Un roman sur les zombies intéressant, destiné aux ados, et dans lequel je n'ai pas pleinement réussi à me plonger…
J'ai grandi avec la trilogie du samedi soir, comprenant entre autres Buffy, la chasseuse de vampires et les soeurs Halliwell dans Charmed, donc les personnages féminins forts (mais avec toutes leurs nuances) dans ce registre Urban fantasy / SF je connais. Et j'ai également regardé, voire très apprécié pour certaines références, quelques films et séries post-apocalyptiques ou qui traitent de la thématique zombie : comme “Warm Bodies”, “Zombieland”, “The Walking Dead”, “iZombie”…et qui ne connaît pas les “Resident Evil” ?!
Devenir zombie à cause d'un virus, réapprendre à être humain, changer sa condition de zombie, entrevoir la possibilité d'une guérison ou du moins d'une évolution, pour espérer la cohabitation, bref, tout cela était latent et déjà dans mon esprit lorsque j'ai commencé la lecture.
Mais que nous offre
Lydie Wallon dans son récit : “Veggy vs. Zombie” ? Comment a-t-elle revisité le mythe du zombie ?
Erin est une jeune femme qui est morte en mangeant de la viande, un comble pour une végétarienne. le ton sarcastique est donné.
Sauf qu'elle s'est réveillée à la morgue et elle n'est pas la seule. le monde a basculé, un virus transmis par la consommation de viande contaminée (un clin d'oeil à la crise de la vache folle ?) a transformé une majorité des humains en zombies de différentes catégories. Retenez simplement que ceux de la catégorie 1 peuvent cohabiter avec les humains, sans trop de difficultés (bien qu'exploités) pourvu qu'ils respectent leur régime alimentaire carné et cru, et que ceux des catégories au-dessus (2 et 3) sont soit emprisonnés soit tués. Au passage, plusieurs nations du globe n'ont même pas cherché à faire de compromis, et s'en est suivi un génocide de zombies.
Maintenant que le tableau général est posé, rentrons dans “l'intrigue” : eh bien, c'est là que j'ai un peu perdu le fil. Avec un tel décorum et de tels enjeux mis en place, je m'attendais à une intrigue plus intense et palpable plutôt qu'à une romance.
En effet, tout se concentre sur Erin, “vivant” à Paris en tant qu'opératrice téléphonique, et sa nouvelle rencontre - ou plutôt son crush : un “végétarien” (comprenez humain) - répondant au nom de Kyan, et étant un comptable stagiaire.
Ces deux-là vont former le noyau d'un groupe d'individus aux personnalités très différentes et qui vont tous partir dans un road trip de l'enfer.
J'avoue d'emblée que cette proposition qui tourne exclusivement autour de cette romance entre une zombie et un humain ne m'a pas emballée. N'accrochant pas à leur amourette - avec des comportements et dialogues souvent puérils (alors que nos personnages ont dans les 25 ans) -
et même s'il y a bien quelques scènes de sexes et de préliminaires pour faire monter la température,
ce fut difficile pour moi de m'attacher aux personnages.
Cependant, il y a quand même plus que cela, l'autrice aborde de nombreux sujets qui révèlent un peu plus de profondeur sur les personnages et l'histoire.
Entre autres, la tolérance avec Erin, notre zombie, qui a été diagnostiquée avec un TSA (après sa mort) et commence à mieux se comprendre elle et ses limites, notamment lors d'interactions avec les autres (zombie comme végétarien). Néanmoins, même à grands renforts d'explications sur son autisme (particularité que je trouve surprenante et intéressante d'aborder dans un tel contexte), curieusement elle n'en démontre pas tant les signes et symptômes. À plusieurs reprises, je me suis demandée si, en tenant compte de ses difficultés au quotidien, Erin pouvait être capable de certaines actions, prises de décision ou si c'était “logique” qu'elle agisse de cette manière là. J'ai eu parfois l'impression que ça manquait de crédibilité, et je pense qu'un traitement plus fin et complexe aurait été préférable.
Autres sujets abordés : l'exploitation animale, le changement climatique, les dérives totalitaires, le complotisme, le féminisme et les agressions sexuelles ou xénophobes (ou “zombiphobes”) et à chaque fois les deux pieds dans le plat. Il n'est pas question de tourner autour du sujet, Erin en tant que narratrice ou les autres personnages via des répliques bien sentis vous disent leur quatre vérités. C'est rafraîchissant et sans ambage, parfois drôle ou très archétypés, il y a un côté peut-être jubilatoire de la part de l'autrice. de quoi alerter ouvertement une jeune génération sans s'embarrasser d'explications.
Brièvement, je reviens sur l'intrigue, finalement vous suivez nos deux amoureux en vous demandant s'ils vont réussir à vivre au grand jour leur idylle. Ils y arrivent assez rapidement, en aimant beaucoup se déguiser (il faut le dire, c'est un peu devenu une ritournelle entre eux, comme si s'habiller en quelqu'un d'autre, incarner un personnage fictif leur permettait d'être eux-mêmes pour eux ou aux yeux de l'autre). Jusqu'à ce que l'actualité politique les rattrape et qu'un drame survienne au cours d'une soirée. Ce drame va les pousser à fuir, et là, c'est une suite d'embûches qui les mènera jusqu'à la fin. Fin tout de même un peu poussive, les personnages s'épuisent et le récit légèrement aussi, je trouve, même si j'ai aimé l'évolution accordée aux zombies.
Côté structure du récit et écriture, le post-apocalyptique se vit au présent et adopte, pour une grande majorité du temps, le point de vue subjectif de l'héroïne qui utilise directement la première personne. L'autre partie du temps vous êtes avec un narrateur externe mais subjectif. Ce premier mode narratif est tout trouvé si vous voulez embarquer votre lecteur au plus près des sensations, du TSA et de la condition de zombie (jouer un peu plus sur ces éléments auraient pu rendre plus crédible le personnage d'Erin).
Autrement, j'ai trouvé dommage que ce deuxième narrateur à la troisième personne, au début utilisé de manière régulière pour décrire le quotidien de Kyan, s'estompe peu à peu que les deux personnages se côtoient jusqu'à n'être utilisé que si Kyan vient à trop s'éloigner physiquement d'Erin (même si l'autrice le justifie).
Sinon l'écriture est fluide, ça se lit vite (en 4 jours, je m'en étonne moi-même), le langage est courant et parsemé de descriptions et détails, avec à plusieurs reprises des termes peu usités ou soutenus, c'est intéressant. Enfin, il y a beaucoup de références pop pour parler aux jeunes (en disant ça je me vieillis de 10 ans !).
Par contre, bémol, pour un éditeur comme ActuSF il reste encore des coquilles et fautes, dommage !
Pour conclure, j'ai passé un agréable moment, mais je m'attendais à (espérais) autre chose qu'une romance. Et le ton YA est trop présent pour moi. Avec un ton plus dramatique et adulte, j'aurais certainement été conquise.
Toutefois, sachez que ce titre a reçu le prix des lycéens aux Imaginales de cette année.
Par ailleurs,
Lydie Wallon n'a pas écrit que ce livre, contrairement à ce qui est précisé en 4e de couverture, elle est également l'autrice de nouvelles, novella et des romans “La Nébuleuse d'Héra”.
C'est une autrice que j'espère suivre sur des récits plus adultes.
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