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3,68

sur 593 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Ce roman relate la prise de la Bastille à travers le regard du petit peuple, des anonymes, "des sans dents"!, ceux dont L Histoire oublie bien souvent les noms et qui pourtant ont été les acteurs décisifs de cet évènement fondateur. Un récit palpitant écrit dans un style incisif avec beaucoup d'ironie.
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Dans la rue et sous les remparts avec la foule surchauffée des individus en lutte.

Sur mon blog : https://charybde2.wordpress.com/2016/08/07/note-de-lecture-14-juillet-eric-vuillard/
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Terminé en ce jour, 14 juillet d'Eric Vuillard, court, percutant, aussi documenté et cinglant que l'Ordre des choses.
A lire si ce n'est fait !
La réalité dépouilla la fiction. Tout devint vrai. E.V.
"On devrait plus souvent ouvrir nos fenêtres. Il faudrait de temps à autre, comme ça, sans le prévoir, tout foutre par dessus- bord. Cela soulagerait. On devrait, lorsque le coeur vous soulève, lorsque l'ordre nous envenime, que le desarroi nous suffoque, forcer les portes de nos Elysées dérisoires, là où les derniers liens achèvent de pourrir, et chouraver les maroquins, chatouiller les huissiers, mordre les pieds de chaise, et chercher la nuit, sous les cuirasses, la lumière comme un souvenir." (...)
"Assassins !” La parole ne laisse pas de trace, mais elle fait des ravages dans les coeurs."
"Alors, la colère monte autant que les salaires veulent baisser." (...)
"On apprend beaucoup à chômer. On apprend à traîner, à regarder, à désobéir, à maudire même. le chômage est une école exigeante. On y apprend que l'on n'est rien. Cela peut servir." (...)
"Oui, Mirabeau parle. Il est un sentiment, une vérité. Nul ne peut plus rien contre. Il dit. La grosse gueule s'ouvre pour la première fois avec autant de souffle et de culot. La volonté du peuple vient de faire son entrée dans l'Histoire." (...)
"Et c'est inouï le nombre de bègues devenus orateurs, et le nombre de cancres devenus écrivains. La vie est bien curieuse, qui nous attrape souvent par où elle a manqué." (...)
"Ce jour, les putains ne hélèrent pas le client, elles participèrent au coup de main et soignèrent les blessés, comme elles ont toujours fait aux grandes journées de l'Histoire."
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« 14 juillet » d'Eric Vuillard .Par la grâce d'Eric Vuillard ,j'ai respiré la poussière de la Bastille en ce jour ,ô combien célébré ,mythifié , embaumé , de sa chute. Par la magie de son écriture , j'ai coudoyé ces inconnus qui se pressaient alors dans les rues déchaînées du quartier Saint-Antoine . Par sa volonté , j'ai connu leurs noms ou leurs sobriquets , leurs vies infimes , leurs destins écrasés . Cet objectif d'une vision microscopique de l'histoire rendant leur dignité aux humbles ne tourne jamais à l'hagiographie ,les foules sont brutales ,elles donnent leur sang , elles le font couler. Il nous rappelle qu'avant d'être rangés sur les étagères des bibliothèques les évènements historiques jaillissent d'un chaos brûlant . Eric Vuillard oppose à l'histoire officielle ,celle des vainqueurs , l'exaltante vigueur de la fiction et nous touche en plein coeur .
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14 JUILLETEric VUILLARD Actes Sud (en librairie le 17 août 2016)

Quel génie ! Quelle écriture ! Quel hommage ! Quelle perspicacité ! Quelle finesse !

Les historiens ont toujours pris un ou deux personnages phares pour nous relater le fameux 14 Juillet, or Eric VUILLARD après avoir consulté les archives honore en les nommant, un par un, métier par métier, le peuple de Paris qui a pris La Bastille.

Dès les premières pages, on est saisi, car la situation actuelle est très semblable à ce que le petit peuple vivait à l'époque.

« le 23 avril 1789, Jean-Baptiste Réveillon, propriétaire de la manufacture royale de papiers peints, s'adresse à l'assemblée électorale de son district et réclame une baisse des salaires. Il emploie plus de 300 personnes dans sa fabrique, rue de Montreuil. Dans un moment de décontraction et de franc-parler stupéfiant, il affirme que les ouvriers peuvent bien vivre avec quinze sols par jour au lieu de vingt … Réveillon est le roi de papier peint, il en exporte dans le monde entier, mais la concurrence est vive ; il voudrait que sa main-d'oeuvre lui coûte moins cher ».

Tout au long du récit, par-ci par-là, nous avons l'impression que l'auteur nous parle d'aujourd'hui. A un moment donné, nous voyons d'une manière très nette, l'image du DRH d'Air France dont la chemise a été déchirée par les salariés en colère il y a à peine un an de notre ère.

D'ailleurs le petit peuple de Paris était surtout constitué des étrangers ! qui parlaient du patois et même du sous-patois.

Il est également beaucoup question de l'importance des« mots ». Cette rentrée littéraire nous livre des oeuvres dont l'un des sujets importants sont « les mots ». « Mais depuis avril, on cause. La bouche produit des mots. Beaucoup de mots. Une avalanche ». « Mirabeau prononça alors sa grande phrase commençant par le peuple et terminant sur La force des baïonnettes. Ah ! c'est comme si parfois un homme avait attendu toute sa vie de dire quelques mots. … Il dit. La grosse gueule s'ouvre pour la première fois avec autant de souffle et de culot. La volonté de peuple vient de faire son entrée dans l'Histoire ».

Avant la prise, il y a eu plein de députations envoyées à la Bastille ce jour-là : « Dès qu'un esprit fermente on l'emprisonne, dès que cent ou mille esprits fermentent on envoie les gendarmes leur tirer dessus, mais quand des dizaines de milliers d'esprits fermentent de conserve, on envoie une députation, on noue un tire-jus au bout de son stick, et on l'ébroue gentiment ».

A l'époque sur 600 000 habitants de Paris 80 000 âmes étaient sans travail et sans ressources – 13% de la population était donc au chômage. « le chômage est une école exigeante. On y apprend que l'on n'est rien ».

Une idée nous traverse l'esprit : qu'attendons-nous ?
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Que savons-nous réellement de cette journée du 14 Juillet 1789 que nous célébrons chaque année au son des flonflons et des parades militaires? Eric Vuillard fait revivre cette journée si particulière dont le moins que l'on puisse dire c'est qu'elle ne ressemble pas tout à fait à la geste héroïque telle que nous l'avons apprise dans nos livres d'histoire. Il nous rappelle qu'elle fut précédée d'autres journées de révolte qui eurent leurs saccages et leurs morts que l'on croyait animés par la rapine alors qu'ils ne l'étaient que par la désespérance. Puis c'est "la prise de la Bastille" et ce qu'Eric Vuillard nous donne à vivre c'est un instantané révolutionnaire, en nous plaçant au milieu de cette foule hétéroclite d'hommes et de femmes, parisiens issus d'ailleurs, animés par la même envie d'être enfin entendus. Une masse d'individus, rassemblée là, devant ce symbole de l'absolutisme, qu'il fallait bien faire choir puisque l'on n'avait pas compris les signes précurseurs de son exaspération. Une forteresse dont il fallait que l'on s'emparât sans que l'on sache d'abord comment s'y introduire. Par la plume d'Eric Vuillard, tous ces "gens" qui d'une manière ou d'une autre prirent part à cet évènement unique nous entrainent dans leur aventure. Nous connaissons leur nom, leur âge, leur métier, la rue ou le quartier qu'ils habitent, leur rôle dans cette entreprise hasardeuse : meneur, exécutant, soutien, badaud. Nous voilà avec eux, essayant de trouver des interlocuteurs, ramenant des planches pour franchir les fossés, partant à la recherche d'armes et de munitions, de tissu pour panser les plaies de blessés, de civières pour emmener les morts. Nous voici nous aussi gagnés tour à tour par l'indécision, la colère, l'allégresse, la déception, l'épuisement puis finalement l'hébétude du succès.
J'ai beaucoup aimé ce 14 Juillet par "ceux qui l'ont fait". Ce livre très documenté, fourmillant de détails est terriblement vivant et vaut tous les défilés militaires, les garden - parties et les bals musettes donnés en mémoire de tous ces "sans-culotte" à qui l'on commença enfin à s'intéresser.
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23 avril d'abord puis 13 et 14 juillet : épopée d'un peuple avec sa litanie de noms propres que l'auteur a retrouvés dans les archives. Un nom, une origine, un métier c'est à tout ce peuple que l'auteur redonne sa révolution.
Très émouvant.
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Une journée si particulière en immersion dans cette foule parisienne aux accents multiples, aux espérances folles, aux envies de justice.
Une journée avec Rousseau allumeur de réverbère, Cholat marchand de vin, Pigeau sculpteur, Thirion ébéniste, Chorier tapissier.... tous ces noms écartés de l'Histoire mais suintants dans les archives. le peuple de Paris - dont une très grande partie de provinciaux attirés par les attraits économiques de la capitale - acteur et nous introduisant par la petite porte dans l'évènement.
Et surtout, Eric Vuillard nous entraine au début du livre dans les évènements qui dès avril se succédèrent pour culminer ce 14 juillet.
Et que dire de cette écriture haute en couleurs, gouailleuse, fleurie, précise, chantante et ronronnante comme la foule se massant aux pieds des tours de la Bastille.
Quel bonheur.
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Que sait-on du 14 juillet ? Comment s'est passée la prise de la Bastille, cet événement considéré comme le début de la Révolution française dont la commémoration est devenue « Fête nationale » ? On y associe souvent quelques tableaux montrant la forteresse plus ou moins enfumée ou enflammée, une foule et des soldats poussant des canons, la réplique du Duc de Liancourt à Louis XVI qui lui demande : « Mais, c'est une révolte ? ». « Non Sire, c'est une révolution ! ». Mais finalement comment cela s'est-il passé, vu et vécu par le peuple parisien ?

C'est ce que Éric Vuillard a réussi à décrire dans ce livre avec une reconstitution extrêmement plausible, véridique, parce qu'incarnée par des personnages dont on connait le nom, l'origine, l'occupation, dont l'apparence physique, les comportements, les sentiments sont esquissés… Une sorte de reportage en direct d'une chaîne d'info immédiate avec interview flash et image choc ? Non, car le point de vue de l'auteur est très clair et la perspective historique reste toujours présente.

Le contexte d'abord, avec la faim causée par la hausse du prix du froment aggravée après un hiver particulièrement rigoureux, avec ce qu'on n'appelait pas encore le chômage. « Pour six cent mille habitants, Paris comptait quatre-vingt mille âmes sans travail et sans ressources ». Un évènement annonciateur, à la fin du mois d'avril, le saccage de la Folie Triton, où des milliers d'hommes, de femmes, d'enfants saccagèrent le palais d'un certain monsieur Réveillon devenu immensément riche. Ce fut une des deux journées les plus meurtrières de la Révolution française. Pendant ce temps-là, « Versailles est une couronne de lumière, un lustre, une robe, un décor » dissimulant une France en banqueroute.

C'est le moment où Camille Desmoulins « propose au peuple la colère. (…) On prépare une Saint Barthélémy des patriotes ». S'en suivent 24 heures de progression du peuple de Paris jusqu'à la prison de la Bastille, avec quelques arrêts dus aux essais de résistance de forces royales. Éric Vuillard narre tous ces évènements avec force détails aussi précis que réalistes, avec des femmes et des hommes qui ont un nom, un visage, quelques traits d'histoire personnelle. Tous sont le Peuple qui crie sa misère et se met en colère. Il les fait revivre, constituant cette « foule prodigieuse, sorte de totalité.». Foule qui avance, qui s'indigne, qui s'effraie, qui avance encore car la colère est plus forte que la peur. Foule qui aperçoit la forteresse de la Bastille se dresser : « Huit tours, Qu'un mur relie. Trois mètres d'épaisseur. le mutisme. La surdité. Peu d'ouverture. Aveugle. La citadelle. Très haute. (…) Elle sidère. »

« Il faut écrire ce qu'on ignore. Au total, le 14 juillet, on ignore ce qui se produisit. Les récits que nous en avons sont empesés et lacunaires. C'est depuis la foule sans nom qu'il faut l'envisager. » A partir de ce point de vue, toutes les étapes de cette journée sont racontées dans les détails vécus des individus qui constituent cette foule. En énumérant des noms, en distinguant quelques silhouettes, en sortant de l'anonymat quelques héros oubliés de l'Histoire de France officielle, Vuillard réinvente plus près du peuple cette page historique en contrepoint du récit de Michelet qui parvient à faire de la députation de Thuriot de la Rosière, membre du Comité permanent de l'Hôtel de ville, à la tête d'une délégation chargée de demander la reddition de la vieille forteresse, le moment le plus éclatant de la journée. «Par un de ces grands envoûtements d'écritures, Michelet sépare le peuple, l'immense masse noire qui avance depuis le Faubourg Saint-Antoine de son représentant, qui devient le principal protagoniste de l'Histoire. »

Vuillard rend le 14 juillet à celui qui l'a fait, le peuple de Paris. Ce peuple qui, à la fin de la journée, « dansait, chantait, riait. Les témoignages du jour parlent d'une ambiance folle, exubérante, jamais vue. La joie. Cela n'arrive pas tous les jours ». Ce peuple qui « balança en l'air les archives de l'ordre, registres d'écrou, requêtes demeurées sans réponse, livres de comptes, que l'on vit planer, voleter, se poser sur les toits, dans la boue, sous les arbres, dans les fossés crasseux de la forteresse ».

Je vous laisse lire la dernière page, très actuelle…

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Comme l'indique le titre, ce roman raconte le 14 juillet. Cette journée est détaillée par ceux qui l'ont vécue.

Ce livre n'est pas un roman historique. Cette journée devenue aujourd'hui un emblème national et républicain n'est pas perçue par le prisme de la contextualisation. A aucun instant, Eric Vuillard tente de placer des figures connues ou attendues. Il met en scène ceux qui ont attaqué la Bastille, ceux qui l'ont abbattue, ceux qui ont vu la chute de cette prison. L'auteur arrive à s'accaparer le 14 juillet et nous le raconte par bribes. Grâce aux archives, il réussit à mettre des prénoms et des noms sur les évènements de la journée. Nous suivons pas à pas l'évolution de la situation. Tout cela nous est décrit avec beaucoup de détails. L'auteur se veut proche de ces êtres, héros d'un moment et aujourd'hui oubliés. Très simplement, le lecteur devient spectateur de cette révolte. A quelques moments, Eric Vuillard se permet d'imaginer des paroles et des gestes là où les archives sont restées muettes. C'est là que le roman naît, loin des mythes et plus proche des improvisations de la journée. Rien n'est écrit le matin de la journée. C'est la détermination d'hommes et de femmes qui fit tomber la Bastille. Avec un souffle incroyable et un ton citoyen convaincu, Eric Vuillard nous fait vivre cette journée, au début banale et devenue exceptionnelle.
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