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L'Ombre du Bourreau - Intégrale tome 1 sur 2

William Olivier Desmond (Traducteur)Pierre-Paul Durastanti (Traducteur)Patrick Marcel (Traducteur)
EAN : 9782207256343
1104 pages
Denoël (23/02/2006)
4.23/5   35 notes
Résumé :
Cloîtré depuis l'enfance entre les murs austères de la tour Matachine, l'apprenti bourreau Sévérian ignore tout des ruelles bruissantes de Nessus et, au-delà, des merveilles et dangers de la planète Teur...
jusqu'au jour de son bannissement. Car l'amour que lui inspire la trop belle Thècle, condamnée à la question, l'amène à trahir ses maîtres. Exilé dans une lointaine province, c'est seulement armé de son étrange épée - Terminus Est - qu'il devra affronter s... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
SUBLIME.

Gene Wolfe fait partie de ces très belles plumes dont a accouchée la littérature de science-fiction (et la littérature en général), au même titre que Theodore Sturgeon ou Ursula le Guin...

A mi-chemin entre la fantasy et la SF, l'ombre du bourreau est une oeuvre exceptionnelle. Fantasy par l'ambiance qui règne tout au long de ce roman, une atmosphère sombre, oppressante ; SF de par la description de ce monde, des ses peuples... on découvre d'ailleurs plus ce monde à travers ses multitudes de mythes qu'à travers les observations qui en sont faites (là encore c'est très proche d'Ursula le Guin dans l'approche quasi anthropologique (ou ethnologique, au choix) qui en est faite...)

De ce monde, on ne sait pour tout dire absolument rien, de même que Séverian qui va le découvrir peu à peu... On ne connaît que très peu de choses de Séverian également, l'auteur prenant plaisir à nous distiller les informations au compte goutte...

"T'ai-je dit tout ce que j'avais promis de te dire? Je me rends bien compte qu'à tel ou tel endroit du récit, je me suis excusé en disant que ce point s'éclaircirait un peu plus loin. Je n'en ai oublié aucun, j'en suis sûr, mais il y a tellement d'autres choses dont je me souviens...Avant d'affirmer que je t'ai trompé, lis de nouveau, comme je vais de nouveau écrire." Séverian

On apprend très vite que Séverian souffre / profite de ce que l'on appelle une mémoire éidétique, faculté que possèdent certaines personnes à se souvenir d'absolument tous les détails de leur vie passée, même les plus insignifiants. L'auteur se joue alors du lecteur, le noyant sous un amoncellement de souvenirs, chacun ayant plus ou moins d'importance ; mais à ces souvenirs se mêlent également hallucinations et souvenirs d'autres personnes (impossible d'en révéler plus sans dévoiler une partie de l'histoire...) qu'il faut alors organiser, trier, afin de se frayer un chemin et démêler le vrai du faux.

D'ailleurs Wolfe, en Grand Littéraire, aime à prendre son temps ; ici, pas de courses poursuites endiablées à travers les étoiles, pas de combats opposant d'immenses armées... ça se rapprocherait plus d'un jeu style Baldur's gate dans lequel vous progressez pas à pas sans réellement savoir où vous allez, rassemblant des éléments au fil des pages vers vous ne savez trop quel but (on peut pousser plus loin l'analogie avec la description précise de tous les systèmes de Guildes, leurs rites, qui régissent ce monde).

Vous l'aurez compris, le rythme est extrêmement lent, l'action souvent absente, la lecture parfois ardue... mais Gene Wolfe en profite pour nous éblouir de descriptions splendides, nous faisant presque regretter de ne pouvoir découvrir ce monde par nous-même.

"...Avant d'arriver à Saltus, nous avions dû traverser, Jonas et moi, des collines entières de débris provenant des mines, composées avant tout de pierres et de briques brisées [...] on voyait surtout des statues obscènes, renversées ou réduites en miettes, et des ossements humains auxquels étaient encore attachés des lambeaux de chair desséchées et des touffes de cheveux. Et puis il y avait une bonne dizaine de milliers d'hommes et de femmes, ceux qui, dans l'espoir d'une résurrection en quelque sorte privée, avaient fait traiter leur cadavres afin qu'il devienne pour toujours imputrescible; ils étaient disséminés un peu partout, tombés comme des ivrognes après une nuit de débauche, leur sarcophage de crystal détruit, les membres ayant pris des positions grotesques, leurs vêtements en train de finir de pourrir et leurs yeux aveugles regardant fixement le ciel."

Bref, à conseiller aux amateurs de littérature avec un grand L, aux amateurs de fantasy et/ou de SF (enfin un livre qui réconcilera les 2), à ceux qui aiment prendre leur temps, s'immerger entièrement dans un monde inconnu...

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Livre du second Soleil de Teur (L'Ombre du bourreau)

L'ombre du bourreau
La griffe du demi-dieu
L'épée du licteur
La citadelle de l'Autarque

Ces quatre volumes constituent le cycle d'origine, et à mon sens se suffisent parfaitement à eux-mêmes.

Il s'agit d'une immense fresque de plus de 1400 pages pour l'ensemble des quatre volumes, où Sévérian nous raconte son parcours. C'est un homme adulte, au sommet de ses moyens, à un moment crucial de sa vie, en train de prendre une décision essentielle pour lui et pour l'ensemble des habitants de la Terre. Et avant de franchir le pas, d'aller vers l'irréversible, il fait en quelque sorte le bilan de sa vie, surtout de ses jeunes années, tout ce qui l'a amené à se trouver à la place où il se trouve et en position de prendre la décision qu'il prend.

Il faut préciser que Sévérian possède une capacité très particulière, celle de ne rien oublier, de garder la mémoire la plus exacte de tous les événements qu'il a vécu, de toutes les personnes qu'il rencontrées, il en garde trace à tout jamais dans le moindre détail, il ne peut rien effacer, rien retrancher de sa vie. Il nous fait donc le récit de sa vie comme s'il la vivait de nouveau, avec la même intensité et le même ressenti qu'à l'époque où se passaient les choses.

Son récit débute lorsqu'il est un jeune garçon, apprenti dans la guilde des bourreaux. Il faut préciser que rentrent dans cette guilde les enfants mâles des condamnés à la peine capitale, et les enfants ainsi recueillis ne doivent pas dépasser une certaine taille, mesurée à une aune inamovible. Ceux qui dépassent la taille maximum sont exécutés. Comme tous les apprentis bourreaux, Sévérian ignore qui sont ses parents, et pourquoi ils ont été exécutés, il sait seulement que ceux qui sont ses maîtres, ses mentors, ses pères adoptifs les ont tués.

Ses jeunes années se déroulent comme celles de autres garçons de son âge, à jouer avec ses camarades, à imaginer des histoires, à découvrir le monde qui l'entoure, à apprendre son futur métier de bourreau. Mais, et c'est une des grandes richesse de ce cycle romanesque, aucun événement que Sévérian nous rapporte, aussi insignifiant qu'il apparaisse à première vue, n'est en réalité anodin, et il aura des répercussions ultérieures, où alors le sens de ce qui s'est réellement passé apparaîtra par la suite. Car Sévérian nous rapporte les faits avec les yeux de celui qu'il était au moment où les choses se sont passées, sans nous expliquer plus que ce qu'il était lui-même en état de comprendre à ce moment-là. Donc il nous rapporte les moments choisis, significatifs mais leur importance et sens véritable ne surgiront qu'au fur et à mesure du déroulement du récit. Vous voilà prévenus, faites attention au moindre détail, il pourra se révéler capital par la suite.

Sévérian n'a en fait jamais remis en cause sa destinée de bourreau, jusqu'à l'incarcération dans la Tour Matachine, où vivent et travaillent les bourreaux, de Thécla, une noble dame, qui suite à des sombres complots de la cour de l'Autarque, se trouve emprisonnée, et doit attendre pour être fixée sur son sort.

Cette situation persiste pendant suffisamment longtemps pour que Sévérian s'attache à la fascinante prisonnière, et que pour elle il transgresse une règle essentielle de l'ordre. Il sera, en punition, banni, et envoyé comme licteur (sorte de bourreau) dans une lointaine province.

Le voyage pour y arriver sera en lui-même une très grande aventure, il aura l'occasion de faire de nombreuses rencontres qui seront capitales pour le reste de sa vie, et de mieux découvrir le monde dans lequel il vit. Il s'agit d'une Terre en train de dépérir, en même temps que meurt peu à peu le soleil. Un monde en décadence, rappelant par certains aspects un monde médiéval, mais aussi rempli de machines sophistiquées, que certains manipulent avec aisance. Il y a aussi toute une série de créatures étrangères, toutes ne sont pas nées sur la Terre. Des guerres ont lieu sur cette Terre des derniers jours, des conflits de pouvoir existent, certains poursuivent des buts inavouables. Sévérian verra tout cela, croisera la route de beaucoup de personnages puissants et mystérieux, car il est une pièce maîtresse dans le destin de la planète, et le découvre peu à peu.

Ne vous attendez pas à un récit linéaire, où tout vous sera expliqué. Gene Wolfe nous montre des choses, en apparence dans des descriptions très réalistes et très précises, mais les zones d'ombres sont plus nombreuses que les choses qu'il nous explique. C'est à chacun de se raconter sa propre histoire à partir des éléments qu'il nous fournit. Il se passe énormément d'événements, mais le plus essentiel, c'est la façon de ressentir, de donner une cohérence à l'ensemble, et c'est au lecteur de le faire. C'est une oeuvre complexe, qui a énormément de niveaux d'explication possibles, d'interprétations admissibles, un magnifique et chatoyant puzzle, qui ne trouve jamais de solution définitive, il y a toujours un morceau qui ne trouve pas sa place et qui demande de reconsidérer l'ensemble d'une autre manière. Mais que de plaisir à chercher les réponses dans l'écriture magnifique de Gene Wolfe, un plaisir sans fin, chaque fois que je viens à bout du quatrième volume, j'ai une désespérante envie de relire le premier, car j'ai le sentiment que certains choses m'ont échappées et j'ai envie de chercher encore, et puis tout simplement je n'ai aucune envie de quitter l'univers de Sévérian.

Un univers étrange, mi fantasy, mi science-fiction, personnellement si je devais qualifier cette tétralogie, je préférerais parler d'un roman d'apprentissage, comme la littérature classique en a fournit des magnifique, et en premier lieu (pour moi en tous les cas) le Wilhelm Meister de Goethe. C'est dire à quel niveau je place ces livres, qui furent le deuxième cycle de fantasy qu'il m'a été donné de lire, et dont je n'ai plus jamais trouvé d'équivalent dans le genre.
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L'histoire se passe dans un futur tellement lointain qu'il ressemble à un passé éloigné : des éléments de science très avancée voisinent avec des thèmes plus "fantasy", donnant un cachet mi-archaïque, mi-futuriste à l'univers. Severian, un homme manifestement puissant, profite de sa mémoire éidétique pour faire le récit de son enfance et de sa jeunesse, alors qu'il était apprenti de l'ordre des Enquêteurs de vérité et des exécuteurs de Pénitence, plus connus sous le nom de bourreaux. Comme tous les autres orphelins éduqués par l'ordre, Severian ne connaît du monde que la vieille citadelle et la tour Matachine, qui est la résidence des bourreaux. Son apprentissage se passe sans réel incident, jusqu'à ce que la Tour Matachine accueille une condamnée pour laquelle Severian va se prendre d'affection, au point de commettre une grave faute : lui permettre d'échapper à sa condamnation en se suicidant. Severian sera, pour cette faute, nommé bourreau dans une ville de province lointaine, qu'il lui faudra rejoindre à pied. Là commence sa véritable aventure...
Superbement écrit, l'Ombre du Bourreau est un récit d'apprentissage complètement dépaysant, dans un monde à la fois exotique et familier, dont les trouvailles, monstres et merveilles marqueront durablement le lecteur. Les personnages du roman, Thecla, le Dr Thalos, Maître Palaemon, et tous les autres, sont tous des figures fascinantes, finement composées, quelle que soit leur importance dans le récit. Mais, surtout, c'est le personnage de Severian - et, par la même, la qualité d'écrivain de G. Wolfe, qui retient l'attention : malgré sa mémoire photographique, Severian ne fait pas un récit fidèle de ses aventures. Tout d'abord, il ne décrit que ce qui le surprend, et le récit laisse donc dans l'ombre des éléments de Teur considérés comme normaux pour lui. Mais aussi, Severian se met en scène, occulte des faits, se justifie, et le lecteur attentif repère les contradictions, interprète les non-dits, et finit par découvrir un récit dans le récit qui lui permet d'avoir un deuxième éclairage sur les motivations et les choix du narrateur. On revient au récit d'apprentissage, et on découvre une construction en poupée-gigogne. Que s'est-il passé dans la cellule de Thecla ? Quels sont les pouvoirs de la Griffe du Conciliateur ? A ces questions s'ajoutent aussi l'intrigue plus vaste, liée à la domination de Teur, à l'extinction progressive du Soleil, qui prennent de plus en plus d'importance à mesure que le regard de Severian embrasse d'éléments. A la fois intimiste et riche en rebondissements, le récit, merveilleusement ciselé, surprend toujours, jusqu'à la conclusion.
Le second cycle, proposé dans la suite du 2e volume de l'intégrale, est moins convaincant, mais il possède quand même ses qualités. On peut toutefois se satisfaire des quatre volets de l'histoire de Severian, superbes et originaux.
Lien : http://hu-mu.blogspot.com/20..
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Un vrai OLNI qui n'est pas accessible à tous mais qui, quand on accepte de suivre Sévérian sans conditions, nous le rend au centuple.

Il faut se laisser porter par l'histoire, accepter de ne pas tout comprendre, de n'avoir que l'avis subjectif de Sévérian, ne pas chercher de l'épique à tous les chapitres ...... Si l'on est prêt à ça avant de commencer cette lecture, je pense que l'on ne sera pas déçu. Des passages inoubliables pour un livre inoubliable. Une vrai expérience !
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J'attendais beaucoup de ce livre, dont j'avais entendu tant de bien... Mais je n'ai absolument pas réussi à entrer dans l'intrigue. J'apprécie généralement les longueurs descriptives, les digressions et les dynamitages discrets du genre. Mais là, il y en a de trop pour moi : le rythme est si lent que l'intrigue parait presque inexistante, on se noie dans les détours de la pensée du narrateur... Peut-être une lecture à reprendre à un moment où je serai dans de meilleures dispositions.
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Une règle très ancienne veut qu'il y ait, dans chaque bibiothèque, une salle réservée aux enfants; on y trouve des livres d'images vivement colorés, comme les aiment en général les enfants, ainsi que quelques contes de fées et récits d'aventures fantastiques. De nombreux enfants viennent dans cette salle, mais on ne s'y intéresse pas tant qu'ils y restent confinés.
Il hésita un instant, et quoique l'expression de son visage n'ait pas changé, j'eus l'impression qu'il craignait de faire de la peine à Cyby avec ce qu'il s'apprêtait à dire.
Mais, de temps en temps, l'un des bibliothécaires remarque chez un enfant solitaire et d'âge encore tendre, un comportement différent : il quitte de plus en plus souvent la salle de lecture en question, et arrive même à ne plus jamais y mettre les pieds. Un tel enfant finit toujours par découvrir, sur quelque étagère basse mais mal éclairée, Le livre d'Or. Tu n'as jamais vu ce livre, et tu ne le verras jamais, car tu as dépassé l'âge auquel on le trouve.
Il doit être magnifique, dis-je.
C'est vrai, en effet. A moins qeu ma mémoire ne me trahisse, il est relié en bougran noir, et le dos est très décoloré. Plusieurs des feuillets se dont détachés, et certaines planches ont disparu. Mais c'est un livre absolument délicieux; j'aimerais pouvoir le retrouver, même si pour moi, tous es livres resteront toujours fermés, maintenant.
En temps opportun, l'enfant découvre donc le livre, disais-je. C'est alors qu'interviennent les bibliothécaires - comme des vampires, prétendent certains, mais d'autres préfèrent les voir comme ces fées qui se font marraines à l'occasion d'un baptême. Ils parlent à l'enfant, qui se joint à leurs rangs. Il fait désormais partie du personnel de la bibliothèque, quoi qu'il advienne, et bientôt ses parents n'en entendent plus parler.
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Cloîtré depuis l'enfance entre les murs austères de la tour Matachine, l'apprenti bourreau Severian ignore tout des ruelles bruissantes de Nessus, des coupoles et minarets, des jardins et des auberges, des bateleurs et des boutiquiers. Jusqu'au jour de son bannissement. Car l'amour que lui inspire la trop belle Thécla, condamnée à la Question, l'amène à trahir ses maîtres. Exilé dans une lointaine province, ignorant tout des usages du monde, le jeune homme part à la découverte de l'étrange univers de Teur, dans la lumière crépusculaire d'un soleil moribond qui favorise les illusions et les mirages, dans une atmosphère de fin du monde qui donne à l'amour même une saveur d'absolu.
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"Chaque nouveau roman de Gene Wolfe impose une redéfinition de la science-fiction"
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