Château en Esbroufe

J'avais été séduit par "Dégâts des eaux" de E. Westlake, c'est donc en confiance que je me suis invité au "Château en Esbroufe".
Quelle erreur ma bonne dame.
Ce vaudeville international où tout le monde arnaque tout le monde est amusant mais on est loin de la veine humoristique des aventures de Dortmunder et de sa bande de pieds nickelés.

L'intrigue géographiquement fort détaillée semble trop artificiellement documentée.
J'imaginais l'auteur élaborant son intrigue parisienne les yeux rivés sur Google Maps, citant scrupuleusement les noms de rues afin d'apporter une touche d'authenticité à son récit. Il est d'ailleurs trahi par ses sources (Wikipédia?) à une ou deux reprises quand, souhaitant développer des digressions historico-touristiques à propos du canal Saint Martin ou de la Butte Montmartre il distille des informations erronées.
Rien de grave mais la fâcheuse impression d'un travail bâclé.

Je reviendrai vers l'auteur mais ici il m'a déçu.

Collection Série Noire créée par Marcel Duhamel, aux éditions Gallimard, écrit en 1980, 1981 pour la traduction française.
C'était du temps où sur la quatrième de couverture, une régie publicitaire gérait un espace publicitaire.
Dans mon édition nous avons droit à une pub avec un visuel d'enfer d'une télévision accompagnée d'un magnétoscope et même d'une télécommande :
"HITACHI
Passez la nuit avec Alfred Hitchcock.
Magnetoscope VT 8 500s :
Touches douces, rembobinage automatique, prise péritélévision, slip-line, télécommande infra rouge.... Bonne nuit blanche."
Les éditeurs de l'époque avaient imaginés que les amateurs de polar étaient aussi amateurs de films policiers.
Pour l'intrigue, on se ballade de Londres où nous pouvons déguster du gin-and-it, à Paris où règne le pernod et le cassis, à Venise où une touriste n'hésite pas à plonger dans le canal pour fuir un possible arnaqueur, au coeur de la Forêt Noire où la consommation de bière a depuis fort longtemps dépassé la norme admissible pour une simple excursion.
Une brigade internationale est en place et nous allons la suivre dans
Ses ballades dans Paris, dans tant de quartiers, j'en retiendrai deux,
Le premier, les Buttes Chaumont, parc "haut perché, montagneux et très sauvage", terrain de jeu de mon enfance et
le canal de l'ourq, le canal saint Martin, le port de la Bastille, quartiers populaires, berceau de mon enfance avant que tout cela devienne mode.
C'est drôle, on se perd dans l'intrigue, ce n'est pas un polar, pas plus un roman policier, c'est juste une farce.

Du beau et bon Westlake, avec la maestria d'un scénario au poil. Encore un plan génial, cette fois-ci pour voler la fortune d'un ex-dictateur qu'il a cachée à l'intérieur des pierres d'un château, démonté puis envoyé en France.

Pour mettre en oeuvre ce plan astucieux Eustace (mais où diable Westlake a-t-il déniché ce prénom?!) fait appel aux meilleurs de la profession : une équipe italienne, une allemande, une anglaise et une française.

Et ils ne sont pas de trop pour mettre en musique ce plan magistral, chronometré à la seconde près, et tout réussit à merveille.

A un détail près : depuis quand les voleurs sont-ils dignes de confiance?!

Westlake, jamais à court d'imagination, nous emmène à Paris suivre les péripéties d'une brochette internationale de branquignols chargés de mettre le grappin sur le magot d'un dictateur sud-américain.
L'intrigue est tirée par les cheveux mais le récit et les dialogues sont jubilatoires.