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sur 593 notes
Une prise de la Bastille à ras d'hommes

J'ai eu la chance d'entendre Eric Vuillard présenter son livre à Manosque, il avait fait preuve d'un tel enthousiasme pour parler de son roman que je m'étais promis de le lire très vite.

Eric Vuillard plante le décor en ouvrant son récit sur l'émeute Réveillon du 23 avril. Prémices du 14 juillet, cette émeute fera 300 morts lors de la journée la plus meurtrière de toute la révolution. Jean-Baptiste Réveillon, propriétaire de la manufacture royale de papiers peints, avait réclamé une baisse des salaires alors que la famine sévissait dans une France criblée de dettes.

Eric Vuillard nous raconte la prise de la Bastille à hauteur d'homme, il met en scène le peuple. Il fait revivre tous ces invisibles en leur donnant des noms, un métier, une région d'origine... Des métiers qui racontent la vie de ces hommes, des métiers qui pour certains n'existent plus. C'est une véritable avalanche de noms, de métiers avec laquelle Eric Vuillard nous embarque pour vivre ces journées historiques.

Il nous fait vivre la nuit du 13 juillet et la journée du 14 juillet heure par heure, des Invalides à la Bastille. Environ 200 000 personnes, hommes, femmes, ouvriers, petits commerçants, artisans, bourgeois, étudiants, pauvres... sont dans les rues "il faut se figurer une foule qui est une ville, une ville qui est un peuple." "La Bastille est assiégée par Paris." et décrit avec ironie les "gens de l'hôtel de ville" qui viennent calmer les esprits.

Eric Vuillard mêle une part de fiction à son récit autour de certains de ses personnages, il invente des noms de femmes qui apportent la poudre, les repas (peu de noms de femmes figurent dans les archives), il utilise le "on" pour parler de la foule, invente des mots "les mouches rognonnaient", utilise des mots d'argot "le frichti", glisse des anachronismes lorsqu'il parle de traders par exemple. "La vérité passe à travers mes mots comme le signe de nos secrets."
Le "je" de l'écrivain "Oh! je sais, on me l'a dit, ..." apparait aussi de temps en temps.

En filigrane il évoque ses sources, les écrits qu'ont laissés des gens du peuple parfois rédigés par des écrivains publics lorsqu'ils étaient illettrés, des écrits empreints de vérité où ils racontaient simplement ce qu'ils avaient fait ce jour là. Il s'est aussi appuyé sur les procès-verbaux retrouvés aux archives de la police au Chatellet.

Il pointe également les points communs avec la situation actuelle avec son lot de dettes et d' inégalités et termine son récit sur une espérance avec une belle fin poétique, une rêverie optimiste avec une belle image d'une pluie de papier "je n'ai jamais pris l'espoir pour une illusion lyrique".

Eric Vuillard rend parfaitement l'atmosphère qui a dû régner ce jour là, cela grouille, cela bouillonne dans ce texte foisonnant au rythme souvent haletant. J'ai ressenti une impression incessante de mouvement, le mouvement de cette foule qui a tout fait céder devant elle.
Eric Vuillard est un écrivain qui met l'histoire au centre de son oeuvre, il a parfaitement réussi à restituer cet événement si hautement symbolique et à le rendre passionnant.



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Le tourbillon des jours et des heures qui précédent la prise de la Bastille, le 14 juillet 1789.
La rue grondait, pourtant fêtes et ragots amusaient Versailles. Bientôt réunis, les États généraux se divisent. Certains représentants du Tiers État entendent bien faire entendre leurs voeux et rallier à eux ces bougres, ces miséreux, ces moins-que-rien qui peuplent et triment dans les rues de Paris. Ceux sont des milliers d'individus différents et en même temps ils ne forment qu'un corps mouvant et insaisissable.
Vuillard, comme toujours, campe les personnages dans leur quotidien, avec leurs convictions ; il décrit les jours qui conduisent à la déflagration ; enfin il suggère combien la réalisation d'un événement majeur n'a tenu qu'à quelques instants, qu'à quelques décisions.
Flamboyant !
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Vuillard se caricature sur 14 juillet. Lui qui peut avoir le style élégant, sublime et cultivé, comme sur l'Ordre du jour, ne parvient pas à décoller ici d'un registre ampoulé, savant et grandiloquent, qui retombe dans des facilités de style récurrentes, fort dommageables pour un livre si court Typiquement, les énumérations de noms, de métiers, de vêtements qui doivent visiblement montrer à son lecteur la virtuosité lexicale de l'auteur mais qui contrairement à du Flaubert ne font que l'irriter - en tout cas moi ça m'irrite... La volonté de rendre l'histoire insurrectionnelle aux ordinaires anonymes qui l'ont faite se perd par trop dans le flot des dizaines de noms d'insurgés énumérés pour la forme, mais plus évoqués par la suite. Ce que Vuillard a mal jugé selon moi est que le 14 juillet est un mouvement de foule ; la foule est par nature anonyme, et les personnages qui la traversent sont bien des acteurs, mais des acteurs en tant que partie de la foule, non en tant qu'individus.
Tiens on sait que Chaumont, forgeron, est passé par là. Mais c'est tout. de ce Chaumont, on n'en saura pas plus, c'est un forgeron, et puis c'est tout. Mais se limiter à cette description corporatiste et aux quelques faits d'armes rapportés par les historiens sur cette journée du 14 juillet ne le fera pas sortir de l'anonymat, ni lui ni les autres.
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Le 14 juillet du peuple reconstitué minutieusement, l'histoire d'une foule composée d'individus qu'Eric Vuillard fait revivre. Ce récit n'est pas romancé, c'est un récit de chair et de sang, on entend la respiration de ces Jean Robert, Antoine Salomon, Charles Glaive, Mammès Blanchot, on sent leur sueur et les battements de leur coeur. C'est l'histoire des petits, des impuissants, qui un jour d'été font L Histoire, sous les murailles de la Bastille.
Eric Vuillard réussit avec un talent inouï à suspendre le temps, et dans une cadence incroyable de phrases courtes et de longues énumérations, à étirer une journée folle, dont nul ne connaît l'issue, mais dont tous les acteurs pressentent la singularité et la force.
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Un style très fatiguant...et qui dénature le propos. Pourtant la proposition de cet ouvrage était séduisante : raconter la mythique journée du 14 juillet. Malheureusement le style lyrique, ampoulé, gratuit, de l'auteur prend le dessus et noie complétement le récit. C'est une méthode que l'auteur emploie de façon systématique dans tous ces ouvrages et qui devient très lassante.
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Je ne prétends pas vous raconter le contenu de ce roman, il est probable que quelques profs d'histoire aient déjà, en leur temps, défloré un peu (on ne disait pas encore « spoilé ») ce qui se passa à cette date. Voilà donc, une journée, pas des moindres, devenue un mythe national, décrite du point de vue du petit peuple de Paris par Eric Vuillard. Il a laissé parler les documents d'archives, les rapports de police, les récits de première main que certains émeutiers ont fait après coup. Et il a tiré de ces documents un récit très vivant, une accumulation tout sauf accablante de détails qui placent le lecteur au coeur de l'action, de Versailles aux Invalides, des bas-fonds de Paris aux fossés de la Bastille.
Ce qui m'a plu dans ce roman : le parti-pris de donner la parole au peuple, pas seulement parisien comme je l'ai dit plus haut, mais venant pour certains des alentours, ou de régions plus éloignées comme le Limousin ou la Bretagne.
J'ai surtout aimé le style, les énumérations de noms propres, métiers, âges et même habillements, le tout donnant vie aux insurgés, j'ai aimé les mots inusités qui se comprennent dans le contexte, l'absence de clichés ou de formules passe-partout. Seuls les changement de temps, passant du présent au passé dans un même paragraphe, me restent assez incompréhensibles, je n'ai pas compris leur logique, ni même s'il y en avait une.
Les documents d'archives se laissent voir, ou plutôt deviner, derrière le texte d'Eric Vuillard, on sent la matière qu'il a utilisée pour composer son roman et pourtant ce texte est tout à fait personnel, et vraiment littéraire. Vous devez donc vous rendre compte que j'ai plutôt bien aimé ce livre, que j'adhère aux avis positifs lus ici et là, et qu'il n'y a donc guère besoin d'en dire plus !
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Si je n'avais pas lu les avis enthousiastes de Clara et de Keisha, je ne serais sans doute ps allée spontanément vers ce roman...D'autant qu'en ce moment, et après dix jours sans ouvrir un livre, je me sens pour la première fois depuis longtemps assez peu concernée (et enthousiasmée) par la rentrée littéraire...
Pourtant ça aurait été dommage de passer à côté de ce petit bijou romanesque qui redonne vie au petit peuple de Paris, aux "sans dents" qui ont été les premiers à manifester leur ras-le-bol et à déclencher l'immense vague qui a destitué la royauté.
Ça commence presque comme un inventaire à la morgue, des gens de rien alignés au sol, morts dans l'immense ruée qui a fait tomber la Bastille ; cordonnier ou rémouleur, saunier ou prostituée, ils crèvent de faim, et la surenchère de luxe et de dépenses de la cour à Versailles a jeté leurs voisins dans la rue, armés de gourdins et d'armes de pacotille.
Des "gens du caniveau", des silhouettes, de ceux qui ne figurent pas dans les livres d'histoire (d'ailleurs, l'absence de sources et de références permet de penser que ces personnages pourraient être imaginaires alors qu'ils ont, par la magie de la narration, une existence propre, réelle), Eric Vuillard tisse avec intelligence des parrallèles avec notre époque (mélangeant expressions contemporaines et vocabulaire plus classique) et 1789.
La conclusion de ce (presque trop) court roman laisse songeur :
"Il faudrait de temps à autre, comme ça sans le prévoir, tout foutre par-dessus bord. Cela soulagerait. On devrait, lorsque le coeur nous soulève, lorsque l'ordre nous envenime, que le désarroi nous suffoque, forcer les portes de nos Elysées dérisoires, là où les derniers liens achèvent de pourrir, et chouraver les maroquins, chatouiller les huissiers, mordre les pieds de chaise, et chercher, la nuit, sous les cuirasses, la nuit comme un souvenir."
Un chouette roman que je recommande !
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Mes cent premières pages d'un livre en cent mots

C'est le récit d'une journée. C'est peu dans une vie, une journée. C'est souvent anecdotique, une répétition du lendemain. Alors dans la vie d'un peuple, imaginez ! Ça pourrait n'être rien. Cette année-là, le 14 juillet commence un 23 avril. Oui, ça peut aussi être long une journée.
Éric Vuillard nous raconte les inconnus et les plus connus, les restés anonymes parmi ceux passés à la postérité. L'Histoire retient des héros, on oublie les autres. Ici, c'est la foule qui prend vie, l'été, la ville. Paris. C'est l'histoire de chacun, de chacune, et c'est toute la force de ce texte.

CENT pour 100 - numéro 10
14 juillet – Éric Vuillard, Actes Sud, 2016
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Suivre les événements de cette journée ô combien célèbre au niveau de ses principaux protagonistes : le peuple de Paris. Tel le projet de ce livre.
Ce n'est ni un roman ni un livre historique mais un peu les deux. En prenant quelques bribes historiques , Eric Vuillard tisse des portraits de ces petites gens si insignifiants qui ont fait l'histoire, à leur insu.
Le résultat est séduisant mais parfois un peu confus dans la narration.
Celà reste un agréable moment de lecture.
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Notre République est franchement décevante, mais - regardez - le 14 juillet 1789 il s'est passé quelque chose d'extraordinaire.
C'est là le propos du livre, en forme de déclaration d'amour, basé sur les fragments d'archives qui laissent voir les petites gens.
Tout ce qu'un historien ou un citoyen pourrait avoir à redire sur le 14 juillet n'a pas sa place dans cette bulle.
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