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Dans le Temps de l'Innocence, Edith Wharton nous fait ressentir, avec talent, l'ambiance de la haute société new-yorkaise des années 1870. La femme mariée à le rôle central comme garante des conventions, du sentiment de caste et d'appartenance à une société définie et circonscrite par un ensemble de codes insaisissables qu'on appelle le bon goût et le bon ton. On ressent bien l'atmosphère ouatée mais étouffante d'une société puritaine où rien ne se dit mais où tout se devine.
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C'est un grand roman que nous a livré Edith Wharton à travers le Temps de l'Innocence. On y retrouve ses thèmes favoris : la solitude, l'amour frustré, la force des barrières sociales. Ici, elle nous fait respirer, l'espace de 200 pages, l'atmosphère d'un New-York puritain et bourgeois, admirablement décrit dans ses forces et faiblesses.

Car la lutte de Newland Archer n'est pas seulement une lutte intérieure, mais aussi celle d'un homme contre l'inertie d'une société. Une inertie contre laquelle il va se briser, lui et sa passion, qu'il n'a pas le courage de vivre.

C'est ce combat qui en fait un roman remarquable par la force humaine qui s'en dégage : la volonté de liberté de Newland et de la comtesse Olenska; le poids du clan; la force des traditions. Tout se mêle et s'entremêle pour en faire un récit terrible sur l'amour mais aussi et surtout sur les faiblesses humaines.

On suit avec angoisse la progression de Newland (je l'encourageai presque, j'en criai presque quand je le voyais retomber dans les filets de la société), qui est conscient de son emprisonnement, et veut s'en sortir ! désespérément ... :

"Mais ne pas faire comme tout le monde, c'est justement ce que je veux ! insista l'amoureux."

Mais j'avoue que quand May lui répond, je me suis aussi sentie gagnée par le découragement :

"Vous êtes si original ! dit-elle, avec un regard d'admiration. Une sorte de découragement s'empara du jeune homme. Il sentait qu'il prononçait toutes les paroles que l'on attend d'un fiancé, et qu'elle faisait toutes les réponses qu'une sorte d'instinct traditionnel lui dictait - jusqu'à lui dire qu'il était original".

Cette intuition, cette volonté du départ, qui court tout le long du récit, est encore renforcée par la rencontre avec la comtesse Olenska et les longues discussions qu'ils peuvent avoir :

"- Franchement, que gagneriez-vous qui pût compenser la possibilité, la certitude d'être mal vue de tout le monde ?

- Mais ... ma liberté : n'est-ce rien ?

Petit à petit, on le voit évoluer. Il pose un regard de plus en plus lucide sur cette société qu'il critique tout en s'y sentant chez lui ("Archer goûtait un plaisir d'une qualité rare à se trouver dans un monde où l'action jaillissait de l'émotion.") Mais en même temps, il sait ce qui l'attend : "Il songeait à la platitude de l'avenir qui l'attendait et, au bout de cette perspective monotone, il apercevait sa propre image, l'image d'un homme à qui il n'arriverait jamais rien."

May, qui représente à la fois les délices de la société, mais aussi son fléau, le met devant cette faiblesse, le force à prendre une décision qu'il refuse de toutes ses forces. Jusqu'à l'assaut final où il comprend que l'individu n'est rien face à la force sociale de son clan.

Il n'y a pas de héros ici, pas de morale, juste un texte plein de vie, d'une lucidité rare sur la condition humaine et sur la société toute entière. Mais ce n'est pas pour autant un récit complètement sombre puisqu'il est évoqué ensuite l'évolution de cette société, à travers les enfants de Newland, qui n'ont pas connu la période puritaine et étouffante de sa jeunesse. Il se termine donc sur une note positive : que toute société tend vers plus de liberté ... nous l'espérons aussi ...

Un texte intemporel et éternel.
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New York 187*. le jeune Newland Archer est fiancé à la jolie May Welland. La jeune femme est l'incarnation de la pureté et porte sur son front serein les promesses d'un mariage heureux. Chacun s'accorde à le dire : les deux promis formeront un couple délicieux. « En dépit des goûts cosmopolites dont il se piquait, Newland remercia le ciel d'être un citoyen de New York, et sur le point de s'allier à une jeune fille de son espèce. » (p. 34) Pas un nuage ne semble pouvoir obscurcir le radieux horizon marital d'Archer, d'autant plus qu' « il était de son devoir, à lui, en galant homme, de cacher son passé à sa fiancée, et à celle-ci de n'en pas avoir. » (p. 47)
Mais voici que revient d'Europe la comtesse Ellen Olenska, cousine de May. Dans son sillage, un parfum de scandale très tenace fait les choux gras de la haute société new-yorkaise : Ellen a quitté son époux et parle de divorce. La belle comtesse Olenska est une femme compromise qui pense trouver réconfort et soutien auprès des siens, mais c'est compter sans leur goût des apparences et leur respect affiché des convenances. Par amour pour sa fiancée, Newland Archer prend fait et cause pour Ellen. « Il serait tenu à défendre, chez la cousine de sa fiancée, une liberté que jamais il n'accorderait à sa femme, si un jour elle venait à la revendiquer. » (p. 47) le temps passant, Archer s'éprend de la belle comtesse, mais il n'est pas question de rompre les fiançailles : le scandale serait trop retentissant.
Dans ce roman, Edith Wharton oppose la femme formée pour être une épouse et l'épouse qui cherche à redevenir une femme. Entre la sage et douce May qui est presque programmée pour vouer son existence à son époux et la rebelle Ellen qui veut être libre dans un monde qui assigne aux femmes des fonctions très précises, Archer choisit la raison, sacrifiant l'amour vrai sur l'autel de l'amour sage. « Quand on la trouve, la femme qu'on attend, elle est toujours différente – et on ne sait pas pourquoi. » (p. 302) Persuadé qu'il pouvait façonner son épouse à son goût et orienter son jeune esprit vers des réflexions brillantes, Newland Archer ouvre les yeux trop tard sur un mariage où il s'est perdu. « Comment la vie pouvait-elle continuer aussi pareille, quand lui-même était devenu si différent ? » (p. 195)
Le scandale et la rumeur sont deux composantes essentielles du roman : la haute société new-yorkaise déteste le premier autant qu'elle raffole secrètement de la seconde. Dans cette hypocrisie ambiante, les drames se nouent d'autant plus vite qu'ils ne peuvent se soustraire à la scène publique. Si certains regardent à la dérobée, d'autres poussent le vice à nier toute forme de scandale et d'agitation. Préserver la sérénité et la probité d'une famille passe alors par de mesquins arrangements et des attitudes de composition. « Rien ne lui était plus agréable chez sa fiancée que la volonté de porter à la dernière limite ce principe fondamental de leur éducation à tous les deux : l'obligation rituelle d'ignorer ce qui est déplaisant. » (p. 27)
Le temps de l'innocence, c'est d'abord celui des fiançailles où l'innocence est physique autant que biblique. May perd cette première innocence avec bonheur et consentement dans le mariage. Mais elle perd une autre innocence, celle de l'ingénuité de l'esprit, quand elle perce à jour le secret du coeur de son époux. Pour Archer, le temps de l'innocence cesse dès qu'il rencontre la comtesse Olenska : dès lors, sa tranquillité et ses sereines certitudes sont ébranlées et ne manqueront pas de s'effondrer.
Encore un roman où Edith Wharton dépeint sans concession et sans aménité l'hypocrisie de la haute société new-yorkaise. Les élans de liberté des femmes sont toujours réprimés, voire étouffés, par un monde riche et bien-pensant qui fonde ses principes sur une tradition pourtant toute récente. Lily Bart s'y était brûlé les ailes et Charity Royall y avait presque perdu son honneur. Ici, la comtesse Olenska est d'abord repoussée parce que ses manières européennes dérangent. Mais on aurait pu les lui pardonner si elle était immédiatement rentrée dans le moule : or la fantaisie n'est tolérée que si elle ne déborde pas du cadre d'une bienséance définie par ceux, et surtout par celles, qui ne rêvent que de la bafouer. À la différence des romans Chez les heureux du mondeet Été, c'est un jeune homme qui fait finalement les frais d'une société corsetée dans des principes étouffants.
Je cherche maintenant l'adaptation cinématographique faite par Martin Scorsese avec Daniel Day-Lewis, Winona Ryder et Michelle Pfeiffer. Si vous avez, faites-moi signe ! Je serai ravie de prolonger la lecture de cet excellent roman par le film du grand Martin !
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Le Temps de l'innocence date des années 20.
L e roman d'Edith Wharton raconte l'histoire d'un jeune homme, Newland Archer, séduit par une jeune femme seule et intelligente, la comtesse Olenska, qui désire divorcer, ce que le clan familial et social américain des années 1880 ne peut accepter. On sait que les thèmes favoris d'Edith Wharton sont la solitude, l'amour frustré, la difficulté de vaincre les barrières sociales pour parvenir à la pureté de l'individu.
Le milieu américain de l'époque à la fois frivole et implacable, est admirablement décrit ; c'est l'atmosphère de la vieille New York puritaine et de ses nouveaux riches. Tout le récit mène vers un suspens où la véritable nature de May Welland, la femme légitime d'Archer, est révélée. Un grand livre sur un homme déchiré entre deux femmes, prisonnier d'un milieu, face à une passion qu'il n'a pas le courage de vivre.
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C'est le livre d'une occasion manquée, d'une histoire d'amour inaboutie. Pendant tout le roman, deux êtres que tout - ou presque - sépare vont se chercher, hésiter, reculer et revenir encore, et jusqu'à la dernière page on se demande ce qui l'emportera, du sens des convenance et du poids du milieu dans lequel ils sont englués, ou de la passion qui les pousse l'un vers l'autre. L'histoire est simple, après tout, et il faut tout le talent d'Edith Wharton pour la situer dans le contexte de la bonne société new-yorkaise et de ses inouïes pesanteurs. Mais c'est une histoire qui hélas se répète inlassablement, entre ce qu'on ose faire, ce qu'on doit, et ce qu'on voudrait pouvoir faire. Et au final, au soir de sa vie, on s'interroge sur ses choix. Il y a beaucoup de similitudes, au fond, entre ce roman et le chef-d'oeuvre de Ishiguro, "Les vestiges du jour".
Et on ne peut que recommander le beau film, très fidèle au roman, de Martin Scorcese, avec un trio d'acteurs éblouissant et cette scène qui tend à la perfection cinématographique où la comtesse Olenska se dédouble sous les yeux de Newland Archer.
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Edith Wharton est connue pour sa description acerbe de la société new-yorkaise du début du XXème siècle. Son roman "The age of innocence" est certainement le plus connu et lui a permis d'obtenir le prix Pulitzer.
C'est un roman psychologique, une histoire d'amour avec pour toile de fond le vieux New York d'avant la première guerre, marqué par les progrès techniqes et les mutations socio-économiques.
L'héroïne, Ellen Ollenska, rentre à New York après avoir quitté son mari. Sa cousine May se fiance avec Newland Archer mais celui-ci fait la connaissance d'Ellen et en tombe amoureux. Archer est mandaté pour convaincre Ellen de renoncer au divorce, socialement mal vu à l'époque, mais s'il réussit sa mission, il devra renoncer à Ellen puisqu'elle sera toujours mariée à un autre..
Par respect des conventions sociales très contraignantes, Archer renoncera à Ellen..Bien plus tard, devenu veuf, Archer a la possibilité de retrouver Ellen mais encore une fois, il renoncera, préférant garder de sa relation avec Ellen l'image parfaite d'une histoire d'amour que le temps et la séparation ont contribué à idéaliser.
Une sorte de "recherche du temps perdu", des héros à l'identité déchirée entre deux ordres - le réel et l'imaginaire - entre deux continents - l'Europe et l'Amérique- entre deux siècles: le XIX ème et le XX ème siècle.
Une oeuvre de la maturitré au charme très fort pour ne pas dire envoûtant , à l'instar de cette histoire d'amour d'autant plus belle qu'elle n'aboutit pas, entre deux personnages que la société sépare.
A signaler enfin pour les cinéphiles, une belle interprétation de Michelle Pfeiffer pour le rôle d'Ellen...
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Tout semble un conte de fée au départ de ce roman que j'aime mais on est aussi à mille lieues du roman à l'eau de rose, même si, à la base du récit, il s'agit de l'éternel trio : le mari, la femme et cette autre dont on est amoureux fou.
Rien n'est cependant aussi simple ici et la morale est sauve car tous s'en sortent dignement, même et peut-être surtout la jeune mariée qui semble si fade et naïve au départ et dont la force silencieuse transforme en fin de compte leur destin à tous (...)
Lien : http://liratouva2.blogspot.c..
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