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EAN : 9782825123935
292 pages
L'Age d'Homme (28/02/1989)
3.8/5   25 notes
Résumé :
Sexe et caractère fut au début du XXe siècle l’ouvrage le plus lu et le plus controversé sur la question féminine. Son auteur, Otto Weininger (1880-1903), l’un des personnages les plus étonnants de l’intelligentsia juive viennoise, se donnait la mort quelques mois après sa publication. Il était âgé de 23 ans. À son enterrement on vit Ludwig Wittgenstein, Karl Kraus et Stefan Zweig. Sigmund Freud lui-même parle de Sexe et caractère dans son œuvre et qualifie son aute... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Marrant à lire, à titre de curiosité. Ce n'est pas parce que son auteur s'est suicidé à 23 ans qu'il faut considérer que ce texte est l'oeuvre d'un homme talentueux. Non, c'est pathétique dans l'ensemble, ennuyeux localement.


Ce texte est connu pour avoir suscité de grosses polémiques, rapport au discours misogyne et antisémite. Ouais, en gros Otto raconte que la femme et le juif sont le néant mais l'homme doit quand même les traiter comme des êtres humains, d'un point de vue moral, histoire de montrer qu'il possède bien une conscience et un sens des responsabilités.


Certains, pour atténuer la polémique (ou pour justifier sur le ton du politiquement correct leur engouement passionnel pour une théorie pas gentille), mentionnent la première partie du texte. Ici, Otto raconte l'histoire de la polarité sexuelle qui définit chaque individu. L'homme comme la femme peuvent se quantifier selon une répartition des éléments F et des éléments H tels que F = 1-H (ou H = 1- F). Les pédés posséderaient ainsi plus d'éléments F que d'éléments H en eux, et les lesbiennes, ce serait le contraire. L'amour idéal est aussi défini selon une fonction, comme quoi, si un type est quantifié H(56) et F(44), alors il recherchera une femme quantifiée F(56) et H(44). Hop, c'est bouclé. Et donc, les gentils contempteurs nous disent que dans la deuxième partie, Weininger ne parle en fait que de l'élément F présent en chaque individu. Je ne sais pas pour vous, mais moi, quand je lis que la femme est quand même un être humain, je pense qu'il parle de la femme individu, et non pas de l'élément femelle présent justement en chaque être humain.


Weininger se montre souvent contradictoire, mais ce n'est plus très intéressant de faire la liste de ses hésitations. Par contre, pour rigoler, on peut faire la liste de tous les trucs les plus dingues qu'on peut lire là-dedans. Et la liste ne sera pas exhaustive, histoire de vous donner envie de feuilleter un peu pour prolonger le best-of :
- « L'homme a le pénis, mais le vagin possède la femme. »
- « L'homme ne s'intéresse pas à la nudité de l'homme, tandis que toute femme, toujours, déshabille en pensée sa voisine. »
- « Les bibliothèques de prêt sont fréquentées surtout par des femmes, et notamment par des femmes ayant suffisamment d'argent pour acheter plusieurs bibliothèques ; mais il leur manque d'avoir un rapport plus profond avec ce qui leur appartient qu'avec ce qu'elles empruntent. »
- « C'est donc ce qu'on loue dans l'amour maternel que j'estime être en lui blâmable : l'absence de choix. Il s'agit là d'un amour instinctif et impulsif. »
- « Mère ou courtisane, la femme, n'étant que sexuelle, et l'étant par le corps tout entier, est constamment et par tout ce qu'elle rencontre coïtée. »


Après, il y a quelques idées intéressantes quand même, notamment celle selon laquelle la femme serait un équivalent de l'Ombre de l'homme. La femme aurait été créée comme objectivation de la sexualité de l'homme. « La malédiction qui pèse sur la femme n'est que le résultat de la volonté MAUVAISE DE L'HOMME : le néant n'est que l'instrument de la négation. […] Lorsqu'il s'est SEXUALISE, l'homme a CREE la femme. le fait que la femme soit là signifie donc l'acceptation, l'affirmation, de la sexualité par l'homme. La femme n'est que le résultat de cette acceptation et de cette affirmation de la sexualité, elle est la sexualité elle-même ». C'est intéressant, mais cela reste manichéen, comme tout le reste.


De bonnes idées aussi sur le génie et la nature de la philosophie (« Philosopher ne consiste en rien d'autre que cette rencontre avec soi-même ; c'est une révélation de soi, un éveil du moi réel par la moi idéal. L'acte de philosopher est le fondement de toutes les autres révélations ; et au point de départ de la philosophie, il y a cette invite faite au moi réel à penser, à s'éveiller, et à devenir esprit »). Un peu de folie aussi avec la conclusion proposée : la femme doit devenir totalement homme, abandonnant toute velléité à la reproduction, entraînant ainsi la conversion de l'humanité à la chasteté. Et la survie de l'espèce ne constitue pas un devoir moral car « le refus de la sexualité ne tue que l'homme physique, et ne le tue que pour faire place à l'homme spirituel ». Voilà, c'est un peu fou, un peu réjouissant, totalement abstrait et donc peu souhaitable, j'imagine.


On pourrait accuser Weininger d'avoir écrit ce petit brûlot parce qu'il ne baisait pas, par exemple, parce qu'il n'avait pas de succès avec les femmes, etc. En fait, je n'en sais rien. C'est possible. A 23 ans, on a envie de pécho si on est en bonne santé. Mais en fait, la principale réfutation que l'on puisse faire à ce texte, Weininger l'a écrite lui-même : « L'étude qui doit être entreprise ici ne saurait ainsi l'être que dans la mesure où l'on estime possible d'énoncer sur la femme des choses justes sans être femme soi-même ».


Rien de rationnel là-dedans mais pour la rigolade, ça fera son effet.
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⚠️ Attention, ouvrage à ne pas mettre entre toutes les mains ! Féministes et wokistes de tout d'abord, vous risquez de vous étouffer, de vous étrangler voire de frôler l'attaque cardiaque à la lecture des propos tenus par Otto Weininger !

Antiféminisme, antisémitisme et homophobie sont les principaux sujets abordés ici par l'auteur, regroupant tout ce que nous pourrions appeller aujourd'hui des "clichés" : la femme a besoin de l'homme pour se projeter en lui afin de comprendre qu'elle existe, la femme est un objet sans conscience au même titre qu'une plante, le juif a une part élevée de féminin en lui donc ne vaut pas mieux qu'une femme, etc, etc ...

Avant de crier au scandale, le lecteur doit avant tout prendre en compte le contexte historique dans lequel vivait Otto Weininger. Dès la fin du XIXème siècle en Allemagne et en Autriche, ce courant de pensées séduisait de plus en plus de philosophes, écrivains et compositeurs. Finalement, il ne s'agit là que de la genèse ou des prémices de l'idéologie nazie. Il est alors intéressant de comprendre les rouages de cette pensée et comment elle a pu aboutir aux horreurs perpétrées lors de la Seconde Guerre Mondiale.

Grâce à "Sexe et caractère", il nous est donné de cheminer dans les méandres de ce courant de pensées, d'en comprendre les rouages et d'être à même de déconstruire ce discours à l'aune du XXIème siècle. Intéressant donc, à condition de ne pas le prendre au premier degré !

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Livre scientifico-socio-PHILO-métaphysique nécessitant tant une capacité de travail pour le lire (mots complexes, références précises, densité d'informations) qu'une expérience empirique certaine de la vie, une mémoire constante contextuelle et une capacité de réflexion au-delà de soi-même et du scientisme.
Entre les procès d'intention (donc les sophismes) (en dépit de toutes les précautions littéraires d'usage de l'auteur) de ses détracteurs et les paralogismes de ses défenseurs, l'oeuvre propose une lecture et une vérité absolue hors du temps.
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Vaste essai délirant par moments, qui comprend aussi bien des chapitres illisibles où l'auteur se propose de démontrer que la femme n'est pas un être humain (ou que les juifs sont intrinsèquement féminins), que des chapitres fabuleux sur la mémoire et le génie, Sexe et caractère aborde des questions biologiques, sociologiques et psychanalytique si vaste qu'on l'apparenterait plus volontiers à une épopée théorique et scientifique quelque peu homérique qu'à un essai sur lequel on aurait d'ailleurs bien du mal à placer un épithète. Et ne serait-ce que pour sa formule mathématique régissant l'attraction sexuelle de l'Homme pour la Femme (c'est-à-dire des individus fictifs ayant 100% de substance masculine si ce sont des hommes et féminines si ce sont des femmes, et non un dosage des deux substances comme pour les autres individus), Sexe et caractère doit être mis entre toutes les mains !
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Vaste essai, très excessif dans ses propos sur la femme (on soupçonne dès les premières lignes l'auteur d'avoir fait l'objet d'une grande déception amoureuse), mais parfois intéressant. Ce qui est certain, c'est que l'auteur a beaucoup souffert, car il a mis fin à ses jours peu de temps après avoir rédigé cet ouvrage, à 23 ans. Ce livre est à la source de plusieurs autres, qu'ils le contestent ou bien qu'ils épousent ses thèses, il est donc intéressant, ne serait-ce que par curiosité, d'en prendre connaissance.
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Citations et extraits (84) Voir plus Ajouter une citation
La relation de l’homme à la femme n’est autre que celle du sujet à l’objet. C’est à la perfection même de l’objet que la femme cherche à atteindre. Elle est la chose de l’homme ou la chose de l’enfant et ne veut être en tout et malgré tous les déguisements dont cette volonté se couvre considérée que comme une chose. On ne saurait méconnaître plus gravement ce qu’est la volonté profonde d’une femme qu’en prêtant intérêt à ce qui lui arrive, en essayant d’entrer dans ses espoirs et dans ses sentiments, de pénétrer sa vie et son être. La femme ne veut pas être traitée comme un sujet, son but est la passivité, qui ne fait qu’un avec la féminité même ; elle veut pouvoir sentir qu’une volonté est dirigée sur elle et se soucie peu qu’on la craigne ou qu’on la ménage : elle ne veut pas compter. Son besoin est d’être désirée comme un corps, possédée comme un bien. De même que la sensation pure n’acquiert de la réalité qu’au moment où elle est conçue, c’est-à-dire où on la pose en face de soi, la femme ne vient à exister et à avoir le sentiment de son existence qu’au moment où elle est élevée au rang d’objet par ces sujets que sont l’homme ou l’enfant, c’est-à-dire que dans la mesure où elle reçoit cette existence d’autrui.

Ce qu’exprime, sur le plan de la théorie de la connaissance, cette opposition du sujet et de l’objet est ce qu’exprime ontologiquement l’opposition de la forme et de la matière. Celle-ci n’est que la traduction de celle-là du langage de la transcendantalité dans celui de la transcendance, du langage de la critique de l’expérience dans celui de la métaphysique.

La matière, l’absolument non-individualisé, ce qui peut recevoir toute forme sans posséder soi-même aucune qualité définie et durable, est aussi dépourvue d’essence que la sensation pure, matière de l’expérience, l’est d’existence. Ainsi l’opposition sujet-objet est-elle une opposition d’existence (en ce que la sensation n’acquiert de réalité que comme objet et par rapport à un sujet), tandis que l’opposition forme-matière est une opposition d’essence (la matière non encore informée étant absolument dépourvue de qualités).
(…)
C’est abaisser Platon au niveau d’un penseur superficiel que de vouloir assimiler ce non-étant à l’espace, comme on le fait souvent. Jamais un philosophe n’aura l’idée d’accorder à l’espace une existence métaphysique, mais jamais non plus il ne l’identifiera au non-étant en soi. Il est même caractéristique du bavard insolent et ignorant de voir dans l’espace vide un « rien du tout » ou un « néant » et sa réalité n’est perceptible et n’apparaît comme un problème qu’à partir d’un certain degré de réflexion.
(…)
Ainsi, cette dualité de l’homme et de la femme se révèle être en fait un dualisme, celui de la vie supérieure et de la vie inférieure, du sujet et de l’objet, de la forme et de la matière, du quelque chose et du rien. Tout être métaphysique, tout être transcendantal est un être logique et moral. La femme est alogique et amorale. Elle n’est pas négation, elle est néant, elle n’est pas oui, mais elle n’est pas davantage non.

L’homme a en lui la possibilité et de l’absolu quelque chose et de l’absolu néant et toute son action orientée soit dans un sens, soit dans l’autre. La femme, elle, ne pèche pas, car elle est elle-même, le péché, comme possibilité en l’homme. L’homme absolu a été fait à l’image de Dieu, qui est l’absolu quelque chose ; la femme, et aussi bien la femme dans l’homme, est le symbole du rien. C’est là la signification de la femme dans l’univers, ce qui fait que l’homme et la femme se complètent et se conditionnent l’un l’autre.
(…)
Tout ce que la femme a de qualités se rapport à son non-être, à son défaut d’essence : c’est parce qu’elle n’a pas de vie vraie et inaltérable, mais une vie uniquement terrestre, qu’en tant qu’entremetteuse elle se met au service de la procréation et de la propagation de l’espèce et que l’homme qui a de l’ascendant sur elle la transforme et la modèle. (pp. 238 & 241-242)
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Cet avènement du moi en lui [dépassement de la dualité, confusion du sujet et objet], tout grand homme le connaît. Qu’il en fasse l’expérience, et donc devienne conscient de lui-même, à l’occasion de l’amour d’une femme – car le grand homme aime plus intensément que l’homme moyen – ou qu’il accède au sentiment de son essence véritable et profonde par la conscience de la faute et grâce, ici encore, à un effet de contraste qui lui représente son action comme une trahison à l’égard de lui-même – la conscience de la faute étant également chez le grand homme plus forte et plus différenciée ; que l’avènement du moi en lui le conduise à se fondre dans le tout de l’univers, à voir toutes choses en Dieu, ou lui révèle au contraire le dualisme terrible de la nature et de l’esprit, éveillant dans son être un besoin de rédemption ou de délivrance intérieure, ce qu’il apporte, et ne cessera d’apporter, avec lui et de son propre fait, c’est-à-dire sans aucune intervention de la pensée humaine, n’est rien de moins que le germe d’une vision du monde. Une vision du monde n’est pas une grande synthèse élaborée par un savant zélé assis à sa table de travail et entouré de toute une bibliothèque, elle est quelque chose de vécu, et elle peut être, considérée dans sa totalité, claire et non-équivoque alors même que de nombreux points de détail resteraient ou obscurs ou contradictoires. C’est l’avènement du moi dans la conscience qui est à la racine de toute vision du monde, de tout regard porté sur le monde dans lequel celui-ci soit considéré comme un tout, cela étant vrai pour l’artiste comme pour le philosophe. Et si radicalement que puissent s’opposer les différentes visions du monde, elles ont toutes en commun, dans la mesure où elles méritent ce titre, une chose qui est précisément ce qu’elles doivent à cette expérience de l’avènement du moi, à savoir cette que tout grand homme possède, cette conviction de l’existence d’un moi, ou d’une âme, seule dans l’univers et devant lui, et contemplant le monde entier.
(…)
L’homme de génie est celui chez qui le moi est le plus intense, le plus vivant, le plus conscient, le plus continu et le plus unitaire. Mais en même temps, le moi est le point central de l’aperception, ce qui fonde son unité, ce qui opère la « synthèse » du divers.

Le moi du génie ne peut donc qu'être lui-même aperception universelle, le point qu'il forme dans l'espace, que contient à lui seul tout cet espace : le grand homme porte en lui le monde entier, et le génie est un microcosme vivant.
(...)
A l'infini de l'univers répond chez le génie un véritable infini en lui même ; le chaos et le cosmos sont pour lui des réalités intérieures, de même que toute particularité et toute totalité, toute multiplicité et toute unité. L'homme de génie est l'homme conscient de son lien avec le monde, et le génie est proprement la part divine en l'homme.
(...)
L'homme de génie vit dans un état de conscience universelle, est la conscience de l'univers ; l'homme de la rue contient également l'univers, mais sans que cela l'amène encore au niveau de la conscience créatrice. L'un vit avec le tout dans un rapport conscient et actif, l'autre dans un rapport inconscient et virtuel ; l'homme de génie est un microcosme actuel, l'homme non-génial, un microcosme virtuel. Seul l'homme de génie est totalement homme ; l'être-homme, l'humanité (au sens kantien du terme) présente en chaque individu humain « dunamei », c'est-à-dire en puissance, ne se déploie pleinement, « energeiai » , que chez l’homme de génie.
(...)
C'est parce-que l'homme de génie est celui qui a pris conscience de son moi qu'il ressent le moi chez les autres.
(...)
Personne plus que lui ne souffre des souffrances des hommes avec lesquels il vit.
(...)
Je pense avoir suffisamment démontré par là que le génie n'est qu'une moralité supérieure. Le grand homme n'est pas seulement le plus fidèle à lui-même, le moins oublieux de sa propre vie, celui à qui l'erreur et le mensonge sont les plus odieux et insupportables ; il est aussi le plus social, l'homme le plus solitaire en même que le plus solidaire. Le génie est une forme supérieure de l'être, non seulement intellectuellement, mais moralement.

Le génie exprime l'idée de l'homme. Il montre ce que l'homme est, à savoir un sujet dont l'objet est représenté par l'univers entier, et il en est l'affirmation vivante et éternelle. (pp. 146-156)
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Revenons à la manière dont nous avons formulé tout au départ cette loi de l’universalité de la mémoire chez les grands hommes. Nous avons dit que ce qui est disparu depuis longtemps leur était aussi vrai que ce qui vient de se passer. Cela signifie que l’événement ne disparaît pas nécessairement avec la fraction de temps dans laquelle il se passe et en même temps que celle-ci, mais qu’il peut en être arraché – par la mémoire précisément. La mémoire rend les événements de la vie intemporels ; elle est, ne serait-ce que dans son concept, victoire remportée sur le temps. L’être humain ne peut se rappeler son passé que parce que sa mémoire le libère de l’emprise du temps, et alors que partout ailleurs, dans la nature, les événements en sont fonction, les élève dans l’esprit au-dessus de lui.

Mais ici, une difficulté se dresse. Comment la mémoire peut-elle inclure une négation du temps, alors qu’il est certain que nous ne saurions rien de celui-ci si nous n’avions de mémoire ? Seul le rappel du passé saura jamais nous faire prendre conscience du fait que du temps s’écoule. Comment, de deux choses aussi dépendantes l’une de l’autre, la première peut-elle être l’antithèse, en même temps que représenter le dépassement, de la seconde ? Cette difficulté est facile à résoudre. C’est précisément parce qu’un être lorsqu’il est doué de mémoire – et ceci est valable non seulement pour l’être humain, mais pour tout être – n’est plus inséré dans le temps, et que les événements qu’il vit ne le sont plus non plus, qu’il peut s’opposer à ce flux et à cette fuite du temps, et considérer le temps et son contenu comme un objet propre à être conçu. Si l’on ne pouvait, par la mémoire, sauver du temps les événements de sa vie, si ces derniers se transformaient et « variaient » avec lui et si l’homme restait prisonnier de leur temporalité, ces événements ne pourraient plus le frapper, lui-même ne pourrait plus en devenir conscient – la conscience supposant la dualité – il ne pourrait plus y avoir transformation de ce qui se passe en objet, en pensée et en représentation de l’homme. Il faut avoir vaincu le temps pour pouvoir réfléchir sur lui, être en dehors de lui pour pouvoir le considérer. Cela ne vaut pas seulement du temps particulier – on ne peut méditer sur la passion dans la passion elle-même, il faut en être sorti – mais également du concept général du temps. S’il n’y avait pas d’intemporel, il n’y aurait pas de représentation du temps. (pp. 115-116)
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L'attitude qu'il convient d'adopter pratiquement en ce qui concerne l'ensemble de ce phénomène [le mouvement féministe], sans pour autant que cette règle (ne serait-ce qu'en considération de son caractère fluctuant) doive ou puisse même ici servir de base pour l'édification d'un véritable système de lois, devrait par conséquent être la suivante : laisser toute liberté, de manière à ce qu'aucun obstacle ne se dresse sur leur route, à celles dont les besoins psychiques réels, lesquels au demeurant ne varient qu'en fonction de ce qu'est leur complexion physique, les portent à des activités d'homme, et qui sont donc celles qui présentent des traits de l'homme, mais refuser toute création de PARTI, toute idée de RÉVOLUTION, qui ne saurait avoir AUCUN FONDEMENT, c'est-à-dire en un mot tout le MOUVEMENT féministe, qui, chez un si grand nombre de femmes, est la cause d'un effort contre-nature, artificiel et, en fin de compte, mensonger. Et, dans le même sens, qu'on nous épargne aussi les habituelles inepties au sujet de la prétendue "égalité totale" ! L'être féminin même le plus proche par sa complexion de l'homme n'est jamais guère, il faut l'avoir bien présent à l'esprit, qu'un être, possédant environ 50% de H [c'est-à-dire de "substance masculine", ce qui regroupe tous les caractères masculins chez un être], et c'est à cette seule proportion, à ce seul taux, de H, précisément qu'il doit tout ce qui fait ou mieux tout ce qui pourrait faire, qu'on lui accorde de l'attention.
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Lorsque deux individus dont la formule que nous avons posée permettrait de dire qu’ils se conviennent mal mutuellement s’unissent et que, plus tard, le complément réel de l’un des deux apparaît, la tendance qui surgit chez ce dernier et qui le pousse alors à rejeter ce qui, à ce moment précis, se révèle subitement n’avoir été pour lui qu’un pis-aller, a le caractère de nécessité d’une loi de la nature. C’est là qu’est l’adultère, celui-ci survenant alors comme quelque chose qui se produit au niveau le plus élémentaire et se présentant donc comme un pur phénomène naturel, tout comme, lorsque FeSO4 entre en combinaison avec 2KOH, les ions SO4 se séparent des ions Fe pour rallier les ions K.
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