AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,81

sur 202 notes
5
14 avis
4
20 avis
3
7 avis
2
2 avis
1
0 avis

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Lors de sa parution en France en 1918, ce roman a reçu le titre de "Plein été" et je trouve que l'éditeur 10/18 l'a considérablement appauvri par la suite en se limitant à une traduction littérale (le titre VO étant "Summer"). Pourquoi je pense ainsi ? Simplement parce que ce roman touche le lecteur en plein coeur !

Roman d'une incroyable richesse émotionnelle, "Plein été" déroule sa narration brillante sur une toile de fond faite des somptueux décors de la Nouvelle-Angleterre, au coeur d'une nature sauvage et luxuriante. Charity Hyatt est une enfant née dans un milieu très défavorisé. Recueillie par le couple Royall, elle atteint l'âge de vingt ans sans connaître ses origines. Malgré un fort tempérament, elle possède l'ingénuité et l'immaturité de son âge. Bibliothécaire de la petite bourgade de North Dormer, elle fait par hasard la connaissance de Harney, jeune architecte venu de New York pour recenser les vieilles bâtisses de la contrée. Lui servant de guide dans la région, Charity s'éprend rapidement du jeune homme dont le tempérament passionné n'a rien à envier au sien. Mais, on le sait, l'amour est bien souvent le jouet des influences sociales, dans le jeu complexe des relations humaines, et le bonheur peut parfois se payer fort cher...

Que dire de la plume d'Edith Wharton, cette grande femme de lettres ? Avec un sens de la photographie quasi cinématographique, elle décrit la Nouvelle-Angleterre avec une netteté et un esthétisme qui donnent immédiatement envie de sauter dans un avion pour s'y immerger. La très convaincante étude des sentiments et des caractères de ses personnages est aussi sincère qu'émouvante ; la simplicité même de son récit, la limpidité de son propos, donnent une rare intensité au drame amoureux qu'est en réalité la relation entre Charity et Harney.

J'ai dévoré "Plein été" en plein automne et il m'a pleinement réchauffée le coeur. Un vrai coup de coeur !


Challenge Petit Bac 2016 - 2017
Commenter  J’apprécie          450
North Dormer, village de la Nouvelle-Angleterre, est un endroit trop calme pour la fougueuse Charity Royall, mais elle est résignée « à considérer North Dormer comme la mesure de toute chose » (p. 10)
L'arrivée du jeune et beau Lucius Harney lui fait espérer un avenir plus grandiose. Sous prétexte de dessiner les demeures locales, le jeune homme parcourt la région accompagnée de Charity. Éblouie par le savoir d'Harney, Charity se prend à rêver de quitter North Dormer, d'échapper à cette société étriquée et soupçonneuse et de s'affranchir enfin de son tuteur, l'avocat Royall, un homme frustre et parfois brutal.
Mais la liberté n'est pas une proie facile. Charity vient de la Montagne, une région qui fascine et qui terrifie. Si la jeune fille a conscience de sa valeur et refuse de se donner au premier qui la demande, elle est aussi mortifiée par l'étendue de son ignorance et le mystère de ses origines. Cette ambivalence déteint sur sa relation avec Harney : si elle veut être à lui, elle refuse de se brader. « S'il la voulait, il faudrait qu'il la cherchât : qu'il n'obéît pas à une surprise des sens, qu'elle ne fut pas prise comme tant d'autres. » (p. 96)
À mesure que Charity goûte tous les charmes de la romance avec Harney, elle prend conscience des possibilités que lui offre la vie. « Rien ne change à North Dormer : les gens s'adaptent aux choses, c'est tout. » (p. 110) Mais peut-être est-ce moins dangereux que ce jeune homme si insouciant. Les dégoûts de la jeunesse peuvent devenir un refuge quand celle-ci est blessée.
Éclatante de jeunesse et de force, Charity oscille entre la perfection féminine incarnée par la belle Miss Balch et la fille perdue qu'est Julia, une ancienne enfant du village. Entre ce qu'elle voudrait être et ce qu'elle redoute de devenir, Charity a la tentation de revenir à ses sombres origines : « Sans doute il y avait dans son sang quelque chose qui l'attirait toujours là-bas à la Montagne, comme si c'était la seule réponse à ses questions, le seul moyen d'échapper aux angoisses qui l'assiégeaient de toutes parts. » (p. 208)
Encore une fois, Edith Wharton signe un roman qui célèbre la complexité féminine, fustige les sociétés bien-pensantes et apaise les orgueils farouches. Puissamment sensuel et non moralisateur, Été fait de la sexualité féminine un principe d'accomplissement : si l'image de « la fille » reste négative, celle de la jeune fille qui s'ouvre à la sensualité est porteuse d'une promesse de liberté. Sans être licencieux ou libertin, le roman d'Edith Wharton prône un certain affranchissement de la femme, qui peut être autre que la jeune fille à marier ou la fille perdue.
Commenter  J’apprécie          260
Encore un noir chef d'oeuvre d'Edith Wharton.
"Vous qui passez, laissez ici toute espérance"...C'est quoi déjà ? Je ne sais plus, mais ça m'y fait penser.
Bon, ce n'est pas très encourageant, mais on ne fait rien de bien puissant avec de l'eau de rose, non ?
Pourtant, on a tous les éléments du récit sentimental : une jeune fille adoptée par un barbon qui tombe amoureux, un jeune homme frais et dispos qui vient pour la séduire...Un village peuplé de commères hypocrites dont l'unique ambition est d'écraser la force et la beauté...Auxquelles elles ont elles-mêmes jadis renoncé, et bien décidées à le faire payer à la nouvelle génération...Le roman est tout cela, mais tellement plus subtile, insidieux, implicite.
Car la jeune fille est marquée d'une tache indélébile, elle vient de "la montagne", un lieu hors des lois, hors des cadres, hors des normes, d'une misère et d'une crasse qui vous souillent à jamais dans ces contrées. Mais de cette origine elle tire aussi la différence, la sauvagerie-un peu à la Cathy Earnshaw - qui attirera vers elle le jeune homme policé de New York. Mais le jeune homme, sous ses dehors ouverts, agréables et charmants, n'est ni Heathcliff ni même Linton - rien qu'une créature sociale qui ne se défera sans doute pas de la norme.
Dans l'été splendide de la Nouvelle-Angleterre, des liens vont se créer, un paradis va naître, mais toujours dans l'ombre menaçante, au loin de "la montagne".
On sent dès le début que la voie est sans issue, mais pourtant que le rêve est beau, et les personnages étonnants ! Impossible de les juger. Une force plus puissante que toute volonté, plus forte que la montagne elle-même, dévore la vie à sa source, et fait de toute existence un tour sur le manège qui revient à son point de départ. Il s'arrête, et presque...presque tout éclat a disparu.
"L 'homme né de la femme vit très peu de temps, et il est rempli de beaucoup de misères. Il naît comme une fleur, qui n'est pas plus tôt éclose qu 'elle est foulée aux pieds ; il fuit comme l'ombre, et il ne demeure jamais dans un même état" assène le pasteur devant une tombe...Ce n'est pas tous les jours que la bible me fait frissonner.
Commenter  J’apprécie          232
Il est difficile d'exprimer ce que l'on peut ressentir à la lecture de ce livre, tant ce qui s'en dégage touche à des émotions que l'auteure nous fait partager au plus profond d'une âme féminine, dont l'éveil des sens, un bel été en Nouvelle Angleterre, éclot sous nos yeux.
L'héroïne, enfermée dans son petit monde villageois, où son horizon s'arrête aux murs de sa bibliothèque et à l'affection ambiguë de son tuteur, s'ouvre aux troubles de l'amour, tout en découvrant les secrets de ses origines.
Le choix de la peinture de John Singer Sargent, en couverture, illumine tout le livre, par sa lumière, sa sensualité. On a parfois l'impression de se promener dans des tableaux impressionnistes.
L'intrigue, qui nous tient en haleine jusqu'au bout, nous ramène à la réalité de l'Amérique pauvre et enfermée dans ses carcans, pour refermer cette parenthèse d'été.
Très belle écriture, très beau livre !

Commenter  J’apprécie          180
Le temps d'un été dans une petite ville américaine au pied des montagnes. Une jeune femme s'ennuie dans la bibliothèque déserte dont elle a la charge deux fois par semaine mais un bel architecte de passage entre pour trouver quelques ouvrages sur les vieilles maisons de la région... Ce pourrait être le point de départ d'un roman Harlequin mais on est chez Edith Wharton et l'accroche nous rappelle que ce roman était admiré par Henry James et Joseph Conrad. Et le fait est que j'ai été enchanté par ce récit assez court qu'on pourrait situer quelque part entre Madame Bovary de Flaubert et Une vieDe Maupassant. Charity partageant des traits de caractère de chacune d'entre elles. L'appétit d'amour romantique un peu trop idéaliste d'Emma mais aussi la lucidité et l'acceptation de Jeanne. Elle est un personnage complexe et inattendu, rarement prévisible, comme la plupart des autres protagonistes. Mais il y a surtout un style sobre, fluide et élégant qui donne la part belle aux descriptions impressionnistes des paysages en écho aux états d'âme de Charity (comme chez Maupassant d'ailleurs). Il y a de très belles séquences aussi bien à la ville au cours d'un feu d'artifice merveilleusement décrit que dans les montagnes arides en quête de ses origines . On passe de l'éblouissement de l'été aux doutes de l'automne et à la sagesse de l'hiver qui débute. C'est très beau.
Commenter  J’apprécie          130
Attention, chef-d'oeuvre!
Mais un chef-d'oeuvre qui vous tord le coeur d'inquiétude pour la jeune héroïne, Charity.
Isolée, sans ami à qui réellement se confier, la pauvre est aux mains d'un tuteur plus préoccupé de ses propres affaires et de sa solitude que de l'intérêt de la jeune femme, et jamais il ne s'est préoccupé de lui procurer une situation, ou les études nécessaires à celle-ci. Dans son petit village isolé, bien consciente que son sort aurait été encore pire si elle n'avait été recueillie, portant un nom qui ne lui permet même pas d'oublier ces circonstances, Charity s'ennuie, jusqu'à l'arrivée d'un jeune architecte...La seule est vieille comme le monde, et hélas prévisible, mais le temps d'un magnifique été, d'un seul été, Charity sera heureuse.
Un texte magnifique, dont la fin m'a tiré des larmes.
Commenter  J’apprécie          100
Après la rigueur de l'hiver d'Ethan Frome, plongez dans la chaleur accablante d'Eté. Se déroulant dans la splendeur et la langueur d'un été à la campagne en Nouvelle-Angleterre, ce court roman est un incroyable mélange, qui emmène le lecteur avec maîtrise vers une fin tragique, dans ce style précis, alternance d'une vision acérée et sans complaisance, et d'un lyrisme retenu, presque minimaliste, que je trouve d'une justesse frappante.

La jeune Charity, fille adoptive d'un avocat, homme un peu médiocre, va vivre l'été qui donnera à sa vie une orientation irréversible. Vive, spontanée, rayonnante, pleine de désir, aimant la nature (dans laquelle elle se plonge littéralement dès qu'elle en a l'occasion), Charity va faire l'expérience de l'amour, de ses espérances, de ses angoisses, et surtout mesurer les limites de sa condition de jeune fille du début du siècle, dans un milieu patriarcal étriqué et hypocrite.

Comme dans Ethan Frome, tous les ingrédients sont réunis pour un roman à l'eau de rose. Et pourtant, on en est à des années-lumières. Clairement, ce roman est celui du désir sexuel et de l'élan vital (féminins), dans une société asphyxiante, régie par une violence sourde et obscure faite aux femmes. Charity ne pourra pas échapper à sa condition ; la condamnation de l'époque est sans appel.
Commenter  J’apprécie          100
Dans un village sans charme de Nouvelle-Angleterre, Charity, orpheline de 17 ans, vit seule avec son tuteur, Mr Royall. Il l'a recueillie alors qu'elle était enfant, la sortant du hameau sordide où elle était née, un amas de baraques perdues dans la montagne, et habitées par des demi-sauvages, coupés du monde et de ses lois.
Entre son emploi minable dans une bibliothèque sans lecteurs, son malaise face aux regards des commères qui connaissent ses origines et le comportement de Royall, avocat vieillissant à la carrière moribonde et aux forts penchants alcooliques, Charity rêve de départ et de grande ville.
Puis arrive Lucius, jeune cousin d'une voisine et architecte à New-York. Vous imaginez la suite...
Résumé ainsi, ce roman fleure bon la romance nunuche préfabriquée, où le bellâtre séduit la jeune innocente et la sort du marasme de ses journées sans joie... Sauf que Wharton avait d'autres ambitions. Et un style magnifique.
Les paysages de ce petit morceau d'Amérique, le quotidien de ses habitants, les attitudes, sentiments, conversations hésitations, emportements de ses personnages, tout est décrit avec élégance et précision et sur un ton extrêmement moderne pour un texte de 1917.
Sans voyeurisme, mais sans ridicule pudibonderie, Wharton évoque en effet la sexualité d'une manière très claire, qu'il s'agisse des émois de Charity ou des ardeurs des hommes ou encore des comportements des filles "de mauvaise vie", faisant contrepoint à l'héroïne.
Plus admirable encore est son talent pour façonner des personnages réalistes et concrets, y compris dans leur revirements. Ni Charity, ni Royall, ni le jeune Lucius ne sont taillés dans des blocs de marbre immuables : leurs réflexions, décisions, opinions au sujet des autres évoluent et basculent même d'un extrême à l'autre sur certains points, mais ces changements suivent des cheminements parfaitement maitrisés, basés sur les interactions entre protagonistes et les événements impliquant des seconds rôles. Cela donne un scénario vif, bien construit et surprenant.
C'est ma 2e lecture de cette autrice et elle m'a une fois encore impressionné.
Commenter  J’apprécie          92
Tout se passe dans un petit village de la Nouvelle Angleterre, Charity, notre héroïne grandit aux cotés de son tuteur qui l'avait ramenée de la montagne, abandonnée par les siens...Au fil du temps la jeune fille, bien décidée à vivre sa vie coûte que coûte va nous montrer tout le côté romanesque de l'histoire. On peut même dire que cela aurait pu être écrit d'une plume anglaise tellement le récit et les descriptions nous y font penser...
Bref, de bons moments à savourer et une fin qu'on attend avec impatience...petit roman mais écriture très bien tenue.A lire avec plaisir.
Commenter  J’apprécie          60
J'ai été extrêmement émue par l'histoire de Charity, cette jeune fille en apparence si solide, si prête à affronter le monde et qui pourtant est rattrapée par la cruauté de celui-ci. L'histoire est relativement simple, tout le bonheur de la lecture est dans les descriptions photographiques de cette campagne américaine qui meurt d'ennui mais où le drame humain se joue derrière chaque porte. L'amour rend aveugle, c'est vrai pour l'héroïne mais aussi pour le héros et même pour le lecteur, on voudrait y croire mais l'auteure est seule maîtresse de l'histoire. Une très bonne lecture !
Commenter  J’apprécie          50




Lecteurs (525) Voir plus



Quiz Voir plus

Les Chefs-d'oeuvre de la littérature

Quel écrivain est l'auteur de Madame Bovary ?

Honoré de Balzac
Stendhal
Gustave Flaubert
Guy de Maupassant

8 questions
11115 lecteurs ont répondu
Thèmes : chef d'oeuvre intemporels , classiqueCréer un quiz sur ce livre

{* *}