleksandër Xhuvani d'Elbasan. Elle devient ensuite journaliste pour le magazine littéraire et artistique albanais La scène et l'écran. Elle émigre en Suisse en 1991 et s'établit à Genève dès 1992, passant son doctorat et devenant enseignante à l'université de Genève en faculté des Sciences de l'éducation, tout en poursuivant en parallèle ses activités dans les domaines de l'écriture et du cinéma. Depuis 2013, elle enseigne à la Haute École Pédagogique de Lausanne. Elle est par ailleurs membre de la Société Genevoise des Écrivains BIOGRAPHIE 1994 : Des amis perdus, poèmes en deux langues, Éditions Marin Barleti [archive], Tirana 1998 : Ma légende, roman, préface d'Ismail Kadaré, L'Harmattan, Paris (ISBN 2-7384-6657-5) 2001 : A toi, si jamais?, peintures de Serge Giakonoff, Éditions de l'Envol, Forcalquier (ISBN 2-909907-72-4) 2004 : Nietzsche et Dostoïevski : éducateurs!, Éditions Ovadia, Nice (ISBN 978-2-915741-05-6) 2006 : Dialogues et récits d?éducation sur la différence, en collaboration avec Mireille Cifali, Éditions Ovadia, Nice (ISBN 978-2-915741-09-4) 2007 : Confessions des lieux disparus, préface d'Amélie Nothomb, Éditions de l'Aube, La Tour-d'Aigues (ISBN 978-2-7526-0511-5), sorti en 2008 en livre de poche (ISBN 2752605110) et réédité en 2010 par les Éditions Ovadia (ISBN 978-2-915741-97-1), prix Pittard de l'Andelyn en 2008. 2008 : An verschwundenen Orten, traduction de Katja Meintel, Éditions Limmat Verlag [archive], Zürich (ISBN 978-3-85791-597-0) 2008 : le courage, notre destin, récits d'éducation, Éditions Ovadia, Nice (ISBN 9782915741087) 2008 : Littérature & savoir, Éditions Ovadia, Nice (ISBN 978-2-915741-39-1) 2011 : Amours au temps du communisme, Fayard, Paris (ISBN 978-2-213-65581-9) 2016 : Vers l'impossible, Éditions Ovadia, Nice (ISBN 978-2-36392-202-1) 2017 : Dix-sept ans de mensonge, BSN Press, (ISBN 978-2-940516-74-2)
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