Max Weber était juriste de formation. Dans cet ouvrage, il pose la question, classique en science politique et droit public, du passage de la force brute au droit et de la construction d'un pouvoir "légitime".
"Il y a droit lorsque la validité est garantie extérieurement par l'exercice d'une contrainte, physique ou psychique, grâce à l'activité d'une instance humaine, spécialement instituée à cet effet, qui force au respect de l'ordre et châtie la violation".
Appliquant ses principes de sociologue au Droit,
Max Weber entreprend de "dé-fétichiser" les catégories juridiques par une approche rationnelle des relations sociales qui les sous-tendent.
S'opposant à Marx, qui confrontait le fait et la norme, les buts affichés par le législateur et la fonction sociale finalement assumée par les normes, il considère le Droit moderne de son temps comme accompagnant favorablement le développement du capitalisme, par la prédominance du contrat sur le statut, de la loi sur des décisions ponctuelles, administratives et jurisprudentielles.
Pour autant, s'inspirant de Ihering et Jellinek, il considère le Droit comme ayant sa dynamique autonome, et relativise les dualités droit public/droit privé ou découverte/création de la règle de Droit.
Poursuivant l'école historique de Hugo, qui dénonce les excès de rationalisme des législateurs des Lumières, car gommant l'enracinement social du Droit et sa complexité irréductible à la raison abstraite, il déconstruit l'illusion spéculative chère à Hegel : le dogmatisme juridique part de concepts qui font en réalité apparaître des réalités sociales comme structures réifiées. Il s'efforce de retrouver derrière les catégories juridiques (association, Etat...) l'activité, les missions qui lui donnent son sens.
Au final, Weber applique ici au Droit "sa" sociologie : il s'agit de l'interpréter en tant qu'activité sociale, et par là d'en expliquer causalement le déroulement et les effets. Puis, par la confrontation incessante d'idéal-types construits à partir des actes, choses et organisations, de substituer à la confusion du réel un système cohérent et rationnel d'interprétation.