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4,14

sur 763 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Ferme les yeux, et tu y es, dans Serpico de Sydney Lumet , dans Les Affranchis de Scorsese ou le Parrain mais à l'envers ! Immersion totale dans le New-York côté flic version 2017.
Le parrain, c'est Denny Malone, un flic véreux, sévèrement testostéroné, arrogant, violent, mais terriblement attachant car doté d'une conscience. le Roi de North Manhattan : Harlem est son royaume depuis 18 ans qu'il y bosse, désormais au sein d'une troupe d'élite de la NYPD, The Force. Origine irlandaise, fils de policier , enfance à Staten Island, frère pompier mort dans une des tours le 11v septembre. Mouais, clichés, du vu et revu qui te fais dire que tu vas être sur des rails pépères à 90 sur l'autoroute.

Mais, non, ce roman est bien plus que l'itinéraire d'un flic véreux, c'est un incroyable opéra shakespearien. Ça démarre piano piano, quasiment 200 pages pour te mettre la tête dans le décor, te faire sniffer l'asphalte de Big Apple et surtout te faire aimer ce Roi ripoux qui se décrit comme un paysagiste dont le boulot serait d' "empêcher la jungle de repousser" après le coup de karcher Giuliani dans les années 90.

Et puis, ça décolle, pied au plancher. Voilà Denny pris dans des dilemmes à n'en plus finir, s'enchâssant les uns dans les autres : pourquoi les méchants seraient-ils les seuls à gagner du fric, ceux qui tuent, dealent, torturent ? Comment ne pas devenir le salaud qu'on n'a jamais voulu être une fois qu'on a franchi la ligne, un premier pas, puis un autre ? Faut-il se sacrifier pour sa famille, pour ses amis ? Jusqu'où peut-on trahir les siens sans en payer le prix fort ? Jusqu'où peut-on se trahir sans en crever ?

«  C'est comme quand tu grattes une allumette, tu ne penses pas qu'elle va faire des dégâts, puis le vent se lèvre et la flamme se transforme en incendie qui détruit tout que tu aimes ».

Et là, c'est le brasier pour Denny ! L'écriture s'accélère dans une langue brute, cru, syncopé, on n'est plus dans du Shakespeare-là ! On est en mode opéra allegro furioso dans un tourbillon de corruption à tous les étages, un peu à la James Ellroy : flics, juges, avocats, hommes politiques, mafieux, chefs d'entreprise, un cyclone ! Quand tout un système est pourri, il faut jouer selon ses propres règles. C'est ce que fera Denny. le final est scotchant. Règlement de compte à l'ancienne. Quel personnage romanesque !

Tout est terriblement contemporain dans ce roman avec en plus de toutes les thématiques évoquées, la question raciale aux Etats-Unis et le Black lives matter. Incroyable bouquin qui n'a à mes yeux qu'un seul défaut, celui de ne proposer que des personnages féminins vraiment minuscules ( l'épouse de flic entre autruche et louve, la maitresse black junkie ) ...

Lu dans le cadre d'une masse critique privilégiée.
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Un grand merci aux Editions Harper Collins et à Babelio pour ce très beau cadeau. Car, il y bien longtemps que j'avais lu un polar aussi addictif. Don Winslow nous embarque dans les pas de Malone flic corrompu, King de l'asphalte qui se retrouve piégé par les fédéraux. Il doit prendre des décisions dont l'onde de choc risque d'être vertigineuse. Winslow mène cela avec un sens de la narration époustouflant, son écriture très cinématographique fait merveille à chaque page, dialoguiste hors pair, le récit nous prend à la gorge pour nous relâcher près de 600 pages plus tard avec le sentiment d'avoir passé un sacré bon moment de lecture. A ne pas rater.
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Il a merdé le gars.
Je le sais, tu le sais, il le sache.
Il a franchi la ligne jaune.
C'est tout le problème lorsqu'on se pense au-dessus des lois.
Denny Malone est un bon flic.
Le roi de Manhattan North, pour tout vous dire.
Leader incontesté de la Force, lui et ses lieutenants ont assuré leur avenir.
Détourner des millions vous garantit souvent une certaine sérénité.
Mais ça vous assure également un tombereau d'emmerdes gracieusement déversé, sur vos pompes fraîchement cirées, par le FBI qui entrevoit d'un très mauvais oeil ce coup de canif au contrat.
Malone va devoir le payer, cher.
Peut-être même de sa chienne de vie.

Puissant, ce Winslow !
Un petit bijou de réflexionite aigüe poussée à son paroxysme par un exemplaire représentant des causes perdues. Saint Antoine, si ta messagerie n'est pas saturée, un p'tit coup de pouce céleste ne serait pas de refus.

Certains ont le cul entre deux chaises.
Malone jouera à l'équilibriste sur trois tableaux.
Difficile d'appréhender un avenir radieux déroulant sur la mélodie du bonheur lorsque le menu de la cantoche s'accompagne immanquablement d'un sac à vomi percé histoire de vous rappeler combien la vie peut s'avérer facétieuse.
Une balance, une cible politico-mafieuse, un agneau sacrificiel.
Fais ton choix camarade.
Et puis non, pourquoi se priver lorsqu'il vous est donné l'opportunité d'endosser les trois tenues d'apparat.

Corruption se veut une sale plongée en eaux troubles mais pas que.
Formidable instantané de mecs imparfaits au sens du boulot paradoxalement chevillé au corps, voire au flingue, ce roman fascine de par la dualité de ses personnages et la galerie de portraits imagée qui en est faite.

Vis ma vie de mec coincé par la patrouille, Winslow décortique les mécanismes d'auto-défense qui vont un à un défaillir, laissant un gars au bord du gouffre.
Un gouffre abyssal où amour, amitié, loyauté et dignité se perdront à jamais.

Corruption est un grand roman.
De ceux qui vous marquent durablement.
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New York, New York!
Un roman qui commence en prison. Mais le détenu est un policier, un héros, roi de North Manhattan, responsable d'une Force Spéciale. Et comment un brillant officier deviendrait-il un ripou?

C'est ce que racontent les 584 pages du roman : les bas-fonds de New York, les corruptions politiques, les drogues, les troubles raciaux, les trafics d'armes à feu, les guerres de gang, etc.

Et puis, l'histoire des policiers pleins d'idéal, impuissants devant les magouilles et les fraudes des puissants. Et puis, on reçoit un cadeau et on accepte de fermer les yeux…
Et puis, si tout le monde se sert, pourquoi pas nous ? L'argent permettra d'envoyer un jour les enfants à l'université.
Et puis…

Une description impitoyable de la violence des quartiers chauds de la grande ville américaine et un portrait d'hommes pour qui la justice passe avant la loi et la fraternité de l'uniforme avant la patrie.
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Le sergent Dennis Malone avale un café et deux comprimés d'amphétamine pour chasser les relents de Jameson. Il revêt son blouson en cuir noir, chausse ses Dr Martens coquées et glisse deux armes dans son jean. Le voilà prêt à partir au combat. Sa routine : lutter contre la violence qui règne dans les rues de New York.

Malone est un officier de la « Manhattan North Special Task Force », une unité d'élite du NYPD qui lutte contre la criminalité sous toutes ses formes : gangs, drogues, armes à feu. Malone est Irlandais et travaille avec trois coéquipiers : Russo un Italien, Montague, un Afro-américain et Levin, le petit nouveau, de confession juive. Leurs méthodes de travail sont… particulières. Elles reposent sur la violence, le chantage et les entorses à la loi. Mais surtout, le roi du Nord de Manhattan et ses preux chevaliers maîtrisent l'art de la corruption sous toutes ses formes. Par exemple, lors d'une intervention dans une fabrique d'héroïne, ils n'hésitent pas à voler des liasses d'argent liquide et la moitié des stocks de drogue.

La corruption semble être ici la norme, elle gangrène toutes les sphères de la «Grosse pomme» : l'administration de la ville, son système judiciaire, ses responsables politiques, ses promoteurs immobiliers… Tout s'achète tant qu'on est prêt à y mettre le prix. Quant aux rues de New York, elles sont aux mains des cartels, des gangs et des familles mafieuses. Policiers, notables et criminels, tous nagent dans la collusion et se tiennent les uns les autres dans un fragile équilibre jusqu'au jour où… S'ensuit alors une fuite en avant dans la violence, la trahison et la manipulation pour tenter de garder la tête hors de l'eau quand tout le monde plonge.

« Corruption » se lit vite : le style est journalistique, les phrases sont brèves, les paragraphes ne font jamais plus de cinq lignes. L'analyse psychologique et l'écriture ampoulée sont écartées au profit du rythme d'un récit soutenu par une tension permanente. Les scène d'action s'enchainent sans temps mort. Aussi n'ai-je pas été surpris d'apprendre que les droits du livre ont été achetés par la Twentieth Century Fox et Ridley Scott avant sa publication. L'auteur met quelques coups de patte sur des sujets brûlants outre-Atlantique : le commerce des armes à feu, les violences policières ou la politique sécuritaire basée sur le culte des statistiques. Si Don Winslow se permet quelques facilités et livre une fin trop spectaculaire à mon goût, «Corruption» reste un ‘page turner' d'excellente facture signé par un (le?) maître du genre.
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L'un des meilleurs polars que j'ai jamais lus.
J'ai découvert là un auteur au talent incroyable.
Un roman au vitriol.
Un pour tous, tous pourri...
Dans le New York de Don Winslow il n'y a pas de loi.
Flics,  magistrats, avocats, procureurs, bien évidemment barons de la drogue, criminels de tous poils, noirs ou blancs, Ritals, Irlandais, Latinos, à chacun son territoire, à chacun son job, à chacun sa rémunération.
Rien entendu, rien vu, rien dit et tout va bien dans le pire des mondes.
Qu'importe que les trafics s'amplifient.
Mais, attention, il y a de temps en temps des lignes rouges à ne pas franchir.
Denny Malone est sergent, près de vingt ans qu'il arpente les rues de Harlem, il en connaît chaque recoin, chaque dealer, il y a ses indics. Avec son équipe, il lui arrive de fermer les yeux, de recevoir une enveloppe de temps en temps, de s'offrir des plaisirs gratuits.
Il est respecté, par les siens comme par les délinquants.
Il a des ennemis dans les deux camps, il le sait.
Un jour, parce qu'une ligne a été franchie, il voit rouge.
Rouge sang, comme celui de son coéquipier qu'il perd dans l'intervention et comme celui du caïd qu'il abat froidement.
Il récolte au passage 100 kg de drogue dure.
Ça représente un beau paquet de pognon tout ça.
C'est tentant....
Mais ça veut dire, là aussi, franchir une ligne.
Don Winslow vous embarque dans un polar noir et violent.
Il vous place au coeur de l'action.
Vous arpentez les rues avec les flics du NYPD, vous intervenez avec eux (pensez à votre gilet pare-balles, oui, vous n'allez pas affronter des enfants de choeurs avec des pistolets à eau ).
Vous allez fermer les yeux ou tourner le dos au moment opportun et tout ira bien.
Sauf qu'avec Winslow, à un moment, ça dérape.
Les fédéraux s'en mêlent.
Vous saviez que ce monde était pourri, on l'a déjà dit.
Mais vous n'avez encore rien vu.
Ce qui vous attend est bien pire.
Pour ces gens-là,  le paradis n'existe pas, leur place est en enfer, tous autant qu'ils sont, même quand ils se croient à l'abri...
C'est mené tambour battant, ça sent la poudre à chaque page (les poudres, je devrais dire...).
Il y a en plus un écho à l'actualité récente, le Black lives matter n'est pas né avec l'affaire George Floyd,  Winslow nous le rappelle.
Ce que j'ai aimé dans ce bouquin aussi, c'est que l'auteur prend le temps d'expliquer.
Tout.
Pourquoi notre monde bascule.
Pourquoi ceux qui devraient être des exemples, des modèles pour leurs familles ou pour notre société passent du côté obscur.
Pourquoi l'argent achète tout, le pouvoir, le confort, la paix.
Mais tout est fragile et surtout l'être humain.
Un jour, on en veut plus.
Plus de territoire, plus d'argent, plus de pouvoir, plus de luxe, plus de reconnaissance, plus de justice et tout fini dans la violence, le feu et le sang.
Parfois, à vouloir gagner plus on perd tout, même sa dignité.






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Ah que j'aime ce sentiment rare de frustration qui jaillit en terminant un pavé de près de 600 pages tout en regrettant parallèlement qu'il n'en fasse pas davantage, pour prolonger le plaisir avec quelques centaine d'autres !

Corruption de Don Winslow, traduit par Jean Esch, est à ranger dans cette catégorie : polar noir magistral, addictif, remarquablement construit et écrit par un auteur décidément surdoué du genre et au top de son art.

Denny Malone, sergent du NYPD est à la tête de la Force, unité d'élite régnant sur le nord de New-York, créée pour prolonger les effets de l'opération « fenêtres brisées » du maire Giuliani après les années 80. Ou plutôt, Denny Malone EST La Force.

À Harlem et alentours, il est le roi, au même titre que les caïds, mafieux et chefs de gangs, dont il tolère ou combat les trafics d'armes et deals de cocaïne, meth et autres substances illicites. C'est selon…

Car paraphrasant Shakespaere, il y a quelque chose de pourri au royaume de la Force. Dans un système de l'ordre new-yorkais où tout est définitivement corrompu, chacun joue à « Je te tiens, tu me tiens… » : du chef de la police au plancton de base, des cadors du FBI au service des affaires internes, du chef de gang à l'indic de quartier, de l'avocat star au businessman immobilier en vogue, tout le monde en croque… Alors pourquoi pas La Force ?

Au même titre que d'autres, Malone est loin d'être tout blanc. Mais n'est-ce pas le prix à payer pour que le système tienne et que la corruption et le crime qui l'accompagne ne s'étendent pas davantage ? Il faut juste une opportunité pour que tout démarre, puis une seconde fois, et après tout s'enchaîne pour devenir système. Jusqu'au coup de trop qui fait s'effondrer le château de cartes et menace chacun, tout le monde, la ville entière.

« - Mais comment en en est arrivé là, bordel de merde ?
- Un pas après l'autre… »

Dans un décor new yorkais formidablement restitué, Winslow nous décrit cette chute, en profitant pour livrer de solides réflexions sur la responsabilité, la culpabilité, la délicate frontière entre le bien et le mal… En même temps que les ethnies évoluent, que les asiatiques taillent des croupières aux latinos en rognant peu à peu les limites de territoires jusque-là bien figés, c'est la balance du pouvoir new yorkais qui oscille, le fragile équilibre entre paix arrangée et guerre incontrôlée qui se joue.

Comme toujours avec Winslow, c'est magistral ! Avec une mention spéciale pour la précision de la documentation. Quant à l'écriture, au style, au rythme, c'est un régal d'efficacité.

Alors un dernier conseil si vous aimez un tant soit peu le polar noir : prenez un Jameson et 2-3 go pills, « achetez vous une paire de couilles et bouclez votre ceinture, parce que ça va secouer encore plus », et ne passez pas à côté de Corruption !

Un grand merci à Harper Collins et à Masse Critique pour cette belle lecture en avant-première.
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Vous avez aimé « le Parrain » de Mario Puzo sur la mafia italienne. Vous allez adorer « Corruption » le nouveau roman de l'immense Don Winslow. N'y allons pas par quatre chemins, avec « Corruption », l'auteur signe un véritable chef d'oeuvre, une histoire tentaculaire, aux multiples ramifications, une ode, un hymne à l'impossible rédemption d'êtres humains qui à force de trop côtoyer l'horreur, le vide, la nuit, la drogue, l'argent sale qui corrompt et dévore aussi sûrement les âmes que les vers corrompent les cadavres, n'en reviennent plus et se perdent à jamais en enfer.. Car oui l'enfer existe et il n'est pas d'ordre surnaturel mais bien réel et Denny Malone l'arpente en tant que chef d'une équipe de la Task Force, l'unité d'élite de la police new-yorkaise. Avec lui et son équipe, vous allez plonger dans les bas-fonds, les méandres, les aspérités d'une ville légendaire : New York. Don Winslow ne juge pas, il décrit et surtout il cherche à comprendre comment des hommes aussi courageux, si fiers de défendre et de protéger, en arrivent à franchir, un jour, la ligne jaune entre ce qui est permit et ce que l'on doit faire pour rester en vie et maintenir un semblant d'ordre dans les rues. La justice, la morale, l'éthique sont lettres mortes dans ces quartiers insalubres où la pauvreté, la drogue, la prostitution, les gangs, les cartels, les corrompus de tout poil semble s'être donner rendez-vous.. Malone veut pouvoir assurer un avenir à ses enfants, il est attiré un peu comme les papillons se jetant sur les phares allumés d'une voiture en pleine nuit, au risque de se faire percuter et de se prendre la réalité en pleine face.. Car oui Denny Malone, est l'homme des basses oeuvres, celui qui permet aux rues de ces quartiers oubliés de tous, de ne pas succomber davantage. Il se sert.. cet argent, cette drogue.. il a le droit à sa part aussi, et pourquoi pas ? Seulement, il y a dans les quartiers huppés de New York, des avocats, des juges, des entrepreneurs immobiliers, des politiques corrompus et bousculer leur ordre, c'est risquer la mort à coup sûr. « Corruption » se vit comme un voyage, un aller simple vers ce que nos sociétés produisent ou reproduisent inlassablement. Les petits poissons se font manger par les plus gros, eux mêmes dévorer par les requins gravitant au sommet. Un roman captivant, saisissant, une oeuvre brutale, émouvante, déchirante. Don Winslow en parlant de la corruption mais aussi du problème majeur du racisme dans la police de New York, dresse un portrait sans concession de ce que vivent les flics de New York au quotidien. Magnifiquement écrit, captivant, bourré de rebondissements, passionnant, enthousiasmant, les mots manquent presque face à ce livre qui est à mon sens ce que j'ai lu de meilleur depuis R.J Ellory. J'avais adoré « La griffe du chien », « Cartel ».. sans doute « Corruption » est-il encore au dessus. « Corruption », le dernier livre de Don Winslow est précédé de critiques unanimes et dithyrambiques. James Ellroy, Stephen King.. ont eux aussi joints leurs voix à ce concert de louanges. L'attente de ma part était énorme et le moins que je puisse dire, c'est que je n'ai pas été déçu par ce voyage au coeur de la Task Force. Si vous ne deviez lire qu'un polar cette année, ce serait celui-ci. Avec Don Winslow et son « Corruption », le mot chef d'oeuvre n'est pas galvaudé. Bien au contraire.
Lien : https://thedude524.com/2019/..
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J'ai rarement lu un roman policier avec autant d'enthousiasme. D'habitude, je me lasse assez vite des récits tournant autour d'une enquête aboutissant à un classique face à face entre le truand et l'héroïque inspecteur de police. Ici, il est vrai que le schéma narratif est différent puisque Malone, le personnage principal du roman, est un flic corrompu qui va devoir rendre des comptes. Mais pour comprendre comment il en est arrivé à se retrouver coincé par des supérieurs hiérarchiques aux méthodes pas bien nettes non plus, Don Winslow va permettre au lecteur de remonter le fil des enquêtes de Malone. En plus de croiser divers énergumènes de la pire espèce, on va pouvoir croiser, avec étonnement (ou pas), que de nombreux hommes politiques, y compris les plus haut placés, et magistrats agissent dans un univers complètement vérolé. Seul le fric prime, les remords ne passent même pas la porte. C'en est parfois effrayant…

Denny Malone, le chef de l'unité d'élite de la Task Force, lui, règne sur Manhattan North. Il connaît tous les caïds, tous les mafieux et les chefs de gang. Il gère tout ce petit monde à coups de dessous de table bien ciblés et exerce la justice telle qu'il la conçoit : pas de drogue dans ses quartiers, pas de femme battue ni d'enfant maltraité. Car Malone sort les poings, tatoués, dès qu'il le faut, assisté par ses « frères », ses coéquipiers qui ont adopté sa manière de faire régner un semblant de paix dans leur périmètre d'action.
Alors quand on veut lui tirer les vers du nez, autant vous dire que les dents vont grincer.

Les chapitres, d'une longueur irrégulière qui imprime un rythme dynamique au récit, vont remonter les mois qui ont précédé son arrestation pour corruption et permettre de comprendre comment il est tombé dans les filets du F.B.I. qui va bien jouer avec son intégrité.
Ce justicier au grand coeur va plaire aussi bien aux lectrices qui risquent de rêver d'entrer sous sa protection qu'aux lecteurs qui vont y retrouver un représentant sévèrement « burné ».
Je l'ai quitté avec grand regret.
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Comment peut-on résister à un nouveau roman de Don Winslow, l'auteur américain qui avait tutoyé les sommets du magistral « Griffe du chien » suivi du très bon « Cartel » et qui s'était amusé entre autres à suivre les traces d'un certain Trévanian dans « Satori »?

Ou plutôt combien de temps attendre avant de craquer devant la vitrine d'une librairie ou se faire offrir « Corruption », une histoire mettant en scène un nouveau flic haut en couleur, le sergent Malone irlando-américain de la Task Force à New York ?

Recevant avec surprise, dans ma boite aux lettres, l'ouvrage de « seulement » cinq- six cent pages, cadeau d'une fan du grand Don, je n'ai pas eu besoin de patienter longtemps avant de croquer le très beau grand format noir et gravé de l'écusson « NYPD ».

Rapidement, vous comprenez que vous avez à faire à une bande de flics très singuliers, Montague appelé « Big Monty » un grand noir élégant en veste en tweed qui ressemble plus à un génie qu'un policier, Russo, l'italien roux au style rétro qui pourrait passer pour un gangster chic, et enfin leur chef, Malone, le roi de Manhattan North toujours habillé en noir, de jour comme de nuit…

Une fois les six premières pages englouties, vous savez que vous allez plonger dans l'univers malsain du vol, braquages et autres crimes, ou encore dans le trafic de drogue, d'armes ou bien même de personnes…

Plus surprenant, l'auteur vous prévient d'entrée de jeu que les affaires internes ou même les fédéraux se penchent sérieusement sur le comportement « border line » de Malone et de sa bande, profitant entre autres des saisies de drogue un jour et des arrangements entre juges, avocats et gangsters le jour suivant.

Toutefois, Don Winslow, comme à son habitude, prend son temps (parfois trop) pour poser ses personnages et nous explique, avec un réalisme qui fait froid dans le dos, le double jeu de Malone, à la fois flic implacable pour traquer la vermine dans son quartier et profiteur d'un système de corruption à tous les niveaux dans la ville de New York.

Inévitablement, les nuages vont s'accumuler sur Malone au fur et à mesure que se dessine le récit et la question que se pose le lecteur est quand et comment la foudre va s'abattre sur le roi de Manhattan North.

Oh nettement, une fois que le rythme s'accélère, Don Winslow vous embarque dans une spirale infernale dans laquelle il est impossible de lutter, de décrocher et surtout d'en connaitre le dénouement final.

Non sans être le meilleur de l'auteur, CORRUPTION se savoure tout de même jusqu'à la toute dernière page, nous éclairant sur l'univers impitoyable du monde politico-judicio-policier à New York.
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