Voici sept contes d'
Horace Walpole publiés par le Mercure de France.
Walpole, plus connu pour son roman gothique le Château d'Otrante, nous livre ici des contes brefs très fantaisistes et pleins de second degré. le titre,
Contes Hiéroglyphiques, peut s'entendre au sens de mystérieux, inconnu, puisque
Champollion déchiffra cette langue une trentaine d'années après la mort de l'auteur.
J'ai particulièrement apprécié le premier conte, le deuxième et le sixième que je vous présenterai ici.
Le premier conte, Une nuit après la mille et unième, met en scène la princesse Gronovia dans le royaume fantaisiste des Larbidelliens, affublés d'un empereur géant qui, tel Schariar, prend une nouvelle épouse chaque nuit avant de la faire décapiter à l'aube. Lorsque la princesse épouse le géant, elle se révèle à la fois érudite et bavarde, entraînant le géant dans des digressions aussi anarchiques qu'anachroniques, si bien que l'empereur en conclut, niant ainsi le pouvoir des histoires sur lequel se fondent justement les Mille et une nuits :
« Cette femme a caqueté au moins huit heures d'affilée. Tu m'entends ? Ma femme de demain soir sera muette. Coupe-lui la langue avant de la conduire dans notre lit. »
Reste à savoir comment cette nouvelle Schéhérazade va obtenir la vie sauve...
Dans le deuxième conte, le Roi et ses trois filles, à l'atmosphère plus gothique, le roi est confronté à un problème de taille : marier sa fille aînée avant les deux cadettes, sachant que la fille aînée n'est jamais née. Un jour, se présente un prétendant, « le prince de Quifferiquimini, qui aurait été le héros le plus accompli de son temps s'il n'était mort […] et s'il n'avait pas eu trois jambes. », et qui va peut-être changer la donne... J'ai beaucoup aimé l'humour macabre et les raisonnements absurdes dont nous gratifie l'auteur à propos de la descendance du roi.
Enfin, le sixième conte, Une Véritable histoire d'amour, m'a particulièrement plu pour sa chute. On y découvre l'histoire d'amour shakespearienne à souhait du jeune Orondates, adopté par une riche veuve dans son enfance et de la belle Azora, esclave d'une abbesse, tous deux au centre de rivalités aussi mesquines que ridicules. Je n'en dis pas plus pour ne pas en gâcher la lecture...
Ce petit recueil constitue donc une agréable surprise, d'autant plus qu'il est peu connu et donne ainsi le sentiment unique d'avoir découvert un petit trésor de divertissement...
L'ensemble gagnerait cependant à être lu d'une traite ou du moins, rapidement, contrairement à ce que j'ai fait en lisant plusieurs livres en parallèle, gâchant un peu l'atmosphère du recueil par une lecture hachée.
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