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3,68

sur 593 notes
Je ne vais pas me faire des amis avec cet article. Amis blogueurs et amies blogueuses qui avez adoré ce livre, passez votre chemin, ne lisez pas mon article, il va vous énerver !

Voilà encore une fois un grand moment de solitude. Un livre encensé, un auteur récemment récompensé et pour ma part, une lecture en demi-teinte. Je m'explique.

Quand mon avis sur un livre ne rejoint pas celui de la majorité, j'hésite souvent à écrire une bafouille. Je me sens bien peu de chose pour oser avouer que je suis restée de marbre devant le style inimitable de cet auteur. Et pourtant, le flot d'énumérations a eu raison de ma patience, mon agacement n'a cessé de croître et même si j'ai apprécié certaines tournures, certains bons mots, la vision originale de cette révolution, je suis restée globalement en marge, en retrait, à des kilomètres du propos.

L'originalité de ce texte, c'est l'angle de vue. L'auteur souhaite nous plonger dans la foule, ces anonymes qui ont fait cette révolution, loin des noms célèbres, des événements battus et rebattus. Il focalise sur les héros du peuple, les petites gens qui deviendront des personnages de légende, et les hommes et les femmes du peuple qui, resteront anonymes mais à qui il rend leur heure de gloire.

Malheureusement, cela n'a pas fonctionné avec moi. J'ai apprécié un chapitre sur Paris, la ville, qui s'étale, s'étend et gonfle. J'ai trouvé le texte sublime. Et puis paf ! Tout est retombé comme un soufflé au chapitre suivant sur la foule, chapitre dans lequel l'auteur s'est déchaîné, avec ses énumérations en pagaille, les noms, les âges, les métiers, même si je comprends ce qu'Eric Vuillard a voulu faire, cela m'a assommée. J'ai aimé tel ou tel passage mais c'était très vite gâché par les phrases qui suivaient.

L'auteur a voulu mettre la lumière sur les petits, les démunis, ceux qui vivent de rien mais qui ont, malgré tout, marqué l'Histoire le 14 juillet 1 789. C'est pourquoi, il ébauche des vies, il évoque de brefs destins. Mais c'est aussi pourquoi, il enfonce des portes ouvertes. « Certaines vies comptaient donc davantage que d'autres. » Bah oui, ce n'est pas nouveau et la mort d'un ouvrier comptera toujours moins que la mort d'un homme politique ou de nos jours que celle d'un artiste.

Néanmoins, j'ai apprécié les brèves incursions de l'auteur dans son récit, pour donner son avis, pour souligner un fait. Pour conclure, certaines choses m'ont plu, d'autres au contraire, m'ont ennuyée. J'hésite beaucoup à lire le livre qui lui a valu de recevoir le prix Goncourt 2017.


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Beau roman historique qui, pour une fois, fait vivre les sans-grade, les gens du peuple, les vrais acteurs de la Révolution. Éric Vuillard nous permet d'être vraiment à leurs côtés, de connaître quelques identités (noms, prénoms, métiers) que l'auteur a sorti des archives et donc de l'oubli.
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14 JUILLET – Éric Vuillard
Tout le monde connaît au moins les grandes lignes du contexte des événements du 14 juillet 1789. Moins souvent, on est en mesure de raconter par le menu ces événements qui ont abouti à la prise de la Bastille.
Les livres d'histoire, scolaires ou non, nous rappellent les noms de ceux qui sont passés à la postérité.
Éric Vuillard nous parle du peuple, de ces hommes et de ces femmes qui étaient ce jour-là dans les rues de Paris, qui se sont pressés autour de la Bastille et qui avec de pauvres armes mais de grandes ruses alliées au courage né de la faim et de la colère, ont réussi à ouvrir les portes et investir la célèbre prison.
Ils sont nommés par leur nom, une description de leur physionomie les accompagne ainsi que leur profession, leur situation familiale, leur lieu d'habitation.
Mais il ne s'agit pas d'une liste encore moins d'une litanie.
L'auteur, qui s'appuie sur les témoignages disponibles, n'hésite pas à imaginer quand les détails manquent dans les documents et nous livre ici une formidable épopée, un tourbillon de braves gens prêts à en découdre.
Au passage, quelques anecdotes sur la ville de Paris, l'évolution du nom de certaines de ses rues, son plan de l'époque.
Même si le style est un peu académique, j'ai terminé cette lecture avec davantage de connaissances sur cette journée fondatrice.
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L'histoire commence le 28 avril 1789 avec la destruction de la folie Titon, à Montreuil, somptueuse demeure de Réveillon, petit industriel fabricant de papiers peints prospère et qui vit dans son monde sans voir que le peuple à faim. Tout bascule lorsque la foule vient dévaster cette demeure, saccager, voler, bruler, par révolte, par faim, par dégoût.
Dans ce roman étonnant de vie alors qu'il parle si souvent de mort, Eric Vuillard a préféré nous parler des hommes, de tous ceux qui ont convergé vers la bastille ce jour de 1789, peu d'hommes célèbres et de noms connus, plutôt des hommes et des femmes du peuple. de tous ceux qui par hasard ou par conviction, par faim ou par amitié, s'en vont, armés de bâtons et de pavés ou d'un canon tiré d'un musée, abattre le symbole que représente cette prison. Tous sont porté par l'élan de la révolution qui gronde, combattants aux barricades ou aux octrois, ouvriers, menuisiers, gargotiers, marchands de bestiaux, journaliers, ils convergent souvent par hasard vers l'Histoire. Il les énumère, citant leurs noms, leurs métiers, et ce faisant il sort de l'anonymat de la multitude ceux qui ont fait l'histoire.
Beaucoup d'entre eux vont mourir, et l'auteur leur donne vie un instant, à cet instant où justement l'on se souvient de tout, des bonheurs et des douleurs, de la vie et de ceux qu'on aime, de ceux qu'on laisse aussi à regrets. Il nous les rend terriblement humains, parfois fragiles ou au contraire très forts, révolutionnaires ou opportunistes, simple curieux, venus là pour soutenir un ami, un voisin, emportés par l‘élan de la foule qui gronde et qui agit, au-delà de toute conscience politique ou révolutionnaire parfois. C'est beau ou c'est stupide de mourir dans ces conditions, tout dépend d'où l'on regarde. Il y a de scènes assez dures, car la mort n'est ni un jeu, ni un plaisir. Mais, grâce à un travail rigoureux d'étude de tous ces registres dans lesquels on a inscrit un nom, un métier, l'auteur les restitue et leur permet de rentrer dans l'histoire, violente, dure, sanglante, ils sont enfin bien réels.
Voilà un livre étonnant, difficile de dire un roman, et pourtant, difficile de le qualifier de récit, et l'on s'y laisse assurément prendre. J'ai été emportée par les mots, les énumérations, les suites de noms, de phrases, qui donnent justement un rythme et une puissance au récit et qui donne vie et réalité aux anonymes.

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Mirabeau, Danton, Robespierre, Saint-Just, Desmoulins... dès que l'on évoque la Révolution de 1789, ce sont ces noms-là, ces personnages-là qui nous viennent à l'esprit. Mais les autres ? Tous les autres ? le peuple de Paris qui ce 14 juillet 1789 s'est soulevé et a défié toutes les lois de "droit divin" ? Qui les connaît ? Qui s'en souvient ? Dans quelles limbes de l 'Histoire sont-ils tombés ? Eric Vuillard, dans ce récit formidable, les fait renaître. Pour quelques jours, pour quelques instants, souvent ceux qui précèdent leur mort, ils occupent le rôle et la place qui furent les leurs. Oui, Eric Vuillard nomme quelques figures de cette foule anonyme qui a pris la Bastille. Dans le tableau vivant qu'il brosse tumultueusement, les évènements s'enchaînent ou se superposent avec cette même confusion qu'ont dû ressentir Louis, Lisette, Guillaume, Michel, Stanislas, Manon, Suzanne, Louise, Marie, Jeanne...
De l'ouverture des états généraux en avril jusqu'à ce jour d'émeute de juillet, chacun agit en une constellation d'actes minuscules, de ces détails qui déterminent les destins individuels et collectifs. le tableau s'anime par les mots, par leur force et nous sommes immergés dans cette atmosphère qui sent la poudre et le sang. A leur tour, les personnages que L Histoire a figés en leur posture rentrent dans l'ombre et ce sont les "gens de peu" qui apparaissent en pleine lumière. Leurs idéaux sont prosaïques, ordinaires et admirables d'humanité : du pain, du travail, la dignité.
Au fil de la lecture, les émotions se bousculent, se chevauchent au rythme rapide de la narration. J'ai été emportée par la fougue de l'élan, par l'impétuosité des acteurs de cette journée turbulente. Mais le récit s'attarde aussi sur les individus, détaillant leur rôle, leur rendant une identité et une existence. Il y a quelque chose de profondément émouvant dans cette démarche qui nous fait ressentir, comme jamais lors des cours d'histoire, les enjeux humains de la prise de la Bastille. Un magnifique ouvrage !
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S'appuyant sur les archives, Éric Vuillard a réussi un livre aussi important que nécessaire sur ce fameux 14 Juillet 1789 qui a tant marqué notre histoire, démontrant que les événements ayant permis la prise de la Bastille avaient commencé quelques mois plus tôt.

La Folie Titon, cette maison de plaisance, avait connu la gloire avec le premier décollage d'une montgolfière emportant deux hommes dans sa nacelle. L'enveloppe de papier venait de la manufacture Réveillon, boulevard Saint-Antoine, à Paris.
Le 23 avril 1789, J.-B. Réveillon réclame une baisse des salaires à l'assemblée électorale de son district… « Or, le peuple avait faim. » Des émeutes ont lieu à Besançon, Dax, Meaux, Pontoise, Cambrai… mobilisant femmes, enfants, chômeurs.
Paris, 600 000 habitants, compte 80 000 sans emploi et sans ressources. « L'après-midi du 27 avril, une foule percola de Saint-Marcel, réclamant le pain à deux sous et criant : Mort aux riches ! » La maison d'Henriot, fabricant de salpêtre, est saccagée. le lendemain, la foule s'amasse devant la folie Titon et s'y engouffre.
Le style d'Éric Vuillard nous emporte dans ce débordement qui lance vraiment la Révolution française : « le produit dérobé du travail doit être gaspillé, sa délicatesse meurtrie, puisqu'il faut que tout brille et que tout disparaisse. » Les gendarmes arrivent, tirent et font plus de 300 morts, autant de blessés, certains sont pendus, d'autres marqués au fer rouge puis envoyés aux galères… Après le 10 août 1792, c'est la journée la plus meurtrière de la Révolution.
Pendant ce temps, « le délectable et le gourmand prennent la direction de Versailles, le fade et le maigre celle des faubourgs… Tout Versailles joue… le royaume frise la banqueroute. » 1 500 personnes sont chargées de la bouche du roi, les ministres des finances se succèdent à une cadence effrénée. On spécule en Bourse et le peuple a faim.
L'auteur insiste sur la multitude des petits métiers : porteur d'eau, marchand de ferraille ou de peaux de lapin, cocher, tailleur de pierre, tonnelier, loueuse de chaises, vendeuse de harengs ou de betteraves, papetier, serrurier, tapissier, imprimeur, vannier, brouetteur… Il n'oublie pas non plus de citer un maximum de noms, ceux qu'il a pu trouver dans les archives.
Le 11 juillet, Necker est remercié. Camille Desmoulins prononce son premier discours et il bégaye. La troupe charge mais les gardes-françaises se rallient aux émeutiers : « Paris est désormais au peuple. »
Le 13 juillet, à l'Hôtel de Ville, les bourgeois créent une milice armée alors qu'au même moment, le roi part à la chasse et que la reine cueille des capucines au Trianon, à 20 km de Paris. On cherche des armes. On dévalise le garde-meuble de la couronne et « la nuit du 13 juillet 1789 fut longue, très longue, une des plus longues de tous les temps. » La chaleur était écrasante après un hiver très froid.
« le 14 juillet 1789, la Bastille est assiégée par Paris. » le récit est dense, détaillé, au ras du peuple avec des morts, des blessés, des notables qui se ridiculisent et des gens modestes qui se comportent en héros.

Contrairement à ce que nos livres d'Histoire laissent supposer, la prise de cette forteresse demanda beaucoup de sacrifices et fit 98 victimes plus d'innombrables blessés. Sa destruction commença aussitôt : « Une immense allégresse s'empara de la ville. »


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Moi qui ai horreur des accumulations en littérature, on peut dire que j'ai été servi avec ce texte.

Je n'ai pas réussi à entrer dans l'histoire, à me passionner pour tel ou tel individu.

Oui, il y a un travail certain de recherche, mais la mise en forme m'a rebuté.

La fresque créée par l'auteur ne m'a pas parlé.

Tant pis pour moi.
Lien : http://alexmotamots.fr/?p=2525
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J'ai profité du 14 juillet pour écouter ce livre audio et cela rend à l'événement fondateur de notre fête nationale une autre dimension que celle des feux d'artifice, du bal populaire ou des défilés militaires.
Eric Vuillard a l'art et la manière de procéder avec une riche documentation pour reconstruire minutieusement tout ce qui s'est passé un peu avant et pendant ces jours qui ont changé l'histoire de France.
Il fait une sorte de ralenti sur les faits, sur les hommes qui composent les acteurs de la prise de la Bastille en les sortant de l'anonymat d'une foule sans visages et en leur donnant leurs vrais noms et qualités. Il imagine des arrêts sur images pour raconter les pensées de celui qui tombe, de ce qu'il a dans ses poches. Il fait des gros plans de ces meubles qui deviennent des bâtons, de cette planche et de son funambule maladroit, de ces archives qui s'envolent en pluie de papier.
L'histoire retrouve le sens du réel et au-delà les analyses que l'on en a fait sont vivantes et authentifiées. le peuple a faim et tout le monde s'en moquait, sûr de son bon droit et de sa force. On pense bien entendu aux derniers mouvements de colère du peuple d'aujourd'hui et l'on se dit que cela n'est guère différent au fond...
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Je viens à l'instant de vivre une curieuse expérience : celle du voyage spatio-temporel (rien que ça !)

Le temps d'une ou deux soirées épiques, un magicien nommé Eric Vuillard m'a transporté dans l'effervescence parisienne de ces quelques jours de juillet 1789 qui bouleversèrent L'Histoire. Quelle aventure !

Une immersion totale, un récit enflammé (enfants de la patrie, prenez vos baïonnettes !), un vocabulaire d'une richesse folle (pensez également à votre dictionnaire !), et des héros magnifiques, brièvement mais superbement mis en lumière par un nom, un costume ou un métier, et aussitôt rendus à leur anonymat...
Car l'auteur ne s'attarde pas sur un ou plusieurs personnages centraux : le héros de son livre c'est "on", c'est la foule, c'est Paris, et c'est un peu nous aussi, entrainés par la multitude dans la cour enfumée de la Bastille. Ca sent la poudre et la sueur, la rage et la peur.

Si Delacroix avait ses pinceaux, Vuillard a sa plume, et son style est vraiment saisissant ! Aucun dialogue, seulement des scènes furieuses, des tableaux criant de réalisme sur la France de l'Ancien Régime, pour un joli feu d'artifice littéraire !
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Dans ce récit de la prise de la Bastille, il ne sera pas question, ou à peine, de Bernard-René Jourdan, le marquis De Launay, le gouverneur de la prison.
Vuillard donne la parole aux sans-grade et préfère donc s'intéresser aux ouvriers et aux artisans du faubourg Saint-Antoine qui prirent la Bastille. Maillard, le petit Canivet, Degain, Tournay, Cholat... Grâce à quelques bribes de journaux, on sait le rôle que chacun a pris dans le siège de la forteresse. Leur intervention n'a duré souvent que quelques heures. Ils ont formé les maillons d'une chaîne qui a sapé pour la première fois les bases de l'Ancien Régime. Ils sont aussitôt retombés dans l'oubli. C'est le mérite de ce livre que de ressusciter pour quelques pages ces oubliés de l'Histoire, comme le Louis-François Pinagot d'Alain Corbin.
Vuillard abuse un peu des énumérations dans certaines de ses pages. Une mention particulière à la scène d'ouverture, l'attaque de la folie Titon, la première grande journée révolutionnaire en avril 1789 qui, par sa violence, préfigure celle du 14 juillet.
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