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Cécile Dutheil de La Rochère (Traducteur)
EAN : 9782070573356
368 pages
Gallimard (13/04/2007)
3.58/5   68 notes
Résumé :
Dans le petit village irlandais de Coolbar, Shell tente d'être un lycéenne comme le autres. Mais élever Trix et Jimmy, ses petits frères et sœurs, tout en les protégeant d'un père alcoolique et violent, n'est pas un quotidien ordinaire pour une jeune fille de quinze ans.
Pourtant, Shell ressent profondément la joie d'exister. D'où lui vient cette force incroyable qui la sauve, même quand l'Irlande entière la montre du doigt ?
Un roman singulier et fort... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (14) Voir plus Ajouter une critique
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Extrait : «  Les feuilles de saule brillaient d'une blancheur spectrale et oscillaient dans le vent. Les baies rouges dans les haies tombaient à cause du gel.
Un jour, Shell eut seize ans .
Pourquoi, elle ne le savait pas, mais elle crut bon de le rappeler à son père, un soir après l'école. Las! Il se contenta de hocher la tête d'un air entendu ».P176.
1984: Michelle dite: Shell, quinze ans , vit avec son père Joe, ses petits frère et soeur Trix et Jimmy dans le petit village de Coolbar , où tout le monde se connaît —- ragots et fausses rumeurs circulent à la vitesse de la lumière —-
Depuis qu'elle a perdu sa maman , il y a plus d'un an elle doit assurer le quotidien : cuisine, lessive, repas, elle ne peut aller au lycée tous les jours.

Le père, peu pieux avant le décès de son épouse ,Moira Talent , brûlait maintenant pour Dieu , récitait des prières , ——-une dizaine de chapelets tous les jours——l'incarnation même de la piété , avait abandonné son job, dans une ferme , vendu la télé , organisait des collectes pour l'église , hurlait presque les chants pendant la messe, était devenu alcoolique , violent , se précipitait au pub , chez Stack..

La religion imprègne fortement la communauté de Coolbar,——omniprésente dans le récit:chemin de croix, sermons des deux prêtres importants , célébrations, cérémonies , jeûnes ,prières et veilles—- au sein d'une Irlande du Sud , en 1984,——- Coolbar, un village figé dans le temps —— où la pauvreté , l'alcoolisme , les grossesses adolescentes, calomnies, ragots , idées reçues , croyances dépassées perdurent,..

Perdue entre la naïveté et l'insouciance de l'adolescence, prise dans ses responsabilités d'adulte, Shell succombe aux charmes de Ducan Ronan, un garçon du village aux parents aisés,.
Un jour ,trop tard, elle s'aperçoit qu'elle est enceinte .

Mais c'est une battante ——-ressentant profondément la joie d'exister ——elle s'évade dans l'imaginaire en sublimant les moments de sa vie, au sein des épisodes de la Bible en retrouvant sa chère maman elle l'associe à une image pieuse, , se prend pour Marie - Madeleine voit sa maman en rêve, l'entend chanter ...

Entre voyage initiatique et enquête policière , ce roman psychologique à l'intrigue classique et aux personnages attachants : Shell, le père Rose, Madame Duggan , la meilleure amie de maman, Trix et Jimmy , se double d'une réflexion sur la rédemption, le décalage de la religion et de la foi par rapport aux réalités de la vie.

L'écriture simple, rapide et précise donne de la légèreté au récit pourtant sombre.
Shell est animée d'une force incroyable, qui la sauve du pire , même quand l'Irlande toute entière la montre du doigt.
Une belle histoire poignante tirée de faits divers réels, singulière et forte .

«  La lune flottait tel un beau duvet de pissenlit au- dessus de l'horizon intact » ,

«  Chaque fois que Jésus meurt, songea - t- elle, nous mourons un peu nous aussi » ...

«  Elle s'éloignait de moi
Sous l'étoile qui brillait
Tel un cygne dans le soir
Qui sur un lac glissait » ,..
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Sans un cri est le premier roman de Siobhan Dowd, paru en 2007 dans la collection Scripto (Gallimard Jeunesse). L'histoire poignante, parfois choquante, est inspirée de faits réels.

Shell, 15 ans, vit avec son frère Jimmy et soeur Trix dans le petit village irlandais de Coolbar. Shell n'est qu'une adolescente mais doit s'occuper de la maisonnée depuis que sa mère Moira est morte et que son père a sombré dans l'alcool. Chaque jour, la même routine : elle s'occupe de la cuisine, du ménage, des enfants avec les moyens du bord et va rarement au collège. Depuis que sa mère n'est plus là, le chaos s'est abattu sur la famille. le père violent est souvent parti au pub, laissant les enfants sans ressources, ce qui oblige Shell à endosser les responsabilités d'une mère. Seule la figure du père Rose dont elle boit les paroles à chaque messe lui donne confiance et courage pour affronter la rudesse de son quotidien. La foi qui rayonne en elle et le souvenir omniprésent de sa mère sont une véritable béquille pour l'adolescente. Perdue entre l'insouciance de l'adolescence et ses responsabilités d'adulte, Shell succombe aux charmes d'un garçon, rompant le lien d'amitié qu'elle entretenait avec sa meilleure amie Birdie (qui sortait avec le garçon en secret). Un jour, alors qu'elle fréquente Declan depuis quatre mois, elle s'aperçoit qu'elle est enceinte...



Sans un cri, c'est d'abord l'histoire d'une battante. le titre fait référence à la souffrance inexprimée, intériorisée de l'adolescente, enfermée dans la solitude, dont le surnom « Shell » signifie « coquille » ou « carapace » en anglais. Shell, forte de sa capacité à s'évader par l'imaginaire, supporte les difficultés comme un rock subit les assauts du vent et des vagues. Cet ouvrage raconte aussi le deuil, la douleur d'une absence, celle de Moira, la mère décédée. Shell vit avec le souvenir de sa mère encore tellement présente à son esprit qu'elle l'aperçoit souvent à la manière d'un présence rassurante, l'évocation d'un passé plus chaleureux. le drame de son absence pèse sur toute la famille et hante le roman de visions surnaturelles.

A aucun moment on a pitié de l'héroïne. le récit enchaîne une suite d'événements sordides sans jamais rendre les personnages pathétiques ou misérables. Shell, devenue adulte trop vite, est une héroïne tragique aux prises avec son propre destin. La trahison de son premier amour, sa grossesse, la mort de sa mère, la solitude, Shell endure tout en introspection et nous épargne les clichés. D'une nature rêveuse, Shell sublime de façon naïve et touchante son quotidien en comparant sa vie avec des épisodes de la Bible. La narration du quotidien est souvent ponctuée de scènes bibliques qu'elle imagine, pour transcender la triste réalité et passer outre, avancer, toujours vivre au jour le jour. On se rend compte du rôle « porteur » de la religion dans ce petit village où tout semble figé dans le temps. L'histoire a beau se passer en 1984, la vie provinciale, la pauvreté de la famille de Shell, la présence souvent pesante de la religion ancrent le récit dans un temps plus archaïque et reculé. Paradoxalement, la dévotion religieuse n'aidera personne dans ce roman ; ni Shell ni son père, ni même le père Rose ne trouveront de réponse dans leurs prières.

Le récit, raconté à la 3e personne, comprend de nombreuses scènes de dialogues. L'écriture est très imagée, les descriptions s'accompagnent des représentations mentales de l'adolescente. le lecteur est donc en lien direct avec l'émotion du personnage. Tout est perçu comme Shell le ressent, ce qui confère une grande force au récit qui regorge d'émotions. L'écriture fourmille de métaphores à la fois simples et « parlantes ». La voix intérieure de Shell, celle qui reste muette aux yeux du monde, se manifeste en italique dans le roman et matérialise un double niveau d'expression de l'adolescente tout en rapprochant le lecteur au plus près de sa conscience, le noyau brûlant du personnage. Ce bouillonnement intérieur, ce tiraillement perpétuel entre parole et silence, représentent le voyage personnel de Shell. de la mort de sa mère au malheur de sa grossesse, en allant au bout de son calvaire, Shell libère toute la famille d'un poids : celui du silence, de l'absence, du regret. Il aura fallu un grand malheur pour que son père revienne parmi les vivants et prenne à nouveau part à la vie de famille. Chacun commence alors à croire en l'autre, la parole se libère et le souvenir de la mère peut alors trouver sa place dans le passé.

Sans un cri est un roman psychologique poignant mais c'est aussi un roman noir à partir du lancement de l'enquête policière. le suspense et l'intensité dramatique vont crescendo sans laisser au lecteur le temps de reprendre sa respiration. La première partie du roman, celle qui précède l'accouchement reflète plutôt la monotonie de son existence et crée une atmosphère mais c'est aussi une façon de ménager le lecteur pour la suite tragique et l'enchaînement des événements. Malgré la gravité des thèmes, le récit est bien celui d'une adolescente. L'écriture simple, rapide, précise donne de la légèreté au récit. L'insouciance et la naïveté propre à l'âge de l'héroïne sont comme une bouffée d'air frais qu'on apprécie pour affronter la trame dramatique particulièrement dense. Gallimard recommande cette lecture à un lectorat âgé de 13 ans minimum. Selon moi cette histoire conviendrait mieux à un adolescent de 15, 16 ans, de l'âge de l'héroïne au moins. le thème est plus adapté à un lectorat féminin. le livre est difficile et ne constitue pas une lecture plaisir dans le sens où la lecture est éprouvante pour qui est investi émotionnellement dans l'histoire. Sans un cri est une lecture bouleversante qui projette le lecteur au coeur d'une tornade émotionnelle.

Pour ceux qui aimeront Sans un cri, je recommande Où vas-tu, Sunshine? (2010). Même collection, même auteur, sur le malaise adolescent.
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Lorsque j'étais au collège, face à mon inclination affirmée pour la littérature de l'imaginaire, la professeure documentaliste n'avait de cesse de me conseiller des ouvrages appartenant à d'autres genres afin d'élargir mes horizons littéraires. Si dans un premier temps j'étais quelque peu ennuyée par cette obstination à me détourner de ma fantasy adorée, j'ai très rapidement changé d'avis et mon indignation s'est aussitôt transformée en reconnaissance : non seulement les ouvrages qu'elle me conseillait alors me plaisaient énormément, mais je me rendais compte que diversifier mes lectures allait me permettre d'avoir bien plus de choix (je lisais alors presque un livre par jour et dévalisais donc le stock du CDI à vitesse grand V). C'est donc grâce à elle que je me suis retrouvée avec ce petit livre bouleversant entre les mains, roman que je relis assez régulièrement malgré les larmes qu'il entraine à chaque fois …

Cela fait déjà un an que la mère de Shell, quinze ans, est morte. Un an qu'elle tente d'élever son petit frère, Trix, et sa petite soeur, Jimmy. Un an que son père s'est réfugié dans la boisson pour noyer sa tristesse et la religion pour expier ses péchés. Mais malgré ce quotidien difficile, malgré la pauvreté dans laquelle ils sont plongés, malgré les sautes d'humeur de son père et le grand vide qui remplace désormais sa foi, Shell est heureuse, à sa manière. Avec Bridie, sa meilleure amie, et Declan, un garçon du village qui l'attire autant qu'il l'agace, la jeune fille fait l'école buissonnière plus souvent qu'à son tour et parcourt la nature désolée qui entoure le sinistre petit village de Coolbar. Tout bascule le jour où un nouveau prêtre, le Père Rose, rejoint la paroisse. Grâce à lui, Shell retrouve le chemin de la foi … foi dont elle aura bien besoin pour survivre aux événements qui vont s'enchainer dans sa vie, tandis que Declan occupe une place de plus en plus importante dans son coeur et que Bridie s'éloigne de jalousie.

Il est incroyablement difficile de parler de cet ouvrage : tout son intérêt se situe dans un chamboulement majeur que le résumé n'évoque pas et que j'ai préféré garder sous silence également, car le dévoiler risquerait de gâcher la surprise de ceux qui désireraient découvrir ce livre. Il est rare que je lance des exhortations à la lecture si tôt dans mes chroniques, mais aujourd'hui je vous le dis dès à présent : lisez ce livre ! Il s'agit d'un récit poignant, bouleversant et déchirant, qui aborde avec énormément de justesse et d'émotions une thématique sensible peu présente en littérature jeunesse, sans jamais tomber dans les clichés ou dans le pathétisme. Pour écrire cette histoire, l'auteure s'est inspirée de divers faits réels, et cela se ressent : l'histoire fait trop « réelle » pour que cela en soit autrement. A travers ce livre, l'auteure raconte une multitude d'histoires, toutes semblables mais pourtant toute uniques, comme cela est illustré dans le roman. Et en suivant Shell, ce sont toutes les jeunes filles dont elle est inspirée que le lecteur rencontre. Et alors, lorsque l'on prend conscience de cela, il est encore plus difficile de rester indifférent face aux malheurs qui s'abattent sur cette adolescente plus perdue et fragile qu'elle ne le montre. Shell est une héroïne très attachante parce qu'humaine, elle fait des erreurs et les regrette, elle est simple et naturelle, et je me suis finalement très rapidement identifiée à elle …

Beaucoup de lecteurs regrettent la forte présence de la religion dans ce récit … mais sans elle, l'histoire n'aurait plus aucune raison d'être. Car cet ouvrage pose également de grandes questions sur la vie, sur la mort, il évoque le deuil et la quête de sens. Pour Shell comme pour bien d'autres âmes en ce monde, la religion est la réponse à ces interrogations, à ces craintes, à ces doutes. Il est intéressant de constater que son rapport à la religion évolue au fil du temps et des événements : elle qui avait perdu la foi suite à la mort de sa mère va la retrouver à un moment clé de son existence, car elle a besoin de quelqu'un vers qui se tourner et que seul Dieu a répondu à cet appel qu'elle n'avait pas eu conscience de lancer. La foi fait partie intégrante du personnage, et sans cet aspect, Shell ne serait plus la même, et l'histoire non plus. Alors oui, ce roman parle de la religion catholique, il évoque même les « crises spirituelles » des prêtres qui doutent - ce qui suffit à prouver qu'il ne s'agit pas d'une apologie pure et simple du catholicisme -, mais je vous invite vraiment à ne pas laisser cela vous rebuter ! Il faut ainsi resituer l'histoire dans son contexte historique et géographique : l'intrigue prend place dans un petit village du sud de l'Irlande en 1984 … forcément que la religion influence fortement le quotidien des habitants de Coolbar !

Sans un cri fait partie de ces romans à la narration impressionnante qui transportent littéralement le lecteur au coeur de l'histoire. Dès la première phrase, le contexte est posé : Coolbar est à la fois un village désolé où la misère règne en maitre et une communauté conservatrice où l'on juge sans savoir et où l'on accueille difficilement la nouveauté. Les mots se transforment en images, en sons et en sensations pour plonger le lecteur dans cette ambiance si particulière, à la fois pesante et légère. Car Shell, en dépit des responsabilités que la vie a posées sur ses frêles épaules, reste avant tout une adolescente insouciante, une enfant qui a grandi trop vite. Pour ne pas se laisser abattre par ce quotidien monotone et cruel, elle s'évade dans un imaginaire qui n'appartient qu'à elle, dans des rêveries éveillées qui subliment la réalité. Bien souvent, Shell ressent la présence de sa mère, elle la voit à ses côtés, comme pour la guider ou la soutenir, et ces apparitions furtives lui donnent la force de supporter cette existence difficile. Sans jamais tomber dans le fantastique, ces illusions, ces songes, apportent une touche d'onirisme bienvenu pour contrebalancer la noirceur du drame qui se joue devant nos yeux. Une bouffée d'air frais pour le lecteur qui risquerait de se laisser submerger par l'émotion.

En bref, Sans un cri est un roman coup de poing, un récit qui vous prend aux tripes, qui vous accroche dès la première phrase pour ne vous lâcher qu'à la dernière, une histoire qui vous bouleverse et qui vous fait relativiser. Je ne comprends pas pourquoi cet ouvrage est si peu connu, ni pourquoi il semble si peu aimé par son lectorat : il a à mes yeux toutes les qualités que l'on peut demander à un livre. Des personnages uniques, intéressants, attachants, à la personnalité riche et complexe. Une thématique puissante, rarement abordée en littérature jeunesse, et de plus particulièrement bien exploitée. Une histoire d'un réalisme rare, qui mêle enquête policière et récit initiatique, qui s'inscrit dans un cadre historique singulier et qui captive le lecteur du début à la fin. Une plume fantastique et poétique qui fait vivre le récit et vibrer le coeur du lecteur. C'est donc un livre que je conseille très volontiers … mais avec précaution. C'est un ouvrage dur et éprouvant qui devrait être réservé aux jeunes adultes, pas avant seize ans je pense : l'ayant moi-même découvert bien plus jeune, j'ai eu du mal à m'en remettre la première fois … et n'avait de plus pas saisi tous les enjeux de l'intrigue. Une lecture très intéressante mais impitoyable.
Lien : https://lesmotsetaientlivres..
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Ce roman d'apprentissage se passe en Irlande. L'héroïne, Shell, est une adolescente de 15 ans qui vit avec son père, son petit frère et sa petite soeur.
L'intrigue, assez classique (mère morte, père alcoolique, l'héroïne tombe enceinte), est souvent cousue de fil blanc mais le style très juste et les personnages principaux (Shell et le père Rose notamment) si attachants que le lecteur est captivé jusqu'à la dernière page.
La religion est omniprésente mais il y a une réflexion sur la rédemption, sur le décalage de la religion et de la foi par rapport à la réalité.
La fin ouverte laisse espérer des jours meilleurs pour Shell et sa famille, ouf !

A lire dans la même collection :
La maison des lointains, Cracheur de feu, Interface, Junk, Sobibor, Zarbie les yeux verts, Sans abri….et tous les autres titres car cette collection destinée aux adolescents est vraiment d'une grande qualité !

[Dominique Moulin]
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Difficile de parler de ce livre sans révéler ce qui s'y passe, l'histoire est tout simplement poignante, criante de vérités et subliment, subtilement, écrite. Ouah je me suis complément laissée porter par les mots de l'auteure, par les événements que vit Shell, 15 ans, qui garde la force de vivre alors qu'elle a la lourde responsabilité d'élever ses jeunes frère et soeur depuis la mort de leur mère; de subir la misère qui leur fait vivre un père dévasté par la mort de son épouse bien aimée, par l'alcoolisme. Leur quotidien n'est que pauvreté, faim, saleté, violence… Et pourtant Shell est heureuse de vivre!

L'auteure met en avant la pauvreté du peuple irlandais et de tout ce qui peut en découler: violence familiale, grossesse adolescente, alcoolisme, prostitution, illettrisme… un peuple qui n'a que la religion pour l'aider à tenir, à garder espoir. Siobhan Dowd signe un premier roman très sombre, façon thriller sur fond de drame sociale mais emprunt d'une touche d'espoir incroyable. L'innocence de Shell est une véritable bouffée d'oxygène dans la tempête émotionnelle que l'on traverse à la lecture de ce roman!

Bien que publié en section jeunesse, c'est un roman à ne pas mettre entre toutes les mains!
Lien : http://sirthisandladythat.wo..
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Toute la journée, Shell flotta sur le nuage du père Rose. Elle vit son visage - ou était-ce celui de Jésus ? -apparaître sous les épluchures de pommes de terre dans la cuvette. Elle le vit briller dans le miroir quand la lumière faiblissait, et scintiller dans l'obscurité quand elle sombrait dans le sommeil...

Le lendemain, les trois enfants se levèrent tôt pour aller ramasser les pierres dans le champ du fond. C'était une corvée que papa leur avait imposée au début de l'hiver, sans jamais leur donner d'explication. Peut-être avait-il l'intention de labourer le champ plus tard... en tout cas il ne leur en avait rien dit. Ils avaient déjà réussi à former un cairn important, qui grossissait de jour en jour du côté nord-est. Et presque tous les matins, ils y allaient, telles trois petites sentinelles grimpant la colline sous la lumière pâle, le dos courbé sous le poids de leurs ustensiles.

Ce matin, Shell prit le vieux fourre-tout qu ils utilisaient pour transporter les pierres. Elle avait froid et elle avait faim. Il pleuvait comme vache qui pisse.

- Papa, demanda-t-elle, pourquoi est-ce qu'il faut qu'on retire les pierres ?

Il était assis dans son fauteuil près du feu, tenant mollement le tisonnier, le regard perdu dans les flammes comme si celles-ci détenaient la clé de l'énigme de la vie.

- Comment ça ? répondit-il en levant brutalement le regard.

- Pourquoi est-ce qu'il faut qu'on retire les pierres ?

- Parce que je vous l'ai demandé. Ça ne suffit pas ?
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Elle sentit les doigts de sa petite sœur passer dans le creux de son dos puis remonter jusqu'aux omoplates.
- C'est quoi? demanda Trix. Devine...
- J'sais pas.
- Devine.
- Un arbre?
- Non
- Un serpent?
- Non, c'est plus que ça.
- Langue au chat. Alors, quoi?
- La mer, avec des poissons et le lieutenant de police Molloy, là... (Et elle sentit l'ongle du pouce de Trix s'enfoncer dans le creux de son dos.) Au fond, noyé. Les poisson sont en train de le dévorer -Elle remonta aux omoplates- Et là c'est le ciel, avec Rosie qui ouvre ses ailes.

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«  Il montait, oiseau en vol plané, le cri prompt et pur, essor d’argent souverain, il s’imposa avec sérénité , s’accéléra , se soutint ...

James Joyce , Ulysse, Gallimard , 2004.
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"Trix, Jimmy, Shell, : ils formaient une rangée silencieuse qui remontait vers le champ pour aller ramasser les pierres. Toujours ensemble. Libres. Protégés par la lumière éternelle de maman. Et leur vie de déployait devant eux, autour d'eux et hors d'eux tandis qu'ils hurlaient sur la grande roue comme trois hiboux devenus fous. Quelle joie d'exister, quelle joie ! "
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Une jetée, c'est comme un pont qui vous joue des tours. On croit qu'il mène quelque part mais il finit par vous faire perdre tout espoir.
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