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Wharton change de registre

Cette fois Edith Wharton quitte le monde de la haute société new-yorkaise pour un petit coin reculé de la Nouvelle-Angleterre et une jeune femme qui découvre l'amour et la sexualité. Un livre courageux pour l'époque (il a été publié en 1927). On dit en outre que de tous ses livres, c'était le favori de Wharton.
Charity Royal est bibliothécaire dans un petit village reculé au pied des montages. C'est une enfant de la montagne, elle fut recueillie à 5 ans par Mr Royal qui devint son tuteur. On ne se prive pas au village de lui rappeler ses origines douteuses, jusque dans le choix de son prénom qui lui remémore la dette qu'elle a envers son tuteur. Les gens de la montagne sont en effet considérés comme étant une bande d'arriérés non-civilisés.

Lorsque Lucius Horney, un jeune homme de la ville, pénètre dans l'existence de la jeune fille sa vie change : elle découvre l'amour, c'est l'éveil de la sensualité et la passion qui la submerge. Etalée sur les trois mois d'un été, cette passion est calquée sur l'évolution du temps : éclosion d'un amour pur et sans nuage qui arrive au firmament et se transforme en passion alors que l'été est à son apogée, pour se terminer aux frimas de l'arrière-saison.

Les élans passionnés du jeune couple sont juste évoqués, tout est dans la suggestion (n'oublions pas qu'on est en 1927); cela semble un peu vieillot à notre époque où la plupart des livres abondent en scènes chaudes. Pourtant, comme souvent, la sensualité sous-entendue n'en est que mieux exaltée (un peu comme dans la scène du fiacre de Madame Bovary).

Les personnages sont complexes. Comme toujours chez Wharton, ils doivent faire face à la pression sociale de leur milieu. On nous suggère bien que Charity, enfant de la montagne, n'est pas assez "bien" pour Lucius Harney qui vient de la ville. Et Mr Royal, figure dominante de père qui oscille entre le bien et le mal, apparaît parfois bien faible par rapport à sa protégée. Charity devra-t-elle payer pour son bonheur ? Lucius sera-t-il à la hauteur du formidable amour que lui porte Charity ? Et finalement qui est le bon et le mauvais dans cette histoire ? Certaines questions ne trouvent leurs réponses que tout à la fin, d'autres restent sans réponses dans ce livre où le lecteur est en bonne partie livré à lui-même.

On ne retrouve pas dans ce livre l'humour habituel de Wharton, le sujet est grave et finalement pessimiste. le talent de l'écrivain est évident, elle décrit aussi bien les états d'âme d'une jeune femme amoureuse que les frémissements de l'été dans une région sauvage et belle. Ses évocations de la montagne et des ses habitants m'ont laissé un léger malaise (pour ceux qui connaissent, cela m'a fait penser au terrible film "Délivrance" avec Burt Reynolds).
Lien : http://www.critiqueslibres.c..
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Charity est une jeune fille qui vit dans un village de la Nouvelle Angleterre. Sa vie est morne, étriquée, elle n'est jamais sortie de son village. Elle est en outre originaire de " La Montagne", une partie misérable du village dont les habitants sont considérés comme des arriérés. Elle entretient avec Mr Royall son tuteur qui l'a recueillie des rapports ambigus.
Au cours d'un été, elle rencontre un jeune architecte et découvre la passion, la sensualité et l'amour. C'est aussi l'occasion de découvrir le fossé culturel qui les sépare. Charity est prisonnière de ses origines et encore une fois chez Wharton, les personnages ne sont pas vraiment maîtres de leur destin, leurs origines, leur entourage le détermine en grande partie. Les sentiments sont suggérés, ressentis plus qu'exprimés...la pression sociale, la naissance, l'éducation empêchent les êtres de devenir des acteurs de leur vie malgré l'envie qu'ils manifestent. Ils se contentent bien souvent d'entrevoir qu'elle aurait pu être différente.
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Lors de sa parution en France en 1918, ce roman a reçu le titre de "Plein été" et je trouve que l'éditeur 10/18 l'a considérablement appauvri par la suite en se limitant à une traduction littérale (le titre VO étant "Summer"). Pourquoi je pense ainsi ? Simplement parce que ce roman touche le lecteur en plein coeur !

Roman d'une incroyable richesse émotionnelle, "Plein été" déroule sa narration brillante sur une toile de fond faite des somptueux décors de la Nouvelle-Angleterre, au coeur d'une nature sauvage et luxuriante. Charity Hyatt est une enfant née dans un milieu très défavorisé. Recueillie par le couple Royall, elle atteint l'âge de vingt ans sans connaître ses origines. Malgré un fort tempérament, elle possède l'ingénuité et l'immaturité de son âge. Bibliothécaire de la petite bourgade de North Dormer, elle fait par hasard la connaissance de Harney, jeune architecte venu de New York pour recenser les vieilles bâtisses de la contrée. Lui servant de guide dans la région, Charity s'éprend rapidement du jeune homme dont le tempérament passionné n'a rien à envier au sien. Mais, on le sait, l'amour est bien souvent le jouet des influences sociales, dans le jeu complexe des relations humaines, et le bonheur peut parfois se payer fort cher...

Que dire de la plume d'Edith Wharton, cette grande femme de lettres ? Avec un sens de la photographie quasi cinématographique, elle décrit la Nouvelle-Angleterre avec une netteté et un esthétisme qui donnent immédiatement envie de sauter dans un avion pour s'y immerger. La très convaincante étude des sentiments et des caractères de ses personnages est aussi sincère qu'émouvante ; la simplicité même de son récit, la limpidité de son propos, donnent une rare intensité au drame amoureux qu'est en réalité la relation entre Charity et Harney.

J'ai dévoré "Plein été" en plein automne et il m'a pleinement réchauffée le coeur. Un vrai coup de coeur !


Challenge Petit Bac 2016 - 2017
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Encore un noir chef d'oeuvre d'Edith Wharton.
"Vous qui passez, laissez ici toute espérance"...C'est quoi déjà ? Je ne sais plus, mais ça m'y fait penser.
Bon, ce n'est pas très encourageant, mais on ne fait rien de bien puissant avec de l'eau de rose, non ?
Pourtant, on a tous les éléments du récit sentimental : une jeune fille adoptée par un barbon qui tombe amoureux, un jeune homme frais et dispos qui vient pour la séduire...Un village peuplé de commères hypocrites dont l'unique ambition est d'écraser la force et la beauté...Auxquelles elles ont elles-mêmes jadis renoncé, et bien décidées à le faire payer à la nouvelle génération...Le roman est tout cela, mais tellement plus subtile, insidieux, implicite.
Car la jeune fille est marquée d'une tache indélébile, elle vient de "la montagne", un lieu hors des lois, hors des cadres, hors des normes, d'une misère et d'une crasse qui vous souillent à jamais dans ces contrées. Mais de cette origine elle tire aussi la différence, la sauvagerie-un peu à la Cathy Earnshaw - qui attirera vers elle le jeune homme policé de New York. Mais le jeune homme, sous ses dehors ouverts, agréables et charmants, n'est ni Heathcliff ni même Linton - rien qu'une créature sociale qui ne se défera sans doute pas de la norme.
Dans l'été splendide de la Nouvelle-Angleterre, des liens vont se créer, un paradis va naître, mais toujours dans l'ombre menaçante, au loin de "la montagne".
On sent dès le début que la voie est sans issue, mais pourtant que le rêve est beau, et les personnages étonnants ! Impossible de les juger. Une force plus puissante que toute volonté, plus forte que la montagne elle-même, dévore la vie à sa source, et fait de toute existence un tour sur le manège qui revient à son point de départ. Il s'arrête, et presque...presque tout éclat a disparu.
"L 'homme né de la femme vit très peu de temps, et il est rempli de beaucoup de misères. Il naît comme une fleur, qui n'est pas plus tôt éclose qu 'elle est foulée aux pieds ; il fuit comme l'ombre, et il ne demeure jamais dans un même état" assène le pasteur devant une tombe...Ce n'est pas tous les jours que la bible me fait frissonner.
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Avec Été, on n'est plus dans le monde auquel nous a habitués Edith Wharton, celui de la haute société new-yorkaise. Et pourtant, le sujet reste identique , car dans cette petite ville de North Dormer, bien loin des grands bals et des éblouissants salons des grandes métropoles, il est entendu que la jeune Charity fait partie de l'élite et qu'elle doit se conformer aux usages de la société, si peu affriolante soit-elle.

Charity, plus sauvage, plus proche de la nature que ne le sont les autres héroïnes de Wharton, va elle aussi tenter de s'émanciper du corset social. Car c'est un être épris de liberté et de spontanéité que Charity, un peu à l'image de la Marianne de Raison et sentiments. Mais comme on n'est pas chez Jane Austen, l'apprentissage va être autrement plus douloureux.

C'est donc là la chronique d'un envol manqué que nous livre Edith Wharton, avec son style toujours aussi raffiné et analytique. L'histoire de Charity est, une fois de plus, l'occasion de dénoncer l'hypocrisie sociale et l'enfermement implacable dont sont victimes les femmes. Un roman féministe, oui. Un texte beau, mélancolique et... déprimant.
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Charity est une jeune fille de 18 ans, élevée par l'avocat du village, Mr Royall, et qui aspire à une autre vie. En effet, elle se morfond dans cette communauté étriquée , friande de commérages malveillants. North Dormer est sis dans un pays de bûcherons et d'agriculteurs où il ne se passe jamais rien. Or, son ennuyeux emploi de bibliothécaire au Hatchard Memorial va lui permettre de rencontrer Lucius Harney, un fringant et brillant architecte descendu de la ville pour dresser des croquis des maisons traditionnelles de la région. Charity, tombée sous le charme, se propose donc comme guide, et une complicité amicale va rapidement se nouer entre les deux jeunes gens. Mais la jeune fille, honteuse de ses origines obscures et de son ignorance, ressent douloureusement tout le fossé socio-culturel qui les sépare. de son côté, son tuteur prend ombrage de leur rapprochement et tente tout pour les séparer...

Été est le roman de l'éveil d'une jeune fille à la sensualité et à l'amour dans une société régie par le souci des convenances et des apparences, condamnant tout écart de conduite.
Charity Royall, qui a pris le nom de son tuteur mais dont le véritable patronyme est inconnu du lecteur durant une bonne partie de l'intrigue, souffre en sus de ses origines qui la marginalisent quelque peu, ou tout au moins la font sentir différente des autres. En effet, Mr Royall l'a ramenée quand elle avait cinq ans de la Montagne, lieu bruissant de rumeurs selon lesquelles l'endroit cacherait un "ramassis de voleurs et de repris de justice" (page 64) vivant en dehors de toute civilisation, sans juridiction, sans église, sans école.
Au début, le lecteur n'éprouve que peu de sympathie pour l'héroïne, qui apparaît hautaine, ingrate, paresseuse et égoïste. Mais au fil de la lecture, le courage de la jeune fille se révèle en même temps que son refus opiniâtre de se soumettre au carcan de la morale hypocrite du village, ainsi que son sens aigu de la loyauté et sa grandeur d'âme.

De même que pour Charity, notre perception sur son tuteur se modifie favorablement vers la fin. Alors que nous n'avions de lui que la vision négative de la jeune fille qui le considère avec mépris comme un ivrogne brutal, affligé en outre du défaut d'avarice, on comprend peu à peu que son comportement maladroit vis-à-vis de sa pupille (dont on devine qu'il est éperdument amoureux) ne vise qu'à la protéger des désillusions de l'amour et des commérages malveillants.

Quant à Lucius Harney, il est tout à fait charmant, ouvert d'esprit, instruit et dénué de tout préjugés. Malgré toutes ses qualités, on ne peut s'empêcher de s'inquiéter sur ses motivations réelles à l'égard de Charity. Est-il aussi sincère qu'il en a l'air ? Ce sentiment est accentué par l'omniprésence de la Montagne, dont l'ombre à la fois fascinante et terrifiante plane comme une menace sur la destinée de Charity.

Pour conclure, un roman passionnant sur l'apprentissage des cruautés de l'amour et de la difficulté à s'élever au-dessus de sa condition tout en restant libre et fidèle à sa nature. On finit par s'attacher à l'héroïne dont la fierté sauvage nous avait un peu déstabilisés au début. Mais on ne peut qu'admirer le courage dont elle fait preuve quand elle décide d'assumer ses choix, dans cette société qui impose des normes morales et sociales intenables pour les femmes, condamnées à la prostitution ou à un mariage malheureux si elles y contreviennent. Je comprends que ce roman ait fait scandale à sa sortie car l'auteure aborde des thèmes très modernes comme [spoiler] les relations sexuelles hors mariage ou l'avortement. [/spoiler]

Bref, une très belle découverte de l'oeuvre d'Edith Wharton qui me donne envie d'explorer d'autres romans d'elle...
Lien : http://parthenia01.eklablog...
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Tout se passe dans un petit village de la Nouvelle Angleterre, Charity, notre héroïne grandit aux cotés de son tuteur qui l'avait ramenée de la montagne, abandonnée par les siens...Au fil du temps la jeune fille, bien décidée à vivre sa vie coûte que coûte va nous montrer tout le côté romanesque de l'histoire. On peut même dire que cela aurait pu être écrit d'une plume anglaise tellement le récit et les descriptions nous y font penser...
Bref, de bons moments à savourer et une fin qu'on attend avec impatience...petit roman mais écriture très bien tenue.A lire avec plaisir.
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Je donnerai une seconde chance à Edith Wharton qui doit bien tirer son statut d'auteur classique de quelque chose (sans doute de son style agréable), mais ce n'est pas Été, son héroïne sans intérêt et son intrigue prévisible qui m'aura convaincue.
Lien : http://stendhal-syndrome.fr/..
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Après la rigueur de l'hiver d'Ethan Frome, plongez dans la chaleur accablante d'Eté. Se déroulant dans la splendeur et la langueur d'un été à la campagne en Nouvelle-Angleterre, ce court roman est un incroyable mélange, qui emmène le lecteur avec maîtrise vers une fin tragique, dans ce style précis, alternance d'une vision acérée et sans complaisance, et d'un lyrisme retenu, presque minimaliste, que je trouve d'une justesse frappante.

La jeune Charity, fille adoptive d'un avocat, homme un peu médiocre, va vivre l'été qui donnera à sa vie une orientation irréversible. Vive, spontanée, rayonnante, pleine de désir, aimant la nature (dans laquelle elle se plonge littéralement dès qu'elle en a l'occasion), Charity va faire l'expérience de l'amour, de ses espérances, de ses angoisses, et surtout mesurer les limites de sa condition de jeune fille du début du siècle, dans un milieu patriarcal étriqué et hypocrite.

Comme dans Ethan Frome, tous les ingrédients sont réunis pour un roman à l'eau de rose. Et pourtant, on en est à des années-lumières. Clairement, ce roman est celui du désir sexuel et de l'élan vital (féminins), dans une société asphyxiante, régie par une violence sourde et obscure faite aux femmes. Charity ne pourra pas échapper à sa condition ; la condamnation de l'époque est sans appel.
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North Dormer, village de la Nouvelle-Angleterre, est un endroit trop calme pour la fougueuse Charity Royall, mais elle est résignée « à considérer North Dormer comme la mesure de toute chose » (p. 10)
L'arrivée du jeune et beau Lucius Harney lui fait espérer un avenir plus grandiose. Sous prétexte de dessiner les demeures locales, le jeune homme parcourt la région accompagnée de Charity. Éblouie par le savoir d'Harney, Charity se prend à rêver de quitter North Dormer, d'échapper à cette société étriquée et soupçonneuse et de s'affranchir enfin de son tuteur, l'avocat Royall, un homme frustre et parfois brutal.
Mais la liberté n'est pas une proie facile. Charity vient de la Montagne, une région qui fascine et qui terrifie. Si la jeune fille a conscience de sa valeur et refuse de se donner au premier qui la demande, elle est aussi mortifiée par l'étendue de son ignorance et le mystère de ses origines. Cette ambivalence déteint sur sa relation avec Harney : si elle veut être à lui, elle refuse de se brader. « S'il la voulait, il faudrait qu'il la cherchât : qu'il n'obéît pas à une surprise des sens, qu'elle ne fut pas prise comme tant d'autres. » (p. 96)
À mesure que Charity goûte tous les charmes de la romance avec Harney, elle prend conscience des possibilités que lui offre la vie. « Rien ne change à North Dormer : les gens s'adaptent aux choses, c'est tout. » (p. 110) Mais peut-être est-ce moins dangereux que ce jeune homme si insouciant. Les dégoûts de la jeunesse peuvent devenir un refuge quand celle-ci est blessée.
Éclatante de jeunesse et de force, Charity oscille entre la perfection féminine incarnée par la belle Miss Balch et la fille perdue qu'est Julia, une ancienne enfant du village. Entre ce qu'elle voudrait être et ce qu'elle redoute de devenir, Charity a la tentation de revenir à ses sombres origines : « Sans doute il y avait dans son sang quelque chose qui l'attirait toujours là-bas à la Montagne, comme si c'était la seule réponse à ses questions, le seul moyen d'échapper aux angoisses qui l'assiégeaient de toutes parts. » (p. 208)
Encore une fois, Edith Wharton signe un roman qui célèbre la complexité féminine, fustige les sociétés bien-pensantes et apaise les orgueils farouches. Puissamment sensuel et non moralisateur, Été fait de la sexualité féminine un principe d'accomplissement : si l'image de « la fille » reste négative, celle de la jeune fille qui s'ouvre à la sensualité est porteuse d'une promesse de liberté. Sans être licencieux ou libertin, le roman d'Edith Wharton prône un certain affranchissement de la femme, qui peut être autre que la jeune fille à marier ou la fille perdue.
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